
«Mais enfin, je ne vais pas faire du rosé ?» : les débuts incertains d'un domaine devenu légende à Bandol
Juché à 300 m d'altitude, le domaine de 52 ha fait partie de ces joyaux viticoles provençaux qui se distinguent par la beauté de leur site autant que par la minutie accordée à chaque geste vigneron. Sur son terroir unique (calcaire du Trias), les 200 parcelles de château Pibarnon labélisées biologiques depuis 2019 s'épanouissent dans un cirque de restanques. Avec pour personnage central, le mourvèdre. Un cépage libre et aventureux à l'image des propriétaires.
Eric de Saint-Victor : «Le mourvèdre n'imite personne»
«Quand des amis lui ont conseillé de prospecter à Bandol à défaut d'avoir les moyens de s'offrir un domaine dans le Bordelais, en Bourgogne ou dans les côtes du Rhône, mon père était outré : 'Mais enfin, je ne vais tout de même pas faire du rosé ! ?' Suite à la vente du petit laboratoire pharmaceutique où il était responsable des brevets, il rêvait de produire du vin. Les mêmes amis l'ont rassuré sur le potentiel de Bandol, 'petite appellation incroyable, très bon cépage, très bon vin'. Mes parents ont alors entrepris de goûter une cuvée de Pibarnon. Ancien maçon Piémontais et agriculteur né, le propriétaire de l'époque avait planté un vignoble sur les restanques qu'il avait restaurées. Totalement méconnu partout ailleurs, son vin s'était déjà taillé une réputation localement. La cuvée a tellement plu à mes parents qu'ils sont venus voir à quoi ressemblait l'endroit.
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À l'époque, Pibarnon était un petit vignoble de 3,5 ha dans un hémicycle naturel de 16 ha d'un seul tenant. La vue y est incroyable. Au nord sur les pitons du Castellet, au sud sur la baie de la Ciotat et le Bec de l'Aigle. Mes parents ont tout abandonné à Paris pour s'installer ici avec l'intention de recréer un fief. Le cadre, les vieilles pierres et l'esthétique revêtaient une importance capitale pour mes parents. Ma mère a imaginé la bastide actuelle. Évidemment, le rosé fait partie de la vocation de Bandol. Y compris à Pibarnon, mais mon père n'en voulait même pas à sa table. Seul, le rouge l'intéressait. Avant d'admettre que le rosé de terroir d'une si belle intensité s'accordait merveilleusement avec la gastronomie provençale. Convaincu du potentiel de développement de Bandol, il s'est efforcé à faire émerger l'AOC parmi les grands vins français. Avec la bande de pionniers arrivée comme lui entre 1960 et 1980, ils ont travaillé dans ce sens pour faire connaître leur appellation des sommeliers, des journalistes, des cavistes.
Outre la situation géographique extraordinaire à 4 km à vol d'oiseau de la Méditerranée, nous avons, le mourvèdre. Cépage romanesque, à la Jean Valjean ou Don Quichotte, il n'imite personne mais suit son propre chemin en fonction des millésimes. Au début des années 2000, j'ai pris les rênes du domaine après quinze ans passés auprès de mes parents. Une transmission très douce. Petit à petit, j'ai imprimé ma patte, conçu des cuvées plus actuelles pour qu'elles s'accordent à la cuisine moderne dénuée de graisse et, de sauce, aux cuissons à très basse température, aux légumes, aux viandes très tendres. Un style dépouillé qui réclame des vins moins tanniques avec plus d'ampleur. Des vins qui laissent rentrer la lumière tout en conservant leur complexité et leur capacité de garde. Y compris pour les rosés dont nous avons affiné l'élaboration sans céder à la mode du teint pâle.
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Pour tenir le choc sur l'ail, les oursins, la poutargue et, le safran de la gastronomie Provençale riche en goûts, les rosés demandent de la puissance. Notre premier millésime 100 % bio date de 2016 mais n'avons été certifié qu'en 2019 pour répondre au marché. Pratiques biodynamiques, sélection massale, greffe en place et, labour à cheval font partie de nos pratiques. Nos parcelles sont chacune des petits bijoux au rendement faible mais aux vins d'autant plus vibrants. Ainsi, Château Pibarnon fait partie des joyaux qualitatifs mais aussi esthétiques de la Provence artisanale dont la réputation se propage jusqu'aux États-Unis où Bandol que les Américains prononcent 'Bendol' et ont appris à situer. Autant de raisons qui m'incitent à rester optimiste pour l'avenir.»
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