
L'éditorial de Philippe Gélie : « L'Europe face à Trump, le stigmate de la soumission »
Trump, ses supporteurs et même ses adversaires n'en reviennent pas d'avoir obtenu si facilement la reddition totale de la première puissance économique mondiale.
Ceux qui, en Europe, acceptent comme un moindre mal l'imposition unilatérale de droits de douane de 15 % et plus par les États-Unis, pensent avoir passé un accord avec un partenaire fiable, qui leur assure la stabilité et la visibilité nécessaires à leurs affaires. Un doute devrait pourtant les effleurer : le rançonnage et la vente forcée sont-ils les méthodes d'un chef d'État soucieux des intérêts de son pays ou celles d'un mafieux sur la parole duquel il ne faut pas trop compter ? La lettre du 12 juillet, dans laquelle Donald Trump menaçait l'UE de barrières commerciales encore plus élevées, stipule : « Ces droits pourront être modifiés, à la hausse ou à la baisse, selon l'évolution de nos relations. »
À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié
Trump a testé le ventre mou de l'Europe et rien ne dit qu'il résistera à la tentation d'en abuser encore. La teneur des commentaires aux États-Unis en atteste : le président, ses supporteurs et même ses adversaires n'en reviennent pas d'avoir obtenu si facilement…
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Le Parisien
12 minutes ago
- Le Parisien
Droits de douane : « La situation ne peut rester en l'état », alerte la filière des vins et spiritueux français
Une période inquiétante. La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) a déploré vendredi l'entrée en vigueur à compter du 7 août d'un droit de douane de 15 % sur les produits européens, et appelé la France et l'Union européenne à « la poursuite des négociations ». Le président américain Donald Trump a signé jeudi le décret imposant une hausse des droits de douane pour des dizaines de pays. À ce stade, l'Union européenne n'a pas obtenu d'exception pour les vins, champagnes et spiritueux, un secteur particulièrement sensible pour des pays comme la France et l'Italie. « L'impact de ce droit sera d'autant plus brutal qu'il va de pair avec le recul du dollar américain aux États-Unis », a déploré le président de la FEVS Gabriel Picard, cité dans un communiqué publié vendredi. Il a estimé que cet effet combiné « pourrait aboutir à une réduction d'un quart [leurs] ventes aux États-Unis , soit une perte d'un milliard d'euros ». Une baisse des exportations aurait par ailleurs « des effets sur les 600 000 emplois directs et indirects de la filière des vins et spiritueux », selon le communiqué, qui ne chiffre pas les pertes anticipées. « Nous saluons les efforts déjà fournis pour tenter d'obtenir l'exclusion des vins et spiritueux de ce droit de 15 % », a déclaré Gabriel Picard. « Mais la situation ne peut rester en l'état », a-t-il poursuivi, estimant que « les négociations devront se poursuivre ». « On espère pouvoir bénéficier d'une exemption et on harangue nos responsables politiques français pour qu'ils puissent obtenir de la Commission cette négociation-là », a déclaré vendredi sur RMC Jean-Marie Fabre, président du syndicat des vignerons indépendants de France. La Commission européenne a indiqué jeudi poursuivre les négociations avec les États-Unis pour tenter d'obtenir des exemptions des droits de douane sur les vins et spiritueux à l'avenir, mais s'attend à ce qu'ils soient touchés par les taxes américaines de 15 % à ce stade.


Le Figaro
an hour ago
- Le Figaro
«Mettre fin à une faille catastrophique» : Washington supprime l'exemption de taxes sur tous les petits colis
Avec la suspension de cette exemption, les colis seront désormais taxés au même niveau que les autres produits provenant du pays d'origine ou avec un taux spécifique selon le type du produit et son origine. La Maison-Blanche a annoncé mercredi la publication d'un décret du président Donald Trump annulant l'exemption de droits de douane pour l'ensemble des petits colis entrant aux États-Unis à compter du 29 août prochain. Appelées «de minimis», ces exemptions permettaient jusqu'ici d'envoyer par colis postal des biens d'une valeur inférieure à 800 dollars sans avoir à payer de surtaxe lors de leur entrée sur le sol américain. Avec la suspension de cette exemption, les colis seront désormais taxés au même niveau que les autres produits provenant du pays d'origine ou avec un taux spécifique selon le type du produit et son origine. Il s'agit selon la présidence américaine de «mettre fin à une faille catastrophique utilisée, entre autres, pour éviter des droits de douane et envoyer des opioïdes synthétiques ainsi que d'autres produits dangereux». Publicité En particulier, ces petits colis représenteraient 98% des narcotiques, 97% des contrefaçons et 70% des produits dangereux pour la santé qui ont été saisis durant l'année 2024, selon l'Agence de protection des frontières (CBP). Le gouvernement américain justifie cette mesure par l'explosion de l'envoi des colis postaux, qui est passé, selon ses données, de 134 millions d'unités en 2015 à plus de 1,36 milliard en 2024. Pékin et Washington négocient afin d'aplanir les différends commerciaux Ce n'est pas la première fois que la Maison-Blanche prend des mesures visant les colis bénéficiant de cette exemption. Après une enquête lancée sous le gouvernement précédent de Joe Biden, celui de Donald Trump a dans un premier temps visé les petits colis provenant de Chine, qui représentent la majorité de ceux envoyés aux États-Unis, en particulier ceux provenant des vendeurs comme Temu, Shein ou AliExpress. Un premier décret a ainsi annulé début avril l'exemption sur les colis provenant de Chine, avant que Donald Trump n'annonce, une semaine plus tard, tripler les droits de douane qui leur sont appliqués, pour les faire passer de 30%, comme le reste des produits chinois à ce moment-là, à 90%, effectifs début mai. Mais les négociations entre Pékin et Washington afin d'aplanir les différends commerciaux entre les deux premières puissances économiques mondiales ont ramené ces droits de douane à 54%.


Le Parisien
4 hours ago
- Le Parisien
Droits de douane : Union européenne, Canada, Brésil, Inde… Combien les pays devront-ils payer à partir du 7 août ?
Un test crucial légèrement retardé pour le président américain. Les nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump, qui devaient entrer en vigueur ce vendredi, seront finalement mis en place le 7 août, alors que plusieurs économies majeures n'ont toujours pas conclu d'accord avec les États-Unis. Le milliardaire républicain a signé le décret jeudi. Ces droits de douane rendront « les États-Unis GRANDS et RICHES à nouveau », s'était précédemment réjoui le chef d'État sur sa plate-forme Truth Social. Sans eux, les États-Unis « n'ont aucune chance de pouvoir survivre ou connaître le succès », a-t-il affirmé. En ce qui concerne l'Union européenne, Bruxelles et Washington ont scellé dimanche un accord commercial basé sur des droits de douane de 15 % sur les produits européens qui arrivent aux États-Unis, avec certaines exemptions de taxes par exemple pour l'aéronautique. Cette taxe de 15 % concerne, entre autres, le secteur automobile, crucial pour des pays comme l'Allemagne. Les constructeurs européens paient depuis avril des droits de douane de 27,5 % - dont une surtaxe de 25 % décidée par Donald Trump - soit un coût de 1,3 milliard d'euros pour le seul constructeur allemand Volkswagen En revanche, l'Union européenne n'a pas obtenu à ce stade d'exception pour les vins, champagnes et spiritueux, un secteur particulièrement sensible pour des pays comme la France et l'Italie. « On continue les négociations avec nos partenaires américains. Notre objectif, c'est d'avoir des exemptions sur ces produits », a souligné Olof Gill, un porte-parole de la Commission, ce jeudi. La France a été « un peu seule » dans la bataille commerciale face aux États-Unis , a regretté le Premier ministre, François Bayrou, de son côté. Il a même déploré une « soumission » de l'Europe , assurant que le décret signé jeudi par Donald Trump n'était pas « la fin de l'histoire ». Bruxelles a aussi promis dans les jours qui viennent un communiqué commun avec Washington pour préciser les modalités de l'accord, alors que le flou demeure pour des secteurs comme la pharmacie et l'acier. En mai, Londres et Washington avaient conclu un accord prévoyant la réduction de 27,5 % à 10 % des droits de douane sur les voitures (dans la limite de 100 000 véhicules par an) ainsi qu'une exemption des droits pour le secteur aérospatial, comme les moteurs d'avion du fleuron britannique Rolls Royce. Londres négocie toujours des exemptions de droits pour l'acier et l'aluminium, prévues dans l'accord annoncé en mai, contre 25 % actuellement. En contrepartie, le Royaume-Uni a accepté d'ouvrir davantage son marché à l'éthanol ou au bœuf américain, suscitant des inquiétudes dans le pays. Le reste des importations de produits manufacturiers britanniques reste soumis aux droits de douane plancher de 10 %. L'administration Trump se montre particulièrement ferme avec certains pays. Donald Trump a ainsi signé mercredi un décret imposant 50 % de surtaxes douanières à certains produits brésiliens . « La négociation n'est pas terminée, elle commence aujourd'hui », a déclaré à TV Globo le vice-président brésilien Geraldo Alckmin, principal responsable des tractations avec Washington, jeudi soir. Selon lui, seulement 35,9 % des exportations brésiliennes seront affectées par cette surtaxe. Cette décision fait office de représailles contre les poursuites visant l'ex-président Jair Bolsonaro, son allié d'extrême droite, accusé d'avoir tenté un coup d'État après sa défaite lors de l'élection de 2022. Donald Trump a aussi annoncé jeudi avoir prolongé de 90 jours les droits de douane actuellement imposés au Mexique, alors qu'il menaçait de les porter à 30 %. Cela revient à maintenir à 25 % les droits de douane sur les produits entrants aux États-Unis en dehors de l'accord de libre-échange nord-américain (ACEUM), et les droits de douane spécifiques sur l'automobile, l'acier et l'aluminium. En revanche, pas de détente en vue avec le Canada, qui voit au contraire les droits de douane appliqués à ses produits passer de 25 % à 35 %, une taxe qui ne concerne, là aussi, que les produits ne transitant pas dans le cadre de l'ACEUM. « Le Canada n'a pas été en mesure de coopérer afin de réduire le flot de fentanyl et autres drogues », entrant aux États-Unis, a regretté la Maison-Blanche dans un document, pour justifier cette décision, « et il a pris des mesures de représailles contre les États-Unis ». L'Inde écopera, elle, de droits de douane de 25 %, auxquels s'ajoutera une « pénalité » car le pays achète du pétrole russe. Alliée clé de Washington, la Corée du Sud a obtenu un accord in extremis . Cet accord indique que les produits entrant aux États-Unis seront taxés au même niveau que le Japon, à 15 %, soit nettement moins que les 25 % annoncés depuis début avril. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a assuré jeudi que des accords avaient été trouvés avec le Cambodge et la Thaïlande. Tous deux écopent de droits à 19 %, soit bien moins que les 36 % dont ils étaient menacés, dans la foulée d'une trêve entre les deux pays après plusieurs jours de conflit. Taïwan a également affirmé avoir atteint « un certain consensus » avec les États-Unis, dont les détails n'ont pas été dévoilés. L'État insulaire est visé par des surtaxes de 20 %, mais il s'agit d'un taux « temporaire (…) avec la possibilité d'une baisse supplémentaire en cas d'accord », a assuré le président taïwanais, Lai Ching-te, sur Facebook. Ailleurs dans le monde, certains États se retrouvant à un taux plus élevé, à l'image de l'Afrique du Sud, à 30 %, la Serbie, à 35 %, ou la Suisse, à 39 %. La plus forte surtaxe concerne la Syrie (41 %), suivie du Laos (40 %). Les accords conclus sont le plus souvent des cadres de négociations aux détails assez vagues, devant ultérieurement déboucher sur des accords plus techniques. Surtout, l'incertitude persiste sur un éventuel accord avec la Chine, deuxième économie mondiale. Après deux jours de négociations à Stockholm, les deux pays ont évoqué mardi des discussions « constructives ». Mais ce jeudi, la Chine et les États-Unis devaient encore se décider sur le renouvellement d'une trêve de 90 jours sur les taxes douanières négociée en mai, qui avait permis de ramener les droits de douane sur les produits américains et chinois, respectivement à 10 et 30 %, contre 125 % et 145 % auparavant. Le président Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, destinés à gonfler les recettes tirées des taxes douanières, lesquelles sont déjà passées de 79 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année 2024 à 87 milliards de dollars au cours des six premiers mois de 2025. L'impact des droits de douane continue cependant d'inquiéter les économistes, qui les voient peser non seulement sur l'inflation, en hausse en juin à 2,6 % selon l'indice PCE publié jeudi, mais également sur la croissance américaine.