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« Le vélo me permettait d'évacuer l'anxiété que j'avais à l'école » : Jonathan Milan, le grand costaud qui aimait le calme

« Le vélo me permettait d'évacuer l'anxiété que j'avais à l'école » : Jonathan Milan, le grand costaud qui aimait le calme

L'Équipe2 days ago
Sprinteur surpuissant, Jonathan Milan, vainqueur ce samedi à Laval de la 8e étape du Tour de France, est en dehors de son métier un homme calme, qui aime la nature et les virées en Vespa, mais à basse vitesse.
Le rêve du maillot jaune évaporé dans les bordures de Boulogne-sur-Mer, Jonathan Milan s'est vite recentré sur la quête d'une victoire d'étape pour son premier Tour de France, à 24 ans. Dominé par Tim Merlier dans le vent de face lundi à Dunkerque, l'Italien a utilisé sa surpuissance et son 1,94 m et ses quelque 84 kg dans le faux plat montant de Laval, ce samedi, pour cette fois s'imposer. « J'attendais vraiment ça, même si j'ai dû faire sans poisson-pilote, je suis très heureux, je la mérite », appréciait-il après l'arrivée, lui le pistard multimédaillé, champion olympique (2021) et du monde (2020) de la poursuite par équipes, recordman du monde de la poursuite individuelle (3'59''153), devenu depuis deux ans un des meilleurs sprinteurs du monde.
En juin lors du Critérium du Dauphiné, le « taureau de Buja », sa ville dans le Frioul, nous avait parlé de lui, de sa carrière, de ses passions, et avait dévoilé une nature calme et sensible, très souriante, loin du chaos des sprints.
« Aimez-vous la vitesse ?Oui, bien sûr. J'ai commencé très tôt avec le cyclisme, quand j'avais 4-5 ans. Je suivais mon père (Flavio) qui a couru quelques années pro (au début des années 1990), et il a dû arrêter à cause de blessures, puis il est revenu en amateur. Ma mère m'emmenait toujours, mon frère (Matteo, qui court dans l'équipe développement de Lidl-Trek) et moi, aux départs, aux arrivées, j'ai vu tout ça et j'ai adoré. J'aimais aussi le cyclisme parce que je regardais les courses avec mon père, particulièrement le Tour de France. Il m'expliquait tout, comment ça marchait, les descentes, comment ils allaient vite. Donc j'aimais bien la vitesse. Et quand j'ai voulu commencer, je dois dire que ma mère n'était pas super emballée. Elle voulait que je fasse quelque chose de différent de mon père. Mais je voulais essayer, parce que j'étais vraiment intéressé.
J'ai commencé avec un VTT et j'ai continué à courir avec un VTT jusqu'à mes 15 ans. Ensuite je suis allé sur la route. Mais jusqu'à cet âge-là, j'ai essayé d'autres sports, la natation, le ski, le karaté, le judo, le tennis. J'y allais toujours à vélo et à la fin c'est ce sport que j'ai gardé parce qu'il me donnait quelque chose de différent, j'y prenais plus de plaisir. Avec les copains, la vitesse, dans la boue, sous la pluie, c'était super fun et c'est ce que je recherchais.
Vous aimez aussi la sensation de liberté que procure le vélo...Oui, c'est spécial. Après l'école, après les devoirs, de sortir avec mes amis, de juste prendre du plaisir, apprécier les paysages, le silence de la forêt. Ça me permettait d'évacuer l'anxiété que j'avais peut-être un peu à l'école. Ça m'a beaucoup aidé, c'est certain.
« Pour moi, c'était assez chaotique d'aller dans un sprint, j'avais un peu peur, donc je me retirais, ciao les gars »
Comment êtes-vous devenu un sprinteur ?J'ai commencé tard, quand j'étais espoir. Avant, je savais que je pouvais aller vite, mais je n'essayais jamais de faire les sprints. Quand j'étais junior, je faisais déjà de la piste, et ça m'a beaucoup aidé pour devenir le sprinteur que je suis aujourd'hui, mais je ne faisais que le poisson-pilote à cette époque-là. Pour moi, c'était assez chaotique d'aller dans un sprint, j'avais un peu peur, donc je me retirais, ciao les gars. Mais chez les U23, l'équipe (Cycling Team Friuli) a commencé à me donner aussi une chance dans les sprints. J'ai fait quelques résultats, donc j'ai eu le soutien de l'équipe et en 2e année U23, j'ai eu encore de bons résultats mais à ce moment-là, je me disais peut-être que je serais plus un rouleur.
J'avais gagné le Championnat d'Italie du chrono (en 2020, devant Andrea Piccolo et Antonio Tiberi). Quand je suis allé chez Bahrain (en 2021), je faisais le poisson-pilote pour (Phil) Bauhaus, j'avais une super équipe dans laquelle j'ai beaucoup appris, avec (Marcel) Sieberg, (Heinrich) Haussler, (Sonny) Colbrelli, Bauhaus. Petit à petit, j'ai eu quelques opportunités. La troisième année chez eux, je me suis dit que je voulais devenir un vrai sprinteur, j'aime ça. Je voyais aussi que dans les montées, ça ne marchait pas si fort (il rit). En 2022, j'ai fait deux troisièmes places (au Tour de Pologne) et une deuxième place (au Tour d'Allemagne). Et je me suis dit que ça pouvait être une bonne voie pour le futur.
Auriez-vous aimé être un grimpeur ?Non (il rigole), je n'y ai jamais pensé. J'aime la montagne, pour les balades, grimper doucement, admirer la vue du sommet et revenir. C'est complètement différent avec un vélo, où c'est toujours de la souffrance. Quand on voit le gruppetto, on n'a pas l'impression, mais moi, derrière, je suis à fond.
Comment est Tarvisio, près de chez vous, où vous aimez vous ressourcer ?C'est vraiment très beau. Le Giro y est passé lors de la 20e étape en 2023 (lors du contre-la-montre du monte Lussari). Pour moi c'était très émouvant. J'allais là-bas pour m'entraîner les dernières années, surtout l'été, parce qu'il y fait très frais et tu peux emprunter beaucoup de routes dans la pure nature, au milieu des montagnes, sans chaos, c'est très relaxant, ça me régénérait. J'y allais vraiment souvent, déjà quand j'étais jeune pour les vacances. On a un petit appartement là-bas et j'y skiais aussi, parce qu'il y a de très belles pistes. C'est vraiment un magnifique coin de montagne.
Qu'aimez-vous faire là-bas ?Rien de spécial, c'est juste le calme qui entoure les choses que tu y fais que j'aime. Tu te promènes, tu montes jusqu'à ce petit refuge, tu partages de la nourriture avec tes parents, tu profites de la vue, du silence. Des choses simples, du petit sandwich avec une saucisse et un peu de ketchup, c'est délicieux. Ces petites choses sont vraiment celles dont je profite le plus, les personnes que tu as autour de toi aussi. Cela me manque récemment, je dois dire. Tarvisio est pour moi dans mon coeur, dès que je peux, j'essaie de m'évader là-bas.
« Je préfère les choses un peu vieilles, d'aller lentement aussi, je ne sais pas, c'est juste quelque chose que j'aime »
Après une grande course, ou les Jeux Olympiques, vous avez besoin d'une période de calme là-bas ?Oui. Particulièrement l'an passé après les Jeux Olympiques (médaillé de bronze sur la poursuite par équipes), j'ai pris quelques jours, pas tant que ça parce que très vite après il y avait le Tour d'Allemagne, le Renewi Tour. Je ne suis pas sorti des Jeux vraiment stressé mentalement mais j'ai eu quelques jours pour recalibrer tout et j'avais encore de super bonnes sensations. Donc je me suis dit, ok, c'est le moment de respirer un peu, de passer du temps avec la famille.
Vous avez une passion pour les Vespa également...Ça vient d'un ami très proche de la famille, qui en a plusieurs. Quand j'étais petit, il me promenait un peu partout autour de notre petite ville avec sa vieille Vespa, une Vespa « speciale », et c'était vraiment magnifique pour moi. Quelque chose d'ancien, dont tu dois prendre soin, je ne sais pas, ça me procurait un sentiment spécial. Donc je me suis dit que la première saison où ça marcherait bien, je me ferais un cadeau et je m'offrirais ma première Vespa.
J'ai donc acheté un modèle de 1962 il y a trois ans, et depuis elle est parfaite. Je suis aux petits oignons, elle reste à l'intérieur de la maison, elle ne sort pas. Quand je reviens d'un tour, je la nettoie à fond, je la remets parfaitement à sa place (il rit). Je suis aussi un membre du club Vespa de Gemona et ils me soutiennent. Après les Jeux Olympiques, ils sont venus me chercher chez moi, avec leurs Vespa à l'extérieur de la maison, ils étaient une vingtaine, on a fait une petite sortie, c'était fou.
Ça ne vous intéresserait pas d'avoir une moto super puissante et rapide...Non, je préfère ces choses un peu vieilles, aller lentement aussi, je ne sais pas, c'est juste quelque chose que j'aime. Le maximum que tu peux faire avec la Vespa c'est peut-être 37 km/h et elle commence à trembler donc je décélère. Mais voilà, c'est pour profiter du moment, avec le vent dans le visage...
Vous allez en acheter une autre ?On va voir, mais je bosse pour.
Si vous levez les bras sur le Tour de France, ce sera peut-être l'occasion...Oui, je pense (il sourit). »
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