Jeannie Longo revient sur la performance de Pauline Ferrand-Prévôt sur le Tour de France : « Qu'elle en profite, ça reste gravé à vie »
Ses premiers mots au téléphone ont été pour s'excuser de ne pas nous avoir rappelé plus tôt, et ses derniers, pour nous remercier de l'avoir sollicitée pour parler de Pauline Ferrand-Prévôt, sa digne héritière par son triomphe magistral lors de la 8e étape Tour de France, ce samedi. Avec qui cependant, la relation n'a pas été à la hauteur du talent des deux championnes.
Malgré les reproches de la coureuse de Visma-Lease a Bike au début de sa carrière, Jeannie Longo (66 ans) tenait à la féliciter. Avec douceur, la voix posée, elle a décrit ce qui les rapprochait mais aussi son amertume de se sentir oubliée du grand public, après avoir pourtant ouvert la voie avec ses trois maillots jaunes (1987, 1988 et 1989).
« Qu'avez-vous pensé de cette étape remportée par Pauline Ferrand-Prévôt ?J'ai vu la course en partie, je l'ai surtout écoutée à la radio parce que j'étais en voiture. J'avais dit, dès la première étape, qu'elle les assassinerait dans la Madeleine ! Parce qu'elle dégageait déjà une grande facilité, elle avait démarré très fort en Bretagne. Mais ce que je craignais le plus jusque-là, c'était qu'elle chute. C'est le pire qui pouvait lui arriver.
« C'était presque gênant de n'entendre que mon nom crié partout au bord des routes (lors de ses participations au Tour de France). Et là j'imagine que ça va être pareil, il ne va y avoir que des "Allez Pauline !" »
Que vous inspire ce succès qui la rapproche d'une victoire finale sur le Tour ?Ça fait parler du cyclisme féminin, c'est bien, c'est une figure inspirante ! Et ça me rappelle de bons souvenirs. J'imagine qu'elle est en train de ressentir plein de choses que j'ai vécues. C'est une sensation formidable, il faut qu'elle en profite, ça reste gravé à vie. Porter le maillot jaune... C'était presque gênant de n'entendre que mon nom crié partout au bord des routes. Et là, j'imagine que ça va être pareil, il ne va y avoir que des "Allez Pauline !".
Vous pensez qu'elle continue d'écrire une histoire que vous avez commencée ?Ben... J'ai été un peu déprimée tout à l'heure en écoutant les commentaires sur France Info. Il a été dit qu'elle deviendrait peut-être la première vainqueure française du Tour depuis Bernard Hinault (en 1985). Alors que je gagne encore en 1989 (après s'être déjà imposée en 1987 et 1988).
Vous avez l'impression d'être oubliée ?Oui, j'ai même l'impression qu'on nous marche dessus...
« Ses déclarations m'ont attristée (en 2014), ça m'a marqué. Mais Pauline était jeune à l'époque et, moi, je suis restée dans mon coin tout ce temps. Je n'avais rien contre elle »
Vos relations avec Ferrand-Prévôt n'ont d'ailleurs pas toujours été au beau fixe. Au début de sa carrière, elle vous reprochait de n'avoir "jamais fait un pas" vers sa génération...Ses déclarations m'ont attristée, ça m'a marquée. Mais elle était jeune à l'époque (22 ans) et moi, je suis restée dans mon coin tout ce temps. Je n'avais rien contre elle, au contraire j'aurais beaucoup aimé faire les Jeux de 2012 (à Londres) avec elle pour pouvoir la prendre sous mon aile.
Vous n'avez pas eu l'occasion de remettre les choses à plat depuis ?On ne s'est revues qu'une seule fois, je crois, par hasard en grimpant l'alpe d'Huez, il y a une dizaine d'années. On avait pris une photo ensemble.
Qu'aimeriez-vous lui dire aujourd'hui ?Bravo! C'est bien, elle a fait tout ce qu'il fallait pour gagner, elle est restée discrète jusque-là, elle a su s'économiser... Quand elle a la volonté de faire quelque chose, elle le fait. On se rejoint là-dessus. Parce que ce n'est quand même pas rien de perdre 4 kg pour ça !
L'émotion de Marion Rousse et Pauline Ferrand-Prévôt à l'arrivée de la 8e étape
Quels sont vos autres points communs?On se fixe plein de défis différents. Moi aussi, j'ai été championne du monde sur route (1985, 1986, 1987, 1989, 1995), puis j'ai battu le record de l'heure et, on l'oublie souvent, j'ai été vice-championne du monde de VTT (en 1993). Pauline, quand elle a la volonté de faire quelque chose, elle s'y tient !
Vous aimeriez la recroiser ?Cela arrivera peut-être demain (dimanche) car j'ai été invitée au départ par le maire de Châtel. Je pense y aller, j'aimerais la féliciter. Malgré tout, même si je crois que ces filles ne m'ont pas forcément appréciée, avec aussi Audrey Cordon-Ragot etc., je ne sais pas si j'ai été un modèle, mais j'espère leur avoir montré un chemin. J'avais l'impression d'être assez proche d'elles parce que je suivais leurs performances, je faisais un petit coucou au départ. J'espère voir Pauline demain même si ce n'est pas toujours facile. Il y a souvent beaucoup de monde autour d'elle... »
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