Rachid Meziane raconte ses débuts en WNBA : «J'ai bien conscience que je ne suis pas dans le monde des Bisounours »
Lorsqu'il rappelle, Rachid Meziane ne dit pas s'il file à l'entraînement, ou s'il en revient. Mais le trajet, qu'il le mène à Uncasville - où siège la franchise WNBA du Connecticut Sun qu'il dirige depuis le début de saison - ou à sa résidence tout confort (et services) nichée au bord de l'Atlantique, permet au technicien de remonter le fil de ces premiers mois à arpenter le basket féminin américain. Les résultats de son équipe, dernière de la saison régulière (5 victoires en 28 matches), ne l'ont dévié de l'objectif qu'il s'est fixé : « européaniser » la meilleure ligue du monde. Un ambitieux projet qui lui permet, par ailleurs, de croiser - ou diriger - bon nombre de joueuses françaises, dont il mesure l'impact grandissant.
« Huit mois après votre départ de France, deux et demi après le début de la saison WNBA, quel premier bilan de votre aventure américaine pouvez-vous tirer ?Tout va tellement vite dans ce monde, que je n'ai toujours pas le temps de me rendre compte où je suis. Je suis systématiquement dans une salle ou dans les avions... Sur le plan sportif, on a connu une première partie de saison compliquée, avec du mal à trouver une identité, l'alchimie voulue. Les deux victoires de ces derniers jours (Golden State et New York), ont évidemment fait beaucoup de bien.
« Je n'ai jamais douté car on a toujours progressé. On a réussi à réduire les écarts au fur et à mesure, en nous rapprochant plus de la victoire »
Rachid Meziane
Malgré votre contrat de quatre ans, n'avez-vous pas eu peur pour votre poste lorsque Connecticut a longtemps enchaîné les défaites (10 de suite entre début juin et début juillet) ?Je n'ai jamais douté car on a toujours progressé. On a réussi à réduire les écarts au fur et à mesure, en nous rapprochant plus de la victoire. Si nous n'avions pas réussi à le faire, le groupe aurait implosé ! Ce qui n'est pas arrivé, on a évité la crise. Mais j'ai bien conscience que je suis dans un milieu où le résultat importe beaucoup et non pas dans le monde des Bisounours.
Vos dirigeants ne vous ont jamais fait part de leurs éventuels doutes ?J'ai une présidente (Jennifer Rizzotti) qui est une ancienne joueuse WNBA (deux fois championne avec les Houston Comets en 1999 et 2000) et ancienne coach. Elle est très lucide sur ce qu'il faut attendre de cette première année de transition. Elle ne m'a pas tenu un discours du genre "tu as le PSG entre les mains, tu dois gagner immédiatement " (il rit). Je sais que je suis venu en bâtisseur.
Y a-t-il eu un effet de surprise de votre côté, quant au type basket pratiqué ?Tout est décuplé en WNBA, et surtout le nombre de matches. À l'heure du All-Star Game ici (mi-juillet), j'avais coaché l'équivalent d'une saison régulière de Boulangère Wonderligue. Le basket en lui-même n'est pas si différent. C'est surtout la dimension physique des équipes qui est plus importante. Le sens du détail l'est aussi.
Est-ce aussi ce qui pourrait expliquer que le jeu que vous proposez, très européen, a eu tant de mal à éclore chez le Sun ?Bien entendu. J'ai persisté. Je persiste encore. Je cherche à mettre en place une culture du collectif, et une culture tactique du jeu. Au départ, je me suis heurté à un mur.
Un refus d'obstacle ?On a commencé par me dire "on n'a pas l'habitude de jouer comme ça ici ". Je pense que j'ai réussi à les convaincre qu'un style de jeu "à l'européenne "pouvait être une plus value pour nous avec des principes forts : circulation du ballon, scoring partagé, et implication défensive pour tout le monde.
Vous n'avez pas imaginé changer votre méthode ?Absolument pas. J'ambitionne d'imposer aux États-Unis cette autre façon de jouer. Il n'y a pas un entraînement où je ne martèle pas cette notion de "l'équipe d'abord, et ensemble ".
« Nos jeunes Françaises sont prêtes à jouer et à assumer des responsabilités. Le fait qu'elles aient côtoyé les plus hauts niveaux professionnels en Europe plus tôt que leurs concurrentes NCAA leur permet d'avoir tous les outils pour s'imposer ici »
Puisque vous les côtoyez de près, ou les entraînez (avec Leïla Lacan, Bria Hartley et Migna Touré), que pensez-vous de l'impact des joueuses françaises en WNBA ?Mettons Gabby Williams à part, car elle est dans une dimension supérieure aujourd'hui. Nos jeunes Françaises sont prêtes à jouer et à assumer des responsabilités. Le fait qu'elles aient côtoyé les plus hauts niveaux professionnels en Europe plus tôt que leurs concurrentes NCAA leur permet d'avoir tous les outils pour s'imposer ici.
Certaines ont disputé l'Eurobasket avec les Bleues : avez-vous été surpris du résultat de la France (4e) ?Je les voyais aller au bout. La France en avait vraiment les moyens. J'étais un peu déçu pour les filles. La France, sur le papier, c'était l'or après lequel elle court depuis si longtemps... Et pourtant c'est la Belgique qui vient d'en remporter deux de suite.
« J'ai repoussé quelques possibilités d'équipes nationales, mais la France est et restera spéciale »
Un deuxième sacre qui, après le premier que vous aviez obtenu en 2023, vous a mis du baume au coeur ?Ce premier titre, c'était plus qu'un accomplissement sportif, ça a créé des liens si forts entre joueuses et staff. Je suis par exemple allé dîner avec Emma Meesseman lorsque New York est venu ici la semaine dernière. J'étais évidemment heureux de les voir triompher à nouveau et j'aurais aimé gagner ce deuxième titre avec elles. Même si avec la Fédération belge nous avons essayé de trouver les solutions pour que je reste, mon choix de partir pour la WNBA - et le calendrier de la compétition - rendait la double fonction impossible.
Un retour au basket de sélection est-il d'actualité ? Pourriez-vous être intéressé par un retour en équipe de France, a minima dans un rôle d'assistant que vous occupiez du temps de Valérie Garnier (2013-2021) ?Je suis toujours intéressé quand il s'agit d'être connecté au basket de très haut niveau. Selon le rôle et si l'opportunité se présentait, sachant que les prochains événements (Mondial 2026 et JO 2028) se dérouleront avec les Américaines et donc pendant une trêve WNBA, ce serait difficile de dire non. J'ai repoussé quelques possibilités d'équipes nationales, mais la France est et restera spéciale. »
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