
«Labubu», «Sonny Angel», «Dark Dudes»... Pourquoi veut-on toutes d'affreux grigris sur nos sacs ?
À chaque génération sa babiole attitrée. Peu importe l'âge, on se souvient forcément d'une tendance de breloques de sacs qui a marqué notre jeunesse. Des animaux aux figurines en passant par les pins, tout est prétexte à la personnalisation de son sac à main. Aujourd'hui, même les marques de luxe investissent ce terrain, tous les styles sont permis et ce, sans modération.
La papesse en la matière reste Jane Birkin. Son emblématique sac Birkin, qui sera mis aux enchères le 10 juillet prochain, était orné de perles, de montres et même de photos. C'est l'actrice et chanteuse qui inspire le retour de ce phénomène et son écho viral sur Tiktok, où des vidéos de customisation de sacs cumulent des millions de vues avec le hashtag #JaneBirkinFyingBag. À travers celles-ci, les utilisateurs personnalisent leurs sacs Birkin avec une multitude de breloques parfois signées Hermès.
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Car les maisons de luxe ont embrassé le mouvement et présentent à leur tour, divers modèles de porte-clé : animaux, fruits ou bijoux. Hermès propose ainsi des cadenas ou des chevaux en cuir, Louis Vuitton préfère les homards et les crabes surdimensionnés ou les cerises pailletées et chez Gucci, ce sont les chiens saucisse au quadrillage de la griffe qui retiennent notre attention. De quoi s'offrir un petit bout de luxe pour décorer son sac, à défaut de pouvoir s'offrir un sac de luxe.
Plus les charms sont décalés, colorés ou conséquents, plus on est à la mode. Mais les foulards de soies plus classiques sont aussi tolérés, enroulés de façon faussement négligée autour des anses ou en le laissant pendre d'un côté. Ce geste, que l'on voit depuis plus de soixante ans revient en force cette saison, notamment chez Diesel, Celine ou Casablanca.
Des créatures en tout genre
Dans un autre registre, de nombreuses créatures, plus ou moins attendrissantes, se sont également emparées des sacs à main à travers le temps. Dans les années 1980 et 1990, il y a eu le petit singe Kipling : ce gorille aux longs bras sortit en 1987, qui pouvait sucer son pouce tout en étant pendu à un sac. Au début des années 2000, c'étaient les petites souris Diddl en porte-clé qui débarquaient dans les cours de récré et submergeaient les sacs des plus jeunes. Dix ans plus tard, alors que le phénomène gothique Twilight fait un carton au cinéma, ce sont les Dark Dudes, ces mini-peluches sombres, voire glauques, qui prennent d'assaut les sacs des adolescents. Puis, les figurines de personnages célèbres Funko Pop (phénomène 2010-2015), les Sonny Angel, ces bébés nus aux ailes d'anges (phénomène depuis 2020) ou encore les Jelly Cat, des peluches en forme de viennoiseries ou d'animaux.
En 2025, s'impose un autre spécimen sur nos sacs : les Labubu. Adoptés par diverses célébrités, à l'instar de Rihanna, Dua Lipa ou Emma Roberts, ces créatures poilues aux dents pointues et sourires espiègles sont devenues la nouvelle obsession de la Génération Z. Son succès est désormais planétaire et pas plus tard que ce 13 juin, elle est carrément apparue sur un tapis rouge. La chanteuse Cher, à New York pour le Festival du film Tribeca s'est présentée avec un Labubu bleu pendu à son sac à main.
Des Labubu sur un sac Miu Miu.
Raimonda Kulikauskiene / Getty Images
Un contexte angoissant
Le contexte politique n'est pas étranger à cette lubie pour les gadgets. Vincent Grégoire, directeur Consumer Trends & Insights du bureau de tendances Nelly Rodi, nous explique y voir deux raisons principales. «Avec ces objets, il y a un besoin de se rassurer, de porter bonheur, d'attirer l'amour et la chance plus largement. Mais ils permettent aussi de se différencier des autres». En effet, à l'heure où les gens se ressemblent, les sacs aussi. Et ces amulettes permettent à leurs propriétaires de devenir singuliers, d'affirmer une autre personnalité.
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Lors du CES de Las Vegas, (salon des innovations technologiques électroniques) une entreprise du nom de Yukaï Engineering a présenté un petit robot poilu baptisé Mirumi. Ce dernier est destiné à s'accrocher au sac à main, mais pas seulement. «Il est le nouveau Tamagotchi, il parle et rassure son propriétaire, devenant un compagnon presque vivant», affirme l'expert. Pourtant, d'apparence, il ne représente pas ce qu'il y a de plus rassurant (tout comme le Labubu...) et là aussi, cela s'explique. «La Gen Z est enfermée dans des algorithmes de safe place et elle désire renouer avec sa part d'ombre, en regardant des films d'horreur et en jouant à se faire peur, [...] il y a un retour de la tendance du gore», analyse Vincent Grégoire.
Les conséquences écologiques
Mais certains de ces ornements très prisés ne sont pas si innocents. Ils représentent un bon gâchis écologique en raison des nombreux emballages utilisés. Parmi eux, les Sonny Angels qui se trouvent dans des sachets en plastique, eux-mêmes glissés dans des boîtes cartonnées. Idem pour les Labubu, emballés de cette même façon. Ils sont par ailleurs vendus dans des «blind boxes», ce qui veut dire qu'ils ne sont pas visibles depuis l'extérieur. Une façon pour les marques d'inciter à la surconsommation puisque les aficionados n'ayant pas eu le modèle souhaité n'hésitent pas à en racheter. Le succès est d'ailleurs tel que ces deux marques sont constamment en rupture de stocks, ce qui représente des millions d'emballages partout dans le monde. Si les grigris changent, la manie de décorer et personnaliser son sac continue, elle, à traverser les époques.
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