
Et si on traitait aussi le partenaire ?
Mais, tout d'abord, qu'est-ce qu'une vaginose bactérienne ? « C'est un changement dans la flore bactérienne vaginale, explique Jacinthe Tremblay, infirmière clinicienne et coordonnatrice clinique au Centre de santé des femmes de Montréal. Une bactérie prend le dessus sur les autres. » Il peut y avoir des symptômes – pertes vaginales nauséabondes – ou non. Par contre, la ou les causes spécifiques ne sont pas encore connues. Et il ne faut pas confondre l'infection avec une vaginite à levure, qui est plutôt le résultat de la prolifération d'un champignon.
Le haut taux de récurrence de la vaginose bactérienne peut créer de la détresse chez les patientes atteintes, souligne le Dr Sean Yaphe, directeur médical de la clinique L'Actuel. « C'est frustrant et désespérant, certaines vivent avec des symptômes pendant des années », expose-t-il.
Il peut aussi être décourageant d'entreprendre un second traitement « de sept jours avec tous les effets secondaires potentiels », pointe Jacinthe Tremblay.
Le chaînon manquant
Cela explique pourquoi cette nouvelle étude de chercheurs de l'Université Monash, à Melbourne, publiée dans le New England Journal of Medicine plus tôt cette année, interpelle autant les professionnels de la santé. « C'est super intéressant parce qu'il y avait peu d'études sur le sujet et que cette recherche s'intéresse aussi aux partenaires », explique l'infirmière Jacinthe Tremblay. Une autre étude avait inclus les partenaires masculins, mais avait eu des résultats peu encourageants en les traitant avec seulement des antibiotiques oraux.
La récente étude a porté sur 164 couples hétérosexuels, dont la femme avait des symptômes d'une vaginose bactérienne. Ceux-ci ont été divisés en deux groupes. D'un côté, les femmes prenaient les antibiotiques recommandés sur une semaine, et les partenaires ne recevaient aucun traitement, ce qui correspond à la pratique recommandée mondialement. De l'autre côté, les femmes prenaient le traitement habituel, et les partenaires ont reçu un antibiotique oral et une crème antibiotique à appliquer pendant une semaine.
Les couples ont été suivis pendant 12 semaines à la suite de leur traitement pour déterminer l'efficacité de cette intervention pour la guérison.
Les résultats ont été impressionnants : dans le groupe de contrôle (où l'homme n'était pas traité), 63 % des femmes ont eu une récurrence alors que ç'a été le cas de seulement 35 % des femmes du traitement double. Les chercheurs ont même arrêté le test devant l'efficacité de l'intervention.
L'étude suggère ainsi que le partenaire masculin pourrait infecter sa partenaire, puisque la bactérie responsable de la vaginose bactérienne pourrait se déposer sur le pénis. « Que l'homme puisse transmettre la vaginose, c'est une possibilité, mais on remarque que des femmes développent des vaginoses sans avoir de rapports sexuels », nuance le Dr Sean Yaphe.
Celui-ci est donc prudent avant d'affirmer que la vaginose pourrait être une ITSS. « Ils l'ont traitée comme une ITSS, mais pas comme on l'entend pour une chlamydia ou une gonorrhée », illustre de son côté Jacinthe Tremblay.
Quelques angles morts
L'étude se révèle intéressante pour les « couples stables et monogames », évoque Jacinthe Tremblay, mais elle comporte plusieurs limitations. L'intervention ne s'est pas penchée sur les cas des couples homosexuels ou d'une femme qui aurait de multiples partenaires, fait savoir l'infirmière.
La recherche n'a pas détaillé non plus si les femmes avaient des stérilets en cuivre, un facteur de risque, ou si la récurrence était plus basse lorsque l'homme était circoncis, un facteur de protection.
« Il faut se fier aussi à la confiance des partenaires », ajoute-t-elle.
Les facteurs environnementaux, comme le matériel des sous-vêtements, le type de savon ou les crèmes utilisés ainsi que l'utilisation de condoms n'ont pas été pris en compte, dénonce pour sa part le Dr Sean Yaphe.
Et selon les deux experts, l'étude – qui durait trois mois – n'était pas assez longue. « Après 6 ou 12 mois, on ne sait pas s'il y a eu une récurrence », souligne Jacinthe Tremblay.
La santé de la femme au premier plan
Cette recherche fait partie des « études plus inclusives » qui pallient le manque d'études sur la santé des femmes, souligne le Dr Sean Yaphe. « Ça pousse les gens à faire plus de recherches dans le domaine », pense-t-il.
Déjà, le Centre de santé sexuelle de Melbourne, affilié à l'Université Monash, a changé sa pratique clinique pour traiter les couples affectés par une vaginose bactérienne. Le Dr Sean Yaphe se dit ouvert à changer sa pratique, mais il manque encore des données pour « affirmer que c'est le bon traitement », dit-il. « C'est un bon début », résume toutefois Jacinthe Tremblay.
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La Presse
5 hours ago
- La Presse
Et si on traitait aussi le partenaire ?
La vaginose bactérienne est une condition très commune : une femme sur trois sera affectée au cours de sa vie. Et 66 % d'entre elles auront une récidive dans l'année suivante. Une nouvelle étude australienne propose une solution : et si on traitait aussi le partenaire ? Mais, tout d'abord, qu'est-ce qu'une vaginose bactérienne ? « C'est un changement dans la flore bactérienne vaginale, explique Jacinthe Tremblay, infirmière clinicienne et coordonnatrice clinique au Centre de santé des femmes de Montréal. Une bactérie prend le dessus sur les autres. » Il peut y avoir des symptômes – pertes vaginales nauséabondes – ou non. Par contre, la ou les causes spécifiques ne sont pas encore connues. Et il ne faut pas confondre l'infection avec une vaginite à levure, qui est plutôt le résultat de la prolifération d'un champignon. Le haut taux de récurrence de la vaginose bactérienne peut créer de la détresse chez les patientes atteintes, souligne le Dr Sean Yaphe, directeur médical de la clinique L'Actuel. « C'est frustrant et désespérant, certaines vivent avec des symptômes pendant des années », expose-t-il. Il peut aussi être décourageant d'entreprendre un second traitement « de sept jours avec tous les effets secondaires potentiels », pointe Jacinthe Tremblay. Le chaînon manquant Cela explique pourquoi cette nouvelle étude de chercheurs de l'Université Monash, à Melbourne, publiée dans le New England Journal of Medicine plus tôt cette année, interpelle autant les professionnels de la santé. « C'est super intéressant parce qu'il y avait peu d'études sur le sujet et que cette recherche s'intéresse aussi aux partenaires », explique l'infirmière Jacinthe Tremblay. Une autre étude avait inclus les partenaires masculins, mais avait eu des résultats peu encourageants en les traitant avec seulement des antibiotiques oraux. La récente étude a porté sur 164 couples hétérosexuels, dont la femme avait des symptômes d'une vaginose bactérienne. Ceux-ci ont été divisés en deux groupes. D'un côté, les femmes prenaient les antibiotiques recommandés sur une semaine, et les partenaires ne recevaient aucun traitement, ce qui correspond à la pratique recommandée mondialement. De l'autre côté, les femmes prenaient le traitement habituel, et les partenaires ont reçu un antibiotique oral et une crème antibiotique à appliquer pendant une semaine. Les couples ont été suivis pendant 12 semaines à la suite de leur traitement pour déterminer l'efficacité de cette intervention pour la guérison. Les résultats ont été impressionnants : dans le groupe de contrôle (où l'homme n'était pas traité), 63 % des femmes ont eu une récurrence alors que ç'a été le cas de seulement 35 % des femmes du traitement double. Les chercheurs ont même arrêté le test devant l'efficacité de l'intervention. L'étude suggère ainsi que le partenaire masculin pourrait infecter sa partenaire, puisque la bactérie responsable de la vaginose bactérienne pourrait se déposer sur le pénis. « Que l'homme puisse transmettre la vaginose, c'est une possibilité, mais on remarque que des femmes développent des vaginoses sans avoir de rapports sexuels », nuance le Dr Sean Yaphe. Celui-ci est donc prudent avant d'affirmer que la vaginose pourrait être une ITSS. « Ils l'ont traitée comme une ITSS, mais pas comme on l'entend pour une chlamydia ou une gonorrhée », illustre de son côté Jacinthe Tremblay. Quelques angles morts L'étude se révèle intéressante pour les « couples stables et monogames », évoque Jacinthe Tremblay, mais elle comporte plusieurs limitations. L'intervention ne s'est pas penchée sur les cas des couples homosexuels ou d'une femme qui aurait de multiples partenaires, fait savoir l'infirmière. La recherche n'a pas détaillé non plus si les femmes avaient des stérilets en cuivre, un facteur de risque, ou si la récurrence était plus basse lorsque l'homme était circoncis, un facteur de protection. « Il faut se fier aussi à la confiance des partenaires », ajoute-t-elle. Les facteurs environnementaux, comme le matériel des sous-vêtements, le type de savon ou les crèmes utilisés ainsi que l'utilisation de condoms n'ont pas été pris en compte, dénonce pour sa part le Dr Sean Yaphe. Et selon les deux experts, l'étude – qui durait trois mois – n'était pas assez longue. « Après 6 ou 12 mois, on ne sait pas s'il y a eu une récurrence », souligne Jacinthe Tremblay. La santé de la femme au premier plan Cette recherche fait partie des « études plus inclusives » qui pallient le manque d'études sur la santé des femmes, souligne le Dr Sean Yaphe. « Ça pousse les gens à faire plus de recherches dans le domaine », pense-t-il. Déjà, le Centre de santé sexuelle de Melbourne, affilié à l'Université Monash, a changé sa pratique clinique pour traiter les couples affectés par une vaginose bactérienne. Le Dr Sean Yaphe se dit ouvert à changer sa pratique, mais il manque encore des données pour « affirmer que c'est le bon traitement », dit-il. « C'est un bon début », résume toutefois Jacinthe Tremblay.


La Presse
6 hours ago
- La Presse
Combien de jours de vacances devrait-on prendre ?
Les vacances estivales sont déjà chose du passé pour certains, alors que d'autres les attendent avec impatience. Pour se sentir reposé, combien de temps devraient durer les congés ? Devrait-on prendre deux semaines, un mois ou quelques jours ici et là ? Les vacances sont aujourd'hui perçues comme un droit, fait valoir Gilles Pronovost, professeur émérite d'études en loisir, culture et tourisme à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). « Dans notre système de valeurs de la vie, c'est devenu incontournable », indique-t-il. Les Québécois disposent en moyenne de 20 jours de congé par année, un peu plus que ce que la loi exige, soit un minimum de deux semaines après une année d'emploi. Or, les Canadiens ne prennent pas toutes leurs vacances, souligne la directrice générale de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec (CRHA), Manon Poirier. En effet, selon un sondage d'Expedia, seulement 45 % d'entre eux avaient utilisé tous leurs congés en 2023. Les études sont unanimes, les vacances augmentent le bien-être et même la productivité au travail. Pour sentir tous les effets positifs de ces jours de farniente – ou remplis d'activités –, quelle longueur devrait durer nos vacances ? Des chercheurs se sont penchés sur la question. En 2012, une étude néerlandaise publiée dans le Journal of Happiness Studies avait établi qu'il y avait un pic de bien-être à la huitième journée. Les vacanciers auraient atteint leur rythme de croisière de plénitude. Mais une nouvelle méta-analyse de l'Université de Géorgie, aux États-Unis, a plutôt vu le bien-être des gens augmenter chaque jour de congé. « Plus les vacances sont longues, plus les gens se sentent bien, résume le co-auteur Ryan Scott Grant. Nous n'avons pas vu de pic [sur la moyenne des 12 jours de vacances des études analysées]. » Selon Manon Poirier, les employeurs devraient encourager des congés d'une semaine au moins. La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier abonde dans le même sens. PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue Ça prend quand même quelques jours avant de réellement sentir les bienfaits et se sentir en vacances. Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue Et pourquoi le bien-être augmente-t-il autant lors de longs congés ? « Les émotions positives et l'énergie que vous en retirez sont amplifiées parce que le stress du travail s'est volatilisé avec le temps », explique Ryan Scott Grant, étudiant au doctorat en psychologie organisationnelle. Réfléchir au retour et à la déconnexion De longues vacances peuvent toutefois être un « couteau à double tranchant », indique-t-il. Lors du retour au travail, les bienfaits de celles-ci s'évanouissent plus rapidement que pour de courts congés. La charge de travail qui s'est davantage accumulée ou bien le changement de routine plus brutal sont quelques-unes des raisons avancées, mentionne Ryan Scott Grant. Si on arrive d'un long voyage le dimanche soir, ça va être difficile de reprendre le travail le lundi matin. Ryan Scott Grant, doctorant en psychologie organisationnelle La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier croit que ce retour au travail peut être adouci de plusieurs façons. Elle suggère un retour progressif. « Si on peut, ne pas se mettre des réunions tout de suite et aussi mentionner qu'on répondra à nos courriels progressivement », suggère-t-elle. Mais d'abord, pour pleinement profiter des vacances, la déconnexion est primordiale, confirment les experts interviewés. « Le danger est d'aller voir un peu ses courriels, pointe Geneviève Beaulieu-Pelletier. Tout de suite, ça nous ramène au bureau. Si on est obligés, on balise ces moments. » Justement, le CRHA avait sondé les gens en 2015, et « deux personnes sur cinq avaient répondu qu'elles ne se déconnectaient pas durant les vacances et la majorité de celles-ci (61 %) ont dit que c'était leur propre décision », indique Manon Poirier. Cette déconnexion permet une rupture avec le quotidien, un autre élément essentiel aux vacances, estime le professeur émérite Gilles Pronovost. Organiser son congé Qu'elles soient de longue ou courte durée, il faut planifier ses vacances. « Surtout quand on les passe à la maison, souligne Geneviève Beaulieu-Pelletier. On ne veut pas être juste dans les obligations, on doit prévoir des activités qui nous tentent. » De plus longues vacances permettent ainsi d'avoir assez de temps pour faire des loisirs qu'on apprécie, et qui prennent du temps – qui nous manque souvent au quotidien, mentionne-t-elle. On ne doit pas oublier non plus des moments de repos. Pas besoin d'avoir des vacances incroyables, nos attentes peuvent seulement être de se reposer. Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue L'équipe de recherche de l'Université de Géorgie a également étudié les activités les plus ressourçantes en vacances. L'activité physique arrive en tête, suivie des activités sociales et ensuite des activités passives, comme s'étendre à la plage. Mais les données manquent encore pour analyser un mélange de ces activités – ce que font souvent les vacanciers –, précise Ryan Scott Grant. « Ce n'est pas l'activité qu'on fait durant les vacances qui compte, mais la manière dont on se l'approprie pour dire qu'on est en vacances », explique pour sa part Gilles Pronovost. Le professeur émérite voit de plus en plus de gens opter pour de plus petits congés tout au long de l'année, plutôt qu'un long congé estival. « C'est de ne pas gaspiller tout le temps de vacances qui nous est disponible en une seule fois, mais de l'étirer », dit-il. Pour Geneviève Beaulieu-Pelletier, cette idée est intéressante. Les bienfaits des vacances peuvent être renouvelés et ça permet de moins s'épuiser, dit-elle. « Si on travaille à un rythme effréné et qu'on attend avec impatience nos deux semaines de vacances en été, elles vont être bénéfiques, mais souvent insuffisantes, indique-t-elle. Il faut aussi réfléchir à notre rythme de vie en général. »


La Presse
a day ago
- La Presse
Vague de chaleur à venir
La température augmentera dimanche, avec 33 °C prévus au thermomètre et un humidex de 41. Les piscines publiques du sud du Québec risquent d'être bien occupées ce week-end, avec des températures de plus de 30 °C et un soleil plombant en perspective. Le mercure atteindra les 30 °C dès samedi midi, avec une valeur d'humidex de près de 39. Quelques nuages passeront samedi soir et dimanche matin, mais les jours suivants s'annoncent très ensoleillés, selon Environnement Canada. La température augmentera dimanche, avec 33 °C prévus au thermomètre et un humidex de 41. Mais la vague de chaleur atteindra son pic lundi, avec une température d'au moins 34 °C et un humidex de 43. Les prévisions sont les mêmes pour mardi, à l'exception de quelques nuages additionnels. La fumée des incendies de forêt dans les Prairies diffuse toujours un voile de pollution au-dessus du sud du Québec. Samedi matin, Montréal se classait au 13e rang des villes avec la pire qualité de l'air au monde, avec 28,9 microgrammes de particules fines par mètre cube, un résultat considéré comme « moyen » par l'entreprise suisse IQAir. Consultez le classement des villes les plus pollués au monde La vague de chaleur de ce week-end est due à la présence d'un anticyclone sur la côte est américaine, qui envoie de l'air chaud et humide vers le nord. Cette longue séquence prendra fin dans la journée de mercredi, quand le passage d'un front froid générera des averses et une baisse de température. Une fois ce front passé, les températures retrouveront les moyennes de saison, soit autour de 27 et 28 °C, entre mercredi et jeudi.