logo
En Suisse de plus en plus d'enfants désertent l'école et personne ne sait quoi faire

En Suisse de plus en plus d'enfants désertent l'école et personne ne sait quoi faire

24 Heures3 days ago
Les services de psychologie scolaire signalent une hausse inquiétante du nombre d'élèves qui ne vont plus à l'école. Entre horaires surchargés et surexposition numérique, les experts appellent à des solutions concertées. Publié aujourd'hui à 12h34
L'école, les loisirs, le téléphone portable: de nombreux enfants souffrent de semaines surchargées.
IMAGO
En bref:
De plus en plus d'enfants désertent les salles de classe en Suisse. Ils craignent la pression de la performance, le harcèlement et les comparaisons avec leurs camarades. Mais par-dessus tout, ils ont peur de l'école. Résultat: ils n'y mettent plus les pieds. Ils souffrent de maux de ventre et de tête, perdent toute envie d'apprendre. Parfois, ils ne restent que quelques jours à la maison, parfois plusieurs semaines. Pour certains, le chemin du retour devient même impossible à retrouver. Enseignantes et psychologues tirent la sonnette d'alarme
Absentéisme scolaire. C'est le terme technique utilisé pour désigner ce phénomène qui prend de l'ampleur. S'il n'existe pas de données nationales, les services de psychologie scolaire, les pédopsychiatres, les enseignants et les parents de toutes les régions du pays tirent la sonnette d'alarme. Le Syndicat des enseignants romands (SER) et son pendant alémanique, l' Association faîtière des enseignantes et enseignants suisses (LCH), ont eux aussi reconnu le problème. La thématique a été mise au centre des débats lors d'une conférence de presse organisée ce jeudi à Berne.
«Nous devons trouver des solutions qui s'imbriquent les unes dans les autres», note Dagmar Rösler, présidente de la LHC.
KEYSTONE
«L'école ne peut pas faire face seule à ce problème. Il est important de se serrer les coudes et de trouver des solutions qui s'imbriquent les unes dans les autres», explique Dagmar Rösler, présidente de la LCH. La relation avec les enseignants est au centre
Lorsque l'on interroge des experts, des enseignants et des parents, un mot-clé revient systématiquement: relation. La relation entre les enseignants et leurs élèves, mais aussi entre les enfants et les parents. «On pense toujours immédiatement à l'école et à la pression quand on aborde ce sujet, mais c'est plus nuancé. Il y a tout un éventail de causes», fait remarquer le psychologue pour enfants et adolescents Fabian Grolimund. Les attentes parentales ou le perfectionnisme de nombreux parents diplômés peuvent également générer une pression à la performance. Par ailleurs, une peur de l'école peut aussi masquer une angoisse de séparation, du harcèlement ou révéler une crise familiale.
«La surstimulation est un problème», affirme Fabian Grolimund, psychologue pour enfants et adolescents.
DR
Tous les spécialistes s'accordent sur un point: une relation stable avec le ou la titulaire de classe est déterminante. Sans cette relation de confiance, les difficultés se multiplient. Certains adolescents issus de milieux peu instruits n'établissent ainsi aucun lien avec l'école et n'y trouvent aucun sens.
Autre problème pointé par les experts: la surcharge sensorielle. «Beaucoup d'enfants sont totalement épuisés le soir. En plus de l'école, il y a le repas de midi bruyant et donc fatigant, puis les cours de musique, le sport, etc. Certains ont un emploi du temps hebdomadaire complètement surchargé. Pour se reposer, ils vont sur leur téléphone portable, ce qui les épuise encore plus. L'absentéisme scolaire correspond au burn-out dans le monde du travail», note Fabian Grolimund. «Donner un soutien et une direction»
L'enseignante primaire Sandra Locher, ancienne conseillère nationale (PS/GR) et membre du comité directeur de la LCH, confirme qu'une bonne relation entre les personnes impliquées est essentielle. Elle va même plus loin et évoque la nécessité d'un réel encadrement: «L'enseignant doit donner un soutien et une direction, c'est sa tâche centrale.» Mais les enseignants croulent eux aussi sous les responsabilités. Les exigences se multiplient: ils doivent jongler avec de multiples contraintes, gérer des classes surchargées et composer avec des parents parfois difficiles. La pénurie d'enseignants et les changements fréquents, qui compliquent l'établissement de liens durables avec les élèves, aggravent encore la situation.
«Il est décisif de percevoir les élèves au niveau relationnel», précise Sandra Locher. C'est seulement de cette manière que les signaux d'alerte peuvent être détectés assez tôt. Par exemple, quand un enfant se replie sur lui-même et ne participe plus aux cours, qu'il présente des difficultés de concentration ou une tolérance à la frustration diminuée. Tout cela fait certes partie du quotidien scolaire. L'élément déterminant, c'est quand ces signes apparaissent brusquement ou s'intensifient. Ou encore quand des troubles physiques surgissent sans explication, accompagnés d'absences plus fréquentes.
«Le rôle du titulaire de classe doit être renforcé», estime par ailleurs Sandra Locher. Presque tous les cantons le reconnaissent et leur accordent davantage de temps pour d'autres tâches, notamment pour répondre aux questions des élèves et des parents. L'idéal serait également de disposer de classes les plus petites possible, car plus elles sont grandes, plus il devient difficile de répondre aux besoins individuels.
Et qu'en est-il des nombreuses réformes de notre système scolaire, au cours des dernières décennies? Ont-elles une influence sur la problématique de l'absentéisme? Moins de pression de la part des enseignants
«L'enseignant est tout aussi important que le type d'enseignement», souligne Sandra Locher. «Mais il est également décisif que les élèves aient des expériences de réussite pour qu'ils restent motivés.» Ceux qui ne comptent pas parmi les meilleurs sur le plan cognitif pourront peut-être exceller en cours de sport. Dans une société en mutation rapide, où les profils professionnels évoluent constamment, l'école a aussi pour rôle de diminuer cette pression, note Sandra Locher. Et d'ajouter: «Je pense qu'il est important d'insister à l'école et auprès des parents sur la perméabilité de notre système de formation.» Selon elle, il est également important de fixer des objectifs réalistes, en collaboration avec les parents. «Les enseignants doivent être conscients de leur responsabilité vis-à-vis du parcours de formation de leurs élèves», souligne-t-elle. À chaque génération son propre défi
L'absentéisme scolaire est-il un problème surmontable? «Chaque génération a ses propres défis. Dans les années 90, on craignait de perdre les jeunes à cause de la drogue. Aujourd'hui, c'est le surmenage», explique le psychologue Fabian Grolimund.
Diverses études attestent bel et bien une hausse de l'anxiété et des dépressions. Mais Fabian Grolimund souligne qu'aujourd'hui, on porte aussi une attention plus soutenue à ces phénomènes. Les enfants et les adolescents savent désormais bien mieux exprimer leurs sentiments. «De nos jours, les jeunes sont beaucoup plus surveillés que les générations précédentes. On intervient plus rapidement, on leur apporte de l'aide.»
La question essentielle à se poser serait la suivante: de quoi cet enfant a-t-il précisément besoin pour se sentir à nouveau bien à l'école et y réussir? Pour certains, une simple intervention suffit, comme réduire le temps de présence en classe, un peu comme le télétravail dans le monde professionnel. Les experts s'accordent toutefois à dire qu'il n'existe pas de solution universelle et que le problème ne peut être résolu que par un effort collectif.
Traduit de l'allemand par Olivia Beuchat
Absentéisme scolaire en Suisse Newsletter
«Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde.
Autres newsletters Michèle Binswanger écrit sur les gens, leurs histoires et fait des recherches approfondies. Elle a été élue journaliste de société de l'année en 2016, 2017 et 2018. Aujourd'hui, elle dirige avec Philippe Zweifel la rubrique Culture-Savoirs-Service de la Sonntagszeitung. Plus d'infos @mbinswanger
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Santé: pourquoi la randonnée en descente est bonne pour le coeur
Santé: pourquoi la randonnée en descente est bonne pour le coeur

24 Heures

time13 hours ago

  • 24 Heures

Santé: pourquoi la randonnée en descente est bonne pour le coeur

Conseil santé – Pourquoi la randonnée en descente est bonne pour le cœur La marche en descente améliore la santé cardiaque presque autant que la marche en montée. Découvrez comment bien se préparer pour préserver vos articulations. Stefan Aerni Les bâtons de randonnée permettent d'amortir le poids du corps lors des descentes. Cela soulage les articulations. Getty Images Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk La randonnée en descente est souvent associée à certains préjugés: elle ne stimulerait pas suffisamment la circulation sanguine et aurait donc moins d'effets bénéfiques sur la santé que la montée. Elle provoquerait souvent des douleurs articulaires et presque toujours de douloureuses courbatures. Et pourtant, la science a pu prouver le contraire concernant les effets sur le système cardiovasculaire. Afin de déterminer si la randonnée en descente réduit le risque cardiovasculaire, des chercheurs autrichiens ont demandé à 45 adultes (29 femmes et 16 hommes) de parcourir un itinéraire alpin avec un groupe faisant une montée, et l'autre groupe une descente. Le parcours présentait un dénivelé de 540 mètres et devait être parcouru trois à cinq fois par semaine. Résultats: après deux mois d'essai, les randonneurs en descente ont réussi à améliorer leur taux à la fois de glycémie et de lipides, presque autant que ceux qui avaient suivi l'entraînement plus intense en montée. Pour le cardiologue et médecin du sport suisse Christian Schmied, de la clinique Hirslanden de Zurich et de l'Hôpital universitaire de Zurich, ce n'est guère surprenant. Dans le domaine de la musculation, on sait depuis longtemps que ce sont surtout les exercices de type excentriques (lorsque le muscle se contracte tout en s'allongeant) qui sont les plus efficaces. Par exemple, lors d'un squat, il ne s'agit pas de se lever/pousser vers le haut, mais de descendre/freiner lentement et de manière contrôlée jusqu'à s'accroupir. Donc, une marche en descente, où l'on doit constamment amortir le poids du corps et ralentir son rythme, est précisément une forme d'entraînement de ce type. La force est aussi importante que l'endurance Selon Christian Schmied, cette étude autrichienne est très importante. Il recommande d'ailleurs régulièrement à ses étudiants de la lire. Elle met en évidence un aspect que la médecine a longtemps négligé: la force physique est tout aussi importante que l'endurance pour la santé cardiaque. «Nous savons aujourd'hui que les muscles, en tant que plus grand organe producteur d'hormones, ont un effet positif sur les vaisseaux sanguins, en particulier sur les vaisseaux coronaires», explique le cardiologue. «C'est pourquoi la musculation fait depuis longtemps partie intégrante de nos programmes de prévention et de rééducation.» Il reste toutefois une réserve: courir en descente peut endommager les articulations. Ce risque existe bel et bien, explique Sabine Arentz, orthopédiste à la Swiss Sportclinic de Berne. Mais quelques précautions permettent de l'atténuer. Il est notamment important de bien se préparer à la randonnée et de perdre son excès de poids éventuel. «Plus la condition physique est bonne, moins les articulations sont sollicitées», souligne l'orthopédiste. Elle recommande des exercices visant le renforcement et la stabilisation des jambes, comme se tenir sur une jambe ou faire des squats. Il est important que les genoux restent toujours dans un axe droit et ne se plient pas vers l'intérieur. Lors des exercices de musculation, il faut également veiller à effectuer des mouvements excentriques, c'est-à-dire à ralentir progressivement (et non à pousser/presser). Des bâtons de marche nordique et de bonnes chaussures Les bâtons de marche nordique peuvent être utiles pour descendre les pentes, comme l'explique Sabine Arentz: «Ils permettent d'amortir le poids du corps et de soulager les jambes.» Toutefois, en cas de douleurs ou de lésions articulaires, il convient de ne pas dépasser le seuil de douleur. Enfin, il est indispensable de porter de bonnes chaussures de randonnée avec une semelle rigide et un profil prononcé. «Si vous respectez ces points, explique l'orthopédiste, la descente ne devrait poser aucun problème à la plupart des gens.» Le cardiologue Christian Schmied apprécie cette nouvelle. Il voit en effet un grand potentiel dans cette forme de randonnée longtemps injustement décriée. «Maintenant que nous savons que la descente en montagne est également bénéfique pour le cœur et n'est pas nécessairement néfaste pour les articulations, nous pouvons mieux le faire comprendre à nos patients.» Il y a toujours l'espoir que quelqu'un qui n'était pas très attiré par la randonnée jusqu'alors se prenne soudainement de passion pour cette activité grâce à la variante moins fatigante en descente et commence à aimer aussi les montées. Stefan Aerni travaille depuis plus de 40 ans dans le journalisme. Ce n'est pas tout à fait un hasard: après un diagnostic de sclérose en plaques, il souhaite désormais joindre l'utile à l'irrémédiable en parlant de médecine et de santé. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

La catastrophe de Blatten était prévisible depuis l'espace dès 2016
La catastrophe de Blatten était prévisible depuis l'espace dès 2016

24 Heures

time16 hours ago

  • 24 Heures

La catastrophe de Blatten était prévisible depuis l'espace dès 2016

L'Agence spatiale européenne a analysé des images satellitaires montrant des signes avant-coureurs de l'effondrement des années avant l'incident. Publié aujourd'hui à 12h22 Un hélicoptère évacue des morceaux de bois obstruant la rivière Lonza après l'effondrement du glacier Birch et un glissement de terrain massif qui a projeté des tonnes de roches, de glace et d'éboulis le long du versant de la montagne dans la vallée, détruisant le village de Blatten. AFP/Fabrice COFFRINI Une analyse de l'Agence spatiale européenne (ESA) révèle que des signes précurseurs de l' éboulement du Petit-Nesthorn à Blatten étaient détectables depuis l'espace plusieurs années avant l'incident de mai dernier. Des images satellites montrent en effet que des mouvements de terrain étaient déjà en cours dès 2016 et se sont intensifiés avec le temps. L'étude de l'ESA confirme que la pente avait amorcé un déplacement bien avant l'effondrement, indique Andrea Manconi, expert au WSL Institut pour l'étude de la neige et des avalanches (SLF) à nos confrères de Keystone-ATS, cité par différents médias dont Léman Bleu . Entre 2016 et 2024, des images radar ont démontré une accélération notable des mouvements de la pente, passant de 50 centimètres de déplacement par an en 2023 à 150 centimètres par an l'année suivante. Satellites spéciaux en bande L Cette accélération des déformations traduit un passage vers une situation critique et accentue le risque de catastrophe imminente. Grâce à ces observations, l'utilisation des données satellitaires se révèle primordiale pour une détection précoce des risques. Les images proviennent de satellites en bande L, qui, grâce à leurs ondes radar plus longues, offrent une meilleure capacité de pénétration dans les terrains complexes que les satellites traditionnels. Bien que des observations locales aient permis l'évacuation à temps des habitants de Blatten, l'ESA souligne l'importance cruciale de ces satellites pour la surveillance à large échelle. L'agence a toutefois conscience que déployer des capteurs sur chaque versant alpin est logistiquement et financièrement impraticable. Plus d'articles sur Blatten Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Myrtille Wendling est journaliste au sein de la rédaction numérique. Après un bachelor de Sociologie à l'Université de Paris, elle a obtenu son master à l'Académie des médias et du journalisme de l'Université de Neuchâtel. Elle a travaillé pour La Région, Le Temps, Watson et L'Illustré. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

La canicule s'intensifie et s'étend à 40 départements du sud de la France
La canicule s'intensifie et s'étend à 40 départements du sud de la France

24 Heures

time19 hours ago

  • 24 Heures

La canicule s'intensifie et s'étend à 40 départements du sud de la France

Météo-France place en vigilance orange près de la moitié de l'Hexagone pour dimanche. Cette deuxième vague de chaleur pourrait atteindre un pic lundi. Publié aujourd'hui à 08h51 Les gens se rafraîchissent sur le «Miroir d'Eau» à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, alors qu'une vague de chaleur s'étend sur les régions méridionales du pays. AFP/Philippe LOPEZ La quasi-totalité de la moitié sud de l'Hexagone, avec 40 départements, sera placée en vigilance orange canicule dimanche, a indiqué Météo-France dans son dernier bulletin samedi matin, mettant en garde contre la deuxième vague de chaleur de l'été. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Quarante départements de la moitié Sud, hors Corse, seront concernés par ce niveau de vigilance jusqu'à minuit à ce stade, contre 28 samedi. Selon Météo-France, l'épisode devrait se poursuivre jusqu'en milieu de semaine prochaine dans le Sud, avec un possible pic lundi. Plus d'articles sur la canicule Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store