Souvenir avec Léon Marchand, bob perdu à la cérémonie d'ouverture... un an après Paris 2024, les bénévoles racontent leur Jeux
On ne voyait qu'eux. Au milieu de la fourmilière olympique, les 45 000 bénévoles de Paris 2024 coloraient la capitale de petites touches bleues et lui donnaient des allures de colonie de vacances. Avec leur marinière bicolore bleu turquoise et indigo, on aurait juré qu'un village entier de Schtroumpfs avait pris d'assaut les rues de Paris. Toujours une vanne à partager, un sourire pour détendre l'ambiance, un coup de main qui arrive sans qu'on demande. Même dans le métro, un simple regard entre eux suffisait pour créer la complicité : la tunique faisait tribu.
Un an après les Jeux, ces uniformes sont devenus des reliques pour ceux qui les ont portés. Mention spéciale pour le bob multicolore, devenu une véritable pièce de collection, jusqu'à s'arracher à 500 euros sur Vinted. Carolina Zambrano, 25 ans, elle, a tout gardé précieusement dans un tiroir de sa chambre. Tout... sauf ce bob. « Il est resté dans le fauteuil roulant de la porte-drapeau mexicaine des Jeux Paralympiques lors de la cérémonie d'ouverture (Amalia Perez, quadruple championne paralympique d'haltérophilie) ! lâche cette bénévole qui aidait la délégation paralympique mexicaine au village des athlètes. On est encore en contact, je dois bientôt le récupérer. »
« C'est encore aujourd'hui le moment le plus incroyable de ma vie ! »
Carolina Zambrano, bénévole au village des athlètes
Quand cette étudiante en marketing stratégique avait postulé, deux ans plus tôt, derrière son écran, elle ne se doutait pas une seconde qu'elle vivrait un moment pareil. « Rien que les tests en ligne pour être sélectionnée, c'était mon épreuve à moi ! », sourit-elle. Et puis, le 28 août 2024, la voilà place de la Concorde, en pleine cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques, à pousser la représentante du Mexique sous les projecteurs du monde entier. « C'est encore aujourd'hui le moment le plus incroyable de ma vie ! assure-t-elle. Je me revois à côté du drapeau, devant cette marée humaine qui nous acclamait. C'est fou quand j'y repense. »
Comment devenir volontaire aux Jeux
Et dire que la veille, elle s'était tordu la cheville et avait dû se gaver d'ibuprofènes pour supporter la douleur. « Mais quand tout commence, tu ne sens plus rien. Les lumières, la musique, les danseurs... c'était juste magique. J'avais l'impression d'être dans un film. » Ses mots défilent à toute vitesse, comme emportés par une vague de souvenirs qui ne demande qu'à ressurgir.
Car il suffit d'un coup de fil pour que tout reparte chez les bénévoles de Paris 2024. On leur parle des Jeux et, aussitôt, la machine s'emballe. « Ah tiens, ça me revient... », lancent-ils presque tous, avant de dégainer une nouvelle anecdote. C'est un refrain qu'on a entendu mille fois en replongeant avec eux dans ce mois d'été pas comme les autres.
« Il y a un an, on s'est croisés aux Jeux. Et aujourd'hui, on est en couple »
Valentin Jacques, bénévole à Lyon en couple avec Margot
« Sous le ciel de Paris, marche des amoureux... hmm-hmm » Le refrain d'Édith Piaf, revisité par Zaho de Sagazan lors de la cérémonie de clôture, résonne encore comme un écho parfait de leur histoire. Bon, OK, ce n'était pas vraiment à Paris, mais plutôt sous le ciel de Lyon, au Groupama Stadium, que Valentin et Margot ont croisé leurs chemins. Deux bénévoles parmi 45 000, qui, au coeur des Jeux, ont trouvé l'amour.
Valentin, 21 ans, étudiant en journalisme et originaire de la région, avait postulé presque sans réfléchir, « pour voir les Jeux chez (lui) ». Margot, 21 ans, étudiante en médecine à Nice, elle, cherchait surtout « à vivre une expérience unique ». « Je crois que le 26 juillet prochain, on se regardera en se disant : "Il y a un an, on s'est rencontrés aux Jeux" », sourit Valentin.
Tous les deux étaient affectés au secteur « Services / Spectateur » du Groupama Stadium pour le tournoi olympique de football. En clair, il fallait accueillir, orienter, placer les spectateurs, ouvrir les portes, répondre aux questions. « Pendant la compétition, on se croisait de temps en temps, comme avec beaucoup d'autres bénévoles, se souvient Margot. Mais, c'est seulement le dernier jour qu'on a échangé nos comptes Instagram. Et depuis, on ne s'est plus arrêtés de parler. »
Alors, quand ils reparlent des Jeux, Valentin revoit d'abord cette demi-finale de l'équipe de France contre l'Égypte, ce match fou gagné 3-1 aux prolongations, avec le doublé de Jean-Philippe Mateta. « Le bruit, le scénario... j'ai encore des frissons rien qu'en y repensant ». Il s'apprête à enchaîner sur un autre souvenir, mais Margot le coupe aussitôt : « Ah non, celui-là, c'est mon moment ! » Comme si chacun gardait jalousement ses instants de Jeux. Pour elle, le plus fort reste le jour où Léon Marchand a décroché sa première médaille d'or. « Tout le stade a vibré en regardant à distance sa première finale sur les téléphones. Quand il a gagné, les gens se sont levés et ont crié comme s'il y avait eu un but ! »
« J'étais là, à quelques centimètres de Léon (Marchand) à lui tenir le micro »
Hugo Andrieux, bénévole dans la zone mixte de la Défense Arena
Eh oui, on y revient encore. Comment parler de ces Jeux sans évoquer ce blondinet toulousain, star de l'été 2024 avec ses quatre médailles d'or ? Hugo Andrieux, lui, n'est pas près d'oublier le 28 juillet, soir de la première victoire de Léon Marchand sur le 400 m 4 nages. Chargé d'affaires à la Caisse d'Épargne de Saint-Brieuc, il était ce soir-là bénévole dans la zone mixte de La Défense Arena. « Il y avait un paquet de journalistes étrangers, tout le monde voulait lui poser des questions, détaille le bénévole qui au moment de la compétition tenait un carnet de bord régulier sur Linkedin et Polarsteps. Et moi, j'étais là, à quelques centimètres de Léon, à lui tenir le micro. Mon coeur battait à 10 000, j'essayais de rester calme. Je me répétais : "Allez Hugo, respire, reste droit, personne ne doit voir ta main trembler !"»
Pour ce passionné des JO, qui se décrit lui-même comme « JO-stalgique », les deux semaines passées à la Défense Arena resteront gravées. À tel point qu'il n'a jamais rouvert son sac de bénévole. « C'est mon histoire avec les Jeux, c'est un souvenir unique. Je n'arrive pas à utiliser ces vêtements pour autre chose, ils ont une valeur sentimentale énorme. Il n'y a que quelques pin's que je porte encore de temps en temps », confie-t-il. De cette expérience, il en retient aussi une immense fierté : « Avant le début des Jeux, on sentait ce climat de doute en France, sur la sécurité avec la cérémonie d'ouverture, sur la baignade dans la Seine... Et à la fin des Jeux, entre bénévoles, on s'est dit : "On l'a fait !" »
Alors quand on lui demande s'il serait prêt à reprendre des congés pour être de nouveau bénévole aux Jeux de Los Angeles en 2028, la réponse fuse. « Je ne vais pas dire que c'est comme une drogue, mais c'est tellement intense qu'on a envie de revivre ça. »
Pour Xavier Brahim, 50 ans, bénévole sur le site de l'Aréna Champ de Mars pour le judo en tant que chaperon - il a même eu la chance d'accompagner le Japonais Sanshiro Murao, médaillé d'argent en -90 kg - il n'y a pas de doute : « rien ne surpassera Paris 2024. »
Et pourtant, le Breton en a vu d'autres avec des expériences de bénévolat à l'Euro 2016 de foot, Mondial de handball sans oublier la Coupe du monde de rugby. « Mais là... les JO, c'était autre chose, une vraie saveur à part. On sentait qu'on vivait un moment historique. Et puis croiser des gens venus des quatre coins du monde dans les rues de Paris... c'était juste fabuleux. » Un an après, les milliers de petites histoires des bénévoles continuent de s'empiler. Et au fond, on se dit que ce n'est pas si mal, d'avoir été Schtroumpf pour un été.
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