Quand la séparation agit comme un déclencheur fatal dans les drames conjugaux
C'est dans cet immeuble de Corcelles que le drame s'est produit.
Ivan Radja
En bref:
Une mère et ses deux filles ont été tuées par son ex-conjoint, le père des enfants, à Neuchâtel dans la nuit de mardi à mercredi. Depuis le 12 juin, le couple était annoncé en séparation à l'état civil. C'est malheureusement systémique dans les cas de féminicides: la rupture fait souvent office de déclencheur, lui ne supportant pas qu'elle lui échappe. Le passage à l'acte n'est que rarement une explosion soudaine et irrationnelle. Il est bien plus souvent le point final d'un continuum de violences.
Les chercheurs qui étudient les violences domestiques, les personnes qui accompagnent les victimes le savent bien: le moment qui suit l'annonce de la rupture est une période particulièrement risquée pour les femmes. Le pic de danger se situe généralement dans les trois à six mois suivant la fin de la relation.
Photo prise cette nuit à proximité de l'appartement où la mère et ses deux filles ont été tuées par son ex-conjoint.
DR En Suisse, 39% des féminicides après une rupture
En Suisse, entre 1990 et 2014, 39% des homicides au sein d'un couple sont survenus à la suite de la fin de la relation. Un rapport du Conseil fédéral publié en 2021 , s'appuyant sur une étude de l'Université de Saint-Gall , identifie la «situation de séparation» comme l'un des principaux facteurs de risque, aux côtés des antécédents de violence domestique et de la possession d'une arme à feu.
Comme rappelait aussi ce rapport, «renforcer la prise en charge des victimes de violence, mais aussi des auteurs et auteures en phase de séparation» doit faire partie des mesures à mettre en place pour lutter contre les féminicides.
Toujours dans son rapport de 2021, le Conseil fédéral indiquait prendre acte de ses lacunes. «La conception d'offres d'assistance et de consultation spécifiquement adaptées aux situations de séparation» faisait partie des points à améliorer.
Au début de l'été, la Confédération, les cantons et les communes avaient défini des mesures urgentes pour lutter contre les violences domestiques : augmenter le nombre de places dans les refuges, améliorer la prévention et analyser chaque cas de féminicide. La Lavi (loi fédérale d'aide aux victimes d'infractions) est également en révision et devrait permettre à l'avenir de renforcer l'assistance médico-légale des victimes de violences domestiques en Suisse.
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Autres newsletters Catherine Cochard est journaliste à la rubrique vaudoise et s'intéresse aux sujets de société. Elle produit également des podcasts. Auparavant, elle a notamment travaillé pour Le Temps ainsi qu'en tant que réalisatrice indépendante pour l'Université de Zurich. Plus d'infos @catherincochard
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