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Tutoyer les dieux grecs

Tutoyer les dieux grecs

La Presse29-07-2025
Violette Chauveau et Emmanuel Schwartz s'apprêtent à vivre une expérience extraordinaire. Sur la scène du théâtre antique d'Épidaure, en Grèce, ils vont créer la nouvelle pièce de Wajdi Mouawad, Le serment d'Europe. Entre deux répétitions à Paris, ils ont décrit leur excitation à notre chroniqueur.
C'est au Théâtre de la Colline, voisin du cimetière du Père-Lachaise, que j'ai rencontré Violette Chauveau et Emmanuel Schwartz. Nous étions en juin et il faisait une chaleur suffocante. Lui avait opté pour une camisole et un short et elle, pour le chic et le rose. Ensemble, ils m'ont parlé de l'incroyable aventure qu'ils vont vivre à compter de vendredi : le rêve que souhaitent réaliser tous les acteurs.
En compagnie de cinq autres comédiens, dont la grande Juliette Binoche, ils vont créer la nouvelle pièce de Wajdi Mouawad, Le serment d'Europe (Europa's Pledge), au théâtre d'Épidaure, lieu mythique dont l'origine remonte à la fin du IVe siècle av. J.-C. Il est l'un des pôles du Festival d'Athènes-Épidaure qui célèbre cette année son 70e anniversaire.
J'ai d'abord demandé aux deux acteurs de me parler de la trame de cette œuvre dont on sait peu de choses. Ils se sont consultés avec un regard complice.
Qu'est-ce qu'on a le droit de dire ? C'est que les effets de surprise sont importants dans ce spectacle.
Emmanuel Schwartz
Violette Chauveau se lance. « Il y a une femme qui va mener une enquête sur un massacre qui a eu lieu. Des gens sont convoqués. C'est le point de départ. » Emmanuel Schwartz enchaîne. « Ce que je peux dire, c'est que je joue un homme qui a commis un meurtre et qui tente d'élucider lui-même les raisons de ce meurtre. »
Le comédien touche à l'un des thèmes de la pièce, la mémoire du crime, le poids du silence, la manière dont le traumatisme traverse les âges. Le massacre qu'évoquent les comédiens, une fillette de 8 ans en a été témoin. Sans le vouloir, elle y a pris part.
Il est important de préciser qu'on doit la prémisse de cette création à la comédienne Andrée Lachapelle, pour qui Wajdi Mouawad avait la plus grande admiration. Après la tournée d'Incendies, en 2003, la grande actrice, qui y incarnait Nawal, a demandé à l'auteur de lui écrire un monologue pour ses 80 ans.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
La comédienne Andrée Lachapelle et l'auteur et metteur en scène Wajdi Mouawad au Théâtre du Nouveau Monde, en octobre 2006
« Andrée Lachapelle était amour, dit Violette Chauveau. Elle lui a dit qu'il y avait trop de malheur dans le monde et qu'il devrait écrire une pièce sur l'amour. C'est comme ça que ça a commencé. »
Dans le programme de la pièce, Wajdi Mouawad écrit ceci : « J'ai commencé à l'écrire presque immédiatement et une phrase est apparue qui m'a percuté : 'J'ai tellement fait l'amour, j'ai tellement aimé faire l'amour. Je ne savais pas que j'étais en train de devenir la salope que j'allais devenir'. »
Près de 25 ans plus tard, cette trame a connu une odyssée digne d'Homère. Elle est aujourd'hui une pièce sur la relation entre l'extrême violence et la possibilité d'une consolation. « Il y a une part de la consolation qui vient du fait de raconter », dit Emmanuel Schwartz.
Le lieu où sera créée cette œuvre a amené l'auteur à se rapprocher des grands thèmes de la tragédie grecque. À ce sujet, il écrit : « Comme Europe, personnage de ce récit, à la fois héritière et victime, chacun de nous descend peut-être de ceux qui ont massacré un jour, ou pourrait un jour en faire partie. Chacun de nous pourrait être victime, mais pourrait aussi un jour être bourreau. »
Des pièces de casse-tête
Fidèle à sa méthode de travail, Wajdi Mouawad nourrit les acteurs de diverses façons pour mieux se nourrir d'eux. Nous ne sommes pas en face de simples répétitions. Il s'agit d'un processus de création qui se produit avec les acteurs et l'équipe autour de lui.
« Il nous a fait rencontrer des spécialistes, comme cette avocate venue nous parler, dit Violette Chauveau. Hier soir, il y avait une soirée sur les étoiles à la Colline. On a été invités à y aller. » « Wajdi a toujours une image très large de la société, reprend Emmanuel Schwartz. On fait partie d'un tout. Cette vision nous amène à croire que nous sommes tous responsables. »
Répétitions de la pièce Le serment d'Europe PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL D'ATHÈNES-ÉPIDAURE Juliette Binoche fait partie de la pièce de Wajdi Mouawad.
PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL D'ATHÈNES-ÉPIDAURE Emmanuel Schwartz
PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL D'ATHÈNES-ÉPIDAURE Danai Epithymiadi, Wajdi Mouawad et Emmanuel Schwartz
PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL D'ATHÈNES-ÉPIDAURE Juliette Binoche, Wajdi Mouawad et Violette Chauveau
PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL D'ATHÈNES-ÉPIDAURE
Juliette Binoche fait partie de la pièce de Wajdi Mouawad.
1 /4
Cette façon de travailler fait en sorte que les acteurs doivent s'attendre à composer avec de nombreuses versions du texte. « C'est comme les pièces d'un puzzle, dit Violette Chauveau. On apprend le texte, on le désapprend et on le réapprend. C'est fabuleux, car c'est ce que nous faisons avec nos personnages. Lui, il le fait avec l'écriture. »
Emmanuel Schwartz est l'un des fidèles acteurs de Wajdi Mouawad. Il a joué dans Forêts, Littoral et Ciels. Quant à Violette Chauveau, elle a créé l'un de ses personnages dans la pièce Les mains d'Edwige au moment de la naissance montée par André Brassard. Une relation de confiance est présente.
Sur le plateau du Serment d'Europe, les acteurs québécois côtoient une Française (Juliette Binoche), une Israélienne (Leora Rivlin), une Russe (Daria Pisareva) et une Grecque (Danai Epithymiadi).
Les échanges sont incroyables sur le plan humain. Wajdi nous a dit au départ que tous les gens qu'il avait réunis étaient gentils. Il souhaitait ça.
Violette Chauveau
Et jouer avec Juliette Binoche, comment c'est ? « C'est un grand plaisir, dit Emmanuel Schwartz. C'est une véritable trooper. On a tous des petites habitudes d'acteur. De découvrir celles de ce monument du cinéma, c'est comme regarder par-derrière le rideau. Observer avec quelle acuité, quelle délicatesse et quelle patience se construisent ses performances, c'est un grand privilège. »
PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL D'ATHÈNES-ÉPIDAURE
Le scénographe Emmanuel Clolus et Wajdi Mouawad dans les marches du théâtre d'Épidaure
14 000 spectateurs
Le serment d'Europe sera présenté chaque soir devant 14 000 personnes. Le défi est colossal. Violette Chauveau et Emmanuel Schwartz ne se laissent pas impressionner par cela. Il faut arriver avec une grande maîtrise du texte, dis-je aux comédiens. « Mettons que c'est un peu la base de notre métier », répondent-ils en riant.
N'empêche qu'une certaine fébrilité s'est installée depuis leur arrivée en Grèce, il y a quelques jours. « Une des actrices [Danai Epithymiadi] a joué deux fois au théâtre d'Épidaure, raconte Violette Chauveau. Elle nous a dit que la sensation est indescriptible. On a l'impression que les dieux grecs sont avec nous », ajoute celle qui, adolescente, a fait le serment de devenir actrice après avoir passé la nuit près de l'amphithéâtre de Delphes.
PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL D'ATHÈNES-ÉPIDAURE
Le théâtre d'Épidaure
Cette aventure marque incontestablement l'année de ces deux comédiens qui ont connu une année exceptionnelle. Violette Chauveau sort d'une longue série de représentations de La dernière cassette où elle a triomphé en interprétant avec beaucoup d'audace et de talent le metteur en scène André Brassard. Cet automne, elle sera de la distribution d'Anna, ces trains qui foncent sur moi, au TNM, et enchaînera avec une « version motard » de Macbeth que signera Robert Lepage.
Emmanuel Schwartz a récemment défendu le rôle du narrateur dans For the Pleasure of Seeing Her Again, version anglaise d'Encore une fois, si vous permettez, de Michel Tremblay, au Centaur. Cet engagement l'a d'ailleurs obligé à faire les premières répétitions du Serment d'Europe par visioconférence.
Après les deux représentations à Épidaure, Le serment d'Europe devrait être offert ailleurs en Europe. Une version remaniée permettra sa présentation dans des salles conventionnelles. Il est à souhaiter que cette production soit présentée chez nous. On me dit que des directeurs de théâtre montréalais iront la voir en Grèce cette semaine.
Consultez la page de la pièce (en anglais)
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