Xavier Thévenard, l'ex petit prince du trail engagé dans une course de fond contre la maladie de Lyme
La silhouette de ce petit bonhomme qui court, se délecte des pentes, oublie les heures comme on oublie les jours de canicule, a disparu du circuit depuis le 31 août 2021. Ce jour-là, Xavier Thévenard abandonne l'UTMB au kilomètre 50, au niveau des Chapieux. Il n'a plus de souffle, est à bout de forces. Un crève-coeur pour cette légende de l'ultra-trail, et plus particulièrement de l'UTMB, dont il a marqué l'histoire.
Il est le seul coureur à avoir réalisé le Grand Chelem en gagnant les quatre courses individuelles : la distance reine (environ 170 km), remportée à trois reprises (2013, 2015 et 2018 - seul François D'Haene a fait mieux, quatre victoires), la CCC (99 km) en 2010, la TDS (119 km) en 2014, et l'OCC (55 km) en 2016. « Ça me fait un pincement au coeur quand je reviens à Chamonix et que je ne peux plus participer à cause de mon état de santé », reconnaît-il aujourd'hui. Deux mois plus tôt, en juin 2021, le petit prince du trail (1,70 m) avait aussi été contraint de renoncer après 33 kilomètres à la Sportiva Lavaredo (120 km, 5 800 m de D +).
« Dès le début de course, j'ai eu des soucis à respirer correctement, avec des sensations de crises d'asthme, écrit-il alors sur son compte Facebook. Mon énergie s'est dégradée au fil des kilomètres pour me pousser à abandonner. La déception est grande mais ma santé est ma priorité. J'espère en savoir plus la semaine prochaine en faisant des examens de santé à mon retour en France... » Il se savait déjà atteint. Tapie dans l'ombre, la maladie de Lyme le rongeait de l'intérieur.
« J'ai ressenti les premiers symptômes à la fin de l'année 2019 , nous explique Thévenard, 37 ans. Mon état de santé s'est dégradé au fur et à mesure (...) Je fatiguais très vite, j'avais une perte de force dans les jambes, je voyais flou, j'avais des picotements dans la poitrine. Je perdais aussi le fil de la conversation. C'était impossible de me concentrer. Je me suis dit qu'il y avait un truc qui clochait. »
Il passera des examens, et restera coi : il souffre de la maladie de Lyme. Pas d'érythème migrant, cette rougeur révélatrice autour de la piqûre, souvent indolore mais plus bavarde que mille examens. Selon l'institut Pasteur, « il s'agit de la manifestation la plus fréquente (environ 80 % des cas) » de l'infection. Avec elle, un traitement antibiotique rapide suffit souvent. Mais lui n'a rien vu. Pas un signe. Juste le corps qui trahit, sans sommation. « Je n'ai absolument aucune idée du moment où j'ai été contaminé. C'est d'ailleurs assez sournois comme maladie, on peut déclencher les symptômes des années après la piqûre. »
L'histoire de Thévenard trotte dans la tête des autres coureurs, comme Ludovic Pommeret (50 ans, vainqueur de l'UTMB en 2016), qui confie : « J'y pense toujours et je surveille les tiques le soir quand on est dans des milieux à risque. C'est une alerte pour toutes et tous ! »
« Je n'ai pas eu envie de m'étaler sur le sujet parce que je ne voulais pas me plaindre. »
Xavier Thévenard
Pour Thévenard, habitué à jouer avec ses limites, cette maladie fut d'abord un séisme sans bruit. Lui qui déclarait en 2016 : « Je suis presque toujours facile. Quand je souffre, je n'y pense pas. Ça brûle, oui, mais je me fais "plaiz". C'est intrigant de savoir jusqu'où tu peux aller. Moi, je suis content quand je suis bien fatigué. » Et voilà qu'un ennemi invisible venait lui apprendre une souffrance nouvelle. Il a commencé par nier. Comment croire qu'un corps dressé à avaler les montagnes puisse céder à une morsure de tique ?
À l'époque, l'athlète continue à s'entraîner, persuadé que la fatigue est un territoire qu'il connaît trop pour s'y perdre. Il regrette aujourd'hui ce moment où il pouvait courir des heures sans souffrir. Quand il apprend qu'il est malade, il garde le silence. Pas par orgueil. Par pudeur. « Je n'ai pas eu envie de m'étaler sur le sujet parce que je ne voulais pas me plaindre. » Il commence son traitement en octobre 2020. Antibiotiques. Amoxicilline. Le protocole classique. Mais rien ne cède. « Mon état de santé s'est amélioré avec les premiers traitements mais je rechutais régulièrement. La borréliose de Lyme s'était installée dans mon corps et est devenue chronique. »
Une chute aux enfers
Impossible de continuer à courir dans cet état. Les jambes ne veulent plus. Le souffle s'efface. « C'était un peu la chute aux enfers. » Alors il met sa carrière entre parenthèses. Une pause, pas un arrêt définitif. En 2022, pour l'UTMB, on l'attend. Il ne viendra pas. Le corps refuse toujours. En 2023, il espère y effectuer son retour. Il renonce. « Sa présence manque dans le milieu dans l'ultra-trail, reconnaît Pommeret. On sait très bien qu'il y a forcément un peu d'oubli quand on est éloigné du circuit, on est vite remplacé. Mais on est dans la discipline depuis longtemps, on se souvient forcément de ses performances. »
Thévenard, lui, s'en accommode. « Ça n'a jamais été mon but d'être mis en avant. » Pas de statue, pas de projecteurs : il se contente d'un sentier en montagne. Mais très vite, cela ne lui suffit plus. Pommeret : « Au début, Xavier ne voulait pas se soigner avec des médicaments trop agressifs. Il a dû changer d'avis car ça traînait en longueur. » Thévenard abandonne les antibiotiques en 2021, un an et demi après le début de son traitement. « Il s'est soigné aux huiles essentielles », dit-on dans le milieu.
Il a surtout suivi le processus médical français, que le Professeur Pierre Tattevin, spécialiste en maladies infectieuses au Centre hospitalier universitaire de Rennes, nous partage : « Le traitement des formes articulaires repose sur la doxycycline, la ceftriaxone ou l'amoxicilline pendant 28 jours. En cas de symptômes persistants après une borréliose de Lyme bien traitée, il est recommandé de ne pas répéter ou prolonger l'antibiothérapie. » Thévenard s'en explique : « Je prenais le traitement conventionnel mais mon état de santé n'évoluait pas. Ce n'est pas anodin non plus de prendre un antibiotique. Ce n'est pas un médicament qui te met en forme. D'autant que la bactérie s'adapte et développe une résistance. J'ai donc tenté tout ce qui est naturel. »
2023 fut pour lui « la pire année » de sa vie : « Je n'arrivais pas à courir plus de 20 minutes. Courir dans une montée, c'était impossible. J'avais un gros problème neurologique. » Il consulte des médecins français. Ils haussent les épaules : fatigue psychologique. C'est commode. Quand on marche droit, les gens vous croient en bonne santé.
« Comme je suis sportif, j'ai une bonne hygiène de vie, je peux toujours marcher, courir à petite dose, on ne se dit pas que je suis affecté. C'est le cas de beaucoup de malades. À moins qu'on soit en fauteuil roulant et qu'on n'arrive pas à marcher, on ne nous croit pas. » Alors il parle. Enfin. Il décide de raconter, de mettre un gros coup de pied dans la fourmilière. « La persistance de la Borrelia (la bactérie à l'origine de la maladie de Lyme) est reconnue aux États-Unis et en Allemagne. Là-bas, les traitements sont au point. Pourquoi pas ici ? Pourquoi ne prend-on pas nos souffrances au sérieux ? »
Documentaire L'Equipe Explore : Les naufragés d'Angolon
Désabusé, il traverse la frontière. En novembre 2023, direction la clinique Alviasana, à Augsbourg (Allemagne). Là-bas, il suit un protocole de soins combinant trois antibiotiques et de la phytothérapie. Une trithérapie. « Nous traitons non seulement l'infection, mais aussi l'inflammation et le système immunitaire, détaille le Docteur Sigrid Blehle, directrice de la clinique. Cela comprend par exemple aussi la thérapie des mitochondries, afin de traiter la fatigue et l'épuisement chroniques généralement présents. Notre thérapie est globale et combine la médecine classique et la naturopathie. » « Le conventionnel est quand même efficace », concède l'ultra-trailer. « Maintenant, par expérience, je me dis que c'est l'association des traitements naturels et conventionnels qui fonctionne le mieux contre cette maladie. »
« Notre décision de le soutenir dans son combat contre la maladie de Lyme témoigne de notre confiance en son courage inébranlable, son esprit humain et son retour à la compétition. »
Maxine Hünerwadel, responsable chez On Running
Selon le sportif, ce mélange lui aurait permis de revivre. Pas encore la vie d'avant, pas encore d'ultra, mais une vie, déjà. En attendant, il continue de s'engager pour la planète. Il anime des fresques du climat une fois par mois, tente d'éveiller les consciences.
Son traitement à un coût important (20 000 euros), supporté en partie par ses sponsors. « Notre décision de le soutenir dans son combat contre la maladie de Lyme témoigne de notre confiance en son courage inébranlable, son esprit humain et son retour à la compétition », explique Maxine Hünerwadel, responsable chez On Running. « On n'allait pas le lâcher parce qu'il était moins performant, explique Lucie Lacroix, en charge des partenariats athlètes du fabriquant jurassien de lunettes Julbo. On ne peut pas ''utiliser'' un sportif quand il marche bien et le lâcher à la moindre contrariété. En plus, Xavier est un enfant du pays, il porte de belles valeurs : il est attaché à la région, à son terroir, à la nature. »
Aujourd'hui, pas d'exploit mais du courage
Même son de cloche chez Baouw, autre sponsor à la fidélité sans faille : « Il nous semblait naturel de continuer à l'accompagner, même dans une période plus difficile pour lui, assure Nicolas Hays. Nous avons simplement adapté notre approche en mettant de côté la performance pure, au profit de ses stages et de son engagement RSE. » Moniteur de ski de fond en hiver, il encadre des stages de trail dans ses montagnes jurassiennes, au retour des beaux jours, 40 kilomètres, deux ou trois jours. Il gambade à un rythme tranquille. Loin du surhomme d'avant.
En mai dernier, il a participé au Trail des Forts de Besançon, 42 kilomètres et 1300 km de dénivelé positif, et terminé à 1 h 30 du vainqueur. « J'étais en mode balade avec des copains. Je ne me suis pas rentré dedans. Je n'ai pas l'autorisation de toute façon. » Pas d'exploit, mais du courage. Le public l'a reconnu. Et l'a encouragé, avec force. « Même si je n'ai jamais cherché à me mettre en avant, ça m'a vraiment fait plaisir. Les gens étaient hyperbienveillants, sympas avec moi tout au long du parcours. C'était beaucoup d'émotions. C'était à la fois hyperplaisant et hyperdur. J'ai tellement envie de revenir sur une course et de refaire un ultra. »
« J'espère que ça va se terminer un jour, cette histoire, parce que je ronge mon frein, confie-t-il. J'ai traversé des moments tellement compliqués, avec le moral au plus bas... » À date, son retour au plus haut niveau n'est pas encore possible. « Cette perspective existe », assure le Dr Blehle. « Il est encore assez jeune pour y arriver, je suis un bon exemple », glisse Pommeret, vainqueur à 49 ans de la Hardrock 100 en juillet pour la deuxième année de suite. « Je ferais tout pour me débarrasser de cette maladie, quitte à aller me faire soigner aux États-Unis », affirme Thévenard. Le combat continue.
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