
Le sacre parfait d'Iga Świątek
Cette citation d'Antoine de Saint-Exupéry illustre à merveille la manière dont s'est déroulée la finale féminine du tournoi de Wimbledon. Sans l'avoir prévu, l'auteur du Petit prince a décrit le sacre d'une grande reine.
Au terme de deux manches identiques de 6-0, Iga Świątek a battu Amanda Anisimova en 57 minutes, samedi, sur la pelouse usée du court central de l'All England Club.
Du début à la fin, comme si sa raquette était un pinceau manié par une peintre habile, Świątek a peint le plus beau des tableaux. Il peut certes être périlleux de parler de perfection. Dans le sport, tout particulièrement, tous les athlètes en rêvent, mais très peu atteignent à de tels sommets. La sextuple championne en tournoi majeur fait maintenant partie du petit groupe de privilégiés à y avoir accédé.
PHOTO KIN CHEUNG, ASSOCIATED PRESS
Iga Świątek célèbre sa victoire.
Il y a de ces œuvres, sans faille, qui marquent l'histoire et qui n'ont pas besoin d'être définies par une tonne de superlatifs pour être évalué avec justesse. Comment décrire Le parrain de Francis Ford Coppola, Abbey Road des Beatles ou To Kill a Mockingbird de Harper Lee sans accoler à ces chefs-d'œuvre le mot « perfection » ? La même question se pose en analysant le premier titre de Świątek à Wimbledon.
L'athlète de 24 ans a maintenant remporté ses six premières finales de tournois du Grand Chelem, rejoignant ainsi Monica Seles au premier rang de l'histoire du tennis féminin à ce chapitre.
Dès le premier jeu de la rencontre, Świątek a assommé Anisimova en retour de service. Avec son coup droit et ses relances dans les pieds de son adversaire, la favorite a désarçonné sa rivale, présente pour la première fois en finale d'un tournoi majeur.
PHOTO ANDREW COULDRIDGE, REUTERS
Amanda Anisimova en action pendant la finale
Sans pitié, la Polonaise a attaqué et désarmé l'Américaine dès les premiers coups de raquette. Świątek a brisé son adversaire d'entrée de jeu, et pendant le reste de match, chaque fois qu'Anisimova a entamé un jeu au service, Świątek a terminé avec un point supplémentaire au tableau. Six jeux en retour, six bris.
Cette statistique s'explique d'une part par l'aplomb de la future gagnante, mais aussi par le manque d'aisance de son adversaire. Sur les talons, mal ajustée, mal à l'aise dans les longs échanges et incapable de rivaliser avec Świątek physiquement et mentalement, Anisimova n'a jamais été dans le coup.
Après la première manche, ses chances de l'emporter ont glissé à 7 %, selon l'outil d'intelligence artificielle généré par le site web de Wimbledon et la compagnie IBM. Elles étaient de 33 % avant le début de la rencontre. Comme quoi, même en amont, le défi paraissait quasi insurmontable, tant la différence de talent et d'expérience entre les deux joueuses était notable.
PHOTO KIRILL KUDRYAVTSEV, AGENCE FRANCE-PRESSE
Iga Świątek
Świątek a terminé la finale avec 78 % de ses premières balles en jeu, 72 % de points gagnés sur le premier service, 63 % de points gagnés sur la deuxième balle, un taux d'efficacité de 100 % au filet et seulement 11 fautes directes.
Grâce à ces données, elle devenue la troisième joueuse de l'histoire à gagner une finale en tournoi du Grand Chelem sans perdre un seul jeu. Dorothea Lambert-Chambers l'avait fait à Wimbledon en 1911 et Steffi Graf a réalisé le même exploit à Roland-Garros en 1988.
PHOTO KIRSTY WIGGLESWORTH, ASSOCIATED PRESS
Le tableau d'affichage résume bien le match à sens unique.
L'effondrement
De l'autre côté du filet, le rendement d'Anisimova explique assez facilement pourquoi elle n'a jamais inquiété Świątek.
45 % de premiers services en jeu
26 % de points gagnés en première balle
0 % au filet et aucune chance de bris
La tombeuse d'Aryna Sabalenka en demi-finale n'a pas joué à la hauteur de son talent et de sa quinzaine passée à Londres. Fumante depuis quelques jours, l'Américaine d'origine russe s'est écroulée.
Il régnait dans l'enceinte de 15 000 places une atmosphère inhabituelle en ce dernier samedi de compétition. À quelques reprises, sur les 28 fautes directes d'Anisimova, la foule s'est tue. Comme mal à l'aise et triste, car il n'y avait rien à faire, rien à dire. Tout le monde avait conscience du désarroi que devait ressentir la joueuse ainsi malmenée en ce moment le plus important de sa carrière.
Pendant la pause menant au dernier jeu de la rencontre, elle était déjà en pleurs sur sa chaise, en attendant la fin de son calvaire. Elle a bien tenté de cacher ses pleurs derrière sa serviette blanche, mais en vain.
PHOTO TOBY MELVILLE, REUTERS
Amanda Anisimova a essuyé quelques larmes après sa défaite.
Et lors de son entrevue au centre du terrain après la rencontre, elle a éclaté en sanglots. Sa peine était sincère et irrépressible.
À 23 ans, Anisimova aura la chance de revenir. Aujourd'hui septième au classement de la WTA, cette battante qui a dû prendre une pause du tennis pendant sept mois en 2023 pour des problèmes d'épuisement et d'angoisse n'a pas atteint la finale de Wimbledon par hasard.
La suite
Avec ce gain sans équivoque et sa séquence de 14 victoires en 16 matchs, Świątek se rapproche de la première place du classement mondial qu'elle a cédée le 21 octobre 2024. Elle pointe désormais au troisième rang du classement mondial.
Avec quatre titres à Roland-Garros et un triomphe aux Internationaux des États-Unis, il ne manque qu'une victoire en Australie à Świątek pour compléter le Grand Chelem. Seules 10 joueuses y sont parvenues avant elle.
Difficile de prévoir ce que nous réservent les prochaines semaines avec le début de la saison sur le dur. Aryna Sabalenka demeure la joueuse la plus constante. Elle est la championne en titre du tournoi de New York et elle a atteint la finale en Australie et à Roland-Garros.
Sortie très tôt à Wimbledon, Coco Gauff, deuxième au monde, revient chez elle, en Amérique du Nord, pour finir la saison.
Świątek n'avait pas atteint la finale d'un tournoi majeur depuis plus d'un an. Pendant ce temps, Sabalenka et Gauff ont pris du galon. Mais revoilà la Polonaise au plus fort de la course, grâce à un tournoi pendant lequel elle n'a perdu qu'une seule manche. Tournoi qui s'est terminé, d'une certaine façon, de manière parfaite.
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