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Trump impose au Brésil des droits de douane punitifs pour protester contre le procès Bolsonaro

Trump impose au Brésil des droits de douane punitifs pour protester contre le procès Bolsonaro

Les tensions qui couvaient entre le Brésil et les États-Unis depuis plusieurs jours 'ont soudainement éclaté' mercredi et les deux pays semblent s'être bel et bien 'lancés dans une guerre commerciale', constate le New York Times.
Cette poussée de fièvre intervient le jour où devaient entrer en vigueur les droits de douane punitifs décidés unilatéralement par la Maison-Blanche contre le reste du monde en avril dernier.
La date butoir a depuis été reportée au 1er août, mais cette semaine, 'Trump a envoyé vingt-deux lettres à des pays du monde entier, y compris à des partenaires commerciaux comme le Japon, la Corée du Sud et le Sri Lanka, décrivant les nouveaux droits de douane qui s'appliqueront à leurs marchandises' en août, rappelle la BBC.
Mercredi, c'était au tour du Brésil de recevoir la missive, 'beaucoup plus ciblée' que celles envoyées ces derniers jours à d'autres pays, et 'menaçant d'une augmentation significative des droits de douane de 10 % que la Maison Blanche avait précédemment annoncés sur les marchandises en provenance du pays', note le diffuseur britannique.
Et pour cause : à ces 10 %, Donald Trump menace maintenant d'ajouter un taux supplémentaire de 50 %. Et la raison n'est pas économique, mais ouvertement politique.
'Véritable punition'
'Il s'agit d'une véritable punition, une mesure de représailles, écrit Trump, pour le traitement réservé par ses autorités à l'ancien président Jair Bolsonaro, qu'il considère comme victime d'une 'chasse aux sorcières' dans le procès pour sa participation au coup d'État de janvier 2023', explique El País.
Dans sa lettre au président brésilien Lula, le locataire de la Maison-Blanche estime en effet que 'la manière dont le Brésil a traité l'ancien président Bolsonaro, un dirigeant très respecté dans le monde entier pendant son mandat, y compris par les États-Unis, est une honte internationale'. Il y qualifie les poursuites à l'encontre de l'ex-président de 'chasse aux sorcières' et exige qu'elles prennent fin 'immédiatement'.
Cette tentative du président américain de 's'immiscer dans le fonctionnement des affaires internes et des tribunaux d'un pays étranger est sans précédent', observe le quotidien espagnol. D'autant qu'elle 'n'obéit pas à des motifs commerciaux, les États-Unis jouissant d'un excédent commercial avec le Brésil'.
'Chantage explicite'
Mais Lula 'a indiqué que son pays réagirait si Donald Trump mettait à exécution sa menace d'imposer une taxe de 50 % sur les importations de biens en provenance de la plus grande économie d'Amérique latine', relève le Financial Times.
Il a menacé de 'réciprocité' toute mesure de hausse de droits de douane décidée unilatéralement, et rappelé au passage que le Brésil était 'un pays souverain avec des institutions indépendantes, qui n'acceptera la tutelle de personne'.
Avec son courrier de représailles, Donald Trump 'utilise les droits de douane pour interférer dans le procès d'un allié' et se livre à 'un acte de chantage explicite en faveur de l'impunité' de l'ancien chef d'État, jugé pour tentative de coup d'État, s'insurge O Globo.
Folha de São Paulo n'en revient pas non plus de voir un président américain qualifier de 'honte internationale' le fait de juger – et peut-être punir – 'le perdant d'une élection transparente qui, incapable d'accepter sa défaite, a orchestré un coup d'État, vandalisé des bâtiments appartenant aux trois pouvoirs du gouvernement et aurait ourdi l'arrestation et la mort de fonctionnaires'.
Le clan Bolsonaro à la manœuvre
Mais le grand quotidien brésilien y voit l'ombre du clan Bolsonaro lui-même, notamment du fils de l'ex-président, Eduardo Bolsonaro, exilé volontaire en Floride, d'où il défend son père à cor et à cri dans les cercles trumpistes.
Bolsonaro et ses proches 'conspirent contre le Brésil en célébrant l'imposition de droits de douane sur les produits brésiliens, en violation des principes fondamentaux de souveraineté, car ils veulent intervenir dans le système judiciaire brésilien et non résoudre le déficit commercial', affirme Fohla de São Paulo. 'Quelque part en Floride, le clan Bolsonaro ouvre actuellement une bouteille de champagne en se moquant du Brésil – en l'occurrence, de nous'.
Mais pour Politico, la démarche de Trump est 'conforme' à sa conviction selon laquelle 'les droits de douane ne se limitent pas au commerce et peuvent être utilisés comme levier pour forcer certains pays à céder sur des dossiers variés, allant de l'immigration aux dépenses de défense'.
'La tentative de M. Trump d'utiliser les droits de douane pour intervenir dans un procès pénal dans un pays étranger est un exemple extraordinaire de la manière dont il utilise les taxes comme une arme universelle', renchérit le New York Times. 'Et de la manière dont elles peuvent entraîner un désastre économique', ajoute-t-il.

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