
Et si on parlait d'une filière titane ?
Rencontré au retour de sa participation au Salon international de l'aéronautique et de l'espace du Bourget, Frederik Centazzo était encore secoué par l'intérêt qu'Alphacasting a pu générer durant les cinq jours de l'évènement.
« On est reparti de Paris avec 42 demandes de soumissions, et ce ne sont pas des soumissions sur une seule pièce, mais pour plusieurs composantes. On pense bien décrocher 40 à 50 % de ces soumissions.
« Safran veut faire fabriquer 15 pièces en aluminium pour le système de ventilation de l'A320. On fabrique déjà les pompes à huile pour les moteurs de l'A320, à raison de 70 par mois, et Safran veut qu'on monte à 80 par mois. On fait aussi 10 pompes à huile par mois pour le 737 MAX », relate Frederik Centazzo.
Alphacasting fait de la fonderie de précision et peut couler plus de 120 types d'alliages, mais ce sont les pièces en titane qui vont représenter dès l'an prochain la grande majorité des pièces moulées et coulées dans l'arrondissement de Saint-Laurent.
Actuellement, les pièces en aluminium comptent pour 50 % des revenus de l'entreprise montréalaise et celles en titane, 35 %. L'an prochain, la production de pièces de titane va exploser pour constituer 70 % de la production de l'usine.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
L'usine d'Alphacasting dans l'arrondissement de Saint-Laurent
« Il y a un contexte particulier, surtout en Europe, où il y avait plusieurs fonderies qui fondaient des pièces en titane, mais depuis sept ans, le marché s'est resserré alors qu'une grosse fonderie a fait faillite, deux sont présentement en difficulté et deux autres ont été rachetées par des Américains. Les donneurs d'ordres cherchent à diversifier leurs sources d'approvisionnement », expose Frederik Centazzo.
Grande décision à prendre
D'où l'intérêt qu'a suscité Alphacasting à Paris. Mais la hausse du carnet de commandes vient forcer des décisions, parce que si l'entreprise a l'expertise reconnue en fabrication de pièces complexes, elle n'a pas les capacités industrielles pour réaliser les commandes qu'elle a obtenues et celles qu'elle prévoit obtenir.
« On doit trouver du financement pour construire une nouvelle usine, mais ce n'est pas facile parce qu'aucun fonds d'investissement ne veut s'associer à une entreprise qui a des commandes militaires, alors que nous, on fait des pièces pour les Rafale, les F-16, les F-18 et les F-35 », déplore Frederik Centazzo, dont la famille détient 50 % des actions d'Alphacasting.
C'est son père, Arduino Centazzo, qui a cofondé l'entreprise en 1990 après avoir œuvré depuis 1967 dans le monde de la fonderie. À 88 ans, Arduino est toujours PDG de l'entreprise et il vient encore trois jours par semaine à l'usine.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Arduino et Frederik Centazzo
« À l'époque, mon père s'était associé avec Para Ordnance, un fabricant de pistolets de l'Ontario qui a mis sur le marché le M1911, un pistolet semi-automatique qui a eu beaucoup de succès. On fabriquait les composantes de ces pistolets et on s'est diversifié dans d'autres secteurs avant que Remington rachète Para Ordnance », résume Frederik Centazzo.
Aujourd'hui, les anciens propriétaires veulent vendre leur participation de 50 % dans Alphacasting, qui doit aussi trouver le financement nécessaire pour construire une nouvelle usine qui pourra répondre à la demande en forte croissance.
« On est à la recherche de partenaires. On a fait des rencontres à Paris, ça pourrait être une entreprise européenne, indique Frederik Centazzo, mais toute transaction va nécessiter l'aval des gros clients d'Alphacasting, parce qu'on est un fournisseur stratégique de grands groupes comme Safran, Honeywell ou Dassault. »
Plaidoyer pour une filière québécoise
Dans le contexte actuel de forte hausse des dépenses pour la défense, le gestionnaire est d'avis qu'il serait opportun de bâtir une activité structurée dans la transformation du titane.
« On l'a fait pour l'aluminium. Là, on fait de l'extraction du titane et on exporte toute notre production aux États-Unis. Rio Tinto fait de la transformation à Sorel-Tracy, mais elle se limite à la production de pigments de titane pour l'industrie de la peinture. On pourrait couler des lingots ici plutôt que les acheter des États-Unis ou de la Chine », soumet-il.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Un travailleur d'Alphacasting à l'œuvre
La Russie était le plus gros fournisseur mondial de titane, mais depuis l'invasion de l'Ukraine, on a interdit les importations russes et on veut limiter nos approvisionnements de la Chine, ce qui fait que la livre de titane se vend aujourd'hui 22 $, contre 2 $ pour l'aluminium.
C'est le métal de l'avenir, on l'utilise pour fabriquer les satellites, les avions, les voitures, les équipements médicaux – hanches, genoux… –, on s'en sert en joaillerie, il y a moyen de développer une filière et de devenir moins dépendants des autres.
Frederik Centazzo, vice-président ventes et opérations d'Alphacasting
L'entreprise, qui emploie 185 travailleurs à son usine, prévoit doubler ses revenus d'ici deux ans, mais ne pourra pas continuer de progresser si elle n'entreprend pas de façon urgente une prochaine phase d'expansion.
« Si on ne le fait pas, on va rester petit et marginal. On aurait dû bouger avant, mais les contraintes sur le financement d'activités de la défense nous ont pénalisés. Là, on sent une nouvelle ouverture, notamment chez Investissement Québec, mais toujours pas du côté de la BDC [Banque de développement du Canada]. On doit bouger, ça passe ou ça casse », avance l'industriel.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
8 hours ago
- La Presse
À quoi s'attendre de la nourriture dans un tout-inclus
Certains hôtels tout-inclus proposent de grands buffets diversifiés aux voyageurs, et d'autres en proposent de plus petits avec des choix limités. Pour de nombreux voyageurs, bien manger est un facteur important lors de la planification d'un séjour dans un tout-inclus. L'offre des repas, qu'ils soient pris dans un buffet ou dans un restaurant à la carte, diffère néanmoins d'un hôtel à un autre. Britanie Sullivan La Presse La qualité de la nourriture dans les tout-inclus varie en fonction de la qualité des lieux. L'offre culinaire n'est donc généralement pas la même « selon que l'on est dans un hôtel avec deux, trois ou quatre étoiles […]. Plus on est dans le haut de gamme, plus il va y avoir de la diversité », fait remarquer Alain A. Grenier, professeur en tourisme et développement durable à l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Le nombre d'étoiles affiché par les voyagistes est un bon indicateur pour connaître la qualité d'un établissement touristique. C'est d'ailleurs pourquoi les agences de voyages s'y réfèrent souvent pour recommander des produits à leurs clients. Toutefois, il faut savoir que la classification des hôtels par étoiles n'est pas un système réglementé à l'échelle mondiale. Par conséquent, le nombre d'étoiles affiché sur le site web des voyagistes n'est pas toujours le même que celui affiché par les hôtels. Pour les voyagistes, la classification est faite à partir de critères qui leur sont propres, ce qui explique pourquoi le nombre d'étoiles affiché pour un hôtel peut parfois également différer d'un voyagiste à un autre. En général, « plus un hôtel est mieux coté, plus le prix [pour un forfait] est élevé. Mais on a plus de services, on a plus de choix, on a plus de luxe », soutient Claudie Lapointe, directrice de succursales, qui travaille notamment à l'agence de voyages Club voyages Raymonde Potvin. Les restaurants à la carte Dans la majorité des tout-inclus, les voyageurs ont la possibilité de prendre leurs repas dans un buffet ou dans un restaurant à la carte. « À certains endroits, il va y avoir un seul restaurant à la carte et, à d'autres endroits, il y aura plusieurs niveaux gastronomiques », déclare M. Grenier. De plus, « certains restaurants à la carte sont illimités, c'est-à-dire qu'on peut y aller tous les soirs s'il y a de la place. Sinon, il y a des hôtels qui vont mettre des limites, ce qui veut dire qu'on pourrait aller manger deux fois au restaurant à la carte durant la semaine, avec une réservation », explique Mme Lapointe. Des spécialités culinaires du pays d'accueil pourraient être offertes au sein de restaurants, tandis que des plats italiens ou japonais pourraient être offerts ailleurs. Et, « quand on va au restaurant à la carte, on ne paie pas de frais supplémentaires, sauf si l'on veut, par exemple, avoir une bouteille de vin [ou autres boissons alcoolisées de meilleure qualité]. Il peut aussi y avoir des plats sur le menu qui nécessitent de payer des frais supplémentaires », fait savoir la directrice de succursales, qui ajoute que cela pourrait être le cas pour certains fruits de mer ou certaines pièces de viande, par exemple. Lisez l'article « Les tout-inclus, leur prix et leurs exclusions » Les buffets Certains hôtels tout-inclus proposent de grands buffets diversifiés aux voyageurs, et d'autres en proposent de plus petits avec des choix limités. Selon la destination, « ça se peut qu'on mange presque la même chose chaque soir. Dans ce cas, on dit souvent à notre clientèle : 'Quand vous arrivez au buffet, ne mangez pas tout à la première soirée. Essayez de diversifier les repas d'une journée à une autre puisque ça peut être répétitif' », déclare Claudie Lapointe, qui ajoute que cela peut se produire à Cuba, où l'approvisionnement est restreint. De plus, « il y aura souvent une section à la thématique du pays. Donc, par exemple, si l'on va au Mexique, il pourrait y avoir des tacos et du guacamole », ajoute Mme Lapointe, qui constate également que de nombreux plats américains sont souvent offerts dans les buffets, comme des hamburgers, des hot-dogs ainsi que des croquettes de poulet et des frites. Des pancartes peuvent aider les voyageurs à savoir quels sont les divers aliments mis à leur disposition. Selon les destinations, des plats végétaliens ou sans gluten sont aussi proposés. Par ailleurs, le gaspillage de nourriture est un enjeu dans les buffets. Par conséquent, Alain A. Grenier recommande d'y prêter une attention particulière puisque « lorsqu'on se sert soi-même, surtout lorsqu'on est un touriste et qu'on a l'esprit à la fête, on a tendance à ambitionner », affirme le professeur en tourisme et développement durable. Lisez l'article « Voyager dans un tout-inclus de manière écoresponsable » Les intoxications alimentaires En voyage, afin d'éviter les intoxications alimentaires, il est recommandé d'éviter de manger de la viande, du poisson et des œufs n'étant pas suffisamment cuits. Il est aussi préférable de ne pas consommer de produits laitiers non pasteurisés. « Selon l'endroit où l'on va, si l'eau n'est pas potable, il faut faire attention aux fruits et aux légumes crus qui auraient pu être lavés sous l'eau », rappelle Claudie Lapointe. C'est donc pourquoi il est mieux de laver les fruits et les légumes d'une source d'eau fiable (l'eau embouteillée ou bouillie est une bonne option), de les peler ou de les manger cuits. Consultez les conseils aux voyageurs et les avertissements par destination du gouvernement du Canada


La Presse
11 hours ago
- La Presse
Le Bureau de la concurrence conclut une entente avec Schlumberger
Le Bureau de la concurrence conclut une entente avec Schlumberger (Gatineau) Le Bureau de la concurrence indique mercredi que Schlumberger a accepté de vendre une filiale de ChampionX dans le cadre de son acquisition de la société de services pétroliers. La Presse Canadienne L'organisme de réglementation de la concurrence estime que l'acquisition de ChampionX par Schlumberger entraînerait probablement une réduction substantielle de la concurrence dans la fourniture de services et d'équipements essentiels aux champs pétroliers au Canada. L'examen a révélé que l'entente entraînerait probablement une réduction de l'innovation et de l'accès aux produits utilisés dans la construction d'outils de forage pour les puits de pétrole et de gaz, ainsi que dans la prestation de services de forage directionnel et de complétion de puits. En vertu de son entente avec l'organisme de réglementation, Schlumberger a accepté de vendre US Synthetic, une filiale de ChampionX et fabricant des éléments de coupe et des paliers en PCD, et d'octroyer une licence de propriété intellectuelle relative aux transducteurs à quartz appartenant à Quartzdyne, une autre entreprise de ChampionX. Schlumberger fournit des services et des équipements à l'industrie pétrolière et gazière au Canada et dans le monde entier. L'entreprise a annoncé mercredi la finalisation de son acquisition de ChampionX.


La Presse
14 hours ago
- La Presse
Le rythme annuel des mises en chantier a augmenté de 0,4 % en juin
L'organisme national responsable de l'habitation rapporte que le nombre mensuel désaisonnalisé et annualisé de mises en chantier s'est établi à 283 734 unités en juin, contre 282 705 en mai. Le rythme annuel des mises en chantier a augmenté de 0,4 % en juin (Ottawa) La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) indique que le rythme annuel des mises en chantier a légèrement augmenté de 0,4 % en juin par rapport à mai. La Presse Canadienne L'organisme national responsable de l'habitation rapporte que le nombre mensuel désaisonnalisé et annualisé de mises en chantier s'est établi à 283 734 unités en juin, contre 282 705 en mai. Ce chiffre est publié alors que le taux annuel des mises en chantier dans les villes de 10 000 habitants ou plus était de 261 705 unités en juin, contre 260 947 en mai. Le rythme annuel des mises en chantier en milieu rural a été estimé à 22 029 unités. La SCHL affirme que les mises en chantier réelles dans les centres de 10 000 habitants ou plus se sont élevées à 23 282 unités en juin, en hausse de 14 % par rapport aux 20 509 unités de juin de l'année dernière. La moyenne mobile sur six mois du taux annuel désaisonnalisé des mises en chantier au Canada a augmenté de 3,6 % en juin pour atteindre 253 081.