« Ce fut long, mais je n'ai jamais eu le moindre doute » : après un an et demi de galère, Marin Cilic renaît à Wimbledon
C'est une histoire de résilience comme il en existe mille dans le tennis et le sport de haut niveau. Ou comment ces êtres-là, un jour fracturés, éjectés des sommets, parviennent à se relever, la main cramponnée à la falaise, à renaître au milieu des doutes et du chaos. Marin Cilic est passé par là. À bientôt 37 ans (il les aura le 28 septembre prochain), il aurait pu s'éviter cette bataille de près de deux ans pour quelques rais de lumière au couchant d'une carrière déjà bien faite. Le Croate a gagné son Grand Chelem, à New York, il y a onze ans. Il fut fait vice-roi à Wimbledon en 2017, seulement vaincu en finale par Roger Federer, et il est un membre du dernier carré sur terre, à Paris, en 2022.
Au milieu des trois fantastiques, Federer, Nadal et Djokovic, Cilic s'est fait une jolie place au banquet des plus grands. Alors, quand son genou droit a commencé à siffler de travers après l'US Open 2022, il aurait pu mettre la flèche. La fin eut été belle ainsi, aussi. Mais Marin Cilic est un inoxydable optimiste, qui voulait donner une suite à tout cela. « Ce fut long, mais je n'ai jamais eu le moindre doute. C'était une période éprouvante, ainsi qu'un énorme défi à ce stade de ma carrière », résumait le trentenaire croate il y a quelques jours, quand l'émotion affleurait et qu'il se disait qu'il avait bien fait.
Seulement 5 matches sur le circuit principal entre janvier 2023 et septembre 2024
Car il lui en a fallu, du courage et des convictions, pour déterrer l'espoir sous l'herbe rase et se poster aujourd'hui en candidat crédible aux quarts de finale de Wimbledon, lui qui n'avait plus foulé le gazon du All England Club depuis 2021, et qui affrontera ce lundi après-midi l'Italien Flavio Cobolli. De janvier 2023 à septembre 2024, l'ancien n°3 mondial a disputé cinq parties seulement sur le circuit principal, subissant deux opérations au genou droit. Derrière la première intervention, en février 2023, rien n'allait vraiment, son genou coinçait toujours. Mais au lieu de se lamenter, Cilic a rassemblé les troupes, les esprits positifs, autour de son coach Vilim Visak. « Il y avait beaucoup d'inconnues. Que faire, alors ? Mais pendant tout ce temps, il y a toujours eu cette étincelle, ce désir et le sentiment que mon niveau était toujours là. Je me disais souvent : "Laissez-moi une autre opportunité " », relate l'homme blessé, aux 21 titres en carrière.
Visak, son entraîneur depuis cinq ans, a adhéré. Son joueur ne pouvait pas jouer, mais les deux hommes se sont gavés de matches à la télé, se sont nourris de débriefs tactiques sur la façon dont il aurait fallu jouer tel coup ou tel adversaire. Le moteur était cassé, mais il vibrait sans cesse. « La force mentale est tout aussi importante que la progression physique », estime Visak. « Je lui ai conseillé de se visualiser de retour sur le court, de rester connecté au tennis. Je voulais qu'il se souvienne de sa passion pour ce sport et du chemin parcouru », racontait son coach à l'automne dernier.
« Le corps tient le coup et je progresse. Je ne sais pas ce qu'il va se passer demain, je reste humble »
Marin Cilic
Cilic n'a pas lâché. Au contraire, il a pris son destin à pleines mains, consulté une douzaine de docteurs, potassé les livres médicaux qui traitent du ménisque et du cartilage du genou. C'est lui, et lui seul, qui a décidé de se faire à nouveau opérer, aux États-Unis, au printemps 2024. Et l'histoire a pris une jolie tournure. Les déplacements sur le court se sont faits sans mal, les sensations se sont éveillées. « Pour aider Marin à garder la tête haute, je fixais des objectifs qu'il pouvait atteindre. Des petits pas pour qu'on puisse célébrer chaque petite victoire. C'était important, même si cela paraissait infime. Le tennis est aussi une bataille d'émotions », relate Visak.
La première lueur s'est levée à Hangzhou, fin septembre dernier. Alors 777e mondial, Cilic y a conquis son 21e titre en carrière, devenant au passage le joueur le plus mal classé à remporter un tournoi ATP. Lentement, les choses se sont remises en place. Mais le Croate n'a pas brûlé les étapes. Son début d'année 2025 s'est joué sur un tempo modéré, en achetant des poches de confiance sur les Challengers. Avant « Wim », son succès à Nottingham (qui en a fait le joueur le plus âgé titré sur le Challenger Tour) s'est avéré crucial. Cilic a débarqué à Londres avec un seul mantra : « Je suis conscient que je joue bien. »
Au deuxième tour, il dégomme Jack Draper, 4e mondial et nouveau chéri des « Brits ». Le service fonctionne, le coup droit jaillit vite, comme au bon vieux temps. Cilic, qui n'a plus battu un Top 5 depuis son succès sur Daniil Medvedev en 2022 à Roland-Garros, rejaillit en pleine lumière. Jaume Munar, ensuite, n'échappe pas non plus aux griffes du Croate, sur un court 18 où le clan Cilic prend de la place, se soude et se serre. La grande vie est-elle bel et bien repartie pour celui qui pointera, au pire, à la 65e place mondiale à la fin du bal londonien ? « Cela fait dix matches sur gazon cette saison, le corps tient le coup et je progresse. Je ne sais pas ce qu'il va se passer demain, je reste humble, je fais de mon mieux », glisse prudemment Cilic, sur l'autel de convictions désormais inébranlables.
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