
Jouer en duo, « la plus grande beauté de ce sport »
Du ballon rond, passons momentanément au ballon ovale. La saison dernière, Nick Sirianni, l'entraîneur-chef des Eagles de Philadelphie, répétait à presque chacun de ses points de presse que « personne ne peut être talentueux sans le talent des autres ». Dans les jours précédant le Super Bowl, ce slogan s'insérait dans presque toutes ses phrases. Et les Eagles ont fini par remporter le championnat.
Au volleyball de plage, la même maxime s'applique. Sans le talent de sa partenaire, impossible pour une joueuse d'exceller. Le placement du ballon, la vélocité d'un smash, le positionnement en récupération… La qualité de chaque frappe dépend de la façon dont le coup précédent est joué.
« Ça offre une autre sorte de dynamique », a expliqué Wilkerson, vendredi, au terme de son premier match.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Brandie Wilkerson
Dans cette partie, disputée contre les Allemandes Anna-Lena Grüne et Sandra Ittlinger, Wilkerson et sa partenaire Melissa Humana-Paredes ont eu les devants une seule fois en première manche. Et ce, après avoir remporté le premier point. Elles ont perdu la manche 21-19. Les médaillées d'argent aux Jeux olympiques de Paris se sont ajustées et elles n'ont jamais tiré de l'arrière lors des deux manches suivantes. Elles ont dicté la majorité des échanges pour s'en sortir en trois manches.
Nous avons été patientes et nous avons contrôlé ce que nous pouvions contrôler. Quand on joue ensemble, on ne panique jamais. Le plus gros défi, c'est de communiquer pendant le jeu et c'est là qu'on s'ajuste. Je pense qu'on s'améliore dans cette phase du jeu.
Melissa Humana-Paredes
Dans leur deuxième duel de la journée, en fin de soirée, les Canadiennes ont eu le dessus sur les Brésiliennes Carol Salgado et Rebecca Cavalcanti, cinquièmes au classement.
Une fois la première manche en poche, les Canadiennes se sont écroulées lors de la manche suivante. Mais dans le chapitre ultime, elles ont trouvé le moyen de revenir à leur niveau habituel pour remporter une manche serrée.
« Toutes les joueuses, à un moment ou un autre, sont poussées jusque dans leurs derniers retranchements, que ce soit en jouant mal ou en se faisant imposer une certaine pression, a mentionné Wilkerson. Mais nous sommes fortes mentalement et on croit en nous. »
Les favorites locales terminent donc au sommet de leur groupe avec trois victoires en autant de matchs.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Melissa Humana-Paredes
Se diviser le stress
En boxe, au golf ou en athlétisme, le rendement d'un athlète dépend uniquement de sa performance sur le terrain ou sur la piste. Personne ne peut frapper plus fort, viser mieux ou courir plus vite à la place de l'athlète. Il doit gérer son stress et négocier avec la pression en solo. Au volleyball de plage, cette tension peut s'atténuer, puisqu'elle est répartie entre deux individus. Mais elle peut aussi s'accentuer, par peur de décevoir l'autre membre du duo.
« On peut non seulement s'améliorer individuellement, mais aussi construire notre succès sur celui de sa partenaire, a expliqué Wilkerson. Ça prend évidemment beaucoup d'habiletés, mais il faut aussi être honnête entre nous. Et il faut bien communiquer pour que ça serve à quelque chose de jouer en partenariat, parce que ça peut aussi mal se passer. »
Pour le duo canadien, la chimie opère, comme en témoignent son palmarès international et sa fiche parfaite cette semaine. « Mel et moi sommes transparentes l'une avec l'autre. Nous connaissons nos forces et on aime voir l'autre performer, alors ça nous aide assurément à gagner. »
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Wilkerson et Humana-Paredes face aux allemandes Ittlinger et Grüne
Jeudi, Humana-Paredes a avoué ne pas « être à 100 % » physiquement. Sans que ça ne paraisse nécessairement vendredi, Wilkerson a pris les bouchées doubles. Au filet, la grande joueuse a brillé. « C'est incroyable, c'est un privilège de la regarder jouer », a lancé Humana-Paredes, reconnaissante de pouvoir compter sur une partenaire « aussi talentueuse ».
Autre exemple, ici, de la nécessité de pouvoir compter sur une coéquipière capable de lever son jeu d'un cran lorsque la situation l'exige. « C'est moi la mieux placée pour la regarder jouer en étant derrière elle, a noté Humana-Paredes. Ça rend mon travail beaucoup plus facile. Je peux pratiquement me reposer en fond de terrain et la laisser faire sa magie au filet. »
Les hauts et les bas
Le volleyball de plage, c'est « un peu comme dans un mariage », a rappelé Marie-Alex Bélanger à la fin de son match, en regardant sa coéquipière Lea Monkhouse.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Marie-Alex Bélanger
Les Canadiennes se sont inclinées dans un troisième match de suite. Malgré une première manche remportée de manière spectaculaire, elles se sont fait battre par les Espagnoles Daniela Alvarez et Tania Moreno lors des deux manches suivantes. En terminant en dernière place de leur groupe, leur tournoi a pris fin.
Bélanger et sa coéquipière apprennent encore à se connaître, d'une certaine manière, à leur deuxième saison ensemble sur le circuit. Mais elles ont fait belle figure, cette semaine, au sein d'un groupe relevé. Pour progresser, la Québécoise affirme que le duo devra s'adapter.
Une commande beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, surtout lorsque la Québécoise compare l'état actuel des choses à son passé dans le monde du volleyball intérieur.
« Tu as six joueuses sur le terrain, un coach et une équipe, alors il faut savoir négocier avec différents caractères. Et il y a plusieurs options pour communiquer. Là, on est juste deux. Il faut communiquer. Il faut trouver une façon de se relever quand une ne va pas bien, parce qu'il y a juste nous deux. C'est beaucoup plus intense. »
À travers les hauts et les bas, les blocs réussis et les smashes ratés, « c'est fou comment le momentum peut changer au cours d'un match », a rappelé judicieusement Monkhouse. Et c'est pourquoi la force du nombre importe autant.
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