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Tactique parfaite, une victoire en équipe, les larmes du frère... la folle journée de Valentin Paret-Peintre au mont Ventoux

Tactique parfaite, une victoire en équipe, les larmes du frère... la folle journée de Valentin Paret-Peintre au mont Ventoux

L'Équipe22-07-2025
Sans trop y croire mais avec un sens tactique énorme et des jambes de feu, Valentin Paret-Peintre a sauvé mardi le Tour des Français et celui de son équipe, morose depuis l'abandon de Remco Evenepoel. Un succès catalyseur d'émotions dans tous les rangs, même chez l'adversaire.
On a crié dans son ancienne maison, Decathlon-AG2R La Mondiale, pour transmettre la bonne nouvelle à son grand frère Aurélien qui a versé « une petite larme. Dans un moment comme ça, il n'y a plus de maillot ou d'équipe, même mes directeurs sportifs étaient super contents. » On a hurlé chez Soudal-QuickStep, sa formation actuelle dont le directeur sportif Davide Bramati est devenu « complètement fou à la radio » dixit un coéquipier encore plus timbré, Ilan Van Wilder, sanglotant : « C'est comme si je gagnais moi-même, on a créé une connexion, un moment émotionnel qu'on ne va jamais oublier. » Et on a même souri chez EF Education-EasyPost malgré le revers de Ben Healy (2e de l'étape), car Alex Baudin a vécu deux ans avec le vainqueur à l'adolescence.
Origine de toute cette exaltation, Valentin Paret-Peintre admettait mardi soir avec sa voix enrouée attendrissante ne pas encore en réaliser la portée. Comme presque tous les matins dans le fictif, il avait causé des plans de la journée avec son frangin. S'imposer comme le premier Français vainqueur d'une étape sur ce Tour - alors qu'on commençait à peine à ressortir les mauvais souvenirs des éditions blanches de 1926 et 1999 - n'en faisait pas partie.
La tige de 24 ans n'avait pas spécialement coché cette journée, se glissant dans l'échappée « sans réellement y croire », persuadé que « (Tadej) Pogacar allait vouloir cadenasser la course ». Parce que le Géant de Provence est trop « mythique, il s'est passé tant de choses sur ces pentes... se disait Paret-Peintre, fasciné par le rayonnement international de cette montée. Je suis dans une équipe belge et quand on leur demande le col qu'ils connaissent le plus, tout le monde dit le mont Ventoux. » Contraint ou altruiste, le Maillot Jaune lui en a laissé le prestige.
« Allez vous faire foutre parce qu'on gagne sur le Ventoux »
Ilan Van Wilder, équipier de Valentin Paret-Peintre
La grosse échappée d'une trentaine de coureurs partie en première partie de course a étrangement engrangé plus de cinq minutes sur le peloton, comme un handicap au pied du col pour corser le défi de Pogacar, difficilement accusable de tyrannie. Flairant le gros coup, les Soudal-QuickStep ne pouvaient pas ne pas en être. Avec Van Wilder et Paret-Peintre, le Néerlandais Pascal Eenkhoorn est donc venu rouler à l'avant de l'échappée « comme un fou dans la vallée, ce qui nous a permis de rester dans le jeu pour la victoire », a souligné le grimpeur belge (4e de l'étape).
Leur équipe n'était pas la plus à plaindre avec déjà deux victoires de Tim Merlier au sprint (3e et 9e étape) et un succès de Remco Evenepoel en contre-la-montre (5e étape). Mais depuis l'abandon, samedi dernier, de son mâle alpha, Maillot Blanc et 3e du général, le « Wolfpack » était dans l'errance. Que faire sans son leader et dans l'attente d'une dernière chance au sprint ce mercredi à Valence ? « Ils ont connu des jours difficiles », confiait mardi Aurélien Paret-Peintre, qui échangeait avec son petit frère pour essayer « de se soutenir, d'avancer ensemble ».
Comment Paret-Peintre s'est imposé au mont Ventoux
Valentin confirmait : « C'était assez compliqué pour tout le monde le soir du Tourmalet. Mais on s'est vite remobilisé le lendemain en disant que ça pouvait nous ouvrir des opportunités. À la journée de repos (lundi), on a fait une réunion entre coureurs et directeurs sportifs pour se remotiver. Il restait six étapes, six opportunités. » Avec un mobile supplémentaire : éteindre les critiques de la presse belge, qui jugeait cette équipe trop faible, notamment pour épauler Evenepoel, piégé dans les bordures le premier jour à Lille. « On a travaillé tellement fort ! s'est rebiffé après le succès de mardi le principal lieutenant du Brabançon, Van Wilder. On a passé des journées de merde sur les dernières étapes et on s'est repris à bloc pour montrer de quoi on était capable. On disait qu'on n'était pas assez fort et blablabla. Maintenant je leur dis : "Allez vous faire foutre parce qu'on gagne sur le Ventoux.'' »
Rusé dans le final
Et avec la manière. Bluffant fut Paret-Peintre dans sa gestion du final, ne prenant quasiment jamais un relais sans pour autant lasser ses adversaires. « J'ai parlé avec lui quelques kilomètres avant le pied du Ventoux, racontait Van Wilder. Il m'a dit qu'il ne sentait pas ses jambes. J'ai répondu : ''Bon, moi je les sens, je vais rouler pour toi.'' C'était facile de faire ce choix car je ne suis pas égoïste. » Après le travail de son équipier belge, le Haut-Savoyard a fait la sangsue derrière Healy pour boucher le trou avec Enric Mas (Movistar).
Une fois l'Espagnol repris, Paret-Peintre n'a jamais paniqué, sautant sur les moindres banderilles de l'Irlandais et profitant des moments de temporisation pour faciliter le retour de Van Wilder, tellement héroïque qu'on le soupçonne de s'être planqué avec sa monture dans un camion pour en ressurgir à 700 m du sommet et propulser le Français. Une sorte de tactique du satellite mais... par l'arrière. « Quand j'ai vu les gars un peu plus loin, j'ai poussé, j'ai poussé, a-t-il expliqué. Avec le vent de face, c'était une situation difficile pour Valentin car le Maillot Jaune approchait assez vite. Je n'ai pas hésité et j'ai direct fait un pressing à bloc jusqu'à la fin. Heureusement, Healy est parti en premier et Valentin a su sortir de sa roue, je pense que ça s'est passé comme ça. »
Pourquoi il est compliqué de comparer les temps d'ascension du mont Ventoux
Le grand frère informé par des spectateurs
Déposé par la violence du punch des deux hommes, Van Wilder n'a pas vu grand-chose de l'ultime combat mais sa description est fidèle. Environ dix bornes plus bas, Aurélien Paret-Peintre a tout manqué aussi, l'émotion fut immense quand même. « J'ai eu du mal à savoir au début, a raconté le grand frère (29 ans). Quand j'étais au niveau du chalet Reynard, avec la foule je n'entendais pas trop à l'oreillette. Les dernières infos que j'avais, c'était qu'il était dans la vallée derrière les six-sept premiers mecs. Et après tout le monde m'a mis au courant, peut-être 500 spectateurs me l'ont dit ! J'étais avec Bastien (Tronchon), ça m'a fait accélérer un petit coup sur le moment (il sourit). »
Le jour de l'anniversaire de leur soeur, cadette d'Aurélien, Valentin a fait frémir tout le monde. « Gagner au Ventoux, vous imaginez ? nous interrogeait sa maman Céline au téléphone, mardi soir. Ce sont des émotions qu'on ne peut même pas expliquer, il m'a donné des frissons. J'ai appelé sa grand-mère, qui était toute tremblante. C'est grandiose. »
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