
« Bye bye, fauteuil roulant »
« Ça fait 27 ans que je fais ça, mais il y a des fois où je pleure encore quand je vois quelqu'un partir du quai pour la première fois, se retourner et dire : bye bye, fauteuil roulant. »
Celle qui parle, c'est Paula Stone. Depuis 1998, elle est bénévole à l'Association québécoise de voile adaptée (AQVA), dont elle est aujourd'hui la vice-présidente.
Il est probable que vous ignoriez ce qu'est l'AQVA. C'est un peu pour la faire connaître qu'on en parle aujourd'hui. Et parce que dans quelques semaines, du 25 au 29 août, aura lieu la Coupe mobilité 2025, une régate internationale qui met en vedette des athlètes en situation de handicap ; ce n'est que la quatrième fois en 25 ans que l'évènement a lieu à Montréal.
Qu'ils soient paraplégiques, quadriplégiques ou qu'ils vivent avec n'importe quelle autre limitation, les marins de l'AQVA peuvent utiliser les voiliers adaptés mis à leur disposition au Yacht Club de Pointe-Claire. Ici, Mme Stone nous corrigerait, le doigt dans les airs : « Ce n'est pas un voilier adapté, c'est un voilier qui est conçu pour des personnes à mobilité réduite. »
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Paula Stone, vice-présidente de l'Association québécoise de voile adaptée
Lors de notre visite à Pointe-Claire, par un chaud mardi de juillet, une Québécoise qui prendra part à la Coupe mobilité est présente : Monique Trudel, une Montréalaise atteinte de la sclérose en plaques. Elle a eu son diagnostic à l'âge de 18 ans, mais ses limitations ont commencé à apparaître vers l'âge de 40 ans, pendant une séance de patinage.
Les limitations de Mme Trudel, qui se décrit comme une grande sportive, sont apparues progressivement ; dans son cas, la maladie s'est surtout attaquée à ses jambes. Dès qu'elle a commencé à se déplacer en fauteuil roulant, à la mi-quarantaine, elle a essayé le ski adapté et la voile adaptée.
Être identifiée au fauteuil, ça te coupe du monde, ça t'isole. Faire de la voile, ça t'inclut.
Monique Trudel
Mme Trudel n'avait jamais fait de voile avant de se prêter à l'évaluation obligatoire avec Paula Stone lors de son premier cours, il y a de nombreuses années. Aujourd'hui, elle est une habituée ; elle fait de la voile adaptée une fois par semaine et participe à plusieurs compétitions, dont la Coupe mobilité, qu'elle a gagnée au sein de la flotte argent à Kelowna, en 2017.
Le sport, dit-elle, la force à « continuer à se concentrer, à continuer d'apprendre ». Ça lui évite « de penser à [son] rendez-vous chez le médecin ». « Tu es vraiment dans le moment présent », décrit-elle.
Le sourire de la marin
Les bateaux qui servent à la voile adaptée sont conçus de façon à ce que le marin n'ait pas besoin de se déplacer. Celui-ci est assis dans le fond du bateau, ce qui fait que « c'est très stable », nous explique Paula Stone. Une fois installé – un processus qui prend un certain temps, on y reviendra –, le marin n'a plus besoin de bouger ; tous les contrôles sont à portée de main.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Les marins de l'Association québécoise de voile adaptée peuvent utiliser les voiliers adaptés mis à leur disposition au Yacht Club de Pointe-Claire.
« On contrôle la direction avec une barre entre les jambes. Il y a deux voiles, et les cordes pour les contrôler sont juste au-dessus de cette barre, donc on n'a pas besoin de jambes. J'ai même eu des compétitions avec des amputés qui laissent leurs jambes sur le quai et qui partent faire de la voile ! »
Il existe également un « système motorisé » permettant aux gens qui ont des faiblesses dans les bras de contrôler le voilier à l'aide d'un objet s'apparentant à un joystick. Pour les personnes quadriplégiques, il existe aussi un système au souffle ; deux pailles sont montées sur un tube flexible positionné devant le marin. Une paille permet de contrôler la direction, l'autre de contrôler les voiles. « Je dirais que 10 % de nos marins l'utilisent », affirme Mme Stone.
Lors de notre visite, nous avons suivi Monique Trudel pendant une sortie sur l'eau. Pour l'installer dans son bateau, deux instructrices sont nécessaires. Celles-ci utilisent un lève-personne mécanique ; une toile accrochée avec des courroies est passée sous elle afin de la soulever et de la mener jusqu'au-dessus du bateau.
Une des instructrices s'installe derrière Mme Trudel par souci de sécurité. Reste que la marin est entièrement libre. C'est elle qui contrôle. Il fallait la voir, lorsque son voilier penchait considérablement d'un bord ou de l'autre ; c'est là qu'elle affichait son plus grand sourire.
La Coupe mobilité
On parlait plus haut de la Coupe mobilité. L'évènement, qui n'est pas ouvert au grand public, aura lieu au Yacht Club de Pointe-Claire, où sont situés les bureaux de l'AQVA. Des 32 participants, entre 12 et 15 sont originaires du Québec. Le reste provient d'un peu partout au Canada et des États-Unis (Hawaii, Californie, Seattle, Vermont, etc.).
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
L'Association québécoise de voile adaptée, un organisme à but non lucratif, existe depuis environ 30 ans et compte à ce jour environ 200 membres.
Il y a deux catégories : la flotte or et la flotte argent. La première est réservée aux marins expérimentés, mais la deuxième est ouverte à tous. C'est pour cette raison, note Paula Stone, que la Coupe mobilité est surnommée « la régate des possibilités ».
« Quelqu'un qui n'a jamais fait de voile de sa vie peut participer à une Coupe mobilité », fait savoir celle qui est également présidente du comité d'organisation de l'évènement.
Encore aujourd'hui, même 27 ans plus tard, Mme Stone, ergothérapeute de carrière, retire un grand bonheur de son rôle.
« De voir les sourires sur leur visage quand ils reviennent… Ça, ça m'apporte beaucoup. »
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