Thierry Ardisson, mort du présentateur à qui Yannick Noah « n'a plus jamais voulu parler »
Il était apparu dans les pages de L'Équipe bien malgré lui, mais pour une belle raison, au printemps 2021 lorsque Sékou Mara avait fait ses débuts en Ligue 1 avec les Girondins de Bordeaux. Le jeune attaquant d'alors 18 ans, désormais à Strasbourg après un passage par Southampton, était en effet devenu le beau-fils de Thierry Ardisson après que sa mère, la journaliste de TF1 Audrey Crespo-Mara, s'était mariée en 2014 avec une des personnalités les plus provocatrices du paysage audiovisuel français depuis quatre décennies.
L'ancien présentateur de Lunettes noires pour nuits blanches (1988-1990), Tout le monde en parle (1998-2006) ou Salut les Terriens ! (2006-2018) est mort ce lundi 14 juillet à Paris des suites d'un cancer du foie, ainsi que l'ont annoncé son épouse et ses enfants à l'AFP. « Avec ses enfants et les miens, nous étions unis autour de lui, jusqu'à son dernier souffle », a indiqué Audrey Crespo-Mara.
L'ancien publicitaire, à qui l'on devait des slogans de pub devenus des proverbes (« Ovomaltine, c'est de la dynamite ! », « Quand c'est trop, c'est Tropico », « Lapeyre, y en a pas deux », etc.), avait conceptualisé et présenté les très innovantes émissions Paris Dernière, dans laquelle le présentateur partait dans les lieux les plus interlopes de la capitale en pleine nuit, suivi caméra au poing, ou encore 93, faubourg Saint-Honoré, dans laquelle il organisait chez lui un dîner pour des invités de tous horizons.
Il avait reçu au fil des années et de ses quelque 25 émissions plusieurs sportifs, dont les interviews trop aseptisées à son goût ne l'emballaient guère. Mais il avait fait sa première percée médiatique à la faveur d'une déclaration de Yannick Noah dans laquelle le futur vainqueur de Roland-Garros avait déclaré « le haschich, j'aime vachement ». Une entrée fracassante et à la limite qui ne serait pas la dernière du genre d'un Thierry Ardisson qui aura marqué toute une génération qui a connu la télé omniprésente.
Nous republions ci-dessous une interview qu'il avait accordée au magazine L'Équipe en 2019.
« Pendant toute l'interview, Foreman m'a regardé comme s'il allait m'en mettre une »
« La première fois que vous faites parler de vous dans les médias, c'est en 1980 grâce à Yannick Noah...C'est vrai, j'ai fait ma première télé au 13 Heures d'Antenne 2 pour m'expliquer sur une de ses interviews... Avec un confrère, on publiait la série « Descente de police » dans Rock & Folk. On interviewait les gens « normalement » et après on réécrivait de façon violente. On transformait l'échange en interrogatoire de flics. Noah a dû se dire : "C'est bon, c'est juste Rock & Folk." Il nous dit qu'il aime les pétards, que (Victor) Pecci prend de la coke, etc.
Tout le monde commence à dire qu'il ne peut pas avoir raconté cela, qu'on l'a piégé, qu'on l'a fait boire... Tout ça parce qu'il y avait une photo de lui en mode arrestation où on le sortait de L'Élysée-Matignon comme s'il était bourré. Mais c'était un jeu, on voyait bien que ce n'était pas une photo de paparazzi. Et l'interview avait été organisée sagement en plein après-midi, chez lui dans le XVIe arrondissement, et on avait bu du jus d'orange.
Même le monde politique s'en était mêlé...Le ministre de la Santé (Jacques Barrot) a dit que c'était faux, que Noah ne pouvait pas fumer de pétards. Moi, j'ai bluffé en disant : « Si vous continuez à me faire chier, je vais balancer tout ce que je n'ai pas publié parce que j'en ai des tonnes comme ça sous le pied. » Évidemment, je n'avais rien, mais ça a marché (rires).
Vous vous êtes rabiboché depuis avec Noah ?Non, il est rancunier comme un baobab ! Il n'a plus jamais voulu me parler. Un jour, mon pote Laurent Boyer organise une soirée au Réservoir. Je tombe sur Noah et je lui dis : "Écoute Yannick, ça va, tu l'avais dit !" Comme font les vedettes, il me répond : "Mais oui, je vais venir dans ton émission." Il ne l'a jamais fait. Il est du genre à aller chez Drucker ou Delahousse plutôt que de se faire emmerder chez Ardisson !
Dans votre livre, on comprend que le boxeur George Foreman vous a marqué...C'était une super "Interview Suicide" ! Comme il était devenu pasteur, je lui ai notamment demandé s'il avait fait ça pour garder l'argent de la quête. Pendant toute l'interview, il m'a regardé comme s'il allait m'en mettre une, il faisait semblant de se lever... Ils sont super ces Américains, ils jouent le jeu de la promo à fond.
Vous considérez le casting des invités comme l'élément essentiel de vos émissions. Un sportif apporte quoi ?Les productions pensent toujours que les sportifs nous amèneront beaucoup d'audience... Mais comme les gens savent que je n'y comprends rien, ça ne donne pas grand-chose. Je prends plus de plaisir à interviewer un humoriste, un écrivain ou un intello qu'un sportif qui n'a pas une nature à s'exprimer et à faire des vannes. Je ne cours pas après. Quand j'invite un sportif, c'est parce qu'il est très connu. Mais je ne me suis jamais battu pour avoir Teddy Riner alors que tout le monde le voulait...
« J'inviterais plutôt Neymar que Mbappé parce que c'est une rock star ! »
Parmi vos bons clients, il y a eu Henri Leconte...C'était l'une de nos têtes de Turc avec (Laurent) Baffie ! On se foutait de la gueule de Riton, c'était un vrai bonheur, un grand souvenir ! J'ai reçu tous les joueurs de tennis français, Forget et toute la bande, mais je serais incapable de mettre un nom sur un visage. Déjà que je ne suis pas sûr de différencier Nadal de Djokovic !
Vous n'avez pas non plus ménagé David Ginola...Il y a l'histoire du mauvais centre lors de France-Bulgarie en 1993. Et récemment (en 2016), il y a eu sa crise cardiaque où il est sauvé par Matt Pokora. Ce sont devenus deux feuilletons, des running-gags. Sur la première, on dit qu'on n'en parle pas... et à la fin de l'émission, Baffie sort : "Enfin, ce n'est pas comme si t'avais raté un centre." (Rires.)
Depuis, il est devenu l'un des animateurs stars de M6 (*). Vous le trouvez comment ?Je l'aime bien, il est sympa, beau gosse. Il excite la ménagère de moins de 50 ans, ce qui est quand même le but de l'opération, surtout pour M6.
Que manque-t-il, aujourd'hui, comme programme sportif à la télé ?J'adore les émissions où les mecs s'engueulent une demi-heure sur une frappe ratée, ça détend. Mais globalement, cela manque un peu de regard sur l'Histoire. Il faudrait valoriser les grands héros du foot à travers des émissions et des documentaires, nourrir le mythe. Si je descends dans la rue et que je demande à un môme qui est Pelé, il ne sait pas qui c'est. Idem pour Maradona. Les gamins ont toujours envie de ressembler à des héros. Alors, ils ont Neymar et Mbappé, mais peut-être qu'il y en a un qui aimerait ressembler à Raymond Kopa, on n'en sait rien...
Vous préféreriez recevoir Neymar ou Mbappé ?J'inviterais plutôt Neymar que Mbappé parce que c'est une rock star ! Mbappé, il est trop sage, trop bien élevé. Le Brésilien est cinglé. Je connais Omar, le voyagiste des stars. Il est tout le temps avec Neymar, il était encore avec lui le soir de son anniversaire, donc pourquoi pas ? »
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