
Défense : l'étonnante dépendance des Etats-Unis à certains fournisseurs chinois
« Les données sont sans équivoque : les Etats-Unis ne sont pas préparés à la guerre dans laquelle nous pourrions être amenés à entrer si la Chine disait 'maintenant, on y va', affirme Tara Murphy Dougherty, la PDG de Govini. Elle ajoute que, si elle ne pense pas que les Etats-Unis perdraient nécessairement un conflit, elle ne croit pas non plus que l'industrie américaine soit préparée à soutenir les demandes du Pentagone. Et que finalement la « plus grande vulnérabilité » des Etats-Unis tient peut-être au fossé qui s'est creusé entre le soldat sur le terrain et ceux qui sont censés l'équiper.
Neuf secteurs passés à la loupe
De fait, selon les experts du cabinet Govini, qui publient chaque année un tableau de bord de la sécurité nationale américaine, alors que les fournisseurs nationaux et les approvisionnements provenant de pays amis dominent la modernisation de la défense américaine, les entreprises chinoises représentent à ce jour 9,3 % des principaux sous-traitants (ceux que l'on appelle de niveau 1, qui sont des fournisseurs directs de composants) de la défense américaine. Et cela dans neuf secteurs clés dont l'aviation, la marine, les systèmes de commandement et de contrôle, le nucléaire, la défense antimissile et l'espace.
Lire aussi :
OpenAI s'allie au Pentagone pour développer des « outils de pointe » pour les militaires américains
DECRYPTAGE - - Palantir, Anduril, Saronic… ces pépites de la défense qui pourraient bénéficier du big bang de Trump
Dans le détail, selon l'analyse des auteurs de ce rapport, les entreprises chinoises représentent 11,1 % des sous-traitants de niveau 1 dans la défense antimissile, 10,6 % dans les munitions, 10,1 % dans le maritime, 9 % dans le soutien aux missions et 7,8 % dans le secteur, pourtant hautement sensible, du nucléaire.
Et le décompte du nombre de fournisseurs selon leur pays d'origine est tout aussi édifiant. Ceux originaires de Chine sont ainsi les plus nombreux dans la chaîne d'approvisionnement antimissile, où les experts de Govini en ont recensé 702, deux fois plus que les fournisseurs britanniques ou sud-coréens. Même constat dans le domaine spatial, la marine, l'armée de l'air ou encore le nucléaire. Dans tous ces secteurs, les fournisseurs chinois sont systématiquement plus nombreux que leurs concurrents occidentaux ou asiatiques.
Autre constat, alors que Donald Trump vient de se féliciter de l'accord trouvé avec Pékin dans le domaine des terres rares, le rapport souligne la dépendance inquiétante de la défense américaine à Pékin en ce domaine. Selon les auteurs du rapport, 78 % des systèmes d'armement américains pourraient être affectés si Pékin mettait en oeuvre des restrictions à l'exportation de ces minéraux.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes

LeMonde
30 minutes ago
- LeMonde
La Champagne en pleine effervescence pour les 10 ans de son classement à l'Unesco
Le 4 juillet 2015, la Champagne entre dans le cercle restreint des sites inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco, dans la catégorie « paysages culturels ». L'événement est alors salué par les cloches de toutes les églises de la région. Dix ans ont passé, et l'anniversaire survient dans un climat contrasté. D'un côté, le désir de fêter un classement qui a dynamisé la Champagne ; de l'autre, des ventes de bouteilles qui ont connu en 2024 leur plus forte baisse depuis 1985 en raison d'un climat mondial tendu (– 9,2 % à l'exportation, – 7,2 % en France). Porté dès 2008 notamment par le vigneron Pierre Cheval quand il était président de l'association Paysages du champagne, le classement à l'Unesco va au-delà du vin. Trois entités sont protégées : les coteaux, autrement dit les vignes ; les maisons de champagne, à l'architecture souvent imposante ; les caves, et surtout les crayères, véritables cathédrales blanches souterraines dans lesquelles les bouteilles vieillissent dans la fraîcheur. Ces sites attirent particulièrement les touristes. Le classement consacre donc un terroir, un patrimoine, les hommes et les femmes qui le font vivre, et puis des lieux emblématiques, souvent dans la Marne : les coteaux historiques, de Cumières à Mareuil-sur-Aÿ, l'avenue de Champagne, à Epernay, et ses hôtels particuliers (cette artère fête ses 100 ans cette année), la colline Saint-Nicaise, à Reims, où Taittinger, Ruinart et Pommery font visiter leurs crayères et où les bouteilles côtoient des œuvres d'art. Au-delà, quelque 320 communes sont concernées par le classement.


Le HuffPost France
31 minutes ago
- Le HuffPost France
Iran : la France agite une menace très concrète pour demander la libération de Cécile Kohler et Jacques Paris
IRAN - La diplomatie française hausse le ton. Le ministre des Affaires étrangères a affirmé ce jeudi 3 juillet que la décision de Paris sur une éventuelle reprise des sanctions internationales dans le cadre du nucléaire iranien « sera conditionnée » à la libération des deux Français accusés d'espionnage et détenus depuis trois ans par Téhéran. « La libération de Cécile Kohler et Jacques Paris est une priorité absolue pour nous », a rappelé Jean-Noël Barrot, appelant à une mise en liberté « immédiate et inconditionnelle ». Ces deux Français ont été arrêtés en Iran en mai 2022. Ils sont visés par des accusations d' « espionnage pour le Mossad », le service de renseignement extérieur israélien, de « complot pour renverser le régime » et de « corruption sur Terre », trois chefs d'accusation passibles de la peine de mort, a appris mercredi 2 juillet l'AFP auprès d'une source diplomatique occidentale et de l'entourage des détenus. Jusqu'à présent, l'Iran a indiqué que les deux Français étaient accusés d'espionnage, sans jamais préciser pour quel pays précisément. Téhéran n'a pas encore confirmé si de nouvelles accusations avaient été portées contre eux. « Snapback » « Nous n'avons pas été formellement notifiés par les autorités iraniennes des charges qui pèsent sur nos deux compatriotes. Si les chefs d'accusation qui ont été évoqués étaient confirmés, nous les considérerions comme totalement injustifiés et infondés », a affirmé le ministre. Face à la politique d'enrichissement d'uranium de l'Iran, les pays occidentaux menacent Téhéran d'un « snapback », mécanisme qui permet de réimposer des sanctions internationales. En 2015, l'Iran avait conclu à Vienne un accord avec la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et les États-Unis pour encadrer son programme nucléaire. Le texte prévoyait en contrepartie un allègement des sanctions internationales contre Téhéran. En 2018, Donald Trump avait retiré unilatéralement son pays de l'accord - auquel se conformait Téhéran, selon l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA). En représailles, Téhéran avait considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies et porté le seuil à 60 %, inférieur aux 90 % nécessaires à la fabrication de l'arme atomique, mais très loin du plafond de 3,67 % fixé par l'accord de Vienne. La résolution 2 231 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui endossait l'accord de 2015, prévoit la possibilité de réimposer les sanctions (« snapback »). Ce texte expire le 18 octobre 2025.


Le Figaro
32 minutes ago
- Le Figaro
«Je hurlais à la mort» : dans l'arrière-pays niçois, une joggeuse enceinte attaquée par deux chiens de berger
Lors d'un footing matinal à Saint-Dalmas-le-Selvage, Nathalie Leblanc a été violemment attaquée par deux bergers d'Anatolie, de redoutables chiens de protection. Sérieusement blessée, elle souhaite que les deux bêtes soient euthanasiées. À l'aube du lundi 23 juin, Nathalie Leblanc, enceinte de cinq mois, entame comme elle le fait régulièrement une course à pied sur un chemin communal de Saint-Dalmas-le-Selvage, dans la vallée de la Tinée (Alpes-Maritimes). Il est un peu plus de cinq heures, le jour se lève à peine. «Je pars sur cette piste confiante», confie-t-elle. L'itinéraire est familier, emprunté toute l'année par les promeneurs. Une piste d'accès facile, «familiale», selon Nathalie. Deux kilomètres plus loin, à l'approche d'un troupeau de moutons parqué dans le creux d'un vallon et au milieu duquel elle devine la présence d'un patou (un chien de protection réputé pour sa férocité contre les loups), la joggeuse aperçoit une caravane de berger. Elle s'arrête net, hésite. «Je décide alors de faire demi-tour. L'animal en lui-même ne m'attire pas et les chiens me font peur. Dans tous les cas, la voie était inaccessible.» Elle rebrousse chemin. Soudainement, deux bergers d'Anatolie apparaissent devant elle, «sortis de nulle part». L'attaque est fulgurante. Publicité Une scène d'horreur L'un des molosses la mord à la jambe, la fait chuter. Le second la saisit au bras droit. «Je hurlais à la mort. Je me protégeais la tête et la nuque. Celui proche de mon épaule n'était pas loin de ma tête. Il fallait que je me relève pour m'en sortir.» La scène ne dure que quelques dizaines de secondes, une minute tout au plus : une éternité pour Nathalie qui craint pour sa vie. Malheureusement pour elle, personne n'entend ses appels au secours. La bergère chargée du troupeau n'est, semble-t-il, pas présente sur place. Nathalie doit se débrouiller seule. Par miracle, malgré les assauts des deux canidés, cette dernière parvient à se redresser. Le premier chien, le plus vieux, lâche prise et s'éloigne. Le second la poursuit en aboyant pendant près d'un kilomètre. «Il lui fallait m'éloigner des lieux. Je l'ai quitté sans jamais lui tourner le dos.» Vingt longues minutes de repli, jusqu'à trouver un bâton, l'agiter, lancer des pierres. Le chien finit par battre en retraite. Blessée aux bras, à l'épaule, en sang, sa veste déchirée, Nathalie parvient à regagner le village. La victime a été sérieusement mordue sur plusieurs parties du corps, aux bras et aux épaules. Nathalie Leblanc (collection personnelle) Le médecin de garde n'arrivera que deux heures plus tard. Elle dépose plainte dans la foulée à la gendarmerie de Saint-Sauveur-sur-Tinée. Son compagnon, lui, contacte le maire. Jean-Pierre Issautier, ne donnera pourtant pas suite. Contacté par Le Figaro, l'édile n'avait pas répondu à nos sollicitations jeudi à la mi-journée. Pour Nathalie, qui raconte sa mésaventure dix jours après, le choc est encore immense. «J'étais dans un état hystérique, de terreur. Cette scène me revient sans cesse en tête. Je me dis que, dans ce malheur, j'ai eu énormément de chance...» Le médecin a d'ailleurs été formel avec elle : si l'un des chiens l'avait saisie à la gorge, «il n'y en avait que pour deux minutes…» Contactée, la bergère mise en cause, par la voix de son avocat, rejette toute faute. Me Christophe Petit, déclare ainsi que sa cliente «nie toute responsabilité pénale» et «prépare activement sa défense». Il évoque même une possible «exonération» en vertu du cadre légal encadrant les chiens de protection de troupeaux. Quant à une éventuelle euthanasie des animaux, réclamée par Nathalie, il juge l'hypothèse «improbable» et «inédite». Nathalie estime quant à elle que dans la mesure où les deux chiens qui l'ont attaquée n'ont pas dissocié «l'homme de l'animal» et qu'ils ont «pris goût à la chair humaine», rien n'interdit de penser qu'il puisse recommencer. Du reste, l'affaire soulève une fois encore la question de la cohabitation entre éleveurs, chiens de protection et promeneurs en zone pastorale.