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«On a appris à vivre au jour le jour» : malgré l'accord sur les droits de douane, le grand flou pour les vins français

«On a appris à vivre au jour le jour» : malgré l'accord sur les droits de douane, le grand flou pour les vins français

Le Figaro30-07-2025
Alors que l'UE a décroché un accord à hauteur de 15% de droits de douane pour ses exportations vers les États-Unis, les vins et spiritueux restent pour l'heure hors du «deal».
À défaut d'y voir plus clair, le secteur des vins et spiritueux peut toujours espérer une issue positive. Les producteurs européens ont été exclus de l'accord décroché dimanche par l'Union européenne, lors d'une rencontre entre Donald Trump et Ursula von der Leyen. Le président des États-Unis et son homologue à la Commission européenne se sont entendus sur un «deal» à hauteur de 15% de droits de douane pour les importations sur le sol américain. Un accord largement décrié par la classe politique européenne, qualifié, en France, de «soumission» par le premier ministre François Bayrou. Les vignerons et autres producteurs de spiritueux attendaient avec impatience d'être fixés, eux qui dépendent fortement de l'export, et en particulier vers les États-Unis. C'est raté. Si les 15% concernent «la grande majorité des exportations de l'Union européenne», selon Ursula von der Leyen, la dirigeante a botté en touche concernant le sujet des alcools. «Il n'y a pas eu de décision sur ce sujet. Il reste à régler dans les prochains jours», a-t-elle déclaré devant la presse, dimanche.
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Ainsi, la filière va continuer de vivre dans l'incertitude, comme elle le fait depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier dernier. «C'est très compliqué à gérer parce que c'est totalement insaisissable. Un jour c'est blanc, le lendemain c'est noir, l'administration américaine peut changer d'avis du jour au lendemain, et nous, on n'a aucune visibilité», déplore Philippe Tapie, président de Bordeaux Négoce, interrogé par l'AFP. L'époque lors de laquelle le président républicain menaçait de taxer les vins et spiritueux européens à hauteur de 200%, mi-mars, sonne toutefois comme un lointain (et mauvais) souvenir. Tout comme celle, plus récente, de la menace des 30% à partir du 1er août. Ainsi, la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) s'est réjouie, lundi soir, d'éviter «une vraie catastrophe pour le secteur». «Mais les prochains jours seront déterminants pour le secteur français des vins et spiritueux», a ajouté la FEVS dans un communiqué.
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Les vins concernés par les 15%, mais pas les spiritueux ?
Beaucoup espèrent encore un dénouement que l'on osait à peine imaginer il y a quelques semaines : celui d'un accord tarifaire «zéro pour zéro». Soit une exemption totale de droits de douane réciproque. Il a d'ailleurs été conclu pour certains produits stratégiques, notamment les avions, y compris les pièces détachées, ainsi que certains produits chimiques, des médicaments génériques et des produits agricoles. Une liste amenée à être complétée. Le Comité européen des entreprises du vin (CEEV) a plaidé pour que les vins et les spiritueux en fassent partie. «Nous sommes convaincus que le commerce du vin est très bénéfique pour les entreprises européennes et américaines», a indiqué Marzia Varvaglione, présidente du CEEV, dans un communiqué publié dimanche.
Les discussions étaient toujours en cours ce lundi et en Bourgogne, qui a expédié 21 millions de bouteilles outre-Atlantique en 2024, l'heure était à la lassitude. «On a appris à vivre au jour le jour», souffle Laurent Delaunay, président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), auprès du Figaro. Également représentant de la maison de négoce Delaunay Vins & Domaines, il dit «se prendre à espérer un taux nul» et explique par ailleurs que les 15% seraient à rajouter à une hausse importante du coût de revient pour les importateurs basés aux États-Unis, provoquée par la dépréciation du dollar américain, estimé entre 10 et 12% depuis début 2025. Autant de facteurs qui, in fine, font grimper le prix des bouteilles pour le consommateur final. «Du fait de l'évolution des taux de change, la hausse réelle est de 30%: l'impact serait alors de 34.000 emplois détruits et une perte d'activité de plus de 5 milliards», analyse la FEVS, toujours dans son communiqué.
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Autre scénario évoqué avec insistance par un importateur de premier plan, présent aux États-Unis depuis 25 ans, celui d'un traitement différent des vins et des spiritueux. Pour les premiers, «on s'oriente vers un alignement sur les 15%», alors que pour les seconds, une exemption serait à prévoir. Des prédictions évoquées par le ministre français du Commerce extérieur, ce lundi matin sur France Inter. Laurent Saint-Martin a malgré tout indiqué que la France allait «continuer à travailler» pour que le vin, mais aussi les fromages, les produits de luxe et les cosmétiques rejoignent la liste des produits soumis à l'accord tarifaire «zéro pour zéro». Pour ce même importateur, qui fait venir outre-Atlantique presque autant de spiritueux que de vins, tous français, la perspective d'une stabilité offre un soulagement bienvenu. «On va enfin savoir où on va», se satisfait-il. Pour rappel, les États-Unis représentent pour la filière française son premier marché à l'export, avec 24,5% des expéditions. À l'échelle européenne, l'UE a exporté pour environ 9 milliards d'euros (10,5 milliards de dollars) de vins et spiritueux en 2024, selon les données d'Eurostat.
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