« C'est très dangereux » : la mise en garde des directeurs sportifs sur les zones de ravitaillement du Tour de France
Face à la hausse des températures et à la vitesse accrue des coureurs sur le Tour de France, plusieurs directeurs sportifs réclament des changements dans la réglementation des zones de ravitaillement, invoquant des risques accrus de blessures et de déshydratation pour les coureurs.
« Nous installons des zones de ravitaillement sur des portions plates et rapides où les coureurs roulent à 60 km/h, a déploré Philippe Mauduit, directeur sportif chez Groupama-FDJ, ce vendredi avant le départ de la 13e étape. C'est très dangereux. Un coureur qui tente d'attraper une musette (sac de ravitaillement) peut se casser un doigt ou chuter. Et s'il freine trop fort, il est lâché - et si le groupe accélère, il ne reviendra pas. »
« Faut-il attendre que quelqu'un décède au Mont Ventoux avant d'agir ? »
Philippe Mauduit, directeur sportif chez Groupama-FDJ
Bryan Coquard s'est cassé un doigt lors de la 12e étape, jeudi, en tentant d'attraper son sac de ravitaillement, et a annoncé son abandon après le contre-la-montre individuel de ce vendredi. Ce risque croissant, notamment en cas de conditions météorologiques extrêmes, incite les équipes et les organisateurs à réévaluer les protocoles de ravitaillement en course. « Par 35 °C, ce n'est pas un luxe, c'est vital, insiste Mauduit. Faut-il attendre que quelqu'un décède au Mont Ventoux avant d'agir ? »
L'une des principales critiques concerne l'implantation de zones de ravitaillement sur de longues lignes droites, au lieu de segments plus sûrs et plus lents, comme les légères montées ou les sorties de ville. Mauduit pointe du doigt les blessures récentes directement liées à ces zones de ravitaillement jugées dangereuses. « Il y a eu beaucoup de fractures de la clavicule et du scaphoïde cette saison. Nous mettons les coureurs dans des situations sans issue », assène-t-il.
Une coalition de directeurs sportifs, formée après le Critérium du Dauphiné en juin, a présenté des propositions de réformes à l'UCI, à ASO (Amaury Sport Organisation) et à l'AIGCP (Association internationale des groupes cyclistes professionnels). Parmi les changements déjà acceptés figure le rétablissement du ravitaillement dans les ascensions répertoriées. « Heureusement, nous pouvons désormais nous ravitailler au pied des côtes, souligne Mauduit. Le jury de course et Thierry Gouvenou (directeur technique du Tour) ont réagi rapidement. Mais ce n'est pas suffisant. »
Tom Southam, directeur sportif d'EF Education-EasyPost, partage ces préoccupations tout en reconnaissant la complexité du problème. « Le règlement a changé cette année, et ce n'est plus nous qui décidons de l'emplacement des ravitaillements, regrette-il. Maintenant, 23 équipes se disputent une place au même endroit. Cela augmente considérablement la pression. Même si nous placions nous-mêmes les zones de ravitaillement, sur une journée de 120 km sur du plat, ça ne changerait pas la situation. »
Si Southam salue le travail des organisateurs, il plaide également pour une plus grande implication des directeurs sportifs. « Il faudrait impliquer un directeur sportif qui connaisse le terrain : il faut un parking pour 23 équipes, une légère montée et des sections plus lentes. Sur d'autres courses, ils appellent un directeur sportif local et lui disent : "Vous pouvez nous aider ?" Ça marche. »
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