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Le pire évité pour l'économie canadienne, mais l'incertitude fait mal

Le pire évité pour l'économie canadienne, mais l'incertitude fait mal

La Presse4 days ago
Les droits de douane imposés par les États-Unis sur les produits canadiens ont été portés à 35 % vendredi, mais les produits conformes à l'accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM) sont exemptés.
(Montréal) Malgré le décret du président américain, Donald Trump, le Canada est l'un des pays les moins frappés par ses visées protectionnistes. L'incertitude fait tout de même mal aux entreprises, prévient le milieu des affaires québécois.
Stéphane Rolland
La Presse Canadienne
Les droits de douane imposés par les États-Unis sur les produits canadiens ont été portés à 35 % vendredi, mais les produits conformes à l'accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM) sont exemptés.
« Les conséquences des annonces actuelles sont gérables pour l'économie canadienne, a analysé l'économiste Sébastien McMahon, d'iA Groupe financier, en entrevue. Pour le moment, on s'en tire relativement bien. »
M. McMahon a souligné, en entrevue, que près de 90 % des exportations canadiennes sont exemptées des droits de douane, car elles sont conformes à l'ACEUM.
Même si le gouvernement Carney n'est pas parvenu à une entente commerciale avant l'échéance du 1er août, le Canada a un avantage concurrentiel par rapport aux autres partenaires commerciaux, même ceux qui ont signé une entente.
Aujourd'hui, en tenant compte des exemptions de l'ACEUM, on se retrouve le deuxième pays avec le tarif le plus faible vers les États-Unis. Donc, le Mexique est en premier. Après ça, c'est nous avec un tarif moyen d'environ 5 %.
Sébastien McMahon, économiste d'iA Groupe financier
Certaines industries sont toutefois touchées plus durement, notamment l'aluminium, le cuivre, le bois d'œuvre et le secteur automobile, qui sont frappés d'autres droits de douane.
Une incertitude qui fait mal
Les entreprises souffrent toutefois de l'incertitude économique, a nuancé la présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Véronique Proulx, en entrevue. « C'est l'incertitude qui fait le plus mal à nos entreprises et à nos régions », a-t-elle déploré.
La voix du milieu des affaires québécois est préoccupée par la baisse des investissements des entreprises, tandis que l'économie est « sur pause ». « Ça va avoir un impact sur le moyen et long terme par rapport à notre capacité, en fait, de garder nos entreprises, notamment industrielles, dans les différentes régions du Québec », a prévenu Mme Proulx.
PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE
La PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Véronique Proulx
Dans le secteur manufacturier québécois, les investissements ont reculé de 318 millions par rapport à l'an dernier, selon un bilan tracé par la FCCQ à partir des données de Statistique Canada.
L'effet sur l'économie du Québec s'est aussi fait sentir sur les emplois. Il s'est perdu 15 000 emplois dans le secteur manufacturier au cours des six premiers mois de l'année, toujours selon le bilan de la FCCQ. Ce chiffre est de 25 000 emplois pour le secteur de la construction et de 4000 emplois dans le secteur primaire.
« Nos entreprises ont réduit la production et laissent aller des travailleurs, malheureusement », a déploré Mme Proulx.
L'incertitude ne se dissipera pas complètement, mais les choses pourraient s'améliorer, croit M. McMahon. « Il va demeurer un sentiment d'incertitude, mais peut-être que l'incertitude pourrait réduire parce qu'on se rend compte que ce n'est peut-être pas un scénario catastrophe qu'on est en train de vivre. »
La priorité sera de préserver le libre-échange entre les États-Unis et le Canada afin de limiter les dégâts, a ajouté l'économiste. « L'important c'est que l'accord de libre-échange tienne la route à long terme. Maintenant, quand on regarde vers 2026, ça nous amène à un nouveau risque. Est-ce que Donald Trump va s'opposer au renouvellement de cet accord-là ? Va-t-il vouloir le renégocier ? »
Cette négociation est critique pour l'économie, a abondé Mme Proulx, mais, devant un président imprévisible, le gouvernement Carney doit aussi agir sur ce qu'il peut contrôler, a-t-elle plaidé.
Elle a donné en exemple les politiques d'achat local des gouvernements. Elle est aussi revenue à la charge contre les restrictions du nombre de travailleurs étrangers temporaires.
« C'est maintenant qu'ils doivent agir pour aider les entreprises qui vont être contraintes de réduire leur production parce que le gouvernement fédéral ne renouvelle pas les permis de travail », a-t-elle ajouté.
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Mais ces autres sources sont par nature limitées, souligne Alberto Cavallo, l'économiste de l'Université Harvard qui publie un indice d'inflation privé très utilisé en Argentine. « Les solutions de rechange privées peuvent compléter les statistiques officielles, mais pas les remplacer », estime M. Cavallo. L'État a les ressources et l'envergure nécessaires aux enquêtes à l'échelle nationale, qu'aucune initiative privée ne peut reproduire intégralement. Alberto Cavallo, économiste de l'Université Harvard Selon Nancy Potok, ancienne statisticienne en chef des États-Unis pendant le premier mandat de Donald Trump, le système statistique bénéficiait naguère d'un fort soutien bipartite au Congrès et dans le monde des affaires. 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