
L'élévation par la danse
Il faut du beau pour encore croire en un avenir pour nos enfants et nos petits-enfants. Nous devons nous inspirer de la sublimation, de l'art d'échapper à la « gravité » que la danse représente si bien. Guillaume Côté l'a incarné magnifiquement tout au long de sa carrière. En nous offrant pendant toutes ces années son talent, il a sûrement contribué à apaiser les douleurs de notre monde.
Guillaume Côté, présenté par le London Times comme « l'un des meilleurs danseurs masculins dans le monde » 2, rien de moins, est certainement le plus grand danseur de ballet du Canada des dernières décennies.
Il a commencé le ballet à 4 ans, au Lac-Saint-Jean. Pas à pas, il a pris du galon. « Le Ballet national du Canada (BNC), basé à Toronto, a été toute ma vie, depuis mon adolescence. J'ai quitté de mon plein gré le Lac-Saint-Jean à 11 ans. J'étais pensionnaire parmi 40 garçons et 160 filles, tous et toutes inscrits à l'école du Ballet national », se remémore-t-il.
Il fera carrière au BNC pendant 26 ans, dont 21 ans comme danseur étoile, foulant les plus grandes scènes du monde. Que ce soit à la Scala de Milan, au Bolchoï de Moscou, à Covent Garden à Londres, au Théâtre des Champs-Élysées à Paris ou au Lincoln Centre à New York, Guillaume Côté a fièrement représenté le Québec.
Il a aujourd'hui 43 ans. En mai 2025, il a dansé son dernier spectacle avec le BNC devant 2000 spectateurs admiratifs qui lui ont offert une ovation finale de 20 minutes. Il tirait sa révérence comme danseur étoile. Ce soir-là, les projecteurs se sont éteints. Un immense pan de sa carrière prenait fin.
Terminés, les performances exceptionnelles, les ballets inoubliables, les applaudissements, les prouesses artistiques et physiques. Il devait arrêter.
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
Guillaume Côté
Mon corps était devenu une cage. Je savais depuis quelques années que mon temps était compté. C'est la chose la plus difficile que j'ai eu à faire de toute ma vie, vieillir.
Le danseur Guillaume Côté
Le mot retraite, souvent redouté, est prononcé. Que ce soit à 40, 60 ou 70 ans, c'est souvent un deuil dont plusieurs mettent beaucoup de temps à se remettre.
Guillaume Côté ne s'en cache pas. Pendant la pandémie, au crépuscule de sa carrière de danseur étoile, voyant la retraite venir et son couple vaciller, il a vécu une période difficile. Il allait devoir incarner – découvrir, même – une autre partie de lui, loin de ce qu'il avait accompli magistralement depuis 30 ans.
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
Le danseur Guillaume Côté
Apprendre à se passer du public, des projecteurs, de son statut de danseur principal. À s'aimer et être aimé autrement. Accéder à un bonheur différent, dont il savait très bien qu'il ne serait jamais le même.
« Je ne me fais aucun espoir, je ne retrouverai jamais, jamais, l'intensité de ce que j'ai vécu comme premier danseur, à tout contrôler, mon corps, le jeu avec mes partenaires, l'ensemble de la surface de la scène, l'intensité des moments émotifs, la puissance des gestes de virtuose, tout cela, c'est terminé », laisse-t-il tomber.
Guillaume Côté doit se réinventer, et il désire maintenant se consacrer à la chorégraphie, à sa compagnie Côté danse et au Festival des arts de Saint-Sauveur, dont il est le directeur artistique.
Pourquoi cette transition est-elle redoutée et éprouvante ? Le vertige de l'inconnu, la brutalité du passage des longues ovations à l'anonymat de la rue, et l'identité de danseur étoile qui l'a guidé et accompagné depuis tant d'années perd tout d'un coup ses contours gratifiants et rassurants.
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
Notre collaboratrice Hélène David a passé un moment en compagnie de Guillaume Côté.
Il faut accepter que l'estime de soi devra transiter par d'autres canaux de vie, que la passion changera de forme. Guillaume Côté sait qu'il ne retrouvera jamais la même adrénaline de performance. « Ne me faites jamais croire que je revivrai les mêmes émotions ! », insiste-t-il.
Le deuil d'une passion est un processus douloureux et exigeant. Certains ne le surmontent jamais.
Guillaume Côté est allé chercher de l'aide et en parle ouvertement, un geste courageux pouvant inspirer bien des hommes qui n'osent pas montrer leur vulnérabilité.
J'ai échangé avec Anik Bissonnette, danseuse étoile des Grands Ballets Canadiens pendant plusieurs années. Elle parle de Guillaume Côté comme d'un grand parmi les grands, un danseur étoile parmi les meilleurs au monde. Sans oublier ses multiples autres talents comme metteur en scène, chorégraphe et même compositeur, comme le démontrent ses collaborations avec Robert Lepage et Yannick Nézet-Séguin.
Il serait plus que temps d'ajouter son nom au panthéon de nos amours, de notre fierté et de notre reconnaissance envers tous ces Québécois qui brillent et font rayonner le Québec partout sur la planète.
« On ne peut pas se permettre de laisser ce joyau s'éloigner à nouveau du Québec. Il est vraiment très grand dans son domaine », conclut Anik Bissonnette.
Guillaume Côté nous tire vers le haut en ces temps d'horreur et de polarisation. Sa carrière de danseur étoile continuera d'inspirer le dépassement de soi, l'humanité et la création. Et il aura encore beaucoup à nous offrir, même après cette transition.
1. Lisez la chronique de Laura-Julie Perrreault
2.Lisez le texte du Globe and Mail sur Guillaume Côté (en anglais ; abonnement requis)
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