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Grâce à la solidarité, un camp rouvre près du fleuve Guadalupe

Grâce à la solidarité, un camp rouvre près du fleuve Guadalupe

La Presse21-07-2025
Des moniteurs du camp CAMP (Children's Association for Maximum Potential) escortent un cavalier handicapé sur le parcours d'équitation. Ce camp du Texas, qui accueille des campeurs ayant de sévères handicaps, a été relativement épargné par la crue du fleuve Guadalupe le 4 juillet. Mais sans une armée de bénévoles, il n'aurait pas ouvert lundi dernier.
(Center Point, Texas) En regardant par la fenêtre du minibus de sa mère lundi, Kenny Hudnall pouvait voir les stigmates causés par la crue du fleuve Guadalupe le 4 juillet : de gros cyprès cassés comme des brindilles, des kayaks suspendus à des tas de débris à 10 m du sol.
Christopher Maag
The New York Times
Des bénévoles s'affairaient à déblayer les débris au son des tronçonneuses. Mais Kenny Hudnall, un étudiant de 21 ans, ne pouvait pas se joindre à eux. Quand il avait 5 ans, un accident de voiture l'a partiellement paralysé ; il se déplace en fauteuil roulant et respire grâce à un respirateur.
INFOGRAPHIE LA PRESSE
Le camp CAMP est situé près du camp Mystic, qui a été inondé le 4 juillet dernier.
Mais il avait son rôle dans la renaissance de la région texane de Hill Country après les inondations qui ont fait au moins 134 morts et près de 100 disparus.
Le jeune homme se rendait au camp CAMP (Children's Association for Maximum Potential), qui accueille des campeurs souffrant de handicaps physiques et cognitifs trop graves pour d'autres camps. Contre toute attente, 10 jours à peine après l'inondation meurtrière, CAMP accueillait de nouveaux campeurs. « Voir ces bénévoles sur la route me rappelle l'ambiance du camp », a-t-il déclaré. « Pour moi, une personne qui ne se sent pas toujours normale, ça redonne une certaine normalité. »
PHOTO CARTER JOHNSON, THE NEW YORK TIMES
Béa Kested, une monitrice de 18 ans, sur la partie riveraine du camp CAMP, après son nettoyage par des bénévoles
Un premier signe de relance
La réouverture d'un camp d'été dans cette région sinistrée est un des premiers signes de relance après le désastre. C'est un évènement à la fois émouvant et un peu effrayant. Comment ne pas penser au drame du Camp Mystic, 50 km en amont, où au moins 26 campeuses et monitrices et le directeur du camp ont perdu la vie ?
PHOTO CARTER JOHNSON, THE NEW YORK TIMES
Des campeurs arrivant au camp CAMP (Children's Association for Maximum Potential), après qu'un orage a retardé les enregistrements, à Center Point, au Texas, le 14 juillet 2025. Des centaines de bénévoles ont pris quatre jours pour dégager toute la rive du camp, sur laquelle la crue du fleuve Guadalupe avait jeté des tonnes de débris enchevêtrés.
CAMP n'était pas ouvert le 4 juillet. Ses chalets et autres bâtiments sont juchés sur une colline à 25 mètres au-dessus du fleuve, bien au-dessus de la récente marque de crue, note Brandon Briery, directeur des opérations. La partie non aménagée du terrain, sur la rive, ne sert que pour la pêche, la mise à l'eau des canots et les feux de camp.
Pendant des années, on a parlé de construire ici [sur la rive] ; j'ai toujours dit non. Il y a toujours des inondations.
Ken Kaiser, directeur des installations du camp CAMP
Le lundi 7 juillet, les débris vomis par la crue sur la plage en interdisaient l'accès. Le camp lui-même était intact, mais les responsables voulaient épargner la vue de cette scène de désolation aux campeurs vulnérables censés arriver une semaine plus tard. En particulier le travail d'une équipe qui fouillait la rive à la recherche de restes humains.
« C'est leur maison ici, on ne voulait pas qu'ils la voient comme une zone sinistrée », dit M. Briery.
PHOTO CARTER JOHNSON, THE NEW YORK TIMES
Des campeurs et des monitrices jouent sur le terrain de basket après un orage au Camp CAMP (Children's Association for Maximum Potential), à Center Point, au Texas, le 14 juillet 2025. CAMP, qui accueille des campeurs handicapés, se trouve à 50 km du Camp Mystic, qui a été dévasté par les inondations du 4 juillet.
Puis, mardi, la providence s'est manifestée en la personne de Cord Shiflet, un agent immobilier d'Austin ayant l'expérience des secours (il a été bénévole en 2017 à Houston après le passage de l'ouragan Harvey). Il s'était rendu dans la région sinistrée, cherchant où se rendre utile. Quelqu'un l'a dirigé vers CAMP. Il y a découvert la rive sens dessus dessous et la mission particulière du camp auprès d'enfants lourdement handicapés.
« J'ai besoin d'ARGENT, de BRAS et de MACHINERIE », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. « Pas le genre en short de sport qui se pointe avec son râteau à feuilles : il faut du gros matériel et du monde coriace prêt à se fendre le derrière à l'ouvrage. »
Le mercredi matin, 250 bénévoles sont arrivées au camp CAMP. Le vendredi, ils étaient 500, équipés de bulldozers, de pelles mécaniques, de camions-bennes et de dizaines de tronçonneuses. Les amas de débris ont été découpés en morceaux, puis prestement emportés. Le samedi à 17 h, la rive était entièrement dégagée.
PHOTOS CARTER JOHNSON, THE NEW YORK TIMES
« J'ai besoin d'argent, de bras et de machinerie », a écrit sur les réseaux sociaux Cord Shiflet, un secouriste bénévole expérimenté. Des centaines de bénévoles ont répondu à son appel, au volant de machinerie lourde et maniant des tronçonneuses.
« Je n'en reviens pas. On pensait que ça prendrait un an, a déclaré M. Kaiser. Ça leur a pris quatre jours. »
La direction du camp a informé les parents des campeurs que leurs enfants étaient attendus lundi midi, comme prévu avant l'inondation.
« Sur le coup, je me suis dit : 'Vraiment ? Est-ce que ce sera sûr ?' », a déclaré Gigi Hudnall, la mère de Kenny. « Ça m'inquiétait qu'ils rouvrent si vite. »
Mais Kenny était déterminé : il voulait y aller.
PHOTO CARTER JOHNSON, THE NEW YORK TIMES
Contre toute attente, le camp CAMP a pu rouvrir ses portes et accueillir des campeurs le 14 juillet, 10 jours à peine après la crue dévastatrice du fleuve Guadalupe.
« On dirait un dépotoir, comparé à la belle forêt d'avant », a-t-il noté. « Mais c'est rare que j'aie ce type de lien avec des gens autres que ma parenté, ou qui ne sont ni médecins ni infirmières. »
La partie riveraine est restée fermée, mais toutes les autres activités étaient prêtes. Il y a trois piscines au camp, dont deux avec bords en pente douce pour faciliter l'accès aux campeurs en fauteuil roulant. Les arbalètes et les pistolets de paintball ont des gâchettes modifiées plus faciles à utiliser.
« Ici, tout campeur peut participer à toutes les activités », souligne M. Briery. « Pour nombre d'entre eux, le camp est le seul endroit où ils se sentent chez eux. »
Kenny Hudnall avait très hâte de monter à cheval. C'est une activité exigeante sur le plan logistique. Deux moniteurs doivent soulever chaque cavalier et le mettre en selle. Puis trois autres moniteurs (un derrière et un de chaque côté) marchent avec le cheval (dans le cas de Kenny, un autre moniteur porte son respirateur). « C'est en agissant ensemble qu'on tisse des liens », explique le jeune homme, qui va au Camp CAMP depuis 2016. « Dans ma situation, c'est ce qui est le plus difficile à trouver. Ici, avoir quelqu'un toujours à mes côtés aide beaucoup. »
PHOTO CARTER JOHNSON, THE NEW YORK TIMES
Des moniteurs aident un campeur à monter en selle. Cette activité implique une supervision par de nombreux moniteurs.
Mardi après-midi, un violent orage a interrompu les activités. Puis le ciel s'est dégagé et l'enregistrement des campeurs a repris. À 15 h 15, le walkie-talkie accroché à la ceinture de M. Briery a émis un appel plus banal.
« Veuillez amener les campeurs à l'écurie », a demandé la voix d'une jeune femme. « C'est l'heure de l'équitation. »
Cet article a été publié dans le New York Times.
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