
Turquie : «Derrière l'arrestation de journalistes accusés de blasphème, la dérive islamiste d'Erdogan»
TRIBUNE - En Turquie, l'interdiction de l'hebdomadaire satirique LeMan et l'arrestation de quatre de ses journalistes après la publication d'une caricature de Mahomet et de Moïse est une nouvelle preuve que ce pays s'éloigne de plus en plus de son héritage laïque, alerte l'écrivain Nedim Gürsel*.
* Dernier ouvrage paru : « Amour et rébellion », Éditions du Rocher, 2024.
À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié
Un spectre hante depuis longtemps la Turquie, pays laïque selon sa Constitution mais qui connaît sous le pouvoir d'Erdogan une dérive islamiste sans précédent. L'interdiction de l'hebdomadaire LeMan et l'arrestation de ses quatre journalistes dans des conditions inadmissibles en sont la preuve. Ceux-ci sont accusés d'avoir publié une caricature où Mahomet, le Prophète de l'islam, salue Moïse contemplant les fusées qui s'abattent… vous devinez où. Je dois préciser qu'il n'y a, à mon sens, aucune référence blasphématoire dans cette caricature plutôt sage, sinon un regard pacifiste sur la guerre Iran-Israël qui vient d'avoir lieu et qui risque de perdurer. Certes, le dessinateur insinue que les religions ont fait couler beaucoup de sang tout au long de l'histoire, mais qui peut prétendre le contraire ? Je dois également ajouter que les deux protagonistes de la caricature en question, nommés certes Mahomet…
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Le Figaro
10 hours ago
- Le Figaro
Liban : l'avenue Hafez el-Assad à Beyrouth rebaptisée du nom de l'artiste Ziad Rahbani
Le gouvernement libanais a décidé de rebaptiser l'avenue Hafez el-Assad à Beyrouth du nom du très populaire artiste Ziad Rahbani décédé fin juillet, un choix hautement symbolique, salué ce mercredi par de nombreux Libanais qui y voient la fin d'une ère. De 1976 à 2005, la Syrie des Assad avait exercé une tutelle sur le Liban voisin où elle avait gardé plusieurs alliés dont le Hezbollah. Mais la chute en décembre de Bachar el-Assad, fils de Hafez, a marqué un tournant majeur au Liban, bouleversant l'équilibre des forces politiques au moment même où le Hezbollah sort affaibli de la guerre avec Israël. «Hafez el-Assad aux oubliettes de l'histoire, Ziad Rahbani est le nom de la route de l'aéroport pour toujours !», s'est réjoui sur X le député Mark Daou. Publicité Un nom associé à «des périodes sombres de l'histoire libanaise» Le gouvernement a annoncé mardi sa décision de changer le nom de cette avenue qui mène à l'aéroport international en traversant le sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah. Le dramaturge et acteur Ziad Itani s'est également félicité du changement de nom, soulignant que Hafez el-Assad est «associé à (..) des périodes sombres de l'histoire libanaise, marquées par des massacres, des exactions et des assassinats». Dans le sillage du retrait syrien du Liban en 2005, plusieurs monuments érigés en hommage à la famille Assad avaient été démantelés par l'armée libanaise. Le changement du nom de l'avenue intervient au moment où le gouvernement a chargé l'armée de mettre en œuvre un plan d'action pour désarmer le Hezbollah d'ici fin 2025, une mesure inédite. «Honnêtement, c'est la décision qui m'a le plus réjoui», a déclaré à l'AFP Hassan Roumani, qui emprunte au quotidien la route de l'aéroport, au sud de Beyrouth. «À chaque fois que je passais par l'autoroute Assad, j'avais l'impression que Hafez el-Assad et l'armée syrienne étaient encore présents au Liban. Là, psychologiquement, je me sens soulagé : cette période est révolue, et pour de bon». Si Ziad Rahbani, fils de la diva Fairouz, incarne une forme d'unité nationale par son œuvre, profondément ancrée dans la culture populaire, la décision n'a pas pour autant fait l'unanimité, notamment chez les sympathisants du Hezbollah. Ce changement de nom est «totalement inacceptable, car il résulte d'une malveillance politique», a estimé sur X l'analyste proche du Hezbollah, Fayçal Abdel Sater.


Le HuffPost France
13 hours ago
- Le HuffPost France
Les tensions entre « South Park » et le gouvernement américain montent encore d'un cran
SÉRIES TÉLÉ - Nouvelle passe d'armes entre South Park et les autorités américaines. Et oui, il est encore une fois question de pénis. D'après un tweet publié sur le compte officiel de la série d'animation satirique, ce mercredi 6 août, ses créateurs n'ont pas l'air d'avoir beaucoup apprécié qu'une image du nouvel épisode soit utilisée par le gouvernement. « Attendez, serions-nous pertinents ? », s'interrogent-ils sarcastiquement. Un clin d'œil évident aux dernières critiques de la Maison Blanche, qui s'en sont prises à South Park pour s'être moqué de Donald Trump dans le premier épisode de la nouvelle saison, où il était dépeint nu et hagard, puis en train de draguer Satan. « Cette série n'est plus pertinente depuis plus de vingt ans et se maintient à grand-peine avec des idées sans inspiration dans une tentative désespérée d'attirer l'attention », avait estimé une porte-parole, Taylor Rogers. Avant d'ajouter : « Aucune série de quatrième ordre ne peut compromettre la série de succès du président. » Le département de la Sécurité intérieure des États-Unis a semble-t-il un avis différent, comme en témoigne l'image qu'ils ont utilisée sur X (anciennement Twitter), ce mardi, pour inviter les Américains à rejoindre la police fédérale de l'immigration. Elle est tirée du nouvel épisode de South Park, en ligne depuis ce mercredi. « #eatabagofdicks (en français, 'bouffez un sac de bites') », peut-on lire en guise de chute au tweet des créateurs de South Park. « Vous n'allez pas flouter le pénis » Ces derniers viennent de conclure un accord de 1,5 milliard de dollars avec Paramount pour que le studio américain puisse diffuser l'intégralité de la série sur sa plateforme de streaming pendant cinq ans dans le monde entier, d'après le Los Angeles Times. L'accord, qui comprend la production de 50 nouveaux épisodes, n'est pas sans complications. Lors d'une conférence au Comic-Con de San Diego, Matt Stone et Trey Parker ont, par exemple, témoigné des récents débats internes au sujet du pénis présidentiel. « Ils disaient : 'OK, mais on va le flouter'. Et moi je disais : 'Non, vous n'allez pas flouter le pénis' », a raconté l'un d'eux. Finalement, et après « une conversation entre beaucoup d'adultes pendant environ quatre jours », Paramount leur a donné raison. Les créateurs de la série avaient décidé d'ajouter des yeux au pénis pour éviter qu'il soit flouté. Ils ont décidé de frapper fort cette saison, après une année blanche en 2024. Les deux hommes, à la tête de la célèbre série d'animation connue pour parodier la société américaine depuis les années 1990, avaient fait une pause expliquant ne plus savoir quoi dire de plus sur Donald Trump. « La satire est devenue réalité », déclarait déjà l'un d'entre eux, en 2016. Il n'est jamais trop tard pour changer d'avis (ou pour continuer à tuer Kenny).


Le Figaro
18 hours ago
- Le Figaro
Confidente, Last Stop : Yuma County, Sept jours, Évanouis... Les films à voir cette semaine
Une opératrice dans un centre d'appels érotique en Turquie, des clients coincés dans une station-service à sec au milieu de l'Arizona, la fuite d'une militante iranienne vers l'exil... La sélection cinéma du Figaro. Confidente - À voir Drame de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti - 1 h 16 L'action se situe le 17 août 1999 dans la banlieue d'Ankara, en Turquie. Opératrice dans un centre d'appels érotique, Sabiha enchaîne les appels tarifés. Du vieil habitué qui lui parle de son canari malade jusqu'au mari sadomaso, sans oublier l'adolescent surexcité fou de jeux vidéo, cette triste madone compose avec des fantasmes plus ou moins avouables. Sabiha opère sous un nom d'empreint pour arrondir ses fins de mois. Un tremblement de terre suspend cette ruche bourdonnante. Le jeune garçon à la Playstation rappelle, blessé et prisonnier sous les décombres. L'héroïne va alors tout faire pour secourir l'infortuné sans quitter la ligne... Publicité Présenté dans la section Panorama à la dernière Berlinale, Confidente, troisième film du couple franco-turc Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti, s'avère un passionnant huis clos aussi minimaliste que malin. Les réalisateurs orchestrent une tragédie tendue dans un modeste centre d'appels de téléphone rose saisi par le séisme d'Izmit près d'Istanbul qui fit près de 20 000 morts en 1999. L'héroïne, magistralement interprétée par Saadet Isil Aksoy (déjà vue dans Eastern Plays), tient sur ces frêles épaules toute la pression du film. O. D. À lire aussi Notre critique de Confidente, un cinglant et magistral thriller confiné Last Stop : Yuma County - À voir Thriller de Francis Galluppi - 1 h 30 Last Stop : Yuma County, premier long-métrage de Francis Galluppi qui a remporté le Prix du Public au Festival de Reims Polar 2024, a plutôt de l'allure avec son style rétro seventies. Son décor quasi unique est une station-service vintage au milieu du désert brûlant d'Arizona. Un représentant de commerce, vendeur de couteaux japonais en route pour l'anniversaire de sa fille, s'y arrête pour faire le plein. Sauf que la citerne est à sec. La prochaine station est à 150 kilomètres. Il n'a d'autre choix que d'attendre le ravitaillement par camion dans le diner attenant. Le représentant de commerce, joué par Jim Cummings, est bientôt rejoint par deux hommes, coincés comme lui. Deux braqueurs de banque en fuite vers le Mexique. Le diner se remplit d'autres personnages en quête d'essence. Dans ce lieu hors du monde et du temps, les téléphones portables n'existent pas. La climatisation ne fonctionne pas. Le juke-box joue une musique de crooner. L'attente mêle suspense et humour absurde. Le dénouement opère une rupture de ton étrange et inattendue. Il n'est alors pas exclu de voir dans ce thriller inoffensif la métaphore d'une Amérique dégénérée. É. S. À lire aussi Notre critique de Last Stop : Yuma County, des personnages en quête d'essence Sept jours - À voir Drame de Ali Samadi Ahadi - 1 h 53 Publicité Ali Samadi Ahadi (réalisateur), Mohammad Rasoulof (scénariste sur ce long-métrage) et Vishka Asayesh (actrice principale), tous nés en 1972, ont souffert du régime iranien, quitté leur pays et se retrouvent unis dans le film Sept jours. Ali Samadi Ahadi a fui seul à 12 ans et vit en Allemagne. Rasoulof, incarcéré plusieurs fois pour ses critiques envers le gouvernement iranien, s'est exilé avant Cannes 2024. Vishka Asayesh, engagée dans le mouvement Femme, Vie, Liberté, a quitté l'Iran en 2024 pour la France. Ensemble, ils racontent l'histoire d'une militante iranienne inspirée par Narges Mohammadi, elle aussi née en 1972, emprisonnée malgré son prix Nobel de la paix en 2023, et restée en Iran pour militer. Le film suit Maryam (interprétée par Vishka Asayesh), libérée pour sept jours, que ses proches veulent faire fuir en Allemagne. Commence alors une odyssée clandestine. Dans un coffre de voiture. Dans un bus où le chauffeur ne réclame pas de ticket et où elle doit échanger un téléphone contre un autre. Divisé en deux parties. Le temps de la fuite donne à voir toutes les difficultés pour sortir du pays et décrit une méfiance permanente. Le temps du regroupement familial permet, lui, de mesurer le fossé qui se creuse entre ceux qui sont partis et ceux qui croient à la lutte depuis l'intérieur. Dans le rôle de Maryam, Vishna Asayesh est bouleversante de vérité. Son regard fier et sa profusion capillaire dessinent une femme forte, capable de sentir les timides évolutions entre sa génération et celle de sa fille. F. V. À lire aussi Notre critique de Sept jours: l'Iran chevillé au corps Freaky Friday 2 : Encore dans la peau de ma mère - On peut voir Comédie/Fantaisie de Nisha Ganatra - 1 h 51 Il y a comme un air des années 2000 dans les salles obscures. Avant la sortie du second volet du Diable s'habille en Prada et du troisième opus de Princesse Malgré Elle, c'est Freaky Friday qui se refait une beauté au cinéma. Vingt-deux ans se sont écoulés depuis qu'Anna (Lindsay Lohan) a échangé son corps avec sa mère Tess (Jamie Lee Curtis), le temps d'une journée riche en événements. Anna n'est plus une adolescente rebelle mais une jeune mère célibataire d'une Harper de 15 ans. Tess est, de son côté, toujours une célèbre psychologue s'apprêtant à publier un nouveau livre. Tout change lorsque Anna rencontre Erik, lui aussi père célibataire d'une Lily, également âgée de 15 ans. Les futures sœurs se détestent et veulent tout faire pour briser l'union de leur parent. L'occasion parfaite se présente quand elles connaissent le même sort qu'Anna et Tess en se retrouvant coincées dans le corps de ces dernières. Freaky Friday 2 : Encore dans la peau de ma mère surfe sur la nostalgie et sur la « Lohanmania » avec le retour à Hollywood de Lindsay Lohan, icône de la Gen Z. Le scénario est sans surprise, loin d'être révolutionnaire mais fonctionne plutôt bien en reprenant les recettes clés d'un bon « feel good movie » des années 2000. Une photographie très colorée et girly avec beaucoup de touches de violet, des tenues excentrique et glamour donnant l'impression d'être dans un défilé de mode, une bande-son pop rock... Le film n'oublie pas de faire revenir des personnages du long-métrage de 2004, à commencer par Chad Michael Murray, coiffé de sa longue mèche blonde pour l'occasion. Mais Freaky Friday 2 n'aurait pu exister sans son duo complice Lindsay Lohan et Jamie Lee Curtis, qui fait tout le charme du film. G.P. Publicité Évanouis – On peut voir Film d'horreur de Zach Cregger - 2 h 09 Avant même d'arriver en salle, le second film du réalisateur américain suscitait une curiosité profonde. Évanouis a été à l'origine d'une guerre d'enchères à huit chiffres entre les studios, dont l'issue a poussé Jordan Peele à se séparer de ses agents. Le producteur et réalisateur de Get Out n'a en effet pas remporté le morceau. Évanouis s'ouvre sur un mystère viscéral : la disparition de toute une classe de CE2. À 2 h 17, les gamins, en transe, ont quitté leur lit, courant les bras levés, pour se volatiliser dans les bois bordant leur petite ville de banlieue assoupie. Seul rescapé, un petit garçon nommé Alex. « Police et édiles n'ont pas pu résoudre cette énigme qui a fait couler beaucoup de sang », prévient la voix fluette de la petite fille qui sert de narratrice. Brutale et sanglant conte de Grimm, dont les prémices rappellent la fable du joueur de flûte de Hamelin, ce récit plonge ensuite le spectateur dans un dédale malin de points de vue. Celui de l'institutrice (Julia Garner), d'un père endeuillé (Josh Brolin), d'un policier, d'un junkie etc., chacun apportant une pièce du puzzle. Jouant sur le monde trouble entre veille et sommeil, Zach Cregger puise dans les terreurs nocturnes, joue sur la paranoïa, dresse une allégorie cinglante des moments de prostration et de chagrin collectif. D'aucuns y verront une allégorie de l'onde de choc qui suivent les fusillades dans les écoles. Petit à petit, le film, qui démarre ancrer dans le réel, dérive vers des rivages plus surnaturels sans jamais se départir d'une bonne dose d'humour noir. Jordan Peel s'est trouvé un successeur digne de son nom. C. J.