
Un bilan « rassurant », mais la prudence reste de mise
Un bilan « rassurant », mais la prudence reste de mise
Un seul décès lié à la vague de chaleur actuelle a jusqu'à présent été rapporté à la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal. Les autorités restent toutefois aux aguets, de telles températures ayant coûté la vie à 15 personnes lors d'une vague précédente l'année passée. Une opération de porte-à-porte a même été lancée mardi dans les quartiers plus vulnérables.
« [Un décès], c'est peu, surtout étant donné la chaleur ininterrompue des derniers jours, et c'est donc plutôt rassurant », dit la Dre Anne-Sara Briand, médecin à la DRSP de Montréal.
Il faut toutefois interpréter ces données « avec prudence », nuance-t-elle, car celles-ci « dépendent du signalement par les intervenants ».
La Santé publique de Montréal a dénombré 15 décès (1 confirmé et 14 probables) lors de la vague de chaleur du 18 au 21 juin 2024, à la suite d'une enquête épidémiologique.
Parmi les personnes décédées, 13 avaient 65 ans et plus. « La plupart avaient des maladies chroniques préexistantes [comme] l'hypertension ou le diabète », précise la Dre Briand. Aucune n'avait un climatiseur en fonction au moment du décès.
« Toutes ces personnes vivaient seules, à l'exception d'une personne qui était en situation d'itinérance. »
Opération de prévention
Pour éviter que le scénario se reproduise, les autorités publiques ont lancé une vaste opération de porte-à-porte dans les quartiers vulnérables, mardi.
Au total, une quinzaine d'équipes du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) ont été déployées dans des îlots de chaleur à travers la ville.
La Presse a accompagné l'une d'elles dans sa tournée du quartier Saint-Henri, sous une chaleur à la limite du supportable. Leur mandat : cogner à la porte de logements où les résidants pourraient être incommodés par la chaleur.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
L'agente de prévention au Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) Stéphanie Grisé en porte-à-porte dans le quartier Saint-Henri avec un collègue
« On explique qu'on est là dans le cadre de chaleurs extrêmes, qu'on veut être sûrs de leur bien-être. On leur donne des conseils », explique Stéphanie Grisé, agente de prévention au SIM.
Surtout, ils guettent les signes de coup de chaleur : transpiration excessive, respiration rapide, étourdissements, propos incohérents…
« Si jamais il y a des personnes qui ont des symptômes graves ou modérés, on a un lien direct avec Urgences-santé », souligne Georges Bele, chef de section prévention au SIM.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Dépliant sur la prévention de coups de chaleur accroché à la porte d'un logement du quartier Saint-Henri
La sécurité civile de Montréal tient un registre de logements à risque en cas de canicule, par exemple des maisons de chambres sans climatiseur central.
Au total, 863 logements ont été visités au cours de la journée de mardi, et aucune prise en charge n'avait été rapportée. L'opération de porte-à-porte doit se poursuivre ce mercredi.
Aînés à risque
La chaleur n'affecte pas tout le monde de la même façon. Les aînés demeurent plus susceptibles de souffrir de coups de chaleur et d'en mourir. Leur mécanisme de régulation de la chaleur fonctionne moins bien.
« Pour maintenir notre corps à 37 °C, on a besoin de suer – la sueur, quand elle sort de notre corps, rafraîchit – et les personnes aînées en vieillissant ont une moins bonne sudation », explique la Dre Anne-Sara Briand. La sensation de soif est aussi altérée chez les personnes âgées, rappelle la Dre Julia Chabot, présidente de l'Association des médecins gériatres du Québec.
Les aînés qui ont des troubles cognitifs, comme la démence, sont particulièrement vulnérables. « Une personne pourrait décider d'aller faire une activité à l'extérieur sans penser aux précautions à prendre », par exemple.
La Dre Chabot incite les Québécois à contacter les aînés de leur entourage afin de s'assurer qu'ils se sentent bien. S'ils sont plus confus qu'à l'habitude, c'est un signe qu'il faut consulter, souligne-t-elle.
Les personnes schizophrènes vulnérables
Lors de la vague de chaleur de 2018 à Montréal, 26 % des 66 personnes décédées souffraient de schizophrénie, selon l'enquête épidémiologique de la DRSP.
Parmi les morts de 2024, une seule personne était atteinte de cette maladie mentale. Cette population demeure néanmoins vulnérable, selon la Santé publique.
À l'hôpital Notre-Dame, des intervenants ont entrepris mardi de contacter tous les patients sous antipsychotique ou lithium qui se trouvent à l'extérieur du centre hospitalier, afin de leur rappeler de bien s'hydrater, indique le Dr Stéphane Proulx, chef du service de l'urgence psychiatrique. Le psychiatre explique que ces médicaments rendent les patients plus vulnérables aux coups de chaleur.
Les antipsychotiques peuvent bloquer des récepteurs « au niveau de l'hypothalamus, qui est comme le centre de régulation de la température corporelle ».
Le lithium, qui est prescrit aux gens atteints de maladie affective bipolaire ou de trouble schizoaffectif, a un effet sur les reins. « Il peut rendre les reins moins capables de concentrer l'urine, de sorte qu'il y a une perte d'eau, poursuit-il. Donc, quand il fait très chaud, il y a une possibilité plus grande de déshydratation. »
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