
Qui est le terroriste Boualem Bensaïd, qui sera libéré le 1er août après presque 30 ans de prison ?
Boualem Bensaïd sera libéré le 1er août
puis extradé définitivement vers son pays d'origine, relate l'Agence France-Presse (AFP) ce vendredi.
Tout commence dans la touffeur de l'été 1995. Il est environ 17h30, ce 25 juillet, mais le temps s'arrête au cœur de la capitale. Détonation, déflagration, épaisse fumée, mouvement de foule. Une bombe artisanale glissée sous un siège vient d'exploser dans une rame du RER B, au niveau de la station Saint-Michel. Un témoin présent sur le quai dépeint au micro de France Télévisions « une boule de feu ».
Les sapeurs-pompiers et le Samu se ruent sur les quais pour porter assistance aux victimes, tandis qu'en surface des hôpitaux de fortune sont dressés sur les terrasses des cafés. Les ambulances affluent pour évacuer les blessés. Certains sont pris en charge par hélicoptère. Jacques Chirac, le président, et Alain Juppé, le Premier ministre, se rendent sur les lieux. Le bilan est lourd : huit morts, 150 blessés. La piste terroriste s'impose sans trop tarder. Le GIA est dans le viseur. Trois portraits-robots des suspects sont diffusés.
Le 17 août, nouvelle explosion. 17 personnes sont touchées près de la place de l'Étoile. Puis encore un attentat à la bombe, le 3 octobre, devant la station Maison-Blanche. Le bilan fait état de 16 blessés. La peur grandit dans la capitale. Gares, frontières et aéroports sont placés sous surveillance. Mais la vague de violence se prolonge le 3 septembre : une cocotte-minute chargée de clous et d'écrous manque d'exploser, quatre personnes sont légèrement brûlées aux jambes et aux bras. Elle prend fin le 17 octobre, avec l'explosion d'une bombe à la station Musée-d'Orsay, sur la ligne C du RER. On déplore 30 blessés.
Le GIA revendique les attentats. Dans un contexte de guerre civile en Algérie, le groupe dit ainsi faire payer à la France son soutien au régime militaire en place dans le pays.
Début novembre 1995, deux hommes sont interpellés en France.
Smaïn Aït Ali Belkacem
, l'artificier présumé, et Boualem Bensaïd, celui que l'on pressent comme le poseur de bombes. Ce dernier, connu sous l'alias de « Mehdi », est né sur les hauteurs d'Alger. Il est issu d'une large fratrie : dix frères et sœurs. Leur père est marchand ambulant. Au pays, Boualem Bensaïd pratique le karaté et décroche un diplôme d'éducateur sportif, puis commence à « faire du commerce », selon ses propres termes, entre l'Algérie et la France. À un moment donné, il bascule dans la clandestinité. Et lorsqu'il est arrêté en cet automne 1995, trahi par ses empreintes digitales, il se présente comme un étudiant, tandis qu'il est recherché pour meurtre et « atteinte à la sûreté de l'État » par les autorités de son pays, relate alors
Le Monde
.
Les juges antiterroristes Jean-François Ricard et Jean-Louis Bruguières conduisent l'instruction. Pendant ce temps, le financier présumé des attaques, Rachid Ramda, alias « Abou Farès », est appréhendé à Londres. L'intéressé est suspecté d'avoir fléché d'importantes sommes d'argent vers « Mehdi », avec qui il était en contact.
En 2001, Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkcaem comparaissent pour trois attentats de la vague de 1995 : ceux de Saint-Michel, Maison-Blanche et du Musée-d'Orsay. Devant une Cour d'assises spéciale, ils nient en bloc et n'esquissent pas la moindre réaction lorsque le nom des 212 victimes est prononcé. Pire, ils apparaissent décontractés, au grand dam des parties civiles. Au terme de l'audience, Boualem Bensaïd est reconnu coupable d'avoir placé une bombe à la station Maison-Blanche. S'agissant des attentats de Saint-Michel et du Musée-d'Orsay, il est seulement déclaré complice. La décision du tribunal est prononcée en 2002. Les deux hommes écopent d'une peine de réclusion criminelle à perpétuité.
Un an plus tard, seul Boualem Bensaïd fait son retour dans le box. Contrairement à lui, son acolyte n'a pas fait appel. L'homme continue à faire preuve d'aplomb et n'hésite pas à égratigner le juge d'instruction, ses anciens avocats et l'administration pénitentiaire. Au final, l'ex-soldat du GIA quitte le tribunal avec le même jugement : l'emprisonnement à vie, avec une période de sûreté de 22 ans. Mais cette fois, il est déclaré coupable du « carnage » du 25 juillet 1995. « Dieu est grand ! Allah akbar ! C'est une décision misérable », s'écrit-il au moment de sortir de la salle, d'après les récits de l'époque. Les parties civiles, elles, pleurent de joie. Un sentiment prolongé lorsque, en 2005, Rachid Ramda est enfin extradé vers la France. Lui aussi est condamné à la perpétuité en 2007, une peine confirmée en appel en 2009.
Entre son arrestation et sa condamnation définitive, « Mehdi » ne quitte jamais sa cellule. Et pour cause, il purge deux autres peines, une de dix ans de prison, l'autre de 30 ans de réclusion, pour des faits également en lien avec la campagne terroriste de 1995. Et notamment pour une tentative d'attentat sur la ligne de TGV entre Lyon et Paris.
La fin de sa période de sûreté, Boualem Bensaïd l'atteint en 2017. Il dépose une première demande de libération conditionnelle. Refusée.
Les trois suivantes sont, elles aussi, balayées.
Le poseur de bombe de Saint-Michel conteste cette dernière décision mais, en mai dernier, la Cour de cassation rejette son pourvoi.
Le feu vert de la Cour d'appel survient finalement dans un arrêt datant de jeudi. Sollicité, Me Romain Ruiz, l'un des avocats de Boualem Bensaïd, se félicite et assure que « cette libération est un espoir pour tous ceux qui luttent contre la prison à vie et pour la libération des prisonniers politiques ». Contactée par Le Parisien ce vendredi soir, l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT) n'était pas disponible dans l'immédiat pour réagir à l'annonce de sa libération programmée.
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