
Carney veut prioriser l'acier canadien en imposant des quotas à l'importation
Émilie Bergeron
La Presse Canadienne
Les importations venant des États-Unis sont exemptées, de même que celles du Mexique, en raison de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).
Au-delà des quotas annoncés – qui sont plus imposants pour les pays avec lesquels le Canada n'a pas d'accord de libre-échange – les importations seront soumises à un droit de douane de 50 %.
Une surtaxe supplémentaire de 25 % s'appliquera sur tous les produits sidérurgiques contenant du métal fondu et coulé en Chine dans le but de contrer le « dumping ».
M. Carney a présenté la série de mesures comme une façon de contrer « l'effet secondaire » causé par les « négociations des États-Unis » avec d'autres pays, discussions qui incluent de lourds droits de douane sur l'acier.
« L'une des conséquences de ces droits de douane très élevés est que ça pousse ces produits – dans ce cas-ci l'acier et ses dérivés – vers le marché canadien, qui a été historiquement assez ouvert, a-t-il dit. C'est donc important de protéger notre marché. »
Le premier ministre a détaillé les mesures protectionnistes après avoir rencontré des travailleurs de l'industrie de l'acier à Hamilton.
PHOTO CHRIS YOUNG, LA PRESSE CANADIENNE
Le premier ministre Mark Carney a rencontré des travailleurs de l'acier mercredi à Hamilton
Plus précisément, les quotas d'importation sont fixés à 50 % de leur niveau de 2024 pour les pays qui n'ont pas d'accord de libre-échange avec le Canada. Pour le reste des pays, à l'exception des États-Unis et du Mexique, ils ne pourront dépasser leurs niveaux de 2024, sans quoi ils seront soumis à la surtaxe de 50 %.
« Nous avons le potentiel de devenir notre meilleur client pour l'acier, mais nous allons perdre cette capacité si nous ne gérons pas la transformation profonde présentement en cours dans l'industrie », a ajouté M. Carney.
Les États-Unis ont doublé, le mois dernier, leurs droits de douane sur l'acier et l'aluminium, notamment en provenance du Canada, les faisant passer de 25 % à 50 %. Le Canada n'a, pour l'instant, pas riposté en augmentant ses mesures tarifaires de représailles.
« On verra », a encore dit M. Carney mercredi, notant que des négociations avec les États-Unis en vue d'un accord économique et sécuritaire se poursuivent.
Le Canada espère conclure un tel accord d'ici au 1er août, nouvelle date butoir décrétée par le président américain Donald Trump. Cette échéance a été fixée unilatéralement par l'administration américaine par le biais d'une lettre brandissant la menace d'une nouvelle surtaxe de 35 % sur les importations canadiennes qui entrerait en vigueur à pareille date.
La Maison-Blanche a précisé que les marchandises conformes à l'ACEUM ne seront pas touchées. « C'est une vaste exemption », a noté Fen Osler Hampson, professeur chancelier à l'Université Carleton et expert en négociations internationales.
Mardi, M. Carney a évoqué que, même si le Canada conclut un accord avec les États-Unis, ce partenariat risque d'inclure des droits de douane.
« Il n'y a pas beaucoup d'évidence à ce moment-ci (que) des accords, des ententes ou des négociations avec les Américains, pour n'importe quel pays, n'importe quelle juridiction, (signifient) d'avoir un accord sans tarifs », avait-il dit.
Appelé mardi à préciser quel niveau de droits de douane pourrait être acceptable pour le Canada, le premier ministre a refusé de s'avancer, expliquant que ce serait stratégiquement nuisible de dévoiler publiquement de telles cartes.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a aussi joué de prudence à ce chapitre, au cours d'un point de presse à Ottawa mercredi. « Je ne veux pas commenter le résultat d'une négociation avant qu'elle soit faite », a-t-il répondu.
Quoi qu'il en soit, le premier ministre a, selon M. Blanchet, « seulement mentionné quelque chose d'évident » en soutenant que des droits de douane demeureraient probablement en place.
Le chef de parti a noté que des droits de douane s'appliquaient déjà bien avant l'ACEUM, notamment ceux sur le bois d'œuvre, en plus d'autres restrictions. « Nous devons faire en sorte que ce soit aussi minime que possible », a-t-il dit en anglais en réponse à une question qui lui était posée dans cette langue.
Une fois de plus, M. Blanchet a reproché à M. Carney de s'empresser de venir en aide au secteur de l'acier sans en faire assez, à son avis, pour aider des secteurs très présents au Québec, comme celui de l'aluminium.
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