L'entraînement sur mesure de Vingegaard et de Visma pour s'adapter au parcours et à Pogacar
Le parcours du Tour est-il taillé pour Jonas Vingegaard ? La question se pose à chaque mois d'octobre, quand les organisateurs présentent le parcours de l'édition à venir, et les projections vont bon train, à estimer que telle journée est sans doute idéale, quand une autre convient davantage à son rival Tadej Pogacar.
C'est le jeu, mais les coaches de Visma-Lease a bike en ont un autre : comment modeler leur leader (28 ans), double vainqueur de l'épreuve (2022, 2023), pour qu'il se conforme au parcours du prochain Tour ?
Adapté aux Grands Tours
Car le Danois « est vraiment adapté aux Grands Tours », commence Grischa Niermann, directeur sportif en chef de l'équipe néerlandaise et ancien coureur. Peut-être même « le meilleur pour les Grands Tours », expliquait Mathieu Heijboer, directeur de la performance, avant la chute du coureur au Tour du Pays basque, en avril 2024, et donc la reprise de pouvoir de Pogacar lors de l'été suivant. Le Slovène est le meilleur coureur du monde, partout, et ces propos sont donc à nuancer depuis, mais Vingegaard aussi paraît extrêmement complet sur une course de trois semaines.
« Avant le Tour, on regarde quelles sont les étapes les plus importantes pour lui, celles où il ne doit pas dépenser d'énergie ou celles où il peut attaquer, celles qui sont un peu plus risquées ou celles qui sont plutôt des opportunités, poursuit Heijboer. À partir de là, si ce sont des bosses qui représentent vingt ou trente minutes d'efforts, eh bien on va travailler sur ça. On commence dès décembre et les premiers stages pour préparer le Tour. Le staff a alors déjà analysé tout le parcours et il est déjà assez clair pour l'équipe de performance qu'on doit travailler plutôt tel ou tel aspect, car il y en a besoin pour le Tour. »
Ce fameux plan, que les Néerlandais répètent à longueur de journée comme un mantra sur la Grande Boucle, est ainsi présenté aux coureurs dès l'hiver. « Il y a des discussions, évidemment, mais c'est nous, la cellule performance, qui préparons le plan. Et les coureurs comprennent pourquoi on les entraîne comme ça », explique le directeur de la performance, diplômé de l'université de Maastricht en Sciences du mouvement humain.
L'explosivité pour lutter avec Pogacar
La première semaine de l'édition 2025 a vite allumé certaines alertes. Boulogne-sur-Mer (2e étape), Rouen (4e), Vire (6e), Mûr-de-Bretagne (7e) : autant d'arrivées pour puncheurs. Donc pour Pogacar. Alors Vingegaard a travaillé son explosivité, pas une qualité naturelle chez lui, plus léger et moins musclé du bassin que son rival. D'autant plus qu'il avait perdu beaucoup de muscles à la suite de sa chute au Pays basque et qu'il avait donc pris part au Tour 2024 en sachant qu'il serait moins fort sur ce point.
Cet hiver, il a ainsi passé beaucoup de temps en salle de sport, afin de regagner de la masse musculaire. « Et il est plus ou moins de retour à son corps d'avant la chute, donc nous en sommes très heureux, disait en mai son directeur sportif. On espère qu'il sera à nouveau plus explosif cette année. » Il l'a été, toujours dans la roue du champion du monde sur ces étapes cochées. Le même raisonnement s'était appliqué en 2023 : Vingegaard avait beaucoup travaillé son punch à l'hiver, « il avait fait son meilleur effort sur dix minutes en avril lors du Tour du Pays basque, et il a ensuite "emporté" ça au Tour sans qu'on ait à le retravailler spécifiquement », rembobine le directeur de la performance.
L'obligation d'être complet
Sans le retravailler ensuite, « car si on se concentre un point, on va devoir délaisser autre chose », prévient Heijboer. Or, le Tour est un condensé de tous les profils, et quand on a interrogé Niermann sur ce que priorisait son leader, en mai, en camp d'altitude en Sierra Nevada (Espagne), la réponse de l'Allemand a fusé : « En gros, tout. Ce Tour propose une première semaine avec beaucoup d'étapes piégeuses, aux montées raides. Puis vous avez de très longues ascensions, des journées à plus de 5000 mètres. Un contre-la-montre tout plat, un autre en montée... Il faut être très polyvalent pour remporter ce Tour. Donc on travaille tout, car on ne peut pas ''modifier'' un coureur pendant la course, le vouloir punchy en première semaine puis plus grimpeur les deux autres. Pendant une saison, oui, comme avec Matteo Jorgenson (actuel 5e du général), d'abord concentré sur les classiques puis en mesure d'être bon pour le Tour l'été. Mais sur trois semaines, on ne peut plus rien changer à leurs profils. »
La troisième semaine, son domaine
Vingegaard possède une arme, plus vraiment secrète : des capacités de récupération hors-norme. Qui s'expliquent assez basiquement. « Ça commence avec ses parents, il a beaucoup de chance génétiquement », sourit Heijboer. Ce que confirme Tim Heemskerk, son entraîneur, qui confiait l'an dernier, après l'avoir retapé en deux petits mois afin qu'il prenne le départ de la Grande Boucle : « Je fais ce travail depuis vingt ans et je n'ai jamais vu un athlète progresser si vite (après sa blessure), donc il y a une part de génétique, je ne peux pas l'exprimer d'une autre manière. »
« Sa grande force, reprend Heijboer, c'est d'être fort en troisième semaine, quand les autres coureurs commencent à vraiment fatiguer. C'est là qu'il fait la différence. » Comme en 2023, où Pogacar (revenu d'une fracture au poignet gauche) avait cédé au contre-la-montre de Combloux (16e étape) et le lendemain dans le Col de la Loze. Ce fut logiquement moins le cas l'an passé, Vingegaard ayant payé en troisième semaine son manque de préparation.
Cette résistance a aussi son revers : excellent sur les courses par étapes, le Danois est bien moins dominateur sur les épreuves d'un jour, qu'il fuit (aucune courue en 2023 et 2025, une seule en 2024, abandonnée) et où il n'a glané qu'un seul de ses 38 succès, sur la Drôme Classic, en 2022. Une vraie limite, à tel point que le directeur de la performance de Visma juge « difficile » de le modeler pour qu'il puisse jouer la victoire au Tour de Lombardie, Monument qui lui convient le mieux et où il ne compte qu'un top 15 en trois participations (14e en 2021). Même un double vainqueur du Tour a son plafond de verre.
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