
Un « Don Giovanni » glacial et abscons en ouverture d'Aix
« Qui est mort ? Vous ou le vieux ? » demande, terrorisé, Leporello à son maître, Don Giovanni, qui vient d'assassiner le Commandeur venu porté secours à sa fille Donna Anna. Toute l'ambiguïté et l'opacité de la mise en scène tiennent dans ces points d'interrogation. Don Giovanni est-il mort ? Est-ce son fantôme que l'on voit ? Est-il un double inversé du Commandeur ? Sont-ils les pôles opposés d'un même aimant ?
Le malheureux qui découvre « Don Giovanni » par ce spectacle risque de vite perdre pied. Robert Icke a manifestement voulu trop dire et part dans tous les sens. On sait Don Giovanni à la fois acteur et victime de son désir érotique, à la fois force agissante mais aussi caméléon qui s'adapte à son entourage. Mozart entretient le doute et ne le définit jamais par sa musique. Mais il est vrai que sa rencontre, mortelle, avec le Commandeur marque la fin de son règne, l'échec de son entreprise industrielle de séduction. « Etre fidèle à une serait cruel envers toutes les autres », affirme-t-il aussi naïvement que cyniquement.
C'est en vase clos, dans un univers sombre et à deux niveaux, semblable à un large duplex moderne, que Robert Icke lâche ses personnages et les laisse parfois se croiser et s'ignorer. Mais la scène contredit souvent ce qu'affirment le livret et la musique, obligeant sans cesse le spectateur à essayer de deviner les intentions du metteur en scène.
Que signifie ainsi l'apparition d'une enfant dans le fameux « Air du catalogue » dans lequel Leporello énumère les conquêtes de son maître ? Don Giovanni pédophile ? Est-ce l'image de Donna Anna enfant abusée par on ne sait qui ? Sont-ce les prochaines victimes du dissolu ? Les costumes n'éclaireront pas davantage. Don Giovanni porte un large survêtement blanc qu'il souillera de sang durant le spectacle, durant sa longue descente aux enfers, durant la quête de ce coeur qui semble lui échapper mais qu'une sonorisation puissante fait résonner de temps en temps.
L'intensité d'Andrè Schuen
Ce spectacle qui cherche et qui se cherche, inabouti et glacial, totalement privé d'humour, ne peut compter sur la distribution, elle aussi inégale. La basse polonaise Krzysztof Bączyk compose ainsi un Leporello sinistre, sans la moindre faconde, plus guindé que Nestor à Moulinsart (est-ce une directive du metteur en scène ?) et à l'intonation souvent fluctuante.
Le Don Ottavio, rôle, il est vrai, peu valorisant de fade fiancé de Donna Anna, d'Amitai Pati reste confiné dans une mièvrerie sans lumière. Et Clive Bayley surprend par la légèreté d'une voix qui n'atteste pas de l'autorité du Commandeur. Madison Nonoa incarne en revanche une piquante Zerline, et Magdalena Kozena, malgré quelques limites, prête à Donna Elvira, l'épouse répudiée de Don Giovanni, un timbre chaleureux et une musicalité souveraine.
Andrè Schuen, dans le rôle-titre, Pawel Horodyski, rayonnant Masetto, rôle de benêt pourtant ingrat, et la soprano sud-africaine Golda Schultz apportent enfin de la passion et de l'intensité à ce combat entre Eros et Thanatos où le second semble avoir triomphé trop facilement. Dans la fosse, avec l'impétuosité, la ductilité et l'attention portée aux nuances (Ah, ces ineffables pianissimo !) qu'on lui connaît, Simon Rattle apporte, avec le concours d'un orchestre symphonique de la Radio bavaroise royal, l'énergie et la générosité qui font tant défaut à la scène.
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