
Châlons-en-Champagne : trois personnes condamnées à de la prison ferme pour traite d'êtres humains durant des vendanges
Le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne, dans la Marne, a rendu lundi 21 juillet sa décision à l'encontre des trois membres de la société Anavim, une entreprise de prestations viticoles, dans l'affaire de traites d'êtres humains durant les vendanges de 2023. La dirigeante d'Anavim a été condamnée à quatre ans de prison dont deux fermes ainsi qu'à une amende de 20.000 euros tandis que les deux autres prévenus ont été condamnés à un an de prison ferme et respectivement deux ans et un an de sursis.
Les trois personnes étaient accusées de «traite d'êtres humains», de «soumission de plusieurs personnes vulnérables à des conditions d'hébergement et de travail indignes», de «rémunération inexistante», ainsi que de l'exécution d'un travail dissimulé par des travailleurs étrangers «non munis d'une autorisation de travail salarié.»
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Le tribunal a donc largement suivi les réquisitions en prononçant exactement les peines demandées par le parquet lors du procès qui s'est déroulé le 19 juin.
«Système organisé»
Douze heures d'audience avaient été nécessaires devant le tribunal correctionnel pour examiner ce que le ministère public a qualifié de «système organisé». Le parquet avait demandé la reconnaissance de la culpabilité pour l'ensemble des prévenus et le ministère public avait réclamé la dissolution de la société Anavim.
Face aux accusations, la défense a tenté de contextualiser les faits en invoquant les difficultés récurrentes de recrutement de mains-d'œuvre pour les vendanges. En Champagne, où la récolte des raisins en septembre se fait exclusivement à la main, les besoins sont immenses. Chaque année, plus de 100.00 travailleurs saisonniers sont mobilisés. La pénurie de volontaires s'aggrave, compliquant la tâche des exploitants viticole.
Ils étaient entassés à 10-15 par chambres, à même le sol en terre battue sur des matelas, sans point d'eau, avec des toilettes bouchées Maître Maxime Cessieux, avocat des victimes et des parties civiles
À l'origine de cette affaire, un signalement de riverain, qui a alerté la gendarmerie sur la situation. À la suite de cette alerte, un contrôle sanitaire de l'inspection du travail est organisé, le 14 septembre 2023, dans un centre d'hébergement de travailleurs saisonniers dans la petite commune marnaise, située à une vingtaine de kilomètres d'Épernay, la «capitale du champagne». Dès le lendemain, des perquisitions sont déclenchées, notamment au siège de la société Anavim.
À Nesle-le-Repons, 57 travailleurs immigrés, la plupart originaires d'Afrique subsaharienne, logeaient dans des conditions d'hébergement très précaires. «Ils étaient entassés à 10-15 par chambres, à même le sol en terre battue sur des matelas, sans point d'eau, avec des toilettes bouchées», raconte au Figaro Maître Maxime Cessieux, avocat des victimes et des parties civiles. La préfecture a annoncé la fermeture de cette maison.
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Ces travailleurs, tous en situations irrégulières, avaient été embauchés dans des camps de migrants au nord de Paris par des recruteurs d'Anavim. Cette société est connue pour sous-traiter des ouvriers saisonniers au profit d'exploitations viticoles. Pour appâter ces hommes et femmes âgés de 16 à 65 au moment des faits, les recruteurs leur ont promis un salaire de 250 euros pour une semaine de travail. Une rémunération qu'ils ne toucheront finalement jamais.
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- Le HuffPost France
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Ayant dû, notamment, « engager des sommes considérables pour corriger les faits et atténuer l'atteinte à leur réputation », les Macron réclament « des dommages-intérêts réels, présumés et punitifs, dont le montant sera spécifiquement déterminé lors du procès ». « Un procès devant jury » a été réclamé. Sur son compte X, l'influenceuse plutôt active, n'a pas encore réagi à ces poursuites. Cependant, elle a repartagé une publication qui commente la plainte du couple présidentiel. L'utilisateur écrit que les Macron « viennent de commettre une erreur de jugement spectaculaire ».


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Kurdes tués rue d'Enghien : William Malet renvoyé aux assises pour assassinats racistes, mais pas terroristes
Un procès pour assassinats racistes, mais pas terroristes ? Des juges d'instruction ont ordonné mardi le renvoi aux assises de William Malet, qui a reconnu avoir tué trois Kurdes en décembre 2022 à Paris, écartant la qualification terroriste au grand dam des parties civiles. Le parquet de Paris a confirmé l'information de BFMTV d'après laquelle William Malet sera jugé pour assassinats et tentatives d'assassinats en raison de la race, ainsi que pour diverses infractions sur les armes. Ce conducteur de TGV à la retraite de 72 ans avait reconnu avoir ouvert le feu, le 23 décembre 2022, devant un centre culturel kurde rue d'Enghien (Xe) à Paris, « un repaire » du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) selon lui, faisant trois morts et trois blessés . Une expertise psychiatrique a reconnu l'altération de son discernement, ce qui fait qu'il pourrait ne pas risquer la réclusion criminelle à perpétuité mais 30 ans de prison. Son avocat, Me Clément Pialoux, n'a pas souhaité commenter. Mis en examen et écroué après les faits — il est toujours en détention provisoire —, William Malet avait expliqué son geste par sa « haine pathologique » des étrangers. Onze jours avant son attaque, il était sorti d'un an de détention provisoire pour avoir blessé avec un sabre des migrants dans un campement parisien en décembre 2021 — des faits pour lesquels il est toujours mis en examen. À l'occasion de son premier interrogatoire sur les assassinats des trois Kurdes, le 7 mars 2023, cet homme avait déclaré s'être rendu armé le matin des faits à Saint-Denis ( Seine-Saint-Denis ), une ville à la forte population issue de l'immigration, pour « faire un attentat », c'est-à-dire « tirer sur des étrangers ». À la lecture par le magistrat de la définition d'un attentat, le suspect avait précisé que son attaque « c'est pas idéologique vraiment ». Puis au fil de l'interrogatoire, le retraité avait tempéré ses propos : « C'était pas un attentat c'était une attaque. (…) Il y a pas le côté politique. » Questionné par son avocat, il avait expliqué que la tuerie était « la suite » du cambriolage de son pavillon de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) en 2016, qui lui a valu trois ans de prison en mai 2023, la cour d'appel de Paris écartant « complètement l'état de légitime défense » pour son agression au couteau des trois intrus surpris à l'époque alors qu'il rentrait à son domicile. Depuis cet épisode, « j'ai toujours eu envie d'assassiner des migrants, des étrangers », avait ajouté William Malet, décrivant son intention de se suicider ensuite « pour que ( sa ) mort ne passe pas inaperçue ». La justice antiterroriste s'est plusieurs fois interrogée pour savoir si elle devait se saisir du cas, et avait été consultée par les magistrats instructeurs. Dans leur ordonnance de mise en accusation consultée mercredi, ces derniers notent que les parties civiles ont questionné l'existence de « soutiens et/ou d'influence sur William Malet » qui l'auraient incité à viser « la communauté kurde ». « Les parties civiles s'étonnent de l'absence de qualification terroriste, eu égard aux déclarations de M. Malet durant toute l'instruction », a indiqué Me David Andic, qui représente plusieurs parties civiles dont le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) avec Me Christian Charrière-Bournazel, Laurent Pasquet-Marinacce et Youri Krassoulia. Les parties civiles « prennent acte du refus d'investiguer », notamment sur cette question du terrorisme, sur d'éventuelles complicités ou sur un ADN féminin inconnu retrouvé sur une arme, « et vont faire appel des ordonnances de rejet de demandes d'actes rendues par les juges » devant la cour d'appel de Paris, a ajouté Me David Andic. Pour les juges toutefois, « rien dans la procédure ne permet de relever des indices » que le suspect avait pour « intention de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur », critère de saisine de la justice antiterroriste. La « motivation profonde » de William Malet est « davantage d'ordre intime que politique », et aucun document ni référence idéologique n'ont pu le rattacher à « un quelconque courant, notamment d'ultra-droite ou politique d'extrême droite », insistent encore les magistrats instructeurs.