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Grève des contrôleurs aériens : c'est quoi cette « pointeuse biométrique » au cœur de la colère ?

Grève des contrôleurs aériens : c'est quoi cette « pointeuse biométrique » au cœur de la colère ?

Le Parisien5 hours ago
SPS, pour « Système de vérification de présence sur site ». C'est le nom officiel de la pointeuse biométrique qui devrait être installée dans les tours de contrôle des aéroports de France dans les mois à venir, possiblement dès l'automne. Une réforme défendue par le ministère des Transports et à l'origine, notamment, de
la grève des contrôleurs aériens
.
L'objectif annoncé du SPS : « Garantir l'accès aux seuls contrôleurs aériens habilités aux salles et tours de contrôle par le biais d'une authentification biométrique ». De quoi « prévenir et limiter les risques de survenance d'événements de sécurité » et d'« analyser les événements de sécurité ».
Mais pour une partie des
quelque 4 000 aiguilleurs du ciel français
, ce projet fait grincer des dents. Deux syndicats minoritaires de la profession, l'Unsa-Icna (17 %) et l'Usac-CGT (16 %), s'y opposent frontalement depuis plusieurs années. Et ont lancé un appel à la grève ces jeudi et vendredi, à la différence du SNCTA, majoritaire (60 %). Depuis,
les aéroports français sont pour partie paralysés
et les départs en vacances parfois chamboulés par les retards et les annulations.
Ce projet de réforme tire son origine d'un
« incident grave »
dont les conséquences auraient pu être désastreuses. Les faits remontent au 31 décembre 2022, à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac.
L'activité est calme ce jour-là. Seuls trois des six aiguilleurs du ciel prévus au planning sont en poste. Les autres bénéficient d'une
« clairance »
, accordée par le chef de tour en fonction des plans de vols des compagnies aériennes. Une pratique ancrée dans les habitudes, permettant de bénéficier de plages de repos supplémentaires sans déduction officielle du temps de travail pour ces salariés confrontés à des horaires changeants, étalés sur presque 24 heures.
Au cours de la matinée, le trafic se densifie soudainement, décrit le Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA). Vers 11 heures, le contrôleur autorise « tardivement » un A320 de la compagnie EasyJet à atterrir sur la piste 23, « oubliant la présence du DR400 (un petit appareil de tourisme) au seuil », prêt à décoller. La collision est finalement évitée de peu, à une cinquantaine de mètres près.
Pour le BEA, l'organisation de travail des contrôleurs était défaillante et a conduit à cette frayeur. Le rapport déplore notamment un « nombre insuffisant » de techniciens en poste au moment de l'incident, ayant conduit à « une charge de travail élevée pour le contrôleur qui assurait simultanément » plusieurs positions. Est aussi pointé du doigt un non-respect du tableau de service et du cadre légal.
L'idée de la réforme aurait germé en raison de « l'instrumentalisation du rapport du BEA de décembre 2023 par la DO (Direction des opérations) », peste l'Unsa-Icna, assurant que « la pointeuse suscite un rejet massif au sein des organismes ».
Au-delà de l'outil biométrique, il est prévu que des badgeuses fixes permettent d'identifier où se trouvent les aiguilleurs du ciel. « Un moyen disproportionné (…) pour vérifier les horaires de travail des agents », sous couvert d'optimisation de la sécurité, s'étrangle l'Usac-CGT.
Des termes similaires parsèment les appels à la grève de l'Unsa-Icna. « Les contrôleurs sont garants de la sécurité du trafic aérien dans des conditions de plus en plus complexes, en raison de l'augmentation constante du trafic, des pannes récurrentes et de l'incompétence managériale totale à anticiper le sous-effectif et à gérer la modernisation technique. Pourtant, ce sont bien les contrôleurs qui voient leur professionnalisme remis en cause et se voient fliqués en continu », fulmine l'Unsa-Icna par voie de communiqué.
Pour les deux syndicats, le projet de réforme traduit « un management toxique, vertical, autoritaire, et volontairement institutionnalisé à tous les étages ». Ainsi qu'une « pression permanente » et une « défiance envers le professionnalisme et la compétence des contrôleurs, réduits au rang d'exécutants » et confrontés à des pénuries d'effectifs « responsables des retards une bonne partie de l'été ».
De son côté, Philippe Tabarot, le ministre des Transports, ne digère pas cette grève enclenchée « au moment des grands départs en congés ». Et clame que « les revendications portées par (ces) syndicats minoritaires sont inacceptables ».
« Je suis résolu à tenir bon face à ce mouvement et notamment face à la demande d'abandon d'un certain nombre de dispositions », dont les pointeuses biométriques. À cette heure, le dialogue semble au point mort et les perturbations s'enchaînent dans les aéroports.
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