
Recul notable des voyageurs américains
Il a beaucoup été question des Québécois qui boudaient la côte Est, du Vermont à la Floride, et l'ensemble des États-Unis pour leurs vacances. Le contexte politique a aussi refroidi les ardeurs des Américains qui ont été moins nombreux à traverser la frontière canadienne pour venir passer leurs vacances chez nous.
Montréal calcule un recul de 7 % par rapport à l'année dernière. À Québec, le ressac est plus marqué : une baisse estimée entre 8 % et 10 %, pour cette première moitié d'été.
« Ce à quoi on s'attendait se produit », admet le PDG de Tourisme Montréal, Yves Lalumière.
L'organisme publie son bilan de mi-saison ce mardi 12 août. Tourisme Montréal annonce un été « stable » parce que le nombre de Canadiens, lui, est en hausse en ville et parce que les mois d'août et septembre sont très prisés des touristes internationaux.
Reste que la baisse n'est pas banale, souligne Marc-Antoine Vachon, titulaire de la Chaire de tourisme Transat ESG UQAM.
« Au niveau économique, le problème est que même si les dépenses touristiques atteignaient le même niveau [que l'année dernière], d'un angle macroéconomique, c'est le même argent qui circule, dit-il. L'argent canadien reste au Canada. »
Montréal a accueilli beaucoup de visiteurs des provinces de l'Atlantique : 15 % de plus que l'année dernière, qui était une excellente année pour le tourisme. Tourisme Montréal calcule qu'il y aura ici 11 millions de visiteurs cette année, au total, et qu'ils dépenseront 6,3 milliards de dollars. Des données comparables à celles de l'année dernière.
Si on n'a pas de hausse dans les dépenses totales, malgré l'inflation, c'est en partie parce que les touristes américains sont aussi plus dépensiers, note Marc-Antoine Vachon. S'ils assistent à un évènement, ils vont acheter les billets les plus chers et seront généreux pour leurs dépenses sur place.
« En début d'année, on s'attendait au retour à la croissance dans le tourisme au Québec », précise Marc-Antoine Vachon. Le recul est donc d'autant plus brutal, même si on l'avait vu venir à la suite des turbulences des derniers mois.
« Cette année, on s'attendait à une croissance de 2,9 % du tourisme au Québec », ajoute le professeur, à propos des touristes de toutes origines. Cette prévision ne sera pas atteinte.
Une baisse prévisible
La clientèle américaine manque aussi aux hôteliers montréalais.
« Ça n'est pas le meilleur des étés… », confie Dominique Villeneuve, PDG de l'Association hôtelière du Grand Montréal. « On voit la baisse des touristes américains. Ça se sent. »
Et ça se sent comment ?
« Les touristes américains privilégient souvent les hôtels, précise Dominique Villeneuve. Les Québécois et les Canadiens sont au rendez-vous, ce qui nous réjouit, mais est-ce que ça vient à 100 % compenser la baisse des touristes américains ? Pas tout à fait. »
Dans un sondage réalisé auprès de la clientèle américaine potentielle, Tourisme Montréal note qu'autour de 25 % des Américains craignent de ne pas être bien reçus s'ils viennent passer leurs vacances ici, dans le contexte actuel.
Avant l'été, l'organisme montréalais avait prédit une baisse des touristes américains en ville, mais un peu moins importante que celle calculée. Le plus bas scénario prédisait un recul de 5 %.
Yves Lalumière estime que c'est probablement vers cela que se dirige la ville, puisque les réservations d'hôtels sont à la hausse pour les deux mois à venir et que les Américains aiment voyager à cette période.
Tout cela calculé, le PDG de Tourisme Montréal dit être « relativement content » du bilan, étant donné qu'il y a aussi une baisse de l'offre aérienne pour les liaisons entre les États-Unis et Montréal. Le taux d'occupation des hôtels, stable, est une bonne nouvelle, selon lui.
Ça n'est pas notre meilleure année. Mais ç'aurait pu être bien pire que ça.
Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal
Environ la moitié des touristes américains qui visitent Montréal viennent par voie terrestre. « C'est là que ça nous fait mal », indique Yves Lalumière, qui ajoute que le mauvais temps de juin a eu un gros impact sur ce marché de proximité.
Malgré tout, les grands évènements de la métropole qui se sont déroulés en cette première moitié de saison estivale ont été très populaires, rappelle Tourisme Montréal. « On a eu de super belles performances du Grand Prix, d'Osheaga et du tennis (Omnium Banque Nationale), qui ont tous connu des records. Et c'est quand même spécial, ajoute Yves Lalumière, car on a eu une belle année en 2024. » À noter : plus de 60 % des participants d'Osheaga venaient de l'extérieur.
Selon Tourisme Montréal, les trois principales raisons qui amènent des voyageurs en ville sont la culture, le bien-être urbain et la gastronomie. L'organisme note d'ailleurs un effet Michelin, les restaurants ayant reçu une étoile étant particulièrement populaires auprès d'une clientèle locale, mais aussi des touristes gourmets.
Du côté de Québec
Québec, qui a reçu une pluie d'étoiles (Michelin) au printemps, voit aussi un recul important de sa clientèle américaine, mais une hausse du nombre de touristes québécois.
« Après un été 2024 historique, nous savions que les attentes seraient élevées, malgré la situation avec les États-Unis. Les données à ce jour-ci confirment que la grande région de Québec continue de livrer une performance touristique satisfaisante […] », déclarait Philippe Caron, de Destination Québec Cité, dans le bilan mi-saison de l'organisme, publié la semaine dernière.
Comme à Montréal, Québec se félicite d'un taux d'occupation comparable à celui de l'année dernière dans les hôtels. Selon Destination Québec Cité, cela s'explique en partie par « les réservations de dernière minute provenant de l'intra-Québec et de l'Ontario [qui] viennent combler la légère baisse de touristes américains. »
Reste à voir si ce changement d'habitude est permanent et si les Canadiens et les Québécois vont continuer de voyager davantage localement et les Américains continuer de moins nous visiter lorsque le climat politique vivra une embellie.
L'appel du voyage est fort, rappelle le titulaire de la Chaire de tourisme Transat.
« On est accros aux voyages », lance Marc-Antoine Vachon qui précise que c'est globalement la tarte touristique qui grossit. Si une partie des Québécois ont continué de voyager au Québec après la pandémie, ils ont également repris les voyages. Les prévisions du tourisme mondial vont en ce sens, dit-il, car ça devient une priorité dans notre budget.
« Les gens, conclut Marc-Antoine Vachon, ne font que voyager plus ! »
Les Canadiens continuent d'éviter d'aller aux États-Unis
Statistique Canada indiquait lundi que le nombre de voyages de retour en automobile effectués par des résidents canadiens depuis les États-Unis a diminué de 36,9 % en juillet par rapport à l'année précédente, soit le 7e mois consécutif de baisse sur 12 mois. Le nombre de voyages de retour en voiture effectués par des résidents canadiens depuis les États-Unis s'est élevé à 1,7 million en juillet, selon l'agence. Par ailleurs, le nombre de voyages de retour en avion depuis les États-Unis a augmenté à 383 700, en baisse de 25,8 % par rapport à l'année précédente. Dans l'ensemble, Statistique Canada indique que ses données préliminaires sur le nombre de résidents et de non-résidents canadiens de retour au pays, par voie aérienne et à bord d'une automobile, s'élèvent à 6,3 millions en juillet, soit une baisse de 15,6 % par rapport à juillet 2024.
La Presse Canadienne
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Devant ce refus, une grève sera déclenchée ce samedi, clouant au sol tous les appareils arborant la feuille d'érable rouge. Plus tôt cette semaine, le syndicat a formellement transmis à l'employeur son préavis de grève impliquant 10 000 agents de bord. Celle-ci commencera donc à 0 h 58 ce samedi si les parties ne s'entendent pas d'ici là. Air Canada a répliqué en transmettant au syndicat un avis de lock-out, qui commencerait à 1 h 30 ce samedi. Déjà, le transporteur a commencé à procéder à la suspension progressive de ses vols. Des douzaines ont été annulés jeudi et environ 500 subiront le même sort vendredi, a annoncé Air Canada au cours d'un point de presse tenu à Toronto. PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE Air Canada a déjà annulé des vols. Cet arrêt de service s'est transformé en véritable casse-tête pour les voyageurs. En pleine période des vacances, les solutions de rechange pour les ramener à bon port avec d'autres transporteurs risquent d'être rares et chères. 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