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Les recrues reviennent en force dans les écoles

Les recrues reviennent en force dans les écoles

La Presse12 hours ago
Des étudiants s'affairent à l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal.
« J'ai la passion des avions depuis que je suis petite et je me suis dit que c'était le temps. » Des recrues comme Valérie Piché, les écoles de formation en aérospatiale en comptent de plus en plus, au point d'être aux prises avec un beau problème : il manque d'espace pour en accueillir davantage.
Sans tambour ni trompette, des établissements comme l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal (EMAM) et l'École nationale d'aérotechnique (ENA) sont parvenus à inverser un déclin qui s'était observé au début de la décennie.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
gée de 27 ans, Valérie Piché a décidé de se tourner vers l'aérospatiale pour la suite de sa carrière.
Cet élan ne réglera pas à lui seul les besoins de main-d'œuvre dans l'industrie, qui a vu son nombre de postes grimper de 3,4 %, à 43 100, l'an dernier – une tendance qui n'a pas fini de prendre de l'altitude. Il a néanmoins de quoi rassurer beaucoup d'employeurs.
Usinage, tôlage, montage – et démontage – de moteurs… Les stations de formation des installations de l'EMAM sont occupées lorsque la directrice de l'établissement, Karine Fournier, accueille La Presse.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Karine Fournier, directrice de l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal (EMAM)
C'est notre meilleure année depuis les 10 dernières. Notre espace pour dîner peut accueillir environ 255 personnes. On doit fonctionner à deux dîners. Sinon, on n'a pas suffisamment de place pour asseoir tout le monde.
Karine Fournier, directrice de l'EMAM
On anticipait environ 475 élèves sur le quart de jour, une prévision qui pourrait être relevée à 550, ajoute Mme Fournier. La capacité d'accueil pourrait être de 1000 personnes s'il y avait des formations le soir et la nuit, ce qui n'est pas le cas actuellement.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Après des années de vaches maigres, les écoles de formation en aérospatiale constatent un regain d'intérêt.
Le portrait est similaire sur la Rive-Sud de Montréal. L'ENA pourrait accueillir 1000 élèves pour une formation collégiale à l'automne, une augmentation de 22 % par rapport à il y a quatre ans.
« On se rapproche nous aussi de notre capacité d'accueil [1300 élèves], explique Hélène Bailleu, directrice générale du cégep Édouard-Montpetit et de l'ENA. À l'inverse de ce qu'on a déjà connu, on voit une augmentation très rapide. »
Et quand on met le pied dans un centre de formation, pas besoin d'attendre bien longtemps avant de se trouver un gagne-pain. Sur les bancs d'école, les recrues savent souvent déjà où elles iront travailler.
Dans le cas de Mme Piché, ce sera chez Bombardier, dans l'arrondissement de Saint-Laurent. La femme de 27 ans ne s'en cache pas, la demande pour la main-d'œuvre a été l'un des facteurs qui l'ont incitée à délaisser le secteur de la construction pour l'aéronautique.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Benedict Cangé achève sa formation en tôlage à l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal.
« Je faisais de la livraison de colis et je cherchais quelque chose d'autre, lâche Benedict Cangé, 39 ans, à un atelier adjacent de Mme Piché. J'avais regardé la mécanique automobile et ça ne m'intéressait pas. Je suis arrivé dans la tôlerie. Je sais où je vais aller travailler après. C'est sécurisant de savoir cela. »
Cocktail d'ingrédients
Qu'est-ce qui a bien pu inverser la tendance dans les écoles de formation ? Il y a plusieurs éléments, mais la réponse peut se résumer de la sorte : un peu de tout.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Dean Chardly Hippolyte, étudiant à l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal
À l'EMAM, par exemple, le Programme de formations de courte durée (COUD) a donné un grand coup de main, explique Mme Fournier. La mesure finance la formation d'une personne n'ayant pas toutes les compétences requises pour occuper l'emploi visé. L'EMAM y participe depuis 2022-2023.
L'industrie a aussi mis la main à la pâte.
« J'ai constaté une grande différence de son implication à l'endroit des jeunes, affirme la présidente-directrice générale d'Aéro Montréal, Mélanie Lussier. Les entreprises accueillent de plus en plus de stagiaires, elles ont des employés affectés à la relève. On les voit davantage dans les écoles aussi pour prendre les devants. »
Un autre élément pèse aussi dans la balance. La perception du secteur a changé, et en mieux. Les images d'avions cloués au sol en raison de la pandémie de COVID-19 et les annonces de mises à pied généralisées ont été reléguées aux oubliettes.
Chez les principaux acteurs de l'industrie, Bombardier, par exemple, on a finalement repris de l'altitude après une douloureuse restructuration qui s'est échelonnée sur plusieurs années.
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Mélanie Lussier, présidente-directrice générale d'Aéro Montréal
L'industrie a traversé la pire crise qu'on a pu avoir et regardez, les carnets de commandes augmentent et les gens voyagent comme jamais. J'entends beaucoup moins parler de cyclicité. Oui, il y a des soubresauts, mais c'est un secteur résilient. Ce message passe bien depuis la pandémie.
Mélanie Lussier, présidente-directrice générale d'Aéro Montréal
Ce regain d'intérêt des recrues à l'endroit des écoles de formation est vu d'un très bon œil chez les employeurs. Selon le Comité sectoriel de main-d'œuvre en aérospatiale du Québec, on pourrait compter jusqu'à 67 000 postes dans l'industrie en 2031.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Ce regain d'intérêt des recrues à l'endroit des écoles de formation est vu d'un très bon œil chez les employeurs.
À cela s'ajoutent les départs à la retraite anticipés. C'est ce qui préoccupe des entreprises comme le spécialiste des pièces aéronautiques Groupe DCM.
« Dans une carrière de plusieurs décennies, on apprend beaucoup de choses, rappelle son président-directeur général, Jean-Charles Raillat. Il faut s'assurer que ce savoir est transmis à une nouvelle génération. Sinon, ces personnes vont peut-être mettre 15 ans à l'acquérir. On ne veut pas repartir à zéro. C'est pour cela que nous avons besoin de relève. »
La crise sanitaire a déjà laissé des traces chez les manufacturiers, ajoute le gestionnaire, étant donné que de nombreux travailleurs qui approchaient l'âge de la retraite ont décidé de tirer leur révérence lorsque tout s'est retrouvé sur pause.
Chez DCM, il a fallu travailler d'arrache-pied jusqu'à la fin de 2023 pour « stabiliser » la situation, affirme M. Raillat.
L'industrie aérospatiale au Québec 43 100 emplois (créneau de la construction)
5 grands donneurs d'ordres, dont Bombardier et Pratt & Whitney
15 équipementiers et spécialistes de la maintenance de premier rang
185 fournisseurs
Source : gouvernement du Québec et Aéro Montréal
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