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« Détérioration » en Europe, Israël épargné : ce que dit le dernier rapport américain sur les droits humains

« Détérioration » en Europe, Israël épargné : ce que dit le dernier rapport américain sur les droits humains

Le Parisien4 days ago
Ce document est toujours très attendu. Et cette année, il s'est particulièrement fait désirer. Ce mardi, les États-Unis ont rendu leur rapport annuel sur les droits humains, plus de quatre mois après la date habituelle.
Brossant un tableau de la situation des droits humains dans le monde, pays par pays, le rapport annuel du département d'État, censé refléter les nouvelles priorités de politique étrangères de l'administration américaine, heurte bien souvent nombre de gouvernements. Mandaté par le Congrès américain, il est considéré par les experts comme faisant référence.
Le rapport ayant été en partie rédigé sous la présidence du démocrate Joe Biden, il a été amendé et restructurer par le département d'État afin d'y intégrer les priorités de l'administration Trump, par exemple contre les politiques favorisant les programmes de diversité ou encore l'avortement. Cette nouvelle version fait déjà réagir.
Un tacle à l'Europe
Le département d'État, chargé du rapport, estime que la situation « s'est détériorée au cours de l'année » en Allemagne, au Royaume-Uni et en France. Une référence, notamment, à la nouvelle loi britannique sur la sécurité en ligne, qui doit servir à mieux protéger les enfants, mais qui a suscité les vives critiques du réseau social X, appartenant à Elon Musk.
« Les gouvernements continuent de recourir à la censure, à la surveillance arbitraire ou illégale et à des lois restrictives contre les voix qui leur déplaisent, souvent pour des raisons politiques ou religieuses », a martelé la porte-parole du département d'État américain, Tammy Bruce.
Cette vision de l'Europe de l'ouest propagée par l'administration Trump n'est pas nouvelle. En février dernier, le vice-président américain, JD Vance, avait affirmé, lors d'un discours à Munich, que la liberté d'expression « reculait » sur le Vieux continent, et épousé les vues des partis comme l'AfD, récemment classé « extrémiste de droite » par les renseignements intérieurs allemands.
L'Afrique du Sud et le Brésil dans le viseur
Le gouvernement américain tire à boulets rouges sur deux pays avec qui il entretient des relations très tendues : l'Afrique du Sud et le Brésil.
« La situation des droits humains en Afrique du Sud s'est considérablement détériorée au cours de l'année », relève Washington, qui estime que Pretoria « a franchi une étape très inquiétante vers l'expropriation des Afrikaners et de nouvelles violations des droits des minorités raciales dans le pays ». Le président américain a dénoncé avec virulence cette récente loi qui vise à faciliter la redistribution des terres, héritée de l'apartheid, l'ex-régime de la minorité blanche.
Quant au Brésil, le département d'État y dénonce le fait que les tribunaux « ont pris des mesures excessives et disproportionnées pour porter atteinte à la liberté d'expression (…) et au débat démocratique en restreignant l'accès aux contenus en ligne jugés nuisibles à la démocratie », selon le rapport. Difficile de ne pas y voir une nouvelle preuve du soutien de Donald Trump à l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro, en plein procès pour tentative de coup d'État, alors que le juge de la Cour suprême brésilienne, Alexandre de Moraes, est visé par de multiples sanctions américaines.
Israël et le Salvador épargnés
Israël, dont les États-Unis sont le principal allié, est épargné par le rapport. Si le texte pointe bien le fait que la guerre entraîne « une hausse des violations des droits humains », il assure que le gouvernement a pris des mesures pour « identifier les responsables ayant commis des abus », et omet, en revanche, le mandat d'arrêt émis par la Cour internationale de justice contre Benyamin Netanyahou.
S'agissant du Salvador, proche allié de l'administration Trump, le département d'État assure n'avoir « pas d'informations crédibles faisant état d'abus significatifs des droits humains ». Le pays est pourtant pris à partie par nombre d'ONG pour sa guerre sans merci contre les « maras », les gangs qui terrorisaient la population. Pas un mot, non plus, sur la prison de haute sécurité vers laquelle les États-Unis avaient expulsé des centaines de Vénézuéliens, plus tôt cette année, alors que des détenus ont fait part d'abus.
VidéoBukele, le « dictateur cool » du Salvador autorisé à se présenter à vie
Le chapitre LGBT supprimé
Comme l'a repéré la BBC, des sections présentes habituellement dans les rapports annuels du département d'État américain ont été supprimées, notamment celles concernant les persécutions subies par les personnes LGBTQ, ou encore la corruption au sein des gouvernements.
« Edulcorer et politiser »
Des élus de l'opposition démocrate, ainsi que des ONG, se sont inquiétés que le rapport ne dresse pas un tableau sincère des violations des droits humains dans le monde. « Les mesures prises par l'administration Trump pour édulcorer et politiser ces rapports compromettent leur objectif même et nuisent à la crédibilité du département d'État lui-même », a fustigé la semaine dernière le sénateur démocrate, Chris Van Hollen, selon un communiqué. « Il est clair » que le gouvernement « s'est livré à une documentation très sélective », a jugé Amnesty International.
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Un an après la dissolution de l'Assemblée nationale, comment le Sénat est devenu une pièce maîtresse
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Un an après la dissolution de l'Assemblée nationale, comment le Sénat est devenu une pièce maîtresse

POLITIQUE - Les sénateurs ont la cote. C'était loin d'être le cas en 2019, quand, à la faveur de la crise des Gilets Jaunes, Emmanuel Macron interrogeait les Français sur une éventuelle « transformation » du Palais du Luxembourg. Les élus concernés s'étranglent. Fort de sa majorité à l'Assemblée nationale, le chef de l'État chercherait-il à tuer le bicamérisme ? Cinq ans plus tard, la question n'est plus d'actualité et jamais le Sénat n'a eu autant d'importance aux yeux de l'exécutif. C'est sans doute le député Ensemble pour la République Jean-René Cazeneuve qui le résume le mieux : « L'Assemblée tweete, le Sénat légifère », soupire-t-il le 2 juillet dernier sur LCP, alors que ses collègues viennent de voter une motion de rejet pour empêcher l'examen de la controversée réforme de l'audiovisuel public. De là à dépeindre les députés en enfants terribles, uniquement amateurs de punchlines et obnubilés par leur visibilité sur leurs réseaux sociaux ? Lire aussi Dans le scandale CumCum, le gouvernement fait marche arrière après la colère du Sénat En réalité, si l'Assemblée nationale souffre de la comparaison avec le Sénat, c'est principalement lié à sa composition. Une situation apparue dès 2022 et devenue criante à la lumière des résultats des législatives anticipées de l'été dernier. Une presque majorité confortable… N'allez pas croire que le Sénat dispose de la majorité qui manque cruellement au(x) gouvernement(s) à l'Assemblée nationale. Pour y prétendre, il faudrait qu'un groupe compte au moins 174 sénateurs dans ses rangs. Or, le groupe le plus imposant, Les Républicains, en a tout juste 130, dont le président de la chambre Gérard Larcher. Mais - et c'est la grande différence avec l'Assemblée -, les sénateurs LR travaillent souvent avec le groupe Union centriste qui compte 59 élus. Sans oublier les 19 autres du groupe macronistes RDPI. Soit un joli total de 208 voix, largement suffisantes pour faire pencher le Palais du Luxembourg d'un côté même si une ou deux dizaines de voix font parfois défaut. Ces calculs politiques, Michel Barnier, premier Premier ministre post-dissolution, les a faits dès son arrivée à Matignon. C'est tout naturellement que le Savoyard, membre des Républicains, se tourne vers sa famille politique pour constituer son gouvernement. Mais il ne pioche pas parmi les députés, qui ont perdu une dizaine des leurs dans les législatives anticipées. Non, Michel Barnier regarde du côté des sénateurs et en débauche près d'une dizaine : Bruno Retailleau président du groupe est propulsé à l'Intérieur avec Jean-Noël Buffet, Sophie Primas et Agnès Canayer y sont également… Prenant sa place trois petits mois plus tard, François Bayrou rééquilibre (très) légèrement le glissement à droite mais conserve la prime à la logique sénatoriale : sept membres de son gouvernement ont jadis occupé un siège au Palais du Luxembourg. Alors qu'à l'Assemblée, le concept de « majorité » est devenu très aléatoire, le gouvernement s'appuie sur le Sénat. Entre le 1er octobre 2024 et le 13 juillet 2025, sur les 71 textes adoptés, 22 viennent du Sénat, selon le rapport d'activité de l'institution, soit 10 de plus que lors de la session précédente. Et pour la plupart, ils reçoivent la bénédiction du gouvernement. C'est par exemple le cas de la loi Duplomb, proposée à l'origine par le sénateur LR du même nom. La réforme de l'audiovisuel public, défendue corps et âme par Rachida Dati, vient aussi des LR et a été adoptée par la Chambre haute quand l'Assemblée l'a rejetée par deux fois. À l'inverse, la taxe Zucman votée à l'Assemblée a été retoquée au Sénat … là encore raccord avec le gouvernement. Décidément. ... Mais pas forcément docile Après avoir laissé la part belle aux propositions de loi, le gouvernement de François Bayrou entend reprendre la main à la rentrée, en multipliant les projets de loi. Quatre d'entre eux ont été présentés lors du dernier conseil des ministres avant la pause estivale : la loi constitutionnelle sur le statut de la Corse, la réforme sur la régulation de l'enseignement supérieur privé, le projet de loi pour lutter contre la vie chère dans les Outre-mer et un dernier sur la restitution de biens culturels. S'y ajouteront la réforme judiciaire de Gérald Darmanin, un projet de loi contre la fraude sociale, un autre sur la protection de l'enfance… Le Sénat est bien parti pour rester au centre du jeu. Trois de ces textes commenceront leur parcours législatif par le Palais du Luxembourg, a tranché le gouvernement. Sous réserve de son dépôt et de la convocation de la session extraordinaire, celui sur la restitution des biens culturels est prévu à l'ordre du jour le 24 septembre. Il devrait être suivi par celui sur la vie chère ultramarine (29 septembre) puis par la réforme constitutionnelle sur la Corse, que le ministre François Rebsamen espère voir examinée « du 17 au 21 octobre » avant un passage à l'Assemblée « fin novembre ». Ce dernier dossier pourrait bien tendre les relations entre le gouvernement et son nouveau chouchou parlementaire. Juste avant la coupure estivale déjà, l'adoption de la loi PLM a tourné au bras de fer entre les deux, pour la première fois sous l'ère Bayrou. 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Le pays andin de 11,3 millions d'habitants se rend aux urnes ce dimanche, lassé du manque de dollars et de carburant, conséquence d'une économie en crise. Plongés dans une grave crise économique, les Boliviens élisent dimanche leur prochain président lors d'un scrutin où la droite semble en position de clore le cycle initié il y a vingt ans par l'ancien président socialiste Evo Morales. Le pays andin de 11,3 millions d'habitants se rend aux urnes lassé du manque de dollars et de carburant, conséquence d'une économie en crise, et les yeux rivés sur les prix. L'inflation annuelle frôle 25%, un record en 17 ans. Tenu pour responsable de la débâcle, le président sortant Luis Arce, autrefois soutenu par Evo Morales mais désormais en conflit avec lui, a renoncé à briguer un second mandat. Andronico Rodriguez, le président du Sénat également issu de la gauche, et le candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS) au pouvoir depuis 2006, Eduardo del Castillo, restent largement distancés dans les enquêtes. Publicité Dans ce contexte, deux candidats de droite, parmi les huit en lice, se disputent la première place: le millionnaire de centre-droit Samuel Doria Medina, 66 ans, et l'ancien président de droite Jorge «Tuto» Quiroga, 65 ans. Les derniers sondages créditent le premier de 21% et le second de 20%, contre 5,5% pour Andronico Rodriguez et 1,5% pour Eduardo del Castillo. Sauf surprise, les deux favoris devraient se retrouver lors d'un second tour le 19 octobre pour un duel inédit à droite. Tous deux promettent de rompre avec le modèle étatiste instauré par Evo Morales, figure marquante de la gauche latino-américaine. Sous sa présidence (2006-2019), la pauvreté a reculé et le PIB triplé, mais la chute des revenus gaziers depuis 2017 a plongé le pays dans la crise. «Nous n'allons pas légitimer cette élection truquée» La gauche pourrait connaître son pire revers électoral depuis l'arrivée au pouvoir d'Evo Morales. L'ancien chef d'État amérindien de 65 ans espérait briguer un quatrième mandat présidentiel, mais la justice, en les limitant à deux, l'a écarté de la course. Visé par un mandat d'arrêt dans une affaire de traite de mineure qu'il conteste, l'ancien syndicaliste des planteurs de coca vit désormais retranché dans son fief du centre du pays. Malgré son éviction, le premier chef d'État bolivien d'origine indigène garde cependant de solides appuis dans certains bastions ruraux et autochtones, et menace de mobiliser ses partisans si la droite l'emporte. «Nous n'allons pas légitimer cette élection truquée», a-t-il déclaré à l'AFP. Ses soutiens appellent au vote nul. Le conflit entre Evo Morales et son ancien ministre Luis Arce a fracturé le MAS et accentué la crise. Le leader indigène a encouragé les blocages de routes qui ont paralysé plusieurs régions, accusant son ancien dauphin de mauvaise gestion et de manipulation des institutions pour l'écarter du scrutin. Pour Daniel Valverde, politologue à l'Université Gabriel René Moreno, «le pire ennemi de la gauche a été la gauche elle-même». «La corruption, la mauvaise gestion, le manque de décisions et l'improvisation ont fini par fatiguer la population», juge-t-il. Publicité Outre le président et le vice-président, les près de huit millions d'électeurs du pays doivent aussi renouveler le parlement bicaméral.

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