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L'empathie, comme je l'ai vécue

L'empathie, comme je l'ai vécue

La Presse3 days ago
Notre collaboratrice revient sur la formidable série Empathie, qui l'a épatée le printemps dernier, et qui sera diffusée en France en septembre1. L'œuvre de fiction lui a rappelé certains épisodes marquants de sa carrière de psychologue, quand il lui arrivait de fréquenter prisons et hôpitaux psychiatriques.
Dès les premières minutes de la série Empathie, j'ai admiré le courage de l'autrice Florence Longpré. Elle a osé aborder, d'une façon subtile et réfléchie, les douloureux drames liés à la maladie mentale et aux hospitalisations pénitentiaires, et ce tant du côté des patients que de celui des familles et des proches ainsi que des soignants. Un défi énorme qu'elle a relevé avec brio.
Pendant que j'exerçais le métier de psychologue, de 1978 à 2006, j'ai fréquenté, pour des expertises psycholégales, des prisons et des hôpitaux psychiatriques.
J'y ai rencontré des mères accusées d'avoir tué leur enfant, j'ai écouté des histoires de vie qu'on n'oublie pas.
J'ai dû, même si les gestes criminels commis étaient effroyables, afficher une forte dose de ce qu'on nomme, au sens large, l'empathie, c'est-à-dire la tentative de se mettre « dans la peau d'un autre » tout en reconnaissant qu'on ne peut qu'y tendre, sans jamais vraiment y réussir, surtout lorsque l'autre nous semble si étranger.
Le but de ces expertises n'est ni d'excuser ni encore moins de justifier les gestes commis, mais cette empathie était essentielle pour tenter de comprendre ce qui avait pu conduire ces femmes à commettre l'irréparable. Ces évaluations psychologiques, nécessaires pour éclairer les processus judiciaires, mettaient évidemment à rude épreuve mes limites à tolérer l'insupportable. J'ai aussi, souvent, été témoin d'une tristesse sans nom. Des mères très dépressives, réclamant pour elles-mêmes une peine sévère. L'une d'elles s'est suicidée quelques années plus tard.
Dans la série Empathie, on ne porte pas non plus un jugement sur les gestes posés. On nous présente l'histoire, les fragilités et les souffrances des patients.
PHOTO FOURNIE PAR BELL MÉDIA
« En mettant en scène tant la vulnérabilité des intervenants que celle des patients hospitalisés, Florence Longpré nous confronte à notre fragilité commune », écrit Hélène David.
Cela permet de mieux comprendre les épisodes psychotiques, les délires, les hallucinations et les obsessions paralysantes qui éloignent ces patients de la réalité et qui les ont amenés à ces hospitalisations.
La folie fait peur. Mais, comme l'a écrit récemment Nathalie Collard, « la fiction permet souvent de mieux dire ce que l'essai ne parvient pas à faire passer. […] À travers les mots et la sensibilité des autres, on arrive à se mettre dans leurs souliers. On développe son empathie2 ».
La souffrance des épisodes psychotiques, des états anxieux paralysants ou d'une maladie comme la schizophrénie est souvent décrite par les personnes qui en sont atteintes comme insupportable. Les patients présentés dans la série Empathie portent cette douleur. Que ce soit la colère incontrôlable de Mme Moisan et sa consommation de drogue, les hallucinations d'amis imaginaires de M. Dallaire ou les compulsions surprenantes de M. Vanier, tous ces patients ont dû déployer des mécanismes pathologiques pour conjurer leur intense difficulté à vivre.
En mettant en scène tant la vulnérabilité des intervenants que celle des patients hospitalisés, Florence Longpré nous confronte à notre fragilité commune. Je n'ai qu'admiration et respect pour les équipes soignantes incarnées dans cette série par d'excellents comédiens.
Le travail et les responsabilités qu'ils assument n'ont rien d'ordinaire. Tout de leur engagement est confrontant et pousse au dépassement de nos instincts les plus humains : s'éloigner de cette patientèle, fuir la réalité des graves problèmes de santé mentale. Au contraire, c'est dans le plus grand respect que ces soignants tentent de redonner une humanité à ceux et celles que tout a éloignés de la réalité.
Récemment, l'empathie s'est même invitée dans les discussions politiques, comme en a fait état Marc Thibodeau dans un dossier⁠3. Sommes-nous pour ou contre l'empathie ? Est-elle un signe de force ou de faiblesse ? Pour des tenants d'une aile ultraconservatrice et religieuse, l'empathie serait mauvaise conseillère dans de nombreux domaines, dont ceux de la justice, du droit à l'avortement, de l'identité de genre et même celui de nos frontières, au nom d'un ordre divin. Dénigrer l'empathie au profit du politique, c'est rabattre notre humanité vers ses plus bas instincts.
Par ailleurs, je conseille fortement d'écouter les cinq épisodes du balado de la série Empathie. Les propos sensibles et chaleureux des comédiens ainsi que des psychiatres consultants, les docteurs Marie-Michèle Boulanger et Gilles Chamberland de l'Institut Philippe-Pinel, sont complémentaires à la série. La Dre Boulanger se fait souvent dire : « 'Ah, tu travailles là où les gens inventent des maladies !' C'est un immense cadeau que cette série-là fait pour nos patients de mettre en scène la sévérité de leurs problèmes de santé mentale. »
C'est difficile d'avoir trop d'empathie. Ça montre les humains derrière les gens hospitalisés, derrière la maladie mentale. Leur diagnostic ne définit pas l'entièreté de leur personnalité.
Le Dr Gilles Chamberland, de l'Institut Philippe-Pinel
Le succès de cette série est mérité, car Florence Longpré nous permet d'apprivoiser les graves problèmes de santé mentale qui, plutôt rarement, provoquent des gestes criminels. Elle touche, avec un bon dosage, les téléspectateurs dans leur sensibilité, en montrant les fragilités, tant celle des personnes soignantes que celle des soignées, tout en mettant en évidence les défis et les souffrances des proches et des familles. Les patients qui sont hospitalisés vivent dans une prison intérieure dont certains ne sortiront jamais.
Ne serait-ce que pour avoir abordé ce sujet, on dit merci à Florence Longpré.
Et puisqu'il y aura une deuxième saison, souhaitons que cette série continue de faire une différence. En espérant, grâce à la fiction, améliorer la détection, le suivi et même la prévention de gestes dramatiques qui entraînent dans leur sillage des gens qui en porteront les séquelles toute leur vie.
1. Lisez l'article « Empathie diffusée en France en septembre »
2. Lisez la chronique « La lecture comme acte de résistance », de Nathalie Collard
3. Lisez le dossier « L'empathie, un péché ? », de Marc Thibodeau
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Mehdi Hasan n'était pas au courant qu'il allait affronter ce genre de personnes, ce qui a soulevé un débat sur le manque de vérification des antécédents des participants à Surrounded. Devant Connor Estelle, il a répondu, découragé : « Je ne débats pas avec des fascistes. » Mais il ne regrette pas d'avoir accepté l'invitation de Jubilee, car il savait que cet épisode allait toucher un vaste public, et un public jeune qui délaisse les médias traditionnels. N'empêche, il se questionne sur le manque d'encadrement dans ce genre de débat. « Les médias traditionnels ont fait un travail lamentable pour faciliter le débat et la discussion, et pour donner une tribune aux personnes ayant des points de vue non orthodoxes », a-t-il confié au journal The Guardian. 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Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos L'un des concepts les plus intéressants de Jubilee est la série Middle Ground, où l'on tente au moins de trouver un terrain d'entente entre deux groupes opposés de 25 participants, parce qu'on oblige tout le monde à mettre un peu d'eau dans son vin. J'ai bien aimé l'épisode où des hommes traditionalistes et des hommes progressistes débattent d'enjeux comme le travail de la femme au sein de la famille ou le port de la jupe au masculin (et plus généralement, de la question de savoir ce que c'est qu'être un homme, un vrai). Le sujet de la liberté d'expression est l'un des plus chauds de notre époque où, paradoxalement, on se plaint de ne plus pouvoir rien dire alors que n'importe qui peut s'exprimer sur de multiples plateformes. 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