« La démarche judiciaire sans fin » : pourquoi Delfim en veut encore à l'OM plus de vingt ans après
Le premier coup de fil remonte au 28 novembre 2022. Depuis le Portugal, sur recommandation d'un ami dirigeant en France, Delfim nous avait narré, ce soir-là, ses dernières aventures, sa peine, surtout, et son combat « pour la vérité » : « Je suis là pour ouvrir un peu mon coeur. » Près de vingt ans après son départ de l'OM, en 2006, l'ex-international portugais (1 sélection) se bat toujours, seul contre tous, et parfois contre lui-même, pour faire reconnaître et indemniser une blessure qui aurait ruiné sa vie.
Le lundi 2 juillet 2001, sa photo fait la une du cahier des sports de La Provence. Formé au Boavista, le jeune milieu droitier du Sporting, 24 ans à l'époque, vient d'être recruté par Bernard Tapie contre 20 millions de francs, l'équivalent de 4,5 M€. Un contrat de cinq ans l'attend après une saison tronquée (12 matches) par des soucis à un genou mais qui n'a pas atteint sa bonne réputation. L'OM, lui, sort de deux exercices très délicats, l'instabilité est encore forte cet été-là et le bilan comptable final ne sera guère plus reluisant (9e place).
Si Delfim recense 21 apparitions en 2001-2002, il n'en affichera qu'une la saison suivante. Une entrée en jeu d'une quinzaine de minutes face à Nantes (0-2), lors de la première journée, délocalisée à Lyon. Ce 3 août 2002, lors du trajet en car, le joueur se souvient s'être endormi dans une mauvaise position et avoir ressenti des douleurs lombaires au réveil. Puis, au retour à Marseille, il dit avoir été manipulé à deux reprises par le kiné du club, deux et quatre jours après le match, sans effet, la seconde intervention aggravant même la situation, selon ses dires.
Dans ses conclusions, un de ses avocats décrit : « Il quitte la pièce dans laquelle il a été brutalement manipulé, courbé, en pleurs : la douleur l'empêche de se redresser. C'est à compter de cette date [...] que le concluant devra cesser la pratique du football à très haut niveau, même s'il a tenté de reprendre cette activité par la suite, mais son élan a été brisé. S'en est suivie une très longue, trop longue, série de mésaventures médicales, psychologiques et juridiques. »
Il reprend sa carrière en pointillé
Après plusieurs diagnostics et opérations bancals, Delfim se voit poser, à vie, une plaque et des vis dans la colonne vertébrale. Son corps n'est pas fait pour reprendre la compétition. Il ne peut plus tenir ses enfants en bas âge dans ses bras. Dans nos colonnes, Antonio Gaspar, physiothérapeute de la sélection portugaise, parle d'un « état d'invalidité totale » courant 2004. Mais le Portugais reprendra le fil de sa carrière, en prêt d'abord, au Moreirense (Portugal) en 2005, pour sept matches, avant de rejouer 13 matches à Marseille, dont le fameux match des Minots, jusqu'à la fin de son contrat, de partir à Berne puis de rentrer au pays.
On a retrouvé les Minots de PSG-OM 2006
Pendant sa convalescence, déjà, en 2003, Delfim s'était attaqué publiquement à la responsabilité du club, qui ne le payait plus, et de son néo-président Christophe Bouchet. Pourtant, à son retour, en 2005, il ne voulait plus parler de son « trou », trop heureux de retoucher le ballon. Mais il n'a jamais vraiment oublié.
Alors, en 2012, il a rouvert le dossier et demandé au tribunal de Marseille la désignation d'un expert médical pour évaluer son préjudice. Le rapport d'expertise a été rendu six ans plus tard, début 2018, et a conclu à un état antérieur à sa période marseillaise. L'ex-milieu a donc exigé son annulation et de nouvelles instructions, tout en assignant le kiné, son ancien club et l'assureur et en réclamant respectivement 850 000 et 20 000 euros au premier et au second. Il a encore perdu et a été condamné pour « procédure abusive », le 19 mars 2019.
On a retrouvé les Minots de PSG-OM 2006
Le 6 octobre 2021, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a confirmé la décision mais a retiré le caractère abusif, étant donné que ses antécédents concernaient des blessures au genou. Outre une « stratégie judiciaire tardive et placée sous le signe d'une certaine hésitation », la cour retient « l'absence de lien de cause à effet entre les soins prodigués et les douleurs invoquées ». L'OM, dans son argumentaire, assénait : « Cette nouvelle procédure et la remise en cause de la probité de l'expert apparaissent une étape de plus dans la démarche judiciaire, sans fin, de Monsieur Delfim. » Ce qui n'a fait que renforcer le courroux du plaignant.
« Ils ont vraiment tué l'athlète rêveur, mais, sans s'en rendre compte, ils ont énormément renforcé... L'HOMME ! »
Delfim, dans un courriel
En preuve de sa bonne foi, Delfim nous a fait suivre pas moins de 137 pièces. Des coupures de presse, des décisions de justice, des échanges avec ses avocats, l'UNFP et la LFP, des attestations de témoin, son contrat avec l'OM, sa déclaration d'accident du travail, des ordonnances, des radios de ses vertèbres... Dans un courriel, il utilise ces formules : « Mon silence est fini ! La force de ce véritable DRAME met en évidence la faiblesse de l'homme soumis à la force du pouvoir et de l'argent ! [...] Ils ont vraiment tué l'athlète rêveur, mais, sans s'en rendre compte, ils ont énormément renforcé... L'HOMME ! »
Delfim a démarché les plus grands cabinets de la place parisienne pour défendre sa cause, celle, écrit-il, d'un « des meilleurs joueurs de sa génération » devenu « un cobaye » au milieu des « tentacules de la loi OM », qui, d'après lui, impressionne la justice française. En plus de dix années de procédure, il a changé d'innombrables fois de conseil, soit par manque de résultat, soit par soupçon de collusion. Il a fini par accepter de nous rencontrer, le 11 mai 2023, lors d'un de ses passages à Paris, même silhouette affûtée, chevelure brune et teint hâlé, mais a toujours repoussé l'idée d'un entretien formel à l'échéance de son pourvoi en cassation. Lequel est tombé le 6 février dernier, rejetant lui aussi sa requête.
La crainte d'être « poursuivi, observé et contrôlé par les forces gouvernementales françaises »
Avant la décision, fin 2024, Delfim nous indiquait avoir été « poursuivi, observé et contrôlé par les forces gouvernementales françaises à Bordeaux » et en a déduit que « notre communication est logiquement contrôlée ». Depuis, il se fait plus discret, toujours persuadé d'être « surveillé par les autorités françaises ». Dans un message, il annonce s'être désormais tourné vers la Cour européenne des droits de l'Homme, sans vouloir s'exprimer davantage. Avec cette signature erronée mais si évocatrice : « DelfiLm ».

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