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Agression, fuite de 36 heures et « vécu persécutif » : ce que l'on sait de l'homme qui a agressé un maire en Isère

Agression, fuite de 36 heures et « vécu persécutif » : ce que l'on sait de l'homme qui a agressé un maire en Isère

Le Parisien2 days ago
Devant les enquêteurs, le mis en cause, âgé de 60 ans, a reconnu avoir porté des coups au maire, tout en niant avoir voulu le tuer, expliquant avoir « pété un plomb » à cause d'un litige immobilier.
Le parquet a réclamé sa mise en examen pour « double tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique » et « tentative de meurtre », a précisé le procureur, qui a indiqué que l'interrogatoire du mis en cause « n'est pas encore terminé » ce dimanche matin.
Comment s'est déroulée l'agression ?
Mercredi 6 août au matin, Gilles Dussault, le maire de Villeneuve-de-Marc de 63 ans, un village isérois de moins de 1 200 habitants, se trouve devant son domicile quand « il remarque la présence du véhicule » du mis en cause. Ce dernier « arrive à son niveau » et le frappe « aussitôt au niveau du thorax et du bras », selon le procureur, qui précise que l'édile « se défend immédiatement ».
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Mais il est trop tard. Gilles Dussault, qui est grièvement blessé, présente « deux plaies pénétrantes au thorax » et « une plaie transfixiante au biceps », c'est-à-dire qui lui « traverse complètement le bras », complète le magistrat.
L'individu prend alors la fuite. Au même moment, une voisine, alertée par les cris, intervient et prévient le fils du maire, âgé de 28 ans, qui habite tout près. Ce dernier « vient aussitôt » et appelle les pompiers, a poursuivi Étienne Manteaux.
Mais à 16h48, alors que le maire se trouve toujours sur la voie publique, blessé, mais « conscient » et « debout » selon le magistrat, son fils, présent, aperçoit l'individu revenir en voiture, qui « leur fonce dessus ». « Le fils pousse son père sur le côté dans un buisson et lui s'écarte » au dernier moment, a poursuivi le procureur, qui indique que le véhicule « vient percuter un mur de la propriété du maire ».
Le fils tente alors d'empêcher l'individu de sortir du véhicule. « Une bagarre éclate et ils se portent des coups », selon le magistrat. C'est en hurlant que la voisine réussit à faire « cesser cette bagarre », précise le procureur. L'homme prend de nouveau la fuite, laissant son véhicule sur place.
Comment a-t-il été interpellé ?
Alertés vers 17 heures, les gendarmes « déploient immédiatement de gros moyens », selon Étienne Manteaux. Mais ils ne parviennent pas à retrouver l'individu dans la soirée, précise-t-il, ajoutant que la section de recherche de Grenoble a été déployée dès le jeudi matin. Dans le même temps, le parquet de Vienne s'est dessaisi au profit du pôle criminel du parquet de Grenoble.
Jeudi, vers 11 heures, une habitante de Charantonnay, dans l'Isère, alerte les forces de l'ordre, « croyant reconnaître l'individu dont le nom avait circulé », a précisé le procureur. C'est finalement à 11h30 que l'homme est interpellé. « Il n'était pas armé et n'a opposé aucune résistance », a poursuivi le magistrat. Placé en garde à vue dans la foulée, le mis en cause « s'est montré coopérant », selon Étienne Manteaux.
Dans quel état se trouvent les victimes ?
Grièvement blessé, Gilles Dussault, le maire de Villeneuve-de-Marc, qui présentait notamment deux plaies au thorax, a été transporté à l'hôpital avec un pronostic vital engagé. « L'une des plaies au thorax a entraîné la perforation du poumon du maire, qui souffrait d'un pneumothorax », a indiqué le procureur de la République de Grenoble.
Ce dimanche, les jours du maire ne sont plus en danger. Il sortira dans « les jours à venir », a ajouté le procureur, précisant que l'édile s'était vu attribuer 15 jours d'ITT. Quant à son fils, « il souffre de blessures moins significatives », essentiellement des griffures et des brûlures, selon le magistrat, qui évoque 13 jours d'ITT.
Comment le mis en cause explique-t-il son geste ?
Interrogé par les enquêteurs, le mis en cause évoque « un litige avec le maire suite à l'effondrement d'un bâtiment ». L'homme est propriétaire de deux appartements dans un immeuble de Villeneuve-de-Marc. Mais les combles et locaux commerciaux de cet immeuble, eux, appartiennent à la mairie de la ville.
Ce bâtiment, « vétuste », s'est effondré en 2022. « En s'effondrant, il a endommagé un abri de jardin appartenant au mis en cause », selon le procureur. Dans le cadre d'une procédure à l'amiable, la mairie lui a proposé une indemnisation, qu'il a refusée, jugeant la « somme insuffisante ».
« Le problème n'était pas réglé, ce qui a généré chez cet homme un sentiment d'injustice », a poursuivi le magistrat. L'homme a alors décidé « de se faire justice lui-même en procédant depuis trois mois à des travaux pour privatiser la cour de l'immeuble (…) sans aucune autorisation et accord des copropriétaires » et a « construit un portail qui donne accès à l'ensemble des bâtiments », a continué le procureur.
Face à l'illégalité de la démarche, le maire du village lui a écrit « pour lui demander de faire cesser ces travaux », en vain. Le maire a alors dressé un procès-verbal à son encontre. « C'est venu cristalliser ce sentiment d'injustice du mis en cause », qui estime que le maire « veut racheter son terrain », selon Étienne Manteaux.
Quelle version donne-t-il du 6 août ?
Devant les enquêteurs, le mis en cause a raconté être passé devant chez le maire, le 6 août dernier, et l'avoir aperçu en train de le regarder « avec un sourire sadique ». Après être rentré chez lui, il s'est saisi « d'un morceau de ferraille », est remonté à pied chez le maire et l'a frappé aussitôt.
« Je ne sais pas ce qui s'est passé, c'est l'accumulation des choses qui m'a fait péter un plomb, il y a eu une rupture dans mon esprit, j'ai fait ça machinalement », a-t-il déclaré aux enquêteurs. S'il reconnaît les coups, il nie l'avoir frappé « à l'aire cardiaque » et considère qu'il n'avait « aucune intention d'homicide », a poursuivi le procureur.
L'homme a ensuite expliqué être revenu dans un deuxième temps dans sa voiture « pour voir l'ampleur du mal que j'avais pu commettre », a-t-il déclaré lors de sa garde à vue. Il considère même que « le maire et son fils se sont jetés sur sa voiture ». « Il affirme qu'il n'avait aucune intention de leur foncer en voiture dessus », a poursuivi Étienne Manteaux.
Après sa fuite, il a expliqué être repassé chez lui « pour se changer », a enfilé une tenue « pour aller dans les bois » et il est parti. Il a ensuite « erré pendant 36 heures jusqu'à son interpellation le 8 août », a précisé le procureur. Devant les enquêteurs, il s'est dit « conscient de ce qu'il a fait », mais il a répété « qu'il n'avait aucune intention homicide », affirmant simplement avoir été « poussé à bout », selon le magistrat.
Que sait-on du mis en cause ?
Né en Algérie, l'homme s'est installé « très jeune » avec sa famille en France, dont il possède la nationalité. Après une enfance à Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône, il a d'abord vécu en Franche-Comté avant de s'installer en Isère, selon la justice.
Le sexagénaire, « qui n'a pas d'antécédents judiciaires », a toujours travaillé, notamment comme dessinateur industriel, et a publié plusieurs livres sur l'intelligence artificielle et les voitures autonomes. Après un licenciement économique en 2021, il a effectué plusieurs contrats courts dans son domaine.
C'est dans cette période que l'homme, qui n'a ni enfant ni relation affective, s'est installée à Villeneuve-de-Marc pour s'occuper de sa mère, qui y vivait, avant qu'elle ne décède en 2022. L'homme y possède deux appartements, dont celui dans lequel il vit. Il est également propriétaire de deux autres appartements à Bourgoin-Jallieu qu'il loue.
Mais le sexagénaire présente un « vécu persécutif » et une « tendance à la réinterprétation de ce qu'il vit », selon le procureur de Grenoble. C'est le notamment le cas avec le décès de sa sœur, en avril 2025, retrouvée pendue dans son appartement. Selon les examens, le corps « était là depuis de très nombreux mois ». Mais le mis en cause, lui, considère « qu'elle a été assassinée à cause d'un problème avec son bailleur », a expliqué le magistrat.
Deux couteaux ont par ailleurs été retrouvés sous son oreiller lors de la perquisition de son domicile. « C'est si on veut me faire la même chose qu'à ma sœur », a-t-il expliqué aux enquêteurs, affirmant également être « surveillé par le maire et ses administrés ».
Quelles sont les suites ?
Sa garde à vue, qui a débuté vendredi après son interpellation, a été levée ce dimanche matin. Le sexagénaire a été déféré au tribunal, où son interrogatoire est toujours en cours, selon Étienne Manteaux.
Le parquet de Grenoble a réclamé sa mise en examen pour « double tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique » et « tentative de meurtre », a précisé Étienne Manteaux.
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