
Victoria Mboko et le regard des autres
En ce mardi de congé pour la révélation du tournoi, ce n'était évidemment pas dans les mêmes proportions que la veille, quand des centaines d'amateurs s'entassaient pour la prendre en photo après sa victoire en quart de finale.
N'empêche que sa seule activité « officielle » du jour-un entraînement sur le terrain no 8-a été suivie de près. Une vingtaine de curieux l'épiaient depuis les gradins du no 5. Les photographes et les cinq caméramen étaient éparpillés un peu partout d'un côté du terrain.
Après une quarantaine de minutes, c'est l'heure de ranger les raquettes. « On va finir là-dessus ! », entend-on d'une membre de son entourage sur le terrain, après un coup réussi.
Mboko n'avait toutefois pas fini. Une équipe de Sportsnet l'attendait pour une entrevue sur le terrain. À son retour vers les vestiaires, les amateurs dans les parages l'ont applaudie. Rien d'assourdissant, mais rappelons que le site était ouvert au public depuis une heure, et que le premier match de simple commençait deux heures plus tard.
Deux heures avant l'exercice, Nathalie Tauziat, l'entraîneuse de Mboko, s'était justement lancée dans une longue description de la nouvelle vie qui attend sa protégée, maintenant qu'il est confirmé qu'elle intégrera le top 50 mondial.
PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
Victoria Mboko lors de son match de troisième tour contre la Tchèque Marie Bouzková
On rappelle que Tauziat la guide depuis la fin de 2024 ; elle avait alors hérité de la 350e joueuse au monde, et aussi récemment qu'en mars, l'objectif fixé pour la joueuse était de participer aux qualifications de Roland-Garros. « On pensait que c'était atteignable. C'est entre le 110e et le 230e rang », a rappelé Tauziat, comme si elle réalisait en quoi cet objectif semble presque risible, vu depuis nos lunettes d'août 2025.
Le risque d'une montée trop rapide est bien réel. « C'est sûr que c'est un danger, a admis Tauziat, en point de presse mardi. Bien des filles sont montées très haut, mais elles n'ont pas gardé cette stabilité, cette sérénité aussi. Quand on réussit, on gagne plus d'argent, on a plus de gens autour de nous. La vie change, c'est normal.
« Elle doit apprendre à gérer tout ce qu'il y a autour des résultats pour être bien dans sa tête et dans sa vie. Quand on est bien dans sa tête et dans sa vie, on joue bien au tennis. »
Le regard des autres
Aucun doute, l'ascension de Mboko est rapide. « Ça va vite ! », a convenu Tauziat.
Elle est arrivée à Montréal au 85e rang ; elle en repartira au 48e ou mieux. Elle a disputé son premier match du tournoi en session d'après-midi dimanche, pendant que l'on réservait Bianca Andreescu pour le programme de soir.
En début de tournoi, Mboko riait quand elle s'est fait questionner sur le fait que sa « photo » de profil sur la WTA était en fait une silhouette générique. « On n'a pas encore fait ma photo ! », avait-elle lancé. Voilà qu'elle a une vraie photo, en bonne et due forme.
PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
Victoria Mboko lors de son match de premier tour contre l'Australienne Kimberly Birrell
La photo, les demandes d'autographe d'amateurs, l'horaire, ce sont des éléments quelque peu triviaux, beaucoup plus faciles à écarter pour les adeptes de compartimentage. En revanche, certains éléments en disent plus long. Prenez ce que Tauziat avait à dire lorsqu'interrogée sur les interactions de Mboko avec ses rivales.
L'entraîneuse dit avoir noté un changement « après Roland-Garros », quand Mboko avait gagné trois matchs en qualifications avant d'atteindre le troisième tour.
« Les filles voyaient qu'elle arrivait, poursuit Tauziat. Depuis, plus de filles lui parlent, les meilleures viennent la voir, il y en a qui lui demandent de jouer en double. »
En ouverture du tournoi, Coco Gauff, favorite de l'ONB et numéro 2 mondiale, avait d'ailleurs carrément dit « espérer jouer avec elle en double un jour ». Gauff connaissait Mboko pour l'avoir battue à Rome.
« Quand je l'ai affrontée à Rome, je l'approchais comme une joueuse qui fera partie des meilleures. Elle est déjà parmi les mieux classées. Je suis sûr qu'on s'affrontera souvent à l'avenir et elle connaîtra beaucoup de succès », avait prédit l'Américaine, six jours avant d'apparaître au tableau de chasse de celle qu'elle vantait.
PHOTO DAVID KIROUAC, IMAGN IMAGES FOURNIE PAR REUTERS
Victoria Mboko félicitée par Coco Gauff après sa victoire
Ce match à Rome a visiblement été un pivot. Tout comme sa séquence de 22 victoires, dans des tournois de calibre mineur, en tout début de saison. C'est pendant cette séquence que l'Américaine Madison Keys dit avoir remarqué Mboko.
« La première fois que je l'ai réellement vue jouer, c'est quand elle a affronté Coco à Rome et elles avaient disputé un match très compétitif, a ajouté Keys, rencontrée après sa défaite en quart de finale mardi. Je ne suis pas surprise qu'elle connaisse une telle semaine et je ne serai pas surprise si elle obtient d'autres résultats, car elle est une joueuse fantastique. »
Ce regard des autres peut aussi être dangereux pour des personnalités plus propices à s'enflammer. Ce n'est toutefois pas ce que Mboko projette en point de presse, et c'est aussi ce qu'a laissé entendre Tauziat.
« Quand une très bonne joueuse lui demande de jouer en double, on le gère très bien ! Vicky le prend super bien. Elle est calme, posée, elle n'est pas très paillettes et ça l'aide dans son cursus professionnel. »
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