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35 ans après la crise d'Oka

35 ans après la crise d'Oka

La Presse9 hours ago
La ferme biologique Les Jardins de la Pinède a été rachetée par le Centre de santé de Kanesatake en 2024, après avoir fait faillite.
Une centaine d'enfants de Kanesatake passeront les belles heures d'été dans un camp de jour créé dans une ferme de la région. Une initiative hors du commun du centre de santé local, dirigé par un ancien… policier !
« Notre culture est très riche, mais pour qu'elle soit transmise, elle doit être enseignée », lance David Gabriel. « Nous voulons que les enfants soient en relation avec le territoire, avec la nourriture, les animaux, qui jouent un rôle vital sur cette Terre. »
Nous rencontrons ce citoyen de Kanesatake* alors qu'il prépare des ruches pour la saison, en juin, à la ferme située sur le rang de l'Annonciation, à Oka. Dehors, des fleurs de ciboulette ploient leurs têtes violettes dans le vent. Des poules picorent, des lamas broutent. Derrière M. Gabriel, des paniers tressés traditionnels créent un cadre bucolique.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Les activités agricoles sont en marche lors du passage de La Presse.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Des enfants de la communauté passeront l'été ici dans un camp de jour.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE David Gabriel prépare les ruches pour la saison.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE La serre automatisée construite par Les Jardins de la Pinède, ancien propriétaire des lieux, a coûté beaucoup plus cher qu'anticipé. La facture a mené à la faillite de cette ferme de produits biologiques qui était installée depuis neuf ans.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Les activités agricoles sont en marche lors du passage de La Presse.
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Il y a un an, le Centre de santé de Kanesatake a fait l'acquisition des Jardins de la Pinède, joyau des fermes biologiques de la région qui venait de faire faillite. Le but : offrir une enclave préservée, un environnement sain, pour les membres de la communauté, surtout les enfants.
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Jeremy Tomlinson, directeur général du Centre de santé de Kanesatake
Ceux-ci apprennent les valeurs, les histoires et les traditions kanien'kehá (mohawks) à l'école locale. Des valeurs comme maintenir des liens familiaux profonds. La réciprocité avec la nature. « Mais quand ils sortent de l'institution, ils voient leur peuple en train de détruire le monde avec lequel il est censé être en relation », dénonce Jeremy Tomlinson, directeur général du Centre de santé. « Ça crée une dissonance. »
Dépotoirs illégaux⁠, cours d'eau pollués, déversements sauvages de sols contaminés 1,2 : la communauté autochtone a fait les manchettes depuis plus de deux ans en raison de méfaits environnementaux commis sur ses terres. Une situation qui met en relief la « zone de non-droit » qu'est devenu le territoire, aux prises avec une criminalité organisée, a dénoncé un regroupement de citoyens.
Pour les enfants qui grandissent sur place, les signes de destruction sont partout, ajoute M. Tomlinson.
Depuis son arrivée en poste, Jeremy Tomlinson prône une vision holistique de la santé.
Les traumas sont l'une des causes principales des problèmes que nos gens vivent, que ce soit les dépendances, la santé mentale ou des maladies qu'on peut prévenir, comme l'obésité, le diabète ou la haute pression.
Jeremy Tomlinson, directeur général du Centre de santé de Kanesatake
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Des magasins vendant du cannabis, des cigarettes ou promouvant les jeux de hasard bordent la « Strip » de la route 344. Mais ces commerces ne représentent pas les valeurs de la communauté, ont affirmé plusieurs citoyens à La Presse.
La prévention et la guérison commencent dès l'enfance, ajoute le directeur. Mais comment revitaliser la culture quand l'environnement contredit les valeurs qu'on tente d'inculquer à la jeunesse ? C'est de cette question que le projet de la ferme est né.
Un lieu différent
En 2024, le Centre de santé a réussi à obtenir un financement de 4,2 millions de dollars du gouvernement fédéral pour acquérir Les Jardins de la Pinède. Un « projet superbe », a souligné sur Facebook la copropriétaire de la ferme, Marie-Josée Daguerre. Malgré son deuil, Mme Daguerre a souhaité aux membres de la communauté de Kanesatake « sincèrement de tout cœur le meilleur et surtout qu'ils protègent cette magnifique terre ».
Le maire d'Oka a toutefois dénoncé la transaction, une possible « expropriation déguisée », selon lui, dans les pages du Devoir, en juillet 2024 (une affirmation contredite par le gouvernement fédéral).
En plus des projets d'agriculture, les lieux offrent désormais des ateliers d'artisanat traditionnel comme le tressage de paniers et le travail du bois. Des groupes scolaires ont pu en profiter au courant de l'année, affirme Jeremy Tomlinson. Depuis la fin des classes, la ferme accueille aussi une centaine d'enfants, dans un camp de jour sous forme de projet-pilote.
Presque tous les enfants de la communauté sont inscrits, souligne M. Tomlinson. Il y voit une preuve de l'adhésion des citoyens au projet qui, espère-t-il, continuera de fleurir.
* La Presse utilise la terminologie française pour les noms autochtones, dont Kanesatake. L'orthographe préconisée par la communauté est Kanehsatà:ke.
⁠1. Lisez « Des eaux toxiques dans une 'zone de non-droit' »
⁠2. Lisez « Des déversements de sols causent de vives tensions à Kanesatake »
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Un projet de « ville humanitaire » israélien provoque un tollé
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Des Palestiniens inspectent les décombres d'une station-service détruite par une frappe aérienne israélienne à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 12 juillet 2025. (Jérusalem) Une proposition israélienne visant à regrouper l'ensemble de la population de Gaza dans une « ville humanitaire » provoque un tollé, ses détracteurs y voyant une première étape vers le retour d'une administration israélienne dans le petit territoire palestinien. Gianluca PACCHIANI Agence France-Presse Présenté le 7 juillet par le ministre de la Défense, Israël Katz, le plan prévoit l'établissement d'une zone fermée dans le sud de la bande de Gaza en cas de cessez-le-feu de 60 jours avec le Hamas, actuellement en négociation au Qatar. La guerre a été déclenchée par une attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023. En représailles, l'armée israélienne a lancé une vaste offensive à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts. Selon M. Katz, cette zone accueillerait dans un premier temps quelque 600 000 déplacés originaires du sud de Gaza et comprendrait quatre centres de distribution d'aide humanitaire, gérés par des organisations internationales. À terme, l'ensemble de la population civile de Gaza, soit plus de deux millions de personnes, serait relocalisée dans cette zone. Les nouveaux arrivants seraient soumis à un contrôle de sécurité pour assurer qu'ils ne sont pas affiliés au Hamas. Une fois admis, ils ne seraient pas autorisés à quitter la zone. La sécurité serait assurée à distance par l'armée israélienne, selon M. Katz. « Camp de concentration » Ce projet a déclenché un torrent de critiques, y compris au sein de la direction sécuritaire israélienne. Les médias ont rapporté que le chef d'état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir, avait fustigé cette proposition lors d'une réunion du cabinet, arguant qu'elle détournerait l'attention des deux principaux objectifs de la guerre : anéantir le Hamas et obtenir la libération des otages. L'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, a comparé cette installation à un « camp de concentration ». Le ministre britannique chargé du Moyen-Orient, Hamish Falconer, s'est déclaré « consterné » par le projet : « Le territoire palestinien ne doit pas être réduit. Les civils doivent pouvoir regagner leurs foyers », a-t-il écrit sur X. En Israël, la chaîne de télévision 12 a indiqué que des responsables sécuritaires considéraient ce plan comme une simple « immense ville de tentes » et ont mis en garde contre le risque d'un retour de l'administration militaire israélienne à Gaza. Une telle initiative serait en phase avec les objectifs de longue date des ministres d'extrême droite, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, partenaires clés de la coalition du premier ministre Benyamin Nétanyahou. Les deux responsables sont favorables à la reconstruction de colonies juives dans la bande de Gaza, dont Israël s'est retiré unilatéralement en 2005. Le coût estimé du projet – entre 10 et 20 milliards de shekels (environ 4,1 à 8,2 milliards de dollars canadiens) – alimente également la controverse, alors que le pays fait face aux coûts faramineux de la guerre. « Fantasmes » « Cet argent ne reviendra pas », a écrit dimanche sur X le chef de l'opposition, Yair Lapid. « Nétanyahou laisse Smotrich et Ben Gvir s'enfoncer dans leurs délires extrémistes juste pour préserver sa coalition. Plutôt que de prendre l'argent de la classe moyenne, il devrait mettre fin à la guerre et ramener les otages » retenus à Gaza, a-t-il ajouté. Un responsable palestinien au fait des négociations sur un cessez-le-feu a déclaré samedi à l'AFP que le Hamas avait rejeté les propositions israéliennes, les jugeant destinées à « entasser des centaines de milliers de personnes déplacées dans une petite zone à l'ouest de Rafah ». Selon cette source, le Hamas considère cette mesure comme une « préparation à leur déplacement forcé vers l'Égypte ou d'autres pays ». M. Nétanyahou et plusieurs de ses ministres ont soutenu ces derniers mois « un départ volontaire des habitants de Gaza ». Le projet suscite également l'inquiétude parmi des juristes. Vendredi, 16 universitaires israéliens spécialisés en droit international ont adressé une lettre à Israël Katz et Eyal Zamir, les avertissant que ce plan pourrait constituer un crime de guerre. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a réagi dimanche en affirmant que « la prétendue ville humanitaire n'a rien d'humanitaire ». 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(Ottawa) L'économie redevient l'élément le plus important des relations du Canada avec les pays de la région indo-pacifique, a indiqué la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand. Dylan Robertson La Presse Canadienne Mme Anand a souligné ce changement dans la stratégie canadienne lors d'une récente visite au Japon et en Malaisie, son premier voyage officiel dans la région depuis qu'elle est devenue ministre des Affaires étrangères en mai. Elle affirme qu'il était important d'apporter des modifications à la stratégie en raison des incertitudes économiques actuelles. Elle ajoute toutefois que le Canada continuera de promouvoir le multilatéralisme et la protection des civils. « Il est important de réviser notre politique, pas seulement pour la région indo-pacifique, mais de manière générale. On doit s'assurer que nous ne mettons pas seulement l'accent sur les valeurs auxquelles nous avons historiquement adhéré », a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse, jeudi. La politique étrangère sert à nos intérêts intérieurs et plus particulièrement à nos intérêts économiques au pays. Nous traversons une période de perturbations pour l'économie mondiale. La ministre des Affaires étrangères du Canada, Anita Anand Le gouvernement Trudeau insistait sur des clauses concernant la protection environnementale, les normes du travail et l'égalité entre les genres dans ses accords commerciaux. Le président du Conseil canadien des Affaires, Goldy Hyder, dit que plusieurs pays jugeaient que l'approche canadienne axée sur les valeurs était « moralisatrice ». Selon lui, le Canada doit être plus respectueux lorsqu'il défend ses valeurs démocratiques. Le nouveau gouvernement du premier ministre Mark Carney, un ancien gouverneur de la banque centrale, s'est tourné vers l'économie dans l'espoir de rehausser les capacités intérieures du Canada et de redéfinir ses projets commerciaux et militaires afin d'être moins dépendant des États-Unis. PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre du Canada, Mark Carney M. Carney est davantage préoccupé par l'Europe. Depuis qu'il est premier ministre, il a visité trois fois ce continent. Toutefois, d'autres régions ne sont pas oubliées. La visite de Mme Anand permet de préparer celle que le premier ministre compte effectuer cet automne à l'occasion du sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), en Malaisie, et du Forum de coopération économique Asie-Pacifique, en Corée du Sid, mentionne Vina Nadjibulla, vice-présidente, Recherche et stratégie, à la Fondation Asie Pacifique Canada. Mme Anand s'est rendue à Tokyo où elle a signé l'Accord entre le Canada et le Japon sur la sécurité de l'information qui permettra notamment « d'approfondir la collaboration entre les deux pays en matière de défense et de sécurité ». Elle est ensuite allée en Malaisie pour participer à une réunion de l'ASEAN. Inde L'accent mis sur l'économie semble avoir convaincu le Canada de surmonter les reproches passés envers l'Inde en matière de sécurité. Le gouvernement fédéral considère ce pays comme un partenaire important au moment où les relations avec les États-Unis se refroidissent. M. Hyder, qui devait se rendre en Inde pour une mission d'information, dit que l'échange de hauts-commissaires devrait donner le ton aux futures négociations commerciales. Il ajoute qu'un nouvel accord serait bénéfique, mais il ne serait pas une condition à tout essor commercial entre les deux pays. Il conseille au gouvernement fédéral d'améliorer l'état du réseau routier et de nos ports afin de répondre à la demande des pays asiatiques pour les ressources naturelles canadiennes. Vijay Sappani, de l'Institut Macdonald-Laurier, croit qu'un accord commercial sera bientôt conclu entre les deux pays. « Si nous faisons les bons efforts de notre côté, une entente de libre-échange pourrait être conclue d'ici la fin de l'année, sinon au premier trimestre de l'an prochain. On ne peut avoir une stratégie indo-pacifique sans l'Inde si l'on veut devenir des acteurs sur les marchés mondiaux, là où nous sommes un peu ignorés. Il est temps de profiter de l'occasion. » M. Sappani dit que le Canada doit obtenir des assurances du gouvernement indien que ce dernier ne serait jamais impliqué dans des actes de violence au pays. En échange, le Canada doit promettre qu'aucun politicien n'assistera à une cérémonie commémorative pour ceux qui ont commis des actes de violence en appui au mouvement indépendantiste sikh. « C'est la chose la plus importante que nous pouvons faire pour cesser d'irriter l'Inde. Faisons-le et le commerce pourra reprendre de la vigueur entre les deux pays. » Mme Anand n'a pu dire quand les négociations commerciales entre le Canada et l'Inde commenceront. « Nous y allons étape par étape. Nous procéderons de façon régulière, mais pas de façon immédiate. »

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