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Vers un arrêt de service ce samedi

Vers un arrêt de service ce samedi

La Presse9 hours ago
Devant le refus de la demande d'arbitrage par le syndicat des agents de bord d'Air Canada, une grève sera déclenchée samedi, clouant au sol tous les appareils.
À moins d'une entente de dernière minute, tous les vols d'Air Canada seront suspendus ce samedi. Le syndicat représentant les 10 000 agents de bord a rejeté le recours à l'arbitrage exécutoire demandé par l'employeur.
« On a dit non », a répondu sans détour au bout du fil Nathalie Garceau, conseillère en communications pour la composante Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). « On veut négocier à la table. On ne veut pas se faire imposer de conditions sur lesquelles les membres ne pourraient pas voter. »
La ministre fédérale de l'Emploi, Patty Hajdu, avait donné jusqu'à midi, vendredi, à la composante Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) pour accepter la demande.
Depuis mardi, aucune discussion n'a eu lieu entre les deux parties, a confirmé Mme Garceau.
Devant ce refus, une grève sera déclenchée ce samedi, clouant au sol tous les appareils arborant la feuille d'érable rouge. Plus tôt cette semaine, le syndicat a formellement transmis à l'employeur son préavis de grève impliquant 10 000 agents de bord. Celle-ci commencera donc à 0 h 58 ce samedi si les parties ne s'entendent pas d'ici là. Air Canada a répliqué en transmettant au syndicat un avis de lock-out, qui commencerait à 1 h 30 ce samedi.
Déjà, le transporteur a commencé à procéder à la suspension progressive de ses vols. Des douzaines ont été annulés jeudi et environ 500 subiront le même sort vendredi, a annoncé Air Canada au cours d'un point de presse tenu à Toronto.
PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE
Air Canada a déjà annulé des vols.
Cet arrêt de service s'est transformé en véritable casse-tête pour les voyageurs. En pleine période des vacances, les solutions de rechange pour les ramener à bon port avec d'autres transporteurs risquent d'être rares et chères.
Bien que l'entreprise ait assuré que les voyageurs seraient remboursés et qu'elle faisait l'impossible afin de faire monter ses clients dans les appareils d'autres compagnies aériennes, la tâche risque d'être difficile. Selon le transporteur, environ 130 000 personnes volent chaque jour avec Air Canada.
Lisez « J'ai un vol avec Air Canada. Je fais quoi ? »
« Il est important de garder à l'esprit que nous sommes en pleine saison estivale, a rappelé, jeudi, en conférence de presse Mark Nasr, vice-président général et chef des opérations. Les places disponibles sur les vols d'autres compagnies aériennes sont extrêmement limitées. »
Québécois coincés à l'étranger
Des Québécois dont le vol a été annulé sont coincés à l'étranger, sans savoir quand ils pourront revenir. Martin Théorêt et sa conjointe ont appris il y a quelques heures à peine que leur vol au départ de Nice et à destination de Montréal, prévu ce samedi après-midi, était annulé.
Le couple, qui a deux enfants, espère être relocalisé sur un autre vol d'ici 48 heures, car le prix actuel des billets avec une autre compagnie aérienne est beaucoup plus élevé que celui qu'ils ont payé au départ.
« Ça tourne autour de 2000 $ ou 2500 $ par personne », dit Martin Théorêt.
Pour une famille de quatre, la facture est salée. D'autant que le voyage, en soi, n'était pas donné. « On est allés cinq jours à Paris, on est descendus sur la Côte d'Azur pour six autres nuits, raconte-t-il. On est rendus à beaucoup de sous. S'il faut sortir 10 000 $ de nos poches encore pour revenir à Montréal… »
PHOTO FOURNIE PAR MARTIN THÉORÊT
Martin Théorêt
Martin Théorêt n'en veut pas aux agents de bord d'Air Canada. « Je ne suis pas en désaccord avec ce qu'ils font, dit le technicien en génie biomédical à l'hôpital Pierre-Le Gardeur, à Terrebonne. J'en veux peut-être plus à l'employeur. »
Alexandre Jean, lui, a payé 2700 $ pour revenir à Montréal ce samedi avec une autre compagnie aérienne. Son vol au départ de Buenos Aires, prévu pour ce samedi, a été annulé vendredi matin.
« Quand je regardais il y a trois jours, le même vol coûtait à peu près 750-800 $, dit-il. Il n'y a pas un grand choix de vols ici. »
Le courtier immobilier, qui voyage seul, ne pouvait se permettre de revenir à Montréal plus tard la semaine prochaine. La situation demeure « un peu fâchante », selon lui, même si elle est « exceptionnelle ».
« C'est sûr que moi, ça va peut-être me faire reconsidérer de reprendre Air Canada pour mes prochains voyages », dit Alexandre Jean, qui a l'habitude de voyager avec ce transporteur.
PHOTO FOURNIE PAR ALEXANDRE JEAN
Alexandre Jean à son hôtel de Buenos Aires
Nancy Gagné, elle, en a marre d'être « prise en otage » par des grèves. « Je ne suis pas insensible à leur cause, mais sachant que ça traîne depuis des mois, c'est inacceptable de faire payer encore une fois le consommateur. »
La citoyenne de Québec devait passer huit jours à Orlando, en Floride, pour visiter Walt Disney World avec ses deux enfants et son conjoint. Ils ont écourté leur voyage de deux jours, de crainte de voir leur vol annulé dimanche. L'aîné de la famille commence lundi un programme de diplôme d'études professionnelles en électricité.
On perd donc des vacances non remboursables, plus un vol. On a fait le deuil de revoir notre argent. On va payer, c'est tout, et s'assurer que fiston soit à l'école.
Nancy Gagné
En Martinique depuis près de deux semaines, Marilyn Lachapelle ne sait pas sur quel pied danser. Son vol d'Air Canada prévu ce samedi n'a pas encore été officiellement annulé. Mais s'il l'est, le retour à Montréal s'annonce compliqué.
Les vols avec des places disponibles sont chers et comportent beaucoup d'escales, selon elle. « Comme partir d'ici, faire Miami, Dallas, Toronto et Montréal en 41 heures », donne-t-elle comme exemple. Une solution qu'elle juge « exigeante » pour ses enfants de 6 et 8 ans.
Ne sachant que faire, le couple a décidé d'attendre de voir la suite. « Les deux, on est travailleurs autonomes, dit Marilyn Lachapelle. On perd beaucoup d'argent. »
Vers une intervention gouvernementale ?
Par ailleurs, bien que le syndicat ait refusé d'aller en arbitrage exécutoire, le gouvernement fédéral a encore le pouvoir d'intervenir « s'il juge que le conflit dure trop longtemps ou que les impacts sont trop importants », souligne Gilles Trudeau, professeur émérite à la faculté de droit de l'Université de Montréal.
« Le gouvernement peut adopter une loi de retour au travail », mentionne-t-il. Ottawa peut aussi passer par le Conseil canadien des relations industrielles, un tribunal administratif.
« Il y a des précédents. Le gouvernement fédéral est intervenu dans des conflits comme celui de Postes Canada, du port de Montréal, du chemin de fer », rappelle-t-il.
Négociations
Pendant ce temps, les deux parties se livrent à des guerres de chiffres. Arielle Meloul-Wechsler, vice-présidente générale et chef des ressources humaines et des affaires publiques, a présenté l'offre patronale comme généreuse. Elle a évoqué une augmentation de la rémunération totale de 38 % en quatre ans, ce qui ferait de ses agents de bord « les mieux payés au Canada ».
Selon lui, le transporteur « ne demande aucune concession de la part des agents de bord en retour ». Cette offre comprend « une nouvelle disposition concernant la rémunération pour le service au sol, la meilleure dans l'industrie au Canada, des taux horaires [qui] pourraient atteindre jusqu'à 94 $ l'heure la première année et un salaire horaire [qui] augmenterait de 12 à 16 % la première année », selon le communiqué.
« D'ici 2027, les agents de bord ayant plus d'ancienneté gagneraient en moyenne 87 000 $ par année, et 20 % des agents de bord gagneraient 90 000 $ ou plus par année », indique-t-on également.
De son côté, la présidente de la section locale des agents de bord de Montréal d'Air Canada, Natasha Stéa, a rejeté du revers de la main les chiffres de la partie patronale. « Je ne sais pas comment ils font leur calcul, mais c'est sûr que c'était un calcul qui est biaisé », a-t-elle laissé entendre lors du point de presse du syndicat. Le salaire et le « travail non rémunéré » comptent parmi les principales revendications des syndiqués.
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Devant le refus de la demande d'arbitrage par le syndicat des agents de bord d'Air Canada, une grève sera déclenchée samedi, clouant au sol tous les appareils. À moins d'une entente de dernière minute, tous les vols d'Air Canada seront suspendus ce samedi. Le syndicat représentant les 10 000 agents de bord a rejeté le recours à l'arbitrage exécutoire demandé par l'employeur. « On a dit non », a répondu sans détour au bout du fil Nathalie Garceau, conseillère en communications pour la composante Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). « On veut négocier à la table. On ne veut pas se faire imposer de conditions sur lesquelles les membres ne pourraient pas voter. » La ministre fédérale de l'Emploi, Patty Hajdu, avait donné jusqu'à midi, vendredi, à la composante Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) pour accepter la demande. Depuis mardi, aucune discussion n'a eu lieu entre les deux parties, a confirmé Mme Garceau. Devant ce refus, une grève sera déclenchée ce samedi, clouant au sol tous les appareils arborant la feuille d'érable rouge. Plus tôt cette semaine, le syndicat a formellement transmis à l'employeur son préavis de grève impliquant 10 000 agents de bord. Celle-ci commencera donc à 0 h 58 ce samedi si les parties ne s'entendent pas d'ici là. Air Canada a répliqué en transmettant au syndicat un avis de lock-out, qui commencerait à 1 h 30 ce samedi. Déjà, le transporteur a commencé à procéder à la suspension progressive de ses vols. Des douzaines ont été annulés jeudi et environ 500 subiront le même sort vendredi, a annoncé Air Canada au cours d'un point de presse tenu à Toronto. PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE Air Canada a déjà annulé des vols. Cet arrêt de service s'est transformé en véritable casse-tête pour les voyageurs. En pleine période des vacances, les solutions de rechange pour les ramener à bon port avec d'autres transporteurs risquent d'être rares et chères. Bien que l'entreprise ait assuré que les voyageurs seraient remboursés et qu'elle faisait l'impossible afin de faire monter ses clients dans les appareils d'autres compagnies aériennes, la tâche risque d'être difficile. Selon le transporteur, environ 130 000 personnes volent chaque jour avec Air Canada. Lisez « J'ai un vol avec Air Canada. Je fais quoi ? » « Il est important de garder à l'esprit que nous sommes en pleine saison estivale, a rappelé, jeudi, en conférence de presse Mark Nasr, vice-président général et chef des opérations. Les places disponibles sur les vols d'autres compagnies aériennes sont extrêmement limitées. » Québécois coincés à l'étranger Des Québécois dont le vol a été annulé sont coincés à l'étranger, sans savoir quand ils pourront revenir. Martin Théorêt et sa conjointe ont appris il y a quelques heures à peine que leur vol au départ de Nice et à destination de Montréal, prévu ce samedi après-midi, était annulé. Le couple, qui a deux enfants, espère être relocalisé sur un autre vol d'ici 48 heures, car le prix actuel des billets avec une autre compagnie aérienne est beaucoup plus élevé que celui qu'ils ont payé au départ. « Ça tourne autour de 2000 $ ou 2500 $ par personne », dit Martin Théorêt. Pour une famille de quatre, la facture est salée. D'autant que le voyage, en soi, n'était pas donné. « On est allés cinq jours à Paris, on est descendus sur la Côte d'Azur pour six autres nuits, raconte-t-il. On est rendus à beaucoup de sous. S'il faut sortir 10 000 $ de nos poches encore pour revenir à Montréal… » PHOTO FOURNIE PAR MARTIN THÉORÊT Martin Théorêt Martin Théorêt n'en veut pas aux agents de bord d'Air Canada. « Je ne suis pas en désaccord avec ce qu'ils font, dit le technicien en génie biomédical à l'hôpital Pierre-Le Gardeur, à Terrebonne. J'en veux peut-être plus à l'employeur. » Alexandre Jean, lui, a payé 2700 $ pour revenir à Montréal ce samedi avec une autre compagnie aérienne. Son vol au départ de Buenos Aires, prévu pour ce samedi, a été annulé vendredi matin. « Quand je regardais il y a trois jours, le même vol coûtait à peu près 750-800 $, dit-il. Il n'y a pas un grand choix de vols ici. » Le courtier immobilier, qui voyage seul, ne pouvait se permettre de revenir à Montréal plus tard la semaine prochaine. La situation demeure « un peu fâchante », selon lui, même si elle est « exceptionnelle ». « C'est sûr que moi, ça va peut-être me faire reconsidérer de reprendre Air Canada pour mes prochains voyages », dit Alexandre Jean, qui a l'habitude de voyager avec ce transporteur. PHOTO FOURNIE PAR ALEXANDRE JEAN Alexandre Jean à son hôtel de Buenos Aires Nancy Gagné, elle, en a marre d'être « prise en otage » par des grèves. « Je ne suis pas insensible à leur cause, mais sachant que ça traîne depuis des mois, c'est inacceptable de faire payer encore une fois le consommateur. » La citoyenne de Québec devait passer huit jours à Orlando, en Floride, pour visiter Walt Disney World avec ses deux enfants et son conjoint. Ils ont écourté leur voyage de deux jours, de crainte de voir leur vol annulé dimanche. L'aîné de la famille commence lundi un programme de diplôme d'études professionnelles en électricité. On perd donc des vacances non remboursables, plus un vol. On a fait le deuil de revoir notre argent. On va payer, c'est tout, et s'assurer que fiston soit à l'école. Nancy Gagné En Martinique depuis près de deux semaines, Marilyn Lachapelle ne sait pas sur quel pied danser. Son vol d'Air Canada prévu ce samedi n'a pas encore été officiellement annulé. 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Ottawa peut aussi passer par le Conseil canadien des relations industrielles, un tribunal administratif. « Il y a des précédents. Le gouvernement fédéral est intervenu dans des conflits comme celui de Postes Canada, du port de Montréal, du chemin de fer », rappelle-t-il. Négociations Pendant ce temps, les deux parties se livrent à des guerres de chiffres. Arielle Meloul-Wechsler, vice-présidente générale et chef des ressources humaines et des affaires publiques, a présenté l'offre patronale comme généreuse. Elle a évoqué une augmentation de la rémunération totale de 38 % en quatre ans, ce qui ferait de ses agents de bord « les mieux payés au Canada ». Selon lui, le transporteur « ne demande aucune concession de la part des agents de bord en retour ». Cette offre comprend « une nouvelle disposition concernant la rémunération pour le service au sol, la meilleure dans l'industrie au Canada, des taux horaires [qui] pourraient atteindre jusqu'à 94 $ l'heure la première année et un salaire horaire [qui] augmenterait de 12 à 16 % la première année », selon le communiqué. « D'ici 2027, les agents de bord ayant plus d'ancienneté gagneraient en moyenne 87 000 $ par année, et 20 % des agents de bord gagneraient 90 000 $ ou plus par année », indique-t-on également. De son côté, la présidente de la section locale des agents de bord de Montréal d'Air Canada, Natasha Stéa, a rejeté du revers de la main les chiffres de la partie patronale. « Je ne sais pas comment ils font leur calcul, mais c'est sûr que c'était un calcul qui est biaisé », a-t-elle laissé entendre lors du point de presse du syndicat. Le salaire et le « travail non rémunéré » comptent parmi les principales revendications des syndiqués.

Le milieu des affaires s'inquiète d'une possible interruption
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time12 hours ago

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Le milieu des affaires s'inquiète d'une possible interruption

Plus de 10 000 agents de bord s'apprêtent à débrayer un peu avant 1 h samedi, une action qui doit être suivie par la mise en vigueur d'un lock-out par l'entreprise si les deux parties ne parviennent pas à un accord de dernière minute. (Toronto) L'interruption potentielle des vols de la plus grande compagnie aérienne du Canada en raison d'un conflit de travail suscite l'inquiétude du milieu des affaires quant aux dommages qu'elle pourrait causer à une économie déjà fragile. Ian Bickis La Presse Canadienne « Retirer la principale compagnie aérienne nationale est tout simplement brutal, surtout en ce moment », a soutenu Dan Kelly, président de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI). Air Canada a déjà commencé à annuler des vols, prévenant que quelque 500 vols seraient supprimés vendredi, alors que plus de 10 000 agents de bord sont prêts à débrayer peu avant 1 h samedi si les deux parties ne parviennent pas à un accord. La compagnie aérienne et le syndicat se rejettent mutuellement la responsabilité de l'impasse. Une interruption perturberait les déplacements des entreprises qui cherchent de nouveaux clients et partenaires commerciaux dans le contexte des droits de douane américains, selon M. Kelly. « De nombreuses entreprises travaillent d'arrache-pied pour diversifier leurs marchés au Canada ou pour établir de nouvelles relations commerciales à l'étranger et avec d'autres partenaires commerciaux, et cela pourrait avoir un impact très direct sur ces activités », a-t-il ajouté. Le secteur du tourisme, qui peine encore à trouver la stabilité, sera immédiatement touché, a soutenu Matthew Jelley, président de l'Association de l'industrie touristique du Canada. « Nous sommes en pleine saison touristique et de nombreuses entreprises touristiques sont saisonnières. Par conséquent, ce qui peut être une journée civile peut en réalité représenter l'équivalent d'une semaine d'activité », a-t-il expliqué. Il a ajouté que l'industrie subit déjà les effets des droits de douane et de l'évolution de la demande, ce qui rend l'ajout d'une grève particulièrement difficile à gérer. « Malheureusement, l'industrie du tourisme a connu de nombreuses perturbations ces dernières années, et, chaque fois que nous pensons avoir un moment de répit, nous sommes confrontés à une autre situation », a-t-il affirmé. Il espère que toutes les parties se réuniront pour trouver une solution et, dans le cas des représentants du gouvernement, qu'ils ne négligeront aucun aspect pour protéger les entreprises et faire avancer les choses. « À un moment où le Canada fait face à des pressions sans précédent sur ses chaînes d'approvisionnement économiques essentielles, la perturbation des services nationaux de transport aérien de passagers et de cargaison causerait un préjudice immédiat et considérable à tous les Canadiens », a déclaré Goldy Hyder, président et chef de la direction du Conseil canadien des affaires, dans un communiqué publié vendredi. La Chambre de commerce du Canada a publié des avertissements et des appels similaires, tout comme la Chambre de commerce de la région de Toronto, qui a souligné l'importance des activités d'Air Canada pour l'économie, notamment pour les 130 000 voyageurs qui voyagent quotidiennement avec Air Canada, ainsi que pour le fret. Outre le transport de passagers, une interruption potentielle affecte les expéditions de fret. Air Canada a averti que toutes les réservations existantes sont susceptibles d'être retardées ou annulées. La compagnie aérienne a fait savoir qu'elle n'accepte plus de nouvelles réservations pour diverses divisions de fret, notamment AC Chevaux, AC Pharmacair et AC eCommerce, tandis que sa division AC Fraîcheur autorise toujours les réservations vers plusieurs capitales européennes. La compagnie aérienne a précisé qu'elle met en place un horaire de vols cargo modifié afin d'atténuer certaines perturbations. Le transporteur a indiqué que cette mesure protégerait environ 20 à 25 % des volumes habituels, mais pas toutes les destinations habituellement desservies par le réseau pour passagers d'Air Canada. Air Canada a demandé à la ministre fédérale de l'Emploi, Patty Hajdu, d'intervenir et d'ordonner aux parties de recourir à un arbitrage exécutoire. La composante Air Canada du SCFP a quant à elle indiqué vouloir éviter un arrêt de travail, mais a exhorté le gouvernement fédéral à ne pas intervenir et à permettre la poursuite des négociations collectives.

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