« On peut peut-être aussi l'aider à construire » : Laurent Bonadei, le sélectionneur des Bleues, éliminées par l'Allemagne, a-t-il péché par excès de confiance ?
Laurent Bonadei a posé sa voix. Pesé ses mots. Quelques minutes après la terrible élimination samedi face à l'Allemagne (1-1, 5-6 aux t.a.b.), le sélectionneur de l'équipe de France s'est exprimé devant la presse et a dressé calmement un premier bilan de l'Euro : « L'équipe a bien évolué depuis quelques mois. Il y a beaucoup d'espoirs. » La veille, il avait aussi souligné que son groupe avait « progressé plus vite qu'imaginé ». Sous contrat jusqu'au 31 août 2027, soit après la Coupe du monde prévue au Brésil, le technicien de 54 ans devrait poursuivre sa mission.
Samedi soir, il a d'ailleurs échangé sur la pelouse avec le président de la FFF Philippe Diallo et le vice-président Jean-Michel Aulas. « Ils m'ont dit que c'était frustrant et rageant, ils étaient très enthousiastes après la phase de groupes, a-t-il expliqué. Il y avait de la déception et de la tristesse pour les filles. Ils ont eu des mots d'encouragement, le président a parlé dans le vestiaire, il a dit qu'il y avait de l'espoir pour ce groupe qui se construit. »
Aulas n'était « pas dans la confidence » concernant les évictions de Renard, Le Sommer et Dali
La décision de se séparer des expérimentées Wendie Renard (35 ans, 164 sélections), Eugénie Le Sommer (36 ans, 200 sélections) et de Kenza Dali (33 ans, 68 sélections) a peut-être eu un effet positif sur la dynamique de groupe. Pas sur les limites de résultats. Pour la première fois de son histoire, l'équipe de France a même fait pire que lors de l'Euro précédent (phase de groupes de 1997 à 2005, quarts de 2009 à 2017, demi-finale en 2022).
« Le coach avait pris quand même des décisions très fortes avant, nous a rappelé dimanche Jean-Michel Aulas, en charge du football féminin à la FFF. Je dois dire d'ailleurs que j'ai été informé de la décision qu'il avait prise, et je n'y ai pas participé, ce qui ne veut pas dire qu'il n'avait pas raison. Mais je n'étais pas dans la confidence. Je n'en ai été informé que postérieurement à l'appel en particulier de Wendie (Renard). Si on avait discuté en amont, j'aurais essayé de le convaincre (de la prendre pour l'Euro). Il a moins d'expérience dans la sélection, puisque c'est sa première expérience. Je pense que, dans le futur, il échangera un peu plus avec Philippe (Diallo) et moi en amont, parce qu'on peut peut-être aussi l'aider à construire. »
Le coaching de Bonadei, technicien sans grande expérience du haut niveau en tant que numéro 1, interroge aussi. Contre l'Allemagne, il a peut-être péché par excès de confiance, sûr que le pouvoir offensif de son effectif allait encore le tirer d'un mauvais pas. Le contraste avec son homologue allemand Christian Wück, haranguant ses joueuses ou prenant à partie l'arbitre, était d'ailleurs saisissant.
Un manque de flexibilité tactique
Bonadei est surtout resté enfermé dans son système en 4-3-3, remplaçant poste pour poste ses attaquantes sans aucun effet sur le jeu. Dans un contexte de supériorité numérique pendant toute la rencontre, Clara Mateo ne pouvait-elle pas jouer à côté de Marie-Antoinette Katoto ? Pourquoi n'avoir pas fait entrer Kelly Gago, sélectionnée pour son jeu aérien, alors que l'équipe a beaucoup centré sans efficacité (12 centres réussis sur 37) ? Bonadei avait entamé son mandat en expliquant vouloir que l'équipe puisse changer de système et s'adapter. Il a rapidement envoyé le 3-4-3 aux oubliettes et n'a jamais testé de tactique à deux pointes. Trop lisibles, trop scolaires, ses Bleues n'ont quasiment pas créé de décalages. Où était donc la joueuse libre ?
Dans un contexte de crise, le football féminin français avait un besoin quasi vital de victoire. Si Bonadei met constamment en avant son plan triennal, certains décideurs avaient plutôt l'Euro comme objectif. Le crédit de l'ancien adjoint d'Hervé Renard se trouve donc réduit même s'il ne semble pas menacé dans l'immédiat, si l'on en croit Aulas. « On va discuter avec Laurent, pour savoir aussi ce que lui va exprimer comme motivation à cet échec », nous a-t-il confié, assurant qu'il lui maintenait sa confiance. Il aura la Ligue des nations, en octobre, pour se relancer. Mais en face, il y aura encore l'Allemagne en demi-finales...
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