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Maillot Jaune, victoires d'étapes, ultra-domination... UAE en fait-il trop ?

Maillot Jaune, victoires d'étapes, ultra-domination... UAE en fait-il trop ?

L'Équipe21-07-2025
La domination de l'équipe de Tadej Pogacar est d'une ampleur inédite aux yeux du peloton, partagé entre respect de la supériorité et crainte de ses effets néfastes.
Vingt-trois équipes ont pris le départ du Tour, un record et une promesse pour les plus petites formations, mais la réalité est cruelle pour l'immense majorité. Plus riche, plus forte, jamais rassasiée, UAE Team Emirates truste la plupart des récompenses : le classement général avec Tadej Pogacar, champion du monde déjà vainqueur de quatre étapes, et encore une victoire ce dimanche, cette fois offerte par Tim Wellens, qui a gagné avec le maillot de champion de Belgique.
« On ne prend pas tout. Beaucoup, mais pas tout, nuance le directeur sportif Simone Pedrazzini. C'est notre moment et plus tard, ce sera quelqu'un d'autre. Ça tourne mais on espère continuer encore un peu (sourire). Sur des courses à étapes, il faut savoir aussi contrôler le classement. »
La supériorité absolue de Pogacar autorise toutefois ses copains à s'octroyer quelques libertés, et c'est ainsi que le succès de Wellens vient asseoir une domination écrasante, qui étouffe une partie du peloton. « On est un peu frustrés, on a l'impression qu'on ne nous laisse que des miettes, on aimerait bien que certaines étapes soient aussi pour d'autres, avoue Cédric Vasseur, manager général de Cofidis. Dans le cyclisme moderne, on ne laisse rien, et cette tendance s'intensifie. Quand on fera le bilan, on sera déçus comme beaucoup. C'est un problème car on ne peut pas faire le Tour avec cinq équipes, il faut que les vingt-trois puissent vivre. Là, on est obligés de se résoudre à des vingtièmes places, ce n'est pas suffisant pour continuer dans l'élite. Même en tant que coureur, je n'ai pas souvenir d'une équipe qui écrase autant. »
Un budget annoncé à 60 millions d'euros
Dans les années 90, Banesto se concentrait sur le maillot jaune de Miguel Indurain, qui se contentait de rafler les chronos pour régner. Les années 2000 ont été plus despotiques, avec la tristement célèbre US Postal de Lance Armstrong, et Sky a ensuite dominé à partir de 2012. Devenue Ineos-Grenadiers, la formation britannique est dépassée par les moyens des Émiratis, qui ont élevé tous les curseurs.
« Sky courait un peu plus à l'ancienne, laissait beaucoup d'ouvertures, en donnant beaucoup d'écart aux échappées, se souvient Tony Gallopin, coureur à l'époque et désormais directeur sportif de Lotto Dstny. On s'adapte, on sait qu'on a très peu d'opportunités, ce n'est pas facile. Mais là, ce ne sont pas eux qui ont durci la course, ils n'ont pas cherché à dominer et Wellens s'est glissé dans l'échappée. Ils ont bien couru, ils sont malins. »
Équipier du Maillot Jaune, le Belge pouvait rester abrité à l'arrière de l'échappée, et il était plus frais au moment de porter son attaque décisive. Un cercle vertueux pour UAE, vicieux pour les autres. « On voit qu'ils ont un appétit féroce, voilà... Ils dominent, ils écrasent, constate Jean-René Bernaudeau, patron de TotalEnergies. J'ai connu l'époque où on restait au chaud auprès du leader, pour le protéger. Ils ont de la marge, même s'ils ont perdu leur numéro 2 Joao Almeida. Il n'y a pas beaucoup de risque qu'ils échouent, et quand on a les moyens d'envoyer devant des grands capitaines comme Wellens, c'est un luxe considérable. »
Le Vendéen revendique le plus petit budget de la course, avec 13 M€. UAE affiche 60M€, même si certains concurrents pensent que la vérité est plus proche des 80. Dans tous les cas, la dream team de Pogacar évolue dans une autre sphère, et Bernaudeau préfère ne pas y penser : « Si on commence à être perturbé par la domination d'UAE, on finira par moins bien dormir... J'essaie de préserver mes gars, pour ne pas polluer nos objectifs. UAE domine beaucoup plus que Sky, et si l'étau ne se desserre pas, Pogacar peut gagner huit ou neuf étapes. »
« On sait qu'ils sont tous forts, n'importe lequel d'entre eux serait leader ailleurs »
Benjamin Thomas, coureur de l'équipe Cofidis
Huit, c'est le record de Charles Pélissier (1930), Eddy Merckx (1970, 1974) et Freddy Maertens (1976), des références d'un autre temps qui reflètent l'emprise de la structure dirigée par Mauro Gianetti. « On sait qu'ils sont tous forts, n'importe lequel d'entre eux serait leader ailleurs, souffle Benjamin Thomas (Cofidis). À partir de là, ils gagnent la course même quand ils envoient un équipier devant. Mais on essaye de regarder les choses positives : il n'y a pas que le Tour dans la saison, on ne court heureusement pas tout le temps avec eux. »
L'hégémonie ne se réduit pourtant pas au mois de juillet : avec 65 victoires cette année, UAE brille loin devant Lidl-Trek (34) et Soudal Quick-Step (27). Pour exister, il faut donc être imaginatif et ne pas craindre de voyager. « Les temps ont changé, les sponsors, les investissements... Il faut s'adapter. Nous, on a eu notre Tour de France en Chine (le Tour lac Qinghai, avec une étape, la première et la troisième place au général), on a aligné nos coureurs en forme pour prendre les points UCI, il fallait changer de stratégie, explique Dimitri Fofonov, directeur sportif d'Astana XDS, qui vise le maintien au sein du World Tour. Sur le Tour, on essaye avec nos moyens car on n'a pas de coureur pour le général, on roule pour les points UCI. Il y a toujours eu quelqu'un de plus fort pendant cinq ou six ans. Pogacar n'a pas à laisser gagner les autres, c'est la course. »
Habitué à célébrer des succès, Philip Roodhooft est aussi sur cette ligne. « C'est une très bonne équipe avec de très bons coureurs, ça se voit dans les résultats, rien de plus, estime le manager général d'Alpecin-Deceuninck. On ne peut quand même pas reprocher à Tim Wellens d'être aussi fort et de saisir la chance de gagner une étape ? » Non, mais ils restent très nombreux à attendre de saisir la leur.
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