logo
Bad Bunny, nouveau moteur du tourisme

Bad Bunny, nouveau moteur du tourisme

La Presse17-07-2025
Le tourisme a longtemps été un moteur économique de cette île réputée pour ses plages de sable fin et ses eaux turquoise.
(San Juan) À la veille du lancement d'une série de 30 concerts dans son Porto Rico natal, la vedette mondiale du rap latino Bad Bunny a lancé un message clair aux fans venus de l'étranger : achetez local !
Maggy DONALDSON
Agence France-Presse
Chanteur le plus écouté sur Spotify de 2020 à 2022 avec des tubes comme Callaita ou Mia, Bad Bunny a entamé vendredi une résidence à San Juan, la capitale portoricaine, baptisée No Me Quiero Ir De Aqui (Je ne veux pas partir d'ici), une ode politique à son île natale et territoire rattaché aux États-Unis.
PHOTO ALEJANDRO GRANADILLO, ASSOCIATED PRESS
Bad Bunny
Les neuf premiers concerts au Coliseo de San Juan, une salle de près de 20 000 places, sont réservés aux habitants de l'île, avant que les vannes s'ouvrent aux touristes que l'artiste et les Portoricains souhaitent responsables.
Pour Davelyn Tardi, de l'agence Discover Puerto Rico, « il s'agit d'un moment incroyable pour l'île », car ces concerts permettront de faire connaître la culture locale et d'injecter au moins 200 millions de dollars dans l'économie cet été, période considérée comme la basse saison.
PHOTO RICARDO ARDUENGO, AGENCE FRANCE-PRESSE
Le Coliseo de San Juan
« Tout a commencé à changer », souligne Azael Ayala, qui travaille dans un bar d'un quartier branché de San Juan où certains bars proposent des cocktails à l'effigie de Bad Bunny. « Les pourboires sont plus que généreux, nous sommes ravis », ajoute la femme de 29 ans pour qui voir le monde débarquer à Porto Rico « est une source de fierté ».
Étudiante de 23 ans venue de Los Angeles, en Californie, Arely Ortiz n'a pas réussi à obtenir de billet pour un des spectacles de Bad Bunny, mais visite l'île pour la première fois pour suivre les traces de l'artiste.
« J'aime beaucoup la manière engagée dont il parle de son peuple », dit-elle. « Le simple fait de voir qu'il peut aller aussi loin dans la vie comme Latino encourage les Latinos à se donner à fond […] Il a véritablement donné du pouvoir aux Latinos, à 100 % », dit-elle.
« Connotation coloniale »
Le tourisme a longtemps été un moteur économique de cette île réputée pour ses plages de sable fin et ses eaux turquoise, au point de devenir ces dernières années un lieu prisé du développement immobilier de luxe et des « nomades numériques », qui travaillent à distance en voyageant. Avec, à la clé, des craintes d'embourgeoisement et de hausse des prix du logement pour la population locale.
Bad Bunny, de son vrai nom Benito Antonio Martinez Ocasio, a lui-même évoqué ces problèmes et bien d'autres dans les paroles de ses chansons. « Dans ma vie, tu étais un touriste. Tu n'as vu que le meilleur de moi, pas ma souffrance », chante-t-il par exemple dans Turista.
Pour l'historien Jorell Melendez Badillo, « beaucoup de gens (à Porto Rico) estiment que le tourisme a une connotation coloniale » dans l'île, car pendant des années de riches Américains y venaient sans se soucier des populations locales, par ailleurs plus pauvres.
PHOTO RICARDO ARDUENGO, AGENCE FRANCE-PRESSE
Le fort El Morro fort à Old San Juan
« Nous pouvons saluer le travail de Benito (Bad Bunny) tout en nous interrogeant sur le type de touristes que ses concerts en résidence vont amener », dit-il à l'AFP.
« Responsables »
Ana Rodado est venue d'Espagne après qu'un ami originaire de l'île lui a offert un billet pour un spectacle et a réservé un voyage de cinq jours qui inclut une visite de la plage de Vega Baja, où Bad Bunny a grandi et travaillé dans une épicerie, avant de connaître la gloire.
PHOTO RICARDO ARDUENGO, AGENCE FRANCE-PRESSE
La plage de Vega Baja
L'Espagnole prend au sérieux l'appel du chanteur à acheter local et à respecter les lieux et la population.
« Dans la mesure du possible, nous devons être responsables de nos choix de consommation, et surtout de l'impact de notre voyage sur chaque lieu », dit-elle à l'AFP. « Nous essayons d'être respectueux, et jusqu'à présent, les gens ont été très gentils avec nous ».
La résidence de Bad Bunny est une lettre d'amour à son peuple : un spectacle sur et pour les Portoricains, dont le récit est centré sur le patrimoine, la fierté et la joie.
« On est là, tous ensemble, bon sang ! » a-t-il crié, sous les hourras extatiques lors de son premier spectacle qui a parfois ressemblé à une fête de quartier géante. « Je reviendrai pour les 100 prochaines années, si Dieu me le permet, je serai là ».
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Trop peu de billets ayant été vendus, JP Saxe annule sa tournée nord-américaine
Trop peu de billets ayant été vendus, JP Saxe annule sa tournée nord-américaine

La Presse

time4 days ago

  • La Presse

Trop peu de billets ayant été vendus, JP Saxe annule sa tournée nord-américaine

Trop peu de billets ayant été vendus, JP Saxe annule sa tournée nord-américaine (Toronto) Un artiste torontois qui devait faire une tournée nord-américaine cet automne a annoncé l'annulation des concerts en raison de faibles ventes de billets et du coût élevé de la vie sur la route. La Presse Canadienne JP Saxe s'est exprimé sur les réseaux sociaux cette semaine, affirmant que s'il ne vendait pas environ 20 000 billets pour sa prochaine tournée Make Yourself at Home dans les 48 heures, celle-ci serait probablement annulée. Dans une vidéo de suivi, il affirme que 2000 billets supplémentaires ont été vendus, mais que cela n'a pas suffi à sauver la tournée. JP Saxe se dit reconnaissant pour ces ventes supplémentaires, assure que les billets seront entièrement remboursés et qu'il fera en sorte que de telles annulations ne se reproduisent plus. Le musicien nommé aux Grammy Awards, surtout connu pour sa chanson If the World Was Ending de 2019 avec Julia Michaels, devait donner plus de 25 concerts, notamment à Montréal, Toronto, Edmonton et Vancouver. Cette annulation intervient alors que l'industrie des concerts musique subit une pression massive, aggravée par une économie fragile, des années d'inflation et des prix des billets qui, dans bien des cas, ont grimpé en flèche de plusieurs centaines de dollars cette année. « Ces 2000 billets m'ont rappelé combien il peut être merveilleux de demander de l'aide et de voir une communauté se rassembler, et c'est vraiment la chose la plus agréable qu'internet m'ait jamais faite », a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur le réseau social TikTok. « Je suis reconnaissant envers chacun d'entre vous qui avez acheté un billet, et je suis sincèrement désolé. »

Pays sans chapeau
Pays sans chapeau

La Presse

time5 days ago

  • La Presse

Pays sans chapeau

Cette chronique a été publiée publiée à la suite du tremblement de terre en Haïti, le jeudi 14 janvier 2010, en page A14. Nous la republions sans altérer les mots que l'auteur a utilisés à l'époque. Je ne suis jamais allé à Port-au-Prince. Sauf en lisant Dany Laferrière. Je ne suis jamais allé à Port-au-Prince, mais je suis allé plusieurs fois au Pays sans chapeau. L'autre jour, quand Laferrière a gagné le prix Médicis avec L'énigme du retour, j'ai dit que c'était un très beau livre mais que son plus beau était ce Pays sans chapeau. « C'est ainsi qu'on appelle l'au-delà en Haïti parce que personne n'a jamais été enterré avec son chapeau. » On se demande parfois à quoi sert la littérature. Moi, elle me sert à affronter la réalité. Quand Katrina a fait flotter tous ces cadavres dans les rues de La Nouvelle-Orléans, je suis retourné à Capote et à Tennessee Williams, les enfants du pays. Au moment où Port-au-Prince commence à compter ses morts et à déblayer ses ruines, je me tourne vers Laferrière, vers la littérature, vers la fiction. Pas pour qu'elle me cache la réalité, au contraire. Pour qu'elle me la rende dans son essence. Vous allez me trouver obscène : pour qu'elle me la rende dans sa poésie. Cinquante mille morts ? Cent mille morts ? La poésie ne s'enfuit pas, elle est là, intimement mêlée à l'horreur, elle est là avec l'aube qui se lève… La couleur un peu violette de l'aube donne une teinte assez étrange aux choses, mais c'est tout. Les mêmes crevasses vous obligent à faire attention en marchant pour ne pas tomber dans un trou d'eau verte. Le même chien jaune doit s'appuyer contre un mur pour japper à cause de son extrême maigreur. La même petite fille est en train de balayer la galerie de l'épicerie du coin. Le soleil va taper dur, tout à l'heure, vous verrez. A-t-on idée d'une pareille concentration de malheur ? Act of God ? Si j'étais chrétien, je m'emploierais à faire mettre cette expression à l'index. Aucun dieu n'oserait s'acharner ainsi… A-t-on idée d'un pays toujours entre espoir et damnation, a-t-on idée d'un pays si assoiffé de bonheur ? Bon Dieu tellement connin ça li connin, li bail chien malingue deyè tête li pou li pas capab niché'l. (Dieu est tellement fin qu'il peut placer une blessure derrière la tête du chien s'il ne veut pas qu'il la lèche). Ce n'est qu'un proverbe, Dany, tu sais bien. Dieu pas si fin, finalement. En tout cas bien impuissant, comme nous, à empêcher les séismes, ce qui nous le rend presque sympathique. Bien sûr, Pétionville a ses pauvres, ses bidonvilles rugissants, ses marchés en plein air, mais c'est quand même là que se sont réfugiés tous les riches de ce pays. Dans certains quartiers on se dirait dans n'importe quelle banlieue cossue nord-américaine. […] La pluie s'est arrêtée juste à l'entrée de Pétionville, devant le magasin de meubles en acajou. La pluie reconnaît les frontières. La pluie, peut-être. Apparemment pas les tremblements de terre. Pétionville a été durement touchée. L'armée des zombis, finit par murmurer ma mère. Ils sont des dizaines de milliers. Les prêtres vaudou ont réveillé tous les morts qui dormaient du sommeil du juste. Partout… Au Borgne, à Port-Margot, Dondon, Jérémie, Cayes, Limonade, Petit-Trou, Baradères, Jean Rabel, Petit-Goâve, oui, Petit-Goâve aussi… Une mangue tombe, presque aux pieds de ma mère. Elle ne cille même pas. Complètement ailleurs. Les gens sont morts, conclut-elle et on refuse de les laisser reposer en paix. Comme si les tremblements de terre venaient seuls. Comme s'ils ne faisaient pas se fissurer aussi, en même temps que les murs de la ville, le mince vernis de civilisation qui recouvre le désespoir des laissés-pour-compte. Comme si la violence des secousses n'allait pas engendrer la violence de ceux-là qui avaient déjà tout perdu depuis longtemps, nus… Qu'est-ce que le ciel pouvait bien leur prendre de plus ? Il leur a pris leurs enfants, leurs parents, leurs amis, leur bout de toit de tôle. J'étais allé le voir dans ce petit appartement de Brooklyn. J'ai frappé à la porte. – Qui est là ? – Ton fils, dis-je. – Je n'ai pas d'enfants, tous mes enfants sont morts. – C'est moi, papa, je suis venu te voir. – Retourne d'où tu viens, tous mes enfants sont morts en Haïti. – Mais je suis vivant papa. – Non, il n'y a que des morts en Haïti, des morts ou des zombis. Et maintenant quoi ? La compassion. La bonté des gens. La solidarité. Aussi merveilleuse et noble soit-elle, la charité suffit-elle ? Mettra-t-on autant de diligence, d'enthousiasme et de centaines de milliards à reconstruire Port-au-Prince qu'on en a mis à sauver les banques, l'industrie automobile ? Elle a toujours considéré son fils comme un prince. C'est ce qui m'a permis de survivre au début de mon séjour à Montréal, quand les autres ne voyaient en moi qu'un Nègre de plus. Quelqu'un dans une petite maison à Port-au-Prince a toujours pensé que j'étais un prince. Combien sont-ils à Montréal en ce moment à se demander ce qu'il reste de cette petite maison où ils étaient un prince ? Il n'y a pas d'arbre dans ce pays, et il n'y a pas d'eau non plus. C'est un caillou au soleil. Nous sommes à la merci du soleil. Regarde le ciel, dit-il. Des fois je passe la nuit à le regarder. On dirait un grand vide qui veut m'aspirer… Les textes en italique sont tirés de Pays sans chapeau, de Dany Laferrière, publié chez Lanctôt Éditeur, 1996.

La mairesse de Toronto remet les clés de la ville à The Weeknd
La mairesse de Toronto remet les clés de la ville à The Weeknd

La Presse

time27-07-2025

  • La Presse

La mairesse de Toronto remet les clés de la ville à The Weeknd

La mairesse de Toronto remet les clés de la ville à The Weeknd (Toronto) Toronto a offert à The Weeknd, l'interprète de Can't Feel My Face, les clés de la Ville, alors que le chanteur revient donner quatre concerts dans sa ville natale. Cassidy McMackon La Presse Canadienne Samedi matin, la mairesse de Toronto, Oliva Chow, a remis cette distinction au chanteur originaire de Scarborough, reconnaissant la façon dont il a « refaçonné la musique moderne » et soutenu des causes humanitaires et sanitaires à Toronto comme à l'étranger. The Weeknd – Abel Tesfaye, de son vrai nom – se dit honoré de recevoir les clés de l'endroit où il a trouvé sa voix, ajoutant qu'il s'engage à aider la prochaine génération à trouver la sienne. En plus d'avoir remporté quatre Grammy Awards, le chanteur est également reconnu pour ses contributions philanthropiques à des organismes de bienfaisance torontois et internationaux. Il a reçu le Quincy Jones Humanitarian Award de la Black Music Action Coalition pour son engagement. The Weeknd donnera quatre concerts au Centre Rogers de Toronto au cours des deux prochaines semaines.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store