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La bande dessinée érotique a bien changé depuis les années 1980, et c'est mieux comme ça

La bande dessinée érotique a bien changé depuis les années 1980, et c'est mieux comme ça

CULTURE - De la BD franco-belge aux comics américains, la bande dessinée regorge d'œuvres cultes qui ont marqué les lecteurs comme Astérix, Tintin ou encore Superman. Mais cet univers littéraire comporte également un genre plus discret et plus confidentiel qui tend à se renouveler et à se moderniser depuis quelques années : la bande dessinée érotique.
Avec des auteurs comme l'Italien Milo Manara à qui l'on doit la série Le Déclic, la bande dessinée érotique a connu un âge d'or dans les années 1970-80. Flairant le filon, de nombreux éditeurs se sont lancés à leur tour, produisant de nombreuses planches au contenu plus discutable, plus pornographiques qu'érotiques. Mis à part certains albums devenus des classiques pour leurs histoires et/ou leurs dessins comme Druuna de Paolo Eleuteri Serpieri, la majorité n'a pas résisté au passage du temps.
Depuis, au fil des décennies, des maisons d'édition ont essayé de relancer la machine, sans succès. « Il y a eu des tentatives de collection érotique chez Glénat, ça n'a pas tenu la route. Il y a eu une volonté chez Casterman d'une collection dirigée par Bastien Vivès, ils ont jeté l'éponge assez vite. Chez Delcourt, quasiment tout ce qui est publié, ce sont des rééditions. Aujourd'hui, tout le monde est frileux », détaille Guillaume Dumora, à la tête de la librairie (et des éditions) Le Monte-en-l'air.
Les difficultés du marché de la BD
La bande dessinée érotique s'est, d'après lui, transformée en niche, en plus d'évoluer dans un marché global assez peu en forme. Selon l'Institut NielsenIQ GfK qui a publié son étude annuelle en janvier dernier, le nombre de BD écoulées en 2024 a chuté de 9 % par rapport à l'année précédente, en passant de 75 millions à 68 millions d'exemplaires. Et le chiffre d'affaires des bandes dessinées et des mangas vendus en France a reculé de 4,4 % sur la même période.
« Le marché de la bande dessinée érotique a plutôt tendance à se refermer parce qu'il est de plus en plus regardant sur la BD pour adultes », analyse Thierry Plée, directeur de Tabou, une maison d'édition spécialisée dans le domaine. Aussi, la taille limitée du lectorat n'aide pas à la croissance de ce marché. « L'investissement financier demande un vrai amour de la bande dessinée. Ce sont essentiellement des collectionneurs, des bédéphiles qui achètent », explique-t-il.
À cela s'ajoute « un public un peu vieillissant » selon Guillaume Dumora qui ressent « une frigidité de la part des libraires et du public ». Thierry Plée précise que « les moins de 30 ans sont beaucoup plus réticents » à l'idée d'acquérir ce type de bande dessinée. « Peut-être à cause de la honte ? » interroge-t-il.
Mais de nouveaux auteurs et autrices tentent malgré tout de dépoussiérer l'univers de la BD érotique. « On produit de nouvelles choses avec un nouveau dynamisme. On peut dire que c'est la 'nouvelle vague'. Il y a une époque avant les années 2000 et une époque après les années 2000 qui est plus riche, plus diversifiée et qui a des livres de qualité », rapporte l'éditeur de Tabou.
La fin des « BD à la papa »
Pour en finir avec les « BD à la papa » comme il les appelle, Guillaume Dumora prêche pour sa paroisse en recommandant les livres de la collection BD-CUL qu'il détient. « C'est plus du pastiche de bande dessinée érotique qu'autre chose. Si vous jetez un œil sur Big Bang Cunni de Chloé Wary, il y a des pénis et des vagins donc évidemment que ce n'est pas à mettre entre toutes les mains. Mais c'est de la grosse déconne. Tout en étant politique avec une dimension très féministe pour dénoncer le patriarcat », raconte-t-il.
Le libraire parisien conseille également une autre bande dessinée provenant de la collection BD-CUL : Vulva Vulgaris de Nine Antico et Amina Bouajila. Comme la précédente, celle-ci s'inscrit dans un style très décalé. Dans le résumé, on apprend que la cyprine de la jeune A2B est un super détergent. Elle va devenir une star des réseaux en postant des vidéos d'Extreme Cleaning où elle fait le ménage.
Pour ceux qui sont intrigués par le genre mais qui ne savent pas par où commencer, Thierry Plée suggère aussi des œuvres issues de sa maison d'édition. Dans Hors des sentiers battus de Marie Sann et Yann Krehl, on suit la vie d'une étudiante du nom de Lizzy qui explore sa sexualité après être entrée dans un sex-shop pour la première fois. « C'est moderne en étant assez ouvert sur les différentes pratiques ainsi que sur les thématiques qui intéressent les jeunes », confie le directeur de Tabou.
Dans le tome 2 de « Hors des sentiers battus » de Marie Sann et Yann Krehl, Lizzy parle de ses expériences sexuelles à ses amies.
Le second livre qu'il recommande est La duelliste de Trif et Andrea Celestini. L'intrigue se déroule au temps des mousquetaires mais intègre des scènes de sexe. « C'est très bien pour commencer, indique-t-il. Ce n'est pas choquant et c'est suffisamment émoustillant pour qu'on le considère comme de l'érotisme tout en ayant une vraie histoire et une vraie qualité de dessin. »
L'érotisme graphique ne vit plus aujourd'hui qu'à travers les planches des bandes dessinées. Sur Instagram, des comptes comme @petitesluxures ou @regards_coupables partagent leurs dessins érotiques à leur communauté. Une façon peut-être d'offrir à celles et ceux qui n'oseraient pas pousser la porte d'une librairie spécialisée, un aperçu de ce genre encore confidentiel.
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  • Le HuffPost France

« Superman » : un mois après la sortie du film au cinéma, James Gunn a déjà fini d'écrire la suite

CINÉMA - Les fans de l'univers DC ne se posent plus qu'une seule question : mais à quoi carbure James Gunn ? Car le réalisateur américain devenu le nouveau patron de l'univers DC au cinéma et à la télévision pour Warner Bros a donné des nouvelles de la suite de son film Superman, sorti au mois de juillet au cinéma. Et elle arrivera finalement bien plus tôt que prévu. Moins d'un mois après avoir dévoilé cette première pierre de son univers connecté − similaire à celui de Marvel Studios mais du côté des superhéros DC − James Gunn ne semble pas avoir perdu la moindre seconde. Car durant une interview avec le média américain Collider publiée vendredi 15 août, le cinéaste à qui l'on doit la trilogie des Gardiens de la Galaxie semble avoir déjà tout prévu pour la suite de son univers superhéroïque. Et quand il lui est demandé de préciser quand il sera de retour derrière la caméra au cinéma, sa réponse est pour le moins surprenante : « On est en train de planifier ça. J'ai complètement terminé le traitement (du prochain film Superman) », lâche-t-il alors. Avant d'en dire plus sur sa manière d'écrire les prémices de scénario de ses films : « Mes traitements sont incroyablement intenses. Ce ne sont pas des traitements classiques. Ce sont des traitements de 60 pages avec des dialogues et tout. Du coup, je suis en train d'en faire un scénario ». James Gunn ajoute alors : « On est en train de planifier le tournage. Ce sera beaucoup plus tôt que prévu ». Et visiblement les choses s'accélèrent plus vite que prévu pour le cinéaste américain qui parle déjà au micro du Hollywood Reporter d'une « Superman Saga ». En cause ? Sans doute le succès critique et commercial du Superman incarné par l'acteur David Corenswet. Cette annonce d'un deuxième film Superman, un mois seulement après la sortie du premier a quand même de quoi surprendre. Car depuis qu'il a obtenu son nouveau rôle chez Warner, James Gunn semble ne plus pouvoir s'arrêter. Place à « Peacemaker » Son univers a commencé avec la série d'animation Creature Commandos, diffusée en décembre dernier sur la plateforme HBO Max. Sachant que le tournage de Superman s'est étalé entre février et juillet 2024, le réalisateur avait déjà trouvé le temps d'imaginer, écrire et produire intégralement cette série d'animation. Et ce n'est pas tout. Car le 22 août, la série Peacemaker, présentée comme la seconde pierre de l'univers DC version James Gunn arrivera sur HBO Max. Huit épisodes dans lesquels le personnage incarné par l'acteur et catcheur John Cena prolongera l'histoire entamée dans Superman. « ' Superman' mène directement à 'Peacemaker'. Il faut noter que c'est destiné aux adultes, pas aux enfants, mais Superman ouvre la série et nous avons ensuite la mise en place de tout le reste du DC Universe dans cette saison de 'Peacemaker'. C'est incroyablement important », glisse-t-il à Collider. Et pour cette série, James Gunn chapeaute tout : il est à la fois showrunner, réalisateur de trois épisodes sur huit et à l'écriture de l'entièreté des épisodes de la saison. Mais que les fans de Gunn se rassurent, il va pouvoir souffler un peu puisque le prochain film prévu dans le calendrier DC ne sera pas réalisé par James Gunn. Supergirl, avec Milly Alcock (House of The Dragon) dans le rôle de la cousine de Superman a été confié à Craig Gillespie (Cruella et Moi, Tonya). Il est toutefois prévu pour juin 2026, laissant assez de temps à James Gunn pour trouver une nouvelle manière d'occuper l'esprit des spectateurs.

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Dans une nouvelle interview accordée au magazine Vogue, Mila Kunis est revenue sur l'expérience physique extrêmement douloureuse qu'elle a vécue sur le tournage du film Black Swan, en 2010. Quinze ans après la sortie du thriller Black Swan, réalisé par Darren Aronofsky, Mila Kunis garde un souvenir pour le moins mitigé du tournage. À l'époque, l'actrice n'avait que 27 ans et était inconnue du grand public. Déterminée à se faire une place à Hollywood, elle était donc prête à tous les sacrifices, même les plus extrêmes et dangereux pour sa santé. Des «bleus partout» Pour paraître la plus crédible possible dans le rôle de Lily, talentueuse danseuse de ballet et grande rivale de Nina Sayers, interprétée par Natalie Portman, la jeune femme s'était imposé un entraînement physique intensif. «Ma préparation consistait à beaucoup danser et à très peu manger, je sais que je ne suis pas censée le dire, mais c'est la vérité, révèle-t-elle au magazine Vogue ce vendredi 15 août. Je buvais du bouillon, et je dansais 12 heures par jour». À lire aussi En vidéo : Tom Cruise, Ashton Kutcher et Mila Kunis, déchaînés devant un concert de Taylor Swift Publicité Mila Kunis et Natalie Portman, qui n'avaient jamais pratiqué la danse classique auparavant, ne disposaient initialement que de trois mois de préparation pour leurs rôles, ce qui explique, en grande partie, l'intensité de leurs entraînements. «Nous tournions ces scènes de danse pendant des heures, et j'avais des bleus partout sur les côtes à force d'être soulevée encore et encore», se souvient l'épouse d'Ashton Kutcher. Malmené, son corps l'avait rapidement rappelé à la réalité : «Je me suis déboîté l'épaule assez tôt et je pensais être complètement foutue, mais Darren m'a envoyée chez un acupuncteur et je m'en suis sortie totalement indemne». À cause d'un problème de financement, le tournage de Black Swan avait finalement été prolongé, ce qui fut un véritable soulagement pour les deux actrices principales : «Ça a été dur pour Darren, mais Nat et moi étions tellement heureuses d'avoir trois mois de plus pour danser», confie Mila Kunis. La carrière de la jeune femme avait décollé après la sortie du film, preuve que ses efforts avaient porté leurs fruits. Après avoir enchaîné les rôles et les succès populaires dans les années 2010, Mila Kunis a ensuite ralenti le rythme pour se consacrer à ses deux enfants, Wyatt Isabelle, née en 2014, et Dominic, né en 2016.

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« Il y a eu des moments où j'ai gagné alors que je n'aurais pas dû gagner, puis d'autres où je n'ai pas gagné alors que j'aurais dû », a déclaré l'acteur dans une interview sur une chaîne Youtube américaine. Avec neuf nominations et deux statuettes dorées à son actif, Denzel Washington a-t-il encore quelque chose à prouver ? L'acteur américain revendique désormais un détachement avec les récompenses qui jalonnent la vie d'un comédien. Interrogé dans l'émission « Jake's Takes », diffusée sur Youtube, à l'occasion de la promotion de Highest 2 Lowest, Denzel Washington a assuré que jamais, au cours de sa carrière, il n'avait choisi un rôle dans le but de décrocher un prix. « Je ne fais pas ça pour les Oscars. Ce genre de choses ne m'intéresse pas », affirme-t-il. « Il y a eu des moments où j'ai gagné alors que je n'aurais pas dû gagner, puis d'autres où je n'ai pas gagné alors que j'aurais dû. » Publicité Lauréat de l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Glory (1989) et du meilleur acteur pour Training Day (2001), l'icône américaine reste l'un des comédiens les plus distingués de Hollywood. Mais les trophées, assure-t-il, ne pèsent pas dans ses choix. « On me demande : ' Où est-ce que tu les ranges ? ' Eh bien, à côté de l'autre. Je ne me vante pas, je vous dis juste ce que j'en pense. Pour mon dernier jour, [les Oscars] ne me serviront à rien. » Pour l'édition 2025, l'acteur est parmi les grands oubliés des récompenses après l'absence de nomination aux Oscars et aux Bafta pour son rôle dans Gladiator II, réalisé par Ridley Scott. « Oh ! Oh, je suis tellement bouleversé », avait-il réagi avec ironie dans les colonnes du New York Times . L'acteur de 70 ans a tout de même reçu cette année un César d'honneur sur la Croisette, pour l'ensemble de sa carrière. Dans le dernier film de Spike Lee, Highest 2 Lowest, une adaptation new-yorkaise de Entre le ciel et l'enfer (1963) d'Akira Kurosawa, Denzel Washington interprète David King, un magnat de l'industrie musicale, dont la vie est bouleversée lorsque son fils adolescent est kidnappé et qu'une somme considérable est exigée pour sa libération. La date de sortie du film est prévue le 15 août aux États-Unis, avant d'être diffusé sur Apple TV+. Le casting est également composé du rappeur A$AP Rocky, Jeffrey Wright, Ilfenesh Hadera, Elijah Wright, Wendell Pierce et Ice Spice.

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