
Les recherches se poursuivent, le bilan continuera à s'alourdir
Les recherches se poursuivent, le bilan continuera à s'alourdir
(Kerrville) Avec de nouvelles pluies à venir, le risque d'inondations potentiellement mortelles demeurait élevé dans le centre du Texas, lundi, alors que les équipes continuaient de chercher des disparus du déluge de la fin de semaine dernière, qui a fait au moins 82 morts, dont des enfants qui participaient à des camps d'été.
Jim Vertuno et John Seewer
Associated Press
Les autorités ont prévenu que le bilan des victimes allait assurément s'alourdir.
Les habitants du comté de Kerr ont commencé à déblayer la boue et à récupérer ce qu'ils pouvaient de leurs propriétés démolies depuis la montée rapide des eaux vendredi soir.
Pendant ce temps, les secouristes, naviguant à travers un terrain accidenté et infesté de serpents, poursuivaient leurs recherches pour retrouver les disparus, dont dix jeunes filles et une monitrice du Camp Mystic, un camp d'été réservé aux filles qui a subi d'importants dégâts.
PHOTO RONALDO SCHEMIDT, AGENCE FRANCE-PRESSE
Un bénévole recherche des personnes disparues, à Hunt, au Texas, le 6 juillet 2025.
Le gouverneur Greg Abbott a annoncé que 41 personnes étaient portées disparues dans l'État et que d'autres pourraient manquer à l'appel.
Dans la région de Hill Country, qui abrite plusieurs camps d'été, les sauveteurs ont retrouvé les corps de 68 personnes, dont 28 enfants, a déclaré le shérif du comté de Kerr, Larry Leitha.
Lisez « Le péril derrière les charmes du Hill Country »
Dix autres morts ont été signalés dans les comtés de Travis, Burnet, Kendall, Tom Green et Williamson, selon les autorités locales.
Le gouverneur a averti que de nouvelles pluies torrentielles se poursuivant jusqu'à mardi pourraient provoquer des inondations plus dangereuses, en particulier dans les zones déjà saturées.
Les familles ont été autorisées à visiter le camp dès dimanche matin. Une fillette est sortie d'un bâtiment en portant une grosse cloche. Un homme, dont la fille avait été secourue d'une cabane située au point culminant du camp, marchait le long de la berge en scrutant entre les arbres et sous les rochers.
Une famille est partie avec un casier bleu. Une adolescente, le visage en larmes, s'éloignait lentement en voiture et contemplait les décombres par la fenêtre ouverte.
Recherches dans la zone sinistrée
PHOTO MARCO BELLO, REUTERS
Des personnes regardent la rivière Guadalupe, après des inondations soudaines à Kerrville, au Texas, le 6 juillet 2025.
Des équipes à proximité, utilisant des engins lourds, ont retiré des troncs d'arbres et des branches emmêlées de la rivière. À chaque heure qui passait, les perspectives de retrouver d'autres survivants devenaient de plus en plus sombres.
Des bénévoles et des familles de disparus se sont rendus sur place et ont mené des recherches, malgré les demandes de ne pas le faire.
Les autorités ont fait face à plusieurs questions, à savoir si suffisamment d'alertes avaient été diffusées dans une zone depuis longtemps vulnérable aux inondations et si davantage de préparatifs auraient pu être faits.
Le président Donald Trump a signé dimanche une déclaration de catastrophe majeure pour le comté de Kerr et a déclaré qu'il s'y rendrait probablement vendredi : « Je l'aurais fait aujourd'hui, mais nous serions simplement sur leur chemin. »
« C'est horrible ce qui s'est passé, absolument horrible », a-t-il soutenu.
Prières au Texas et au Vatican
Le gouverneur Abbott a promis que les autorités travailleraient 24 heures sur 24 et a indiqué que de nouvelles zones étaient recherchées à mesure que les eaux se retiraient. Il a déclaré dimanche jour de prière pour l'État.
À Rome, le pape Léon XIV a offert des prières spéciales pour les personnes touchées par la catastrophe.
Le premier pape américain a prononcé une bénédiction en anglais à la fin de son discours de dimanche midi : « Je tiens à exprimer mes sincères condoléances à toutes les familles qui ont perdu des êtres chers, en particulier leurs filles qui étaient en colonie de vacances, lors de la catastrophe causée par la crue du fleuve Guadalupe, au Texas, aux États-Unis. Nous prions pour elles. »
Des récits terrifiants
Des survivants ont raconté des souvenirs éprouvants du drame. Certains ont été emportés par les eaux et ont dû s'agripper aux arbres. Ils ont vu les eaux déchaînées avaler des arbres et des voitures.
D'autres se sont réfugiés dans des greniers en priant pour que l'eau ne les atteigne pas.
Au Camp Mystic, de jeunes filles s'accrochaient à une corde tendue par les sauveteurs alors qu'elles traversaient un pont, l'eau leur fouettant les jambes.
Parmi les morts confirmées figuraient une fillette de huit ans de Mountain Brook, en Alabama, qui se trouvait au Camp Mystic, et le directeur d'un autre camp situé plus loin sur la route.
Deux sœurs d'âge scolaire originaires de Dallas étaient portées disparues après que leur chalet eut été emporté. Leurs parents séjournaient dans un autre chalet et étaient sains et saufs, mais leurs grands-parents étaient portés disparus.
Des alertes diffusées avant la catastrophe
Jeudi, le Service météorologique national a signalé un risque d'inondation, puis a émis une série d'alertes de crue soudaine aux premières heures de vendredi, avant de déclencher l'état d'urgence pour crue soudaine – une alerte rare signalant un danger imminent.
Les autorités et les élus ont déclaré qu'ils ne s'attendaient pas à des pluies aussi intenses, équivalentes à des mois de pluie dans la région.
Le directeur municipal de Kerrville, Dalton Rice, a indiqué que les autorités s'engageaient à procéder à un examen complet des mesures d'urgence.
Interrogé sur son intention de supprimer progressivement l'Agence fédérale de gestion des urgences (FEMA), M. Trump a répondu que « nous pourrons en parler plus tard, mais que pour l'instant, nous sommes occupés à travailler ». Il a déclaré vouloir remanier, voire supprimer complètement, la FEMA et a vivement critiqué son efficacité.
On lui a également demandé s'il prévoyait réembaucher les météorologues fédéraux licenciés cette année dans le cadre des coupes budgétaires massives du gouvernement.
« Je ne pense pas. C'est arrivé en quelques secondes. Personne ne s'y attendait. Personne ne l'a vu. Des gens très talentueux étaient là, et ils ne l'ont pas vu », a affirmé le président.
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5 hours ago
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Noyade d'un quarantenaire en Montérégie
Alors qu'il profitait du beau temps, un homme a sombré dans le fleuve Saint-Laurent après avoir glissé d'un cap rocheux dans une région isolée de Pointe-des-Cascades, rapporte la Sûreté du Québec (SQ). Les services d'urgence ont été alertés vers 16 h 30 pour se diriger vers le chemin du Fleuve, à Pointe-des-Cascades, près de l'intersection de la rue Centrale. Selon les informations de la SQ, un homme et une femme, âgés de 41 et 43 ans, se seraient aventurés jusqu'à un cap rocheux dans cette zone. « À un certain moment, l'homme a perdu pied, et il est tombé dans l'eau du fleuve », explique Geneviève Bruneau, porte-parole de la SQ. La femme a tenté de porter secours à la victime, mais en vain. Elle a été secourue par des plaisanciers en ponton, un peu plus loin. Les secours ont réussi à localiser la victime vers 18 h, grâce aux témoignages recueillis sur place, mais son décès a été constaté environ deux heures plus tard, à l'hôpital. D'après les premiers témoignages recueillis par la SQ, les deux individus concernés par l'incident ne portaient pas de gilet de sauvetage. Pour le moment, rien n'indique que l'incident soit de nature criminelle, selon la SQ. Une enquête est actuellement en cours pour établir les circonstances de l'évènement.


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« Il n'y a plus d'espoir de retrouver de survivants »
Des bénévoles retirent des débris des inondations meurtrières dans le fleuve Guadalupe à Center Point, au Texas, vendredi. « Il n'y a plus d'espoir de retrouver de survivants » Des montagnes d'arbres déracinés. Des carcasses de véhicules récréatifs encastrées dans plusieurs mètres de boue. Et cette odeur, poignante : celle de la putréfaction. Six jours après la crue subite du fleuve Guadalupe, la dévastation est totale au parc de roulottes Keys Resort, dans le comté de Kerr, dans le centre-sud du Texas. Des dizaines de bénévoles s'acharnent encore à retirer les débris, couche après couche, à l'aide de tronçonneuses et de tracteurs. Des policiers ont aussi été dépêchés sur place jeudi après-midi, lors de mon passage : ils suspectaient la présence d'un cadavre sous les décombres. Ce qui leur a mis la puce à l'oreille : l'odeur putride, et les nuages de mouches, qui virevoltent dans l'air lourd de cette journée à 35 degrés. Un signe que les recherches viennent de passer à un nouveau stade. La mission pour sauver les 170 personnes disparues lors de l'inondation du 4 juillet s'est transformée en opération de récupération des corps. Y compris ceux d'une trentaine de fillettes, qui séjournaient au Camp Mystic, non loin d'ici. Leurs petites dépouilles s'ajouteront aux 120 cadavres retrouvés jusqu'ici. Bilan préliminaire : près de 300 morts. PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE Le bénévole Jay Arredondo devant une scène de dévastation au parc de roulottes Keys Resort « On ne néglige aucune piste, on fouille vraiment partout, mais il n'y a plus d'espoir de retrouver de survivants », m'explique le bénévole Jay Arredondo, qui travaille d'arrache-pied depuis six jours au parc détruit de Keys Resort, dans la petite ville de Center Point. Le grand gaillard de 38 ans ne cherche aucun coupable pour expliquer la tragédie. Il se braque, même, lorsque j'aborde le sujet. Il n'y a personne à accuser ici. Personne ne peut contrôler une catastrophe naturelle. Jay Arredondo Des propos repris presque mot pour mot par le président Donald Trump, qui s'est rendu dans la région dévastée vendredi avec sa femme, Melania, et sa secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem. Il a fait une tournée des zones les plus touchées avant de se prêter à une conférence de presse. PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE Le parc de roulottes Keys Resort, dans le comté de Kerr Les autorités ont fait un travail irréprochable pour limiter les dommages, a vociféré M. Trump à une journaliste, qui le questionnait sur la défaillance des mesures préventives. « Seule une personne diabolique oserait demander une telle chose. » C'est pourtant la question que tout le monde se pose depuis une semaine. Comment un tel ratage a-t-il pu se produire, dans ce comté aisé du Texas, habitué depuis des décennies aux débordements sporadiques de son principal cours d'eau ? Les hypothèses abondent. Alertes cellulaires envoyées trop tard, réseau sans fil déficient dans la vallée du fleuve Guadalupe, coupes budgétaires imposées au bureau des services météorologiques par l'administration Trump : l'enquête sera longue pour retisser le fil précis des évènements. Mais ce qui ressort de plus en plus, c'est qu'un mécanisme très simple aurait pu sauver des vies : de bonnes vieilles sirènes tonitruantes. Un tel réseau aurait permis d'alerter les centaines de personnes qui dormaient à poings fermés en bordure du cours d'eau, lorsque son niveau a bondi de huit mètres en moins de deux heures en pleine nuit. L'alarme sonore aurait aussi pu réveiller ceux qui étaient abonnés à des alertes d'urgence sur leur portable, mais qui n'avaient aucune réception cellulaire dans ce secteur de villégiature isolé. PHOTO GERALD HERBERT, ASSOCIATED PRESS Des enfants ont visité vendredi le monument commémoratif à la mémoire des victimes des inondations, à Kerrville. Ce n'est pas à défaut d'avoir essayé d'implanter un système de sirènes. Le comté de Kerr a demandé du financement à au moins trois reprises au gouvernement de l'État du Texas, et à l'Agence fédérale de gestion des situations d'urgence (FEMA). Sans succès : aucune autorité n'a voulu payer la facture d'un peu moins de 1 million de dollars. Plusieurs se mordent aujourd'hui les doigts, mais personne n'accepte le blâme… Le comté de Kerr, à une heure au nord de San Antonio, est ultrarépublicain. Ses 53 000 résidants ont voté à plus de 75 % pour Donald Trump depuis 2016. Le « Hill Country » compte des dizaines de montagnes verdoyantes, une quarantaine de colonies de vacances et le magnifique fleuve Guadalupe, prisé par les vacanciers de tout le Texas. C'est une communauté tissée serré, comme en témoigne la présence de centaines de bénévoles qui continuent à ratisser les berges du matin au soir pour trouver des victimes. Mais c'est aussi un comté à tendance néolibérale, où l'on abhorre les interventions du gouvernement. La possibilité d'installer des sirènes a fait l'objet d'âpres discussions depuis 2016. Des fonds fédéraux ont été proposés à un certain moment, mais plusieurs résidants ont refusé de les accepter. Ils ne voulaient pas que leur comté soit « acheté » par des subventions de Washington, relate une enquête du Texas Tribune. PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE La sirène récemment installée à la caserne de pompiers de Comfort. Elle a été utilisée pour la première fois le 4 juillet dernier. Seules deux localités possèdent des sirènes d'urgence, dans toute la région. La petite ville de Comfort, située au croisement du fleuve Guadalupe et d'un ruisseau, a utilisé la sienne, flambant neuve, pour la première fois le 4 juillet dernier. Danny Morales, le directeur adjoint des pompiers volontaires, est celui qui a insisté pour l'installation d'un tel système dans sa bourgade de 2300 habitants. Ce n'est pas le gouvernement du Texas qui a payé, mais plutôt un organisme sans but lucratif local. Coût du système : 50 000 $. « L'État n'aurait jamais payé pour ça, puisque la sécurité publique n'est pas de sa responsabilité », m'explique l'homme de 71 ans, rencontré dans le petit poste de commandement de sa caserne. PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE Danny Morales, directeur adjoint des pompiers volontaires de Comfort Il m'a montré plusieurs cartes et graphiques, qui détaillent la montée des eaux dramatique du 4 juillet dernier. La crue du fleuve Guadalupe menaçait d'inonder – encore une fois – le ruisseau qui sillonne sa ville. Il a activé les sirènes 30 minutes avant la montée des eaux. Quelques propriétés riveraines ont subi des dommages, mais on n'a déploré aucun décès. Un tel système aurait sans aucun doute pu épargner des vies dans le comté voisin de Kerr, croit le pompier volontaire. « Je ne sais pas si ça aurait pu sauver tout le monde, mais ça aurait sûrement aidé… » PHOTO MAXIME BERGERON, LA PRESSE La vieille sirène de Comfort, autrefois utilisée pour les incendies, qui a été rénovée et réinstallée dans un autre secteur de la ville. Comfort avait déjà une vieille sirène, autrefois utilisée pour les incendies, qui a été remise à neuf au coût de 20 000 $. Elle a été réinstallée dans un autre secteur de la ville et s'est aussi déclenchée avant l'inondation. La ville en compte maintenant deux, pour un total de 70 000 $. Une facture moyenne de 30 $ par habitant… Le comté de Kerr est toujours sous le coup de mesures d'urgence massives. Les recherches se poursuivront jusqu'à ce qu'un maximum de dépouilles soient retrouvées, ce qui pourrait prendre des mois. PHOTO JACQUELYN MARTIN, ASSOCIATED PRESS Le fleuve Guadalupe, vendredi Tout comme le président Trump, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, rejette la recherche de coupables en lien avec la défaillance des mesures d'urgence. Le mot « blâme » est un « langage de perdants », a-t-il lancé à des journalistes plus tôt cette semaine. Les centaines de familles des victimes, tout comme les adversaires politiques du gouverneur républicain, n'accepteront pas cette réponse.


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Entrevue avec la gouverneure du Maine
La gouverneure du Maine, Janet Mills, devant l'une des affiches que son équipe a fait installer à différents points d'entrée de l'État. (Augusta, Maine) See you in court : la gouverneure du Maine, Janet Mills, a eu une joute verbale corsée avec Donald Trump en février dernier. La démocrate, qui n'est pas tendre à l'endroit du président, se montre très préoccupée par les Canadiens qui ont choisi de ne pas aller en vacances sur les plages de son État. La gouverneure du Maine, Janet Mills, veut que les Canadiens se sentent bienvenus de voyager dans l'État connu pour ses plages très fréquentées par les Québécois, d'Old Orchard à Ogunquit. Tellement qu'elle a fait installer des pancartes à différents points d'entrée du Maine. Mais elle n'est pas dupe. « Nous avons un président qui a fait campagne au nom de l'économie, et les gens l'ont cru, déclare-t-elle. Mais avec le budget et les droits de douane, l'économie est dans le chaos. » Je ne peux pas blâmer les Canadiens de se sentir offensés, mais les États comme le nôtre doivent préserver les liens d'amitié et les alliances profondes qui vont au-delà d'un mandat présidentiel. Janet Mills, gouverneure du Maine En février dernier, Janet Mills a fait les manchettes pour avoir tenu tête au président des États-Unis, Donald Trump. « See you in court » [on se voit au tribunal], lui a-t-elle lancé, quant à un décret visant à exclure les athlètes transgenres des équipes féminines. Lors de notre entrevue avec la 75e gouverneure du Maine, qui s'est déroulée dans son bureau du capitole de l'État, à Augusta, elle était de retour d'un voyage dans les Maritimes. Elle dit avoir senti la crainte provenant de la « rhétorique dangereuse » provenant du bureau Ovale à Washington. « Je comprends parfaitement. Les droits de douane ont causé beaucoup d'inquiétude. » Mais selon elle, ces droits sont aussi « une taxe sur les citoyens américains ». « C'est offensant pour les autres pays, mais c'est nous qui en faisons les frais et nous ne les aimons pas nous non plus. » « Les droits de douane ont fait augmenter les coûts de construction de 10 % dans le Maine, à cause de l'acier et l'aluminium en particulier », ajoute-t-elle. PHOTO HINA ALAM, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE La gouverneure du Maine, Janet Mills, et la première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, le 24 juin dernier La gouverneure souligne que beaucoup de mom-and-pop businesses – comme on dit aux États-Unis pour décrire des entreprises familiales – voient des contrats annulés à partir du Canada. En se rendant au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, elle voulait « renouveler l'amitié » et les « liens profonds » entre son État et ses voisins canadiens. « Nous avons beaucoup en commun. » Comme le dit si bien Janet Mills, le Québec et le Nouveau-Brunswick encerclent le Maine. « Nous partageons 611 miles [983 km] de frontière », rappelle celle dont la famille Mills est originaire de Pugwash, en Nouvelle-Écosse. Comme c'est le cas pour les voitures en Ontario, le bois et les fruits de mer font partie d'un marché nord-américain intégré, pouvant faire des allers-retours des deux côtés de la frontière. La gouverneure se sent interpellée par la nervosité de certains Canadiens à passer la frontière américaine, mais elle se fait rassurante. Selon elle, les incidents fâcheux signalés se seraient déroulés à la frontière au sud des États-Unis et pas au nord. Moins de Québécois sur les plages Avant son saut dans les Maritimes, Janet Mills avait pris part à une rencontre à Boston avec d'autres gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des délégations de plusieurs provinces canadiennes, dont le Québec. PHOTO ÉMILIE CÔTÉ, LA PRESSE Janet Mills dans son bureau du capitole de l'État du Maine, à Augusta La gouverneure du Maine demande aux Canadiens de faire la part des choses entre le président Donald Trump, son État démocrate et le peuple américain. Beaucoup de petites entreprises du Maine souffrent de la guerre commerciale, notamment dans le domaine touristique. En mai, par rapport à l'an dernier, 27 % de moins de Canadiens se sont rendus dans le Maine, selon les services frontaliers. Des gens ont des annulations de leurs amis canadiens, de familles qui sont leurs clients loyaux, expose-t-elle. C'est injuste de les voir souffrir à cause de cette déconnexion entre Washington et le Canada. Janet Mills, gouverneure du Maine Janet Mills cite le titre d'un texte datant du 3 avril dernier de Peggy Noonan, chroniqueuse au Wall Street Journal. Son titre, « Canada, our friend, deserves better than this », peut se traduire ainsi : « Nos amis les Canadiens méritent mieux ». Comme Peggy Noonan dans sa chronique, Janet Mills a repris à haute voix devant nous une citation de Winston Churchill, datant de 1939, où il affirme que la frontière canado-américaine est un modèle de « respect du voisinage » et d'« obligations honorables » pour tous les pays et l'avenir du monde. « C'est ce que je ressens aussi. Notre frontière et notre culture sont trop précieuses pour les voir divisées. » PHOTO ÉMILIE CÔTÉ, LA PRESSE Le Capitole de l'État du Maine, à Augusta Notre entrevue avec Janet Mills a eu lieu le lendemain de l'adoption par le Congrès américain du One Big Beautiful Bill du président Trump. « C'est horrible », a-t-elle lancé. « On parle de quelqu'un qui a fait la course à la présidence en disant qu'il ne supprimerait pas Medicaid », qui concerne 40 000 personnes dans le Maine, s'indigne-t-elle. Elle est aussi outrée par la coupe dans les bons alimentaires. « Comment enlever de la nourriture à des enfants qui ont faim pour offrir des baisses d'impôts pour des milliardaires ? » Féministe et francophile En mai dernier, Janet Mills a été l'une des deux lauréates du prix Robert F. Kennedy Human Rights, pour son engagement à défendre les droits civiques des Américains. En octobre dernier, la gouverneure du Maine s'est aussi vu remettre la Légion d'honneur par l'ambassadeur de France à Washington, Laurent Bili. En 1970, la native du Maine a obtenu un baccalauréat de l'Université du Massachusetts à Boston avec une majeure en français, ce qui l'a amenée à vivre un an à Paris. Plus tard, elle a poursuivi ses études en droit et cofondé le Women's Lobby en 1978, après avoir constaté que les femmes victimes de violence conjugale – comme elle l'avait été – n'étaient pas bien représentées par le système de justice du Maine. Sa famille connaissait bien Margaret Chase Smith, la première femme élue successivement à la Chambre des représentants et au Sénat pour le Parti républicain. « C'était une mentore et une héroïne, mais je ne pensais pas faire de la politique. » Janet Mills a brisé le plafond de verre plus d'une fois : d'abord en devenant la première femme élue procureure générale du Maine en 2009, puis comme gouverneure en 2019. Or, Janet Mills ne se formalise pas trop des faits saillants féministes de sa carrière. « Pour moi, le fait que je sois une femme est secondaire. » Elle était avant tout qualifiée pour arriver là où son parcours l'a menée, fait-elle valoir. « Je me suis présentée pour être la meilleure gouverneure possible. » Janet Mills a une intégrité et une accessibilité qui la distinguent d'autres politiciens. En entrevue, elle n'a pas caché avoir abandonné ses études pour sortir de son Maine natal et prendre part en 1967 au Summer of Love de San Francisco, le berceau de la contre-culture hippie. PHOTO ÉMILIE CÔTÉ, LA PRESSE La gouverneure Janet Mills dans son bureau du capitole de l'État du Maine, à Augusta « Life is not a straight line », a conclu Janet Mills avec sagesse en anglais. Non, la vie n'est pas une ligne droite. Ni une carrière en politique. « Je ne pensais pas vivre une pandémie et je ne pensais pas vivre les enjeux présents », dit la gouverneure qui a aussi vécu en 2023 la pire fusillade de l'histoire du Maine, survenue à Lewiston. « La prochaine année sera ma dernière », rappelle-t-elle par ailleurs. En attendant, elle continue, comme elle le fait avec ses affiches, de tendre la main aux Canadiens, qu'ils soient des touristes ou des gens d'affaires.