
«Mon film vous suce le sang, c'est lui, Dracula»
Le cinéaste roumain Radu Jude a dévoilé un «Dracula» jouissif et de bric et de broc au festival. On l'a rencontré juste après. Publié aujourd'hui à 08h29
Radu Jude devant son «Dracula»
©Raluca Munteanu
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24 Heures
37 minutes ago
- 24 Heures
«S'il avait eu une arme à feu, il m'aurait tué avant de se suicider»
Dans son best-seller «Nightbird», Shavaun Scott raconte comment son époux s'est donné la mort pour la punir d'avoir demandé le divorce. Son expérience personnelle nourrit aujourd'hui son travail de psychothérapeute. Publié aujourd'hui à 14h02 «Pendant des années, j'ai eu honte d'avoir épousé quelqu'un comme lui», confie Shavaun Scott. DR Depuis plus de trente ans, Shavaun Scott accompagne des personnes en détresse en tant que psychothérapeute. Pourtant, elle porte elle-même les cicatrices d'un passé traumatique marqué par les abus et la violence. Dans son livre récemment paru, devenu un best-seller, elle aborde les questions de traumatisme, de transformation et de guérison. Elle explique notamment pourquoi tant de femmes peinent à sortir de relations toxiques. Dans votre mémoire «Nightbird», vous décrivez votre enfance marquée par l'extrémisme religieux, puis évoquez plus tard les abus conjugaux que vous avez subis. Qu'est-ce qui vous a poussée à partager publiquement ces expériences? Avec le temps, j'ai pris conscience du caractère exceptionnel de mon parcours et j'ai souhaité le partager dans l'espoir d'aider d'autres personnes ayant vécu une expérience similaire. Votre mari s'est suicidé par vengeance. Pouvez-vous décrire ce qui s'est passé? Mon mari Greg était sujet à de fréquents accès de colère. Ce n'était pas quelqu'un de foncièrement mauvais. Il se montrait souvent chaleureux et affectueux, mais il savait aussi être très manipulateur. Dès qu'il n'obtenait pas ce qu'il voulait ou face à une frustration, il donnait des coups de poing dans les murs ou proférait des menaces à mon encontre. S'il ne levait jamais la main sur moi, il n'en demeurait pas moins que ses comportements m'intimidaient et me terrorisaient. Pourquoi l'avoir accepté? Ce que j'ai vécu à l'époque, je le qualifierais aujourd'hui de relation traumatique. Au début, je me suis convaincue qu'il souffrait de troubles psychologiques et que je pouvais l'aider. C'est une erreur fréquente chez les femmes. Mais après dix-sept ans de mariage, j'ai fini par comprendre que ses problèmes étaient insolubles. Vous avez décidé de le quitter? Après une grosse dispute, j'ai décidé que j'en avais fini avec lui. Je voulais divorcer. Quand je le lui ai annoncé le lendemain matin, il est resté très calme, ce qui m'a un peu effrayée. Nous sommes partis chacun au travail et je me suis dit qu'il gardait sans doute ses émotions pour le soir. Je m'attendais à ce qu'il pleure peut-être, qu'il me supplie, qu'il me dise qu'il ne pouvait pas vivre sans moi. Mais il en est allé autrement? Il faisait déjà nuit quand je suis rentré chez moi ce soir-là. Aucune lumière n'était allumée à l'intérieur, bien que la camionnette de Greg soit garée dans l'allée. Dès que j'ai franchi le seuil, j'ai su que quelque chose clochait. L'atmosphère était vraiment étrange. Où avez-vous trouvé votre mari? Il s'était pendu dans la salle à manger. Il avait collé une affiche sur la porte spécialement pour moi, que j'aurais vue immédiatement si j'étais passé par la porte d'entrée plutôt que par celle du garage. Il m'attendait dans la salle à manger, disait la note. «Chercher de l'aide n'est pas un aveu de faiblesse ! C'est une démarche courageuse et positive», affirme l'association Stopsuicide, dont la mission est de parler, faire parler, informer, sensibiliser et augmenter les possibilités de prévention. N'hésitez pas à téléphoner, notamment aux structures suivantes : «La Main Tendue» (composer le 143), la «Ligne d'aide pour jeunes» (composer le 147), «Malatavie Ligne Ados» (HUG - Children Action), 022 372 42 42. Qu'avez-vous pensé à ce moment-là? Je ne sais pas. J'étais submergée, mon cerveau était en grève. J'ai dû lutter pour composer le numéro d'urgence. Je n'y suis parvenue qu'au bout d'un moment. Vous parlez de «suicide par vengeance». Votre mari n'était-il pas tout simplement désespéré? On pense généralement que les personnes qui se suicident souffrent forcément de dépression. Mes recherches montrent que c'est effectivement le cas pour environ la moitié d'entre elles. Mais il existe différents profils: certaines personnes sont atteintes d'une maladie incurable ou endurent des souffrances intenses. D'autres sont victimes de délires et d'hallucinations qui motivent leur geste. Il y a enfin une dernière catégorie: celle de personnes en colère contre leur entourage, qui cherchent à se venger. Dans ce cas, l'objectif est de laisser le partenaire avec des traumatismes psychologiques durables. C'est dans cette catégorie que s'inscrit le suicide de mon mari. Avec votre formation en psychologie, avez-vous pensé qu'il aurait pu être très dangereux de quitter votre partenaire – y compris pour vous? Je ne m'attendais pas à ça. Je pensais qu'il me bousculerait, qu'il essaierait de m'intimider. Aujourd'hui, je vois les choses autrement. S'il avait eu une arme à feu, il aurait très probablement commis un suicide élargi: il m'aurait d'abord tuée avant de se donner la mort. Malheureusement, ce scénario n'est pas rare. Vous avez grandi dans un environnement très religieux. Comment ce contexte a-t-il joué un rôle? On m'a enseigné que le sacrifice de soi était une vertu. Cette croyance m'a poussée à tolérer l'intolérable. Quand quelqu'un se montrait en colère ou contrarié, j'endossais automatiquement la responsabilité. Il m'a fallu comprendre que j'avais le droit de poser des limites et que je méritais de vivre ma propre existence. Comment s'est déroulé le processus d'écriture sur ces traumatismes? Y a-t-il eu des moments où vous avez hésité à être aussi ouverte? Il y a encore une dizaine d'années, au moment de ce suicide, j'avais honte d'avoir épousé quelqu'un comme lui. Je pensais que j'y étais pour quelque chose. Mais avec l'âge et la maturité, j'ai réalisé combien d'autres femmes traversaient des épreuves similaires, des choses terribles. J'ai appris à me pardonner. L'écriture m'y a également aidée. Il s'agissait d'une forme d'écriture thérapeutique? D'un côté, oui, mais je veux aussi rendre cette expérience accessible à d'autres. Depuis, je reçois énormément de messages, parfois de femmes qui ont vécu cela elles-mêmes, mais aussi de sœurs et d'amies. Elles racontent souvent des cas où la femme n'a pas survécu. Nous devons faire plus pour ces femmes. Comment vos expériences vous ont-elles influencée quant à vos relations futures? J'ai décidé de ne plus jamais être avec quelqu'un qui crie. C'était toujours le début d'un incident: il se mettait à crier. Celui qui élève la voix et ressent le besoin de crier n'est pas forcément une personne violente. Mais pour moi, ce n'est pas possible. C'est ma limite. En tant que thérapeute, traitez-vous maintenant des personnes qui ont vécu des expériences similaires? Mon expérience me donne un accès privilégié aux personnes ayant subi des violences – souvent des femmes, mais aussi des hommes. Car la violence peut toucher les deux sexes. J'ai développé une solide intuition pour identifier les relations qui peuvent encore être sauvées ou améliorées et celles où la seule solution est la rupture. À quel moment la rupture devient-elle l'unique solution? Bien sûr, tout le monde peut avoir une mauvaise journée, mais quand ces épisodes se répètent selon un schéma récurrent, il faut creuser davantage. Parfois, certaines difficultés échappent aux possibilités de la thérapie. Pourtant, les thérapeutes croient souvent pouvoir aider n'importe qui, que tout peut se réparer. C'est loin d'être le cas. Il existe de nombreuses situations, de nombreuses personnes qui ne changeront pas. Nous n'avons pas le pouvoir de les transformer. Vous avez évoqué les différences entre les sexes. Existe-t-il une forme de violence à laquelle les femmes recourent plus volontiers? Chez les femmes, on observe d'autres types de personnalité plus fréquents. Les hommes qui deviennent agresseurs présentent souvent des traits antisociaux et narcissiques, avec des comportements psychopathiques et manipulateurs. Bien sûr, certaines femmes développent aussi ce type de personnalité, mais c'est moins courant dans ma pratique. Quel type de personnalité est-il plus répandu chez les femmes? Chez les femmes, on observe plutôt le trouble de la personnalité borderline, caractérisé par une forte instabilité émotionnelle. Il est rare de voir une femme tenter de contrôler et de manipuler un homme par la force. Je n'ai observé cela que dans des cas isolés. Le suicide par vengeance, tel que vous le décrivez, précède souvent ce qu'on appelle le suicide élargi: l'homme tue sa partenaire ou toute sa famille avant de mettre fin à ses jours. Quels sont les signaux d'alarme? Les crises de colère constituent toujours un signal d'alarme, qu'elles s'accompagnent ou non de violence. La colère n'est pas une émotion malsaine en soi. Ce qui importe, c'est la façon dont chacun l'exprime. Les personnes qui le font de manière très agressive ou abusive présentent un système nerveux mal régulé. Quels sont les autres signaux d'alerte? Comportement de contrôle. Quand l'homme veut décider de la façon dont une personne s'habille, des films qu'elle regarde, de ce qu'elle mange. Ou qu'il la culpabilise de passer du temps avec sa famille ou ses amis. Ou encore qu'il lui reproche de mal vivre sa journée. Cela inclut évidemment toute forme de menace, le fait de bousculer ou de retenir une personne qui veut quitter la pièce. Mon mari l'a souvent fait. Dans le domaine de la sexualité, c'est quand il veut la contraindre à des actes sexuels qu'elle refuse. Même quand elle l'exprime clairement et qu'il ne respecte pas ce refus. Quand les hommes veulent reproduire ce qu'ils ont vu dans des films pornographiques? Exactement. Certains prétendent que c'est inoffensif ou purement imaginaire. Mais je constate beaucoup d'abus dans la pratique, et cela commence presque toujours par la pornographie consommée par l'homme avec qui elles sont en couple. Je pense que ce sont autant d'éléments auxquels je ferais attention. C'était également au cœur du procès de Sean Diddy Combs . La défense a soutenu que les femmes agissaient par amour ou par intérêt financier. Si les femmes l'admettent parfois, elles précisent aussi qu'elles ont souvent dit non, sans que cela soit respecté. J'ai travaillé dans un centre de crise contre le viol en Californie. J'y ai vu des femmes victimes de viols collectifs, parfois orchestrés par leur propre partenaire. Ces derniers les droguaient et invitaient d'autres hommes à participer. Des histoires terribles. Pourquoi de nombreuses femmes ont-elles tant de mal à reconnaître ces signes et à y réagir? L'idée que l'amour fait mal est largement répandue. Quand on grandit dans une famille aimante, mais où l'on a parfois subi des maltraitances, on finit par accepter intérieurement – peut-être sans jamais y réfléchir consciemment – que l'amour peut faire souffrir. Les proches se mettent en colère, commettent des actes terribles, puis se sentent mieux, s'excusent, et tout semble rentrer dans l'ordre. Pourtant, l'amour ne devrait jamais faire mal. Comment se défaire de ces schémas profondément enracinés? Les recherches neurobiologiques ont beaucoup exploré les mécanismes de l'attachement. Pour de nombreuses personnes, l'amour ou l'attachement profond ressemble à une dépendance. Cela éclaire peut-être le cas Diddy: Cassie Ventura, la femme qu'il a maltraitée, entretenait avec lui un lien très intense, qu'elle décrivait à l'époque comme un lien amoureux. Il flattait son ego, lui disait qu'elle était la plus belle femme du monde, qu'il ne pouvait pas vivre sans elle. Ce type de discours est très séduisant et provoque, au niveau biologique, la libération d'opioïdes endogènes, soit des analgésiques naturellement produits par l'organisme. Les personnes prises dans une relation toxique ne s'en aperçoivent pas toujours. Comment leur entourage peut-il les aider? C'est très délicat. En effet, si la femme reste encore très attachée à la relation, cela peut avoir un effet contre-productif: elle risque de défendre son partenaire et de lui trouver des excuses. Comment peut-on exercer une influence? De manière générale, tout commence par l'éducation. Il faut apprendre aux filles qu'elles ne doivent jamais tolérer le manque de respect. Personne ne mérite d'être poussé ou frappé. Il faut arrêter de romancer les relations amoureuses violentes et insister plutôt sur l'importance du respect et des limites. Est-ce que ce serait aussi une tâche pour l'école? Dès le lycée au plus tard, il faudrait aborder la violence conjugale et les abus domestiques. Par exemple en expliquant les schémas typiques: la phase de réconciliation qui suit un incident, quand l'homme redevient charmant et attentionné, souvent très repentant. Les femmes se disent alors souvent: «Cela ne se reproduira certainement pas.» Jusqu'à ce que cela recommence. Shavaun Scott: «Nightbird – a Memoir», Pierian Springs Press, avril 2025. Traduit de l'allemand par Olivia Beuchat. Davantage sur les relations toxiques Newsletter «Santé & Bien-être» Conseils, actualités et récits autour de la santé, de la nutrition, de la psychologie, de la forme et du bien-être. Autres newsletters Michèle Binswanger écrit sur les gens, leurs histoires et fait des recherches approfondies. Elle a été élue journaliste de société de l'année en 2016, 2017 et 2018. Aujourd'hui, elle dirige avec Philippe Zweifel la rubrique Culture-Savoirs-Service de la Sonntagszeitung. Plus d'infos @mbinswanger Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
6 hours ago
- 24 Heures
«Mon film vous suce le sang, c'est lui, Dracula»
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24 Heures
19 hours ago
- 24 Heures
Week-end à Gstaad – Les femmes prennent le pouvoir au Menuhin Festival
Une cheffe d'exception, une compositrice surdouée, une pianiste habitée. La manifestation alpine a vu deux journées féminines de haut vol. Publié aujourd'hui à 20h05 La cheffe lituanienne Mirga Grazinyte-Tyla, grand nom incontournable de la direction d'orchestre. BAYLEY/DAVIDSON En bref: Affiche 100% féminine au Menuhin Festival le week-end dernier, avec des auditoires remplis à craquer, et un public extatique qui, à entendre ses réactions, n'attendait que ça depuis longtemps. «Cela fait tellement du bien de voir qu'on leur accorde enfin une place de premier ordre, s'enthousiasme une octogénaire assise à côté de nous. Elles ne l'ont pas volé, ce sont des génies.» Samedi août, tous les chemins menaient donc à la grande tente, où l'affiche réunissait la cheffe lituanienne M irga Grazinyte-Tyla et la compositrice vénézuélienne Gabriela Montero . La première est la nouvelle maestra de l'écurie Deutsche Grammophon , dont les chefs historiques célèbres ne furent rien de moins qu'Herbert von Karajan, Ferenc Fricsay, Karl Böhm ou Leonard Bernstein. C'est dire si l'artiste s'inscrit dans une généalogie de prestige. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Lorsqu'on la voit débarquer sur scène, on songe à tout ce que cette jeune femme de 38 ans, maman de trois enfants et guère beaucoup plus grande debout que ses musiciens déjà installés sur leurs chaises, a dû combattre pour s'imposer à un tel niveau stratosphérique dans cet univers. Pourtant, rien de brutal, d'autoritaire, dans sa manière de conduire l'orchestre. La cheffe dirige à mains nues le poème symphonique «Le cygne de Tuonela» de Sibelius qui ouvre le programme, avec cette gestuelle fascinante à regarder, devenue célèbre, à la fois redoutablement millimétrée et chorégraphiée au point d'en faire presque un art scénique en soi. «Elle a la grâce d'une danseuse étoile», chuchotent deux femmes dans le public. La compositrice Gabriela Montero au piano, peintresse d'un concerto enchanteur. BAYLEY/DAVIDSON La cheffe est ensuite rejointe par Gabriela Montero, qui interprète son Concerto pour piano No 1 «Latin», créé en 2016 dans les tourments de la crise économique et politique qui secouait alors son pays. La partition, assumant un retour à la tonalité, impressionne par la beauté de certains passages et la palette inépuisable d'harmonies et de rythmes venus de la musique populaire, saturant la salle de teintes tropicales. Un petit miracle quelque part entre Béla Bartók et Federico Mompou. Gstaad conquis par une virtuose Comme à son habitude, la compositrice veut livrer une improvisation en bis, suggérant au public de lui donner une mélodie suisse. Un homme finit par se lever au milieu de la salle et entonne un début de chant montagnard. Montero joue aussitôt les quelques notes sans même regarder son piano, puis s'embarque dans plusieurs minutes d'une musique ahurissante de spontanéité: non contente d'improviser cette cascade de notes impeccablement harmonisée, la compositrice fait naître en direct une véritable pièce en soi, savamment construite avec ses variations et ses reprises, son climax et son final. De nouveau seule, Mirga Grazinyte-Tyla se plonge dans la Neuvième symphonie «Nouveau monde» de Dvorák. Dirigeant toujours avec ce mélange de souplesse et de magma sonore hyperréactif, la cheffe, qui s'est saisie de sa baguette, mène cet opus truffé de tubes à bon port avec une énergie et un bonheur irradiant jusque sur les visages des musiciens. En bis, une pièce de Mieczysław Weinberg à la polyphonie élégiaque, cristal diaphane, ce compositeur ami de Chostakovitch dont elle s'est fait la championne au disque. Une VIP de la musique classique La pianiste Khatia Buniatishvili était très attendue. RAPHAEL FAUX Dimanche 10 août, la scène de Gstaad accueillait cette fois Khatia Buniatishvili, seule pianiste à avoir l'honneur de jouer en solo sous la grande tente. C'est dire si elle est l'une des chouchous du festival. Aura de prêtresse baroque, robe noire à nœud pap géant, hauts escarpins à strass, elle s'engage dans les quatre premiers «Impromptus» de Schubert, puis la «Seconde sonate» de Chopin. Si l'artiste cultive une véritable beauté du son et ne craint pas les prises de risques – notamment dans les passages aériens chez Schubert où les perles de notes prennent un aspect irisé – on ressent quelques moments un peu brouillons et baignés de pédale qui font parfois perdre en lisibilité. Et donc en expressivité. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Après une élégante sonate de Mozart K.545 et une «4e ballade» de Chopin qui n'oublie jamais son cantabile, le récital de la pianiste géorgienne culminera avec une «Mephisto-valse No 1» de Liszt ébouriffante de folie et d'engagement physique – elle se lève soudain au-dessus du piano pour asséner une volée d'accords – tirant avec pertinence cet opus tardif du compositeur vers le mysticisme occulte de Scriabine. Un final comme on l'attendait pour ce week-end féminin à décorner les bœufs du Saanenland. Pianiste suisse rayonnant à l'international, adoubé pour ses Debussy, Francesco Piemontesi donnera un programme plutôt excitant, comprenant l'immense «Sonate en si» de Liszt, le 15 août. Même grand moment de piano annoncé le 20 août, avec Yulianna Avdeeva faisant dialoguer les préludes de Chopin et de Chostakovitch. Du Chostakovitch encore le lendemain, et du Brahms, mais chambristes, tissés par le quatuor Hagen en compagnie du pianiste Mao Fujita. Les fanatiques de musique vocale ne pourront manquer la venue de Marina Viotti et Cyrille Dubois, le 23 août, pour un concert d'airs d'opéras de Bizet dirigé par Marc Minkowski. Sans parler de Sonya Yoncheva, Cecilia Bartoli, Sol Gabetta, Théotime Langlois de Swarte, puis Gianandrea Noseda aux commandes du «Requiem» de Verdi, pour poursuivre un programme gstaadien qui ne quitte décidément pas les cimes. Gstaad et Saanen, jusqu'au 6 septembre. Plus de musique classique à Gstaad Nicolas Poinsot est journaliste à la rubrique culture et société. Auparavant, cet historien de l'art de formation a écrit pendant plus de dix ans pour le magazine Femina et les cahiers sciences et culture du Matin Dimanche. 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