
Le Conseil mohawk de Kahnawake envisage des péages routiers
(Kahnawake) Le Conseil mohawk de Kahnawake affirme qu'il imposera probablement des péages sur les routes traversant son territoire en réponse aux coupes budgétaires fédérales imminentes.
Morgan Lowrie
La Presse Canadienne
Le grand chef Cody Diabo a déclaré aux journalistes que ces péages pourraient contribuer à compenser l'impact des coupes budgétaires de Services aux Autochtones Canada sur la communauté mohawk au sud de Montréal.
Il a indiqué que son conseil envisage d'instaurer des péages sur les principales autoroutes, où, selon lui, environ 120 000 véhicules circulent quotidiennement.
Les ministres fédéraux ont été invités à réaliser des économies de 7,5 % au printemps prochain, les réductions devant atteindre 15 % en 2028-2029.
M. Diabo a ajouté que l'annonce de ces réductions intervient dans un contexte d'opposition des Autochtones à la Loi sur l'unité de l'économie canadienne, qui donne à Ottawa le pouvoir d'accélérer l'adoption de projets qu'il considère comme étant d'intérêt national.
Le Conseil mohawk de Kahnawake demande au gouvernement libéral d'annuler les compressions budgétaires, qui, selon lui, pourraient entre autres compromettre les programmes de santé, d'éducation et d'infrastructures.
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La Presse
5 minutes ago
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Une association de pompiers demande la création d'une agence nationale de coordination
L'année 2025 pourrait passer à l'histoire comme étant l'une des pires au chapitre des feux. (Ottawa) Ottawa doit cesser d'étudier l'idée d'une agence nationale de coordination en cas d'incendies de forêt et doit passer à l'action, croit l'Association canadienne des chefs de pompiers. Émilie Bergeron La Presse Canadienne « Nous appellerons ça comme ils le veulent. Nous avons seulement besoin que ce soit mis en marche », lance en entrevue le président de l'organisation, Ken McMullen. L'Association canadienne des chefs de pompiers (ACCP) souhaite que le Canada s'inspire d'une composante de l'agence américaine de gestion des catastrophes, connue par son acronyme FEMA, plutôt que d'en reproduire l'entièreté. « FEMA est une grosse, grosse, grosse machine qui administre des centaines de millions de dollars et programmes. […] Notre modèle est beaucoup plus simple, moins coûteux », dit M. McMullen. Plus précisément, l'ACCP demande à ce que le gouvernement fédéral se dote d'un bureau d'administration des feux, soit une version canadienne du « US Fire Administrator ». Ce bureau, qui pourrait être composé d'une à deux personnes, s'assurerait que la dispersion de personnel et d'équipement est appropriée partout au pays dans l'éventualité d'incendies de forêt. Ce bureau permettrait aussi aux services de sécurité et incendies d'être à la table de discussion au sujet de politiques gouvernementales qui peuvent, indirectement, avoir un impact sur les incendies. M. McMullen donne en exemple la volonté d'Ottawa d'accélérer la construction de logements. « On entend des choses comme 'Nous devons construire davantage, nous devons construire plus vite et à moindre coût'. Ce que nous n'entendons pas, nous, les chefs de pompiers, c'est que nous devons construire de façon à réduire les risques », déplore-t-il. Le gouvernement canadien étudie depuis plus de deux ans la possibilité de créer une agence d'intervention ou de coordination en cas de catastrophes. La réflexion a commencé dans la foulée de la saison record des incendies de forêt survenue à l'été 2023. L'année 2025 pourrait aussi passer à l'histoire comme étant l'une des pires au chapitre des feux. « C'est prévisible et c'est possible de faire de la prévention de façon différente. Alors nous devons faire un meilleur travail et il n'est pas question de mener des études. L'information est déjà là. Nous devons seulement nous activer et prendre des décisions », tranche M. McMullen, qui est aussi pompier en chef à Red Deer, en Alberta. Selon lui, la tenue des récentes élections fédérales et l'entrée en scène d'un nouveau premier ministre qui a formé, il y a à peine quelques mois, son gouvernement, ont entraîné des délais. L'ACCP n'a pas encore rencontré la nouvelle ministre de la Gestion des urgences, Eleanor Olszewski, mais a échangé avec son bureau. Le ministère de la Sécurité publique a déclaré à La Presse Canadienne que la ministre Olszewski « collaborera étroitement avec ses collègues du cabinet pour explorer et faire avancer des options visant à améliorer la coordination et la capacité d'intervention au niveau fédéral ». Au cours des deux dernières années, Ottawa a étudié divers modèles qui existent dans le monde et a rencontré des experts en gestion des urgences, a-t-on indiqué. « Ces discussions préliminaires ont révélé que toute solution doit refléter les réalités de la fédération canadienne, notamment le leadership des provinces, des territoires, des collectivités locales et des gouvernements autochtones quant à la gestion des situations d'urgence, peut-on lire. Les travaux réalisés à ce jour permettent de définir l'approche développée par le gouvernement actuel. » Sous l'ancien gouvernement de Justin Trudeau, M. McMullen a pu échanger à maintes reprises avec l'ex-premier ministre et des membres de son équipe, mais il note que « ça n'est pas arrivé du jour au lendemain ». « Ça prend beaucoup de temps pour développer des relations », estime-t-il. Or, il a senti que M. Trudeau avait la volonté d'acquiescer à la demande de l'ACCP de créer un bureau national d'administration des feux. « Dire que nous avions espoir à la fin de 2024, c'est probablement un euphémisme. Nous étions extrêmement optimistes », résume le président de l'ACCP. Or, la démission de M. Trudeau, sa prorogation du Parlement, la tenue d'élections, puis la formation d'un nouveau gouvernement ont mis le projet sur la glace, a-t-il raconté. M. McMullen espère que le dossier avancera dès cet automne, avec la reprise des travaux parlementaires.


La Presse
8 minutes ago
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Première peine adaptée aux criminels racisés
La juge Magali Lepage a imposé une peine plus clémente à Frank Paris après avoir lu une « évaluation de l'incidence de l'origine ethnique et culturelle ». Je résume la nouvelle de La Presse qui a fait sourciller beaucoup de gens, mercredi : un homme noir a reçu une peine plus légère parce que les Noirs font l'objet d'obstacles systémiques qui n'affligent pas la moyenne des Québécois. Titre de l'article de Thomas Emmanuel Côté : « Une première peine adaptée aux criminels racisés au Québec1 ». Frank Paris, défendu par le criminaliste Andrew Galliano, a plaidé coupable à des accusations de trafic de cannabis et de haschich : il en postait dans le Grand Nord pour une clientèle inuite, dans des villages où la dépendance fait des ravages. La juge Magali Lepage lui aurait normalement imposé une peine de 35 mois de prison. Mais elle a ramené ça à 24 mois d'emprisonnement après avoir lu une « évaluation de l'incidence de l'origine ethnique et culturelle » de Frank Paris, une EIOEC. Les EIOEC nous viennent de Nouvelle-Écosse, où l'importante communauté noire a historiquement vécu toutes sortes de formes de racisme. C'est dans la province atlantique que les juges ont commencé à s'inspirer des EIOEC pour déterminer des peines. L'idée : prendre en compte l'appartenance d'un coupable à sa communauté historiquement discriminée avant de décider de la peine à lui imposer. Frank Paris est noir, les Noirs vivent du racisme dans ce pays : cela devient un critère dans l'établissement de sa peine de prison. Rien n'oblige les juges à utiliser le filtre des EIOEC. La juge Magali Lepage a été la première magistrate québécoise à le faire. Je note que le gouvernement Trudeau, en 2021, a soutenu la propagation de cet outil avec une subvention annuelle modeste (1,6 million). Je ne trouve pas saugrenu que le parcours de vie d'une personne coupable d'un crime fasse partie des critères – je n'ai pas dit soit LE critère – pris en compte quand une juge prononce une sentence. Donc, j'ai lu l'EIOEC consacrée à Frank Paris par les assesseures Natalie Hodgson, Barb Hamilton-Hinch et Nicole Mitchell*… Et ça faisait longtemps que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi mal foutu ! Nous sommes devant un fourre-tout socioculturel, criminologique et psychologique – malgré les nombreuses références à des études savantes – donnant l'impression d'un charabia plus ésotérique que scientifique. Le rapport s'attarde d'abord sur le quartier où Frank Paris a grandi, Côte-des-Neiges. C'est un quartier pauvre, violent et ce quartier a « sans aucun doute » forgé la trajectoire de vie de M. Paris, nous apprennent les autrices. Bon, jusqu'ici, on peut comprendre… Cependant, nous apprend le rapport, M. Paris était bon élève, il excellait à l'école. Pourquoi n'a-t-il pas fini son secondaire ? Je cite : « Il n'a pas eu de succès pour réussir son cours de français obligatoire. Cela l'a poussé à prendre une année de congé, et il a fini par être impliqué dans la vente de drogues, et le résultat fut qu'il a été en prison. » Ce qui m'a frappé ici, ce sont les mots choisis. Notez comme la forme est passive : he ended up getting involved in selling drugs. Pas « il a vendu de la drogue », non : il a fini par être impliqué dans la vente de drogues. Le reste du rapport est à l'avenant : les revers judiciaires de M. Paris, pour les autrices de cette EIOEC, ne semblent jamais être le fruit de ses mauvaises décisions, mais uniquement le fruit d'une société raciste qui l'a poussé – malgré lui, on le devine entre les lignes – à devenir un dealer. Restons dans la forme passive, où Frank Paris semble devenir criminel malgré lui, comme quand les autrices qui ont éclairé la juge Lepage soutiennent qu'il n'a pas « récidivé », non, non, il a plutôt eu « des expériences préalables de récidivisme » ! Autre exemple d'un choix de mots bien commode pour décrire la difficulté de Frank Paris à conserver un emploi : « En 2013, M. Paris a fait un séjour en prison qui a perturbé sa trajectoire d'emploi. » Aux autrices de l'EIOEC, Frank Paris le dit : il était bon à l'école. Un ami témoigne : le meilleur de sa classe ! Mais bon, ce foutu cours de français l'a empêché d'avoir son diplôme de secondaire V. Qu'importe, alors qu'il était en prison, il a terminé son secondaire V. Et il a commencé des cours au cégep Marie-Victorin, toujours de la prison. En maison de transition, Frank Paris suit même des cours au collège Dawson, mais il finit par abandonner, n'aimant pas son programme. Qu'importe : les autrices de l'EIOEC décrivent quand même Frank Paris comme un décrocheur (drop out)… Et elles nous abreuvent de statistiques sur le fait que les jeunes Noirs canadiens sont surreprésentés chez les décrocheurs. Ce qui est vrai, ce qui est un problème. Mais permettez cette question plate : si M. Paris a fini son secondaire, s'il a commencé des cours de cégep en prison, s'il en a suivi d'autres en dehors de la prison… peut-il être considéré comme un décrocheur ? Je pensais qu'un décrocheur, selon la définition admise, concernait le décrocheur du secondaire. Pas dans ce rapport ! Quant à l'école, le rapport le dit en toutes lettres : le jeune Frank Paris a apprécié son école secondaire (et son école primaire). Il avait des camarades noirs, des profs noirs et un directeur noir : « Il nous a dit ne pas avoir vécu de racisme ni au primaire ni au secondaire. » Bonne expérience, donc ? Que nenni ! M. Paris a dit aux assesseures qu'avant son entrée au secondaire, il avait entendu parler de tensions raciales à la Northmount High School, école de Côte-des-Neiges aujourd'hui disparue : « Il nous a dit qu'avant son arrivée à l'école secondaire, nombre d'élèves blancs avaient quitté l'école et que c'était devenu un établissement à prédominance noire. Il présume que les élèves blancs ont quitté l'école pour s'éloigner des élèves noirs. » Le rapport cite un article du journal The Gazette à l'appui de cette explication – que des élèves blancs auraient quitté la Northmount High School pour s'éloigner des élèves noirs. Or, je suis allé lire l'article de la Gazette2, publié en 2019… Et rien n'y indique que l'école Northmount s'est vidée d'élèves blancs craintifs face aux élèves noirs, dans les années 1980. On y mentionne que la composition démographique du quartier avait changé, que la moitié des élèves du quartier étaient de descendance caribéenne… Ce que l'article de la Gazette dit aussi, mais que les autrices de l'EIOEC omettent commodément de dire (c'était pourtant dans le paragraphe même qu'elles citent !), c'est que si le profil démographique de l'école Northmount avait changé, c'était à cause de la loi 101, qui avait forcé des élèves à aller se scolariser en français… dans d'autres écoles. Mais qu'à cela ne tienne : Frank Paris pense que des élèves blancs ont quitté son école secondaire pour ne pas fréquenter des élèves noirs, donc pour les autrices de l'EIOEC, cela devient un « fait ». Et ce « fait » a nui au jeune Paris, notent les autrices avec empathie : « Cela a teinté sa perspective sur la façon dont la société voit les personnes noires. » Il y a aussi des passages proprement bizarres dans l'EIOEC citée par la juge Lepage. On se demande ce que certains détails foutent là… On s'égare sur la disparition tragique du petit Montréalais Ariel Jeffrey Kouakou, 10 ans, le 12 mars 2018, pour montrer que les disparitions d'enfants noirs sont traitées avec légèreté par la police canadienne… Sans citer de preuves statistiques. On cite des preuves américaines. On décrit Frank Paris comme un homme à femmes, ce qui a indisposé sa fiancée, avec laquelle on sympathise, bien sûr, mais… Mais que fait ce détail dans un rapport destiné à une juge qui doit établir une peine de prison ? On décrit aussi Frank Paris comme un homme toujours prêt à aider sa communauté. La preuve ? « Il est souvent capable de mettre les gens en lien avec ce dont ils ont besoin (recommandation de garages pour des réparations, de restaurants…). » Je n'invente pas ça : les autrices de cette « évaluation de l'incidence de l'origine ethnique et culturelle » ont pris la peine de souligner que M. Paris est généreux de ses recommandations pour des garages et des restos ! M. Paris a raconté aux assesseures Natalie Hodgson, Barb Hamilton-Hinch et Nicole Mitchell qu'une des belles périodes de sa vie fut autour de 2002, quand il avait un studio où il faisait de la musique dans la Petite-Bourgogne. Un studio portes ouvertes où les enfants venaient expérimenter avec cette récente invention, l'internet : il redonnait ainsi à la société, disent les autrices de l'EIOEC consacrée à Frank Paris. La suite du paragraphe est hallucinante de déresponsabilisation : « Bien que M. Paris ait cru qu'il servait sa communauté d'une façon positive en donnant une tribune aux artistes et l'accès à l'internet, il y vendait aussi des substances illicites. En rétrospective, M. Paris croit qu'il aurait dû cesser de vendre de la cocaïne à cette époque… » Et c'est comme ça sur 44 pages, cette « évaluation de l'incidence de l'origine ethnique et culturelle », j'en passe et des meilleures : tout est la faute de la société, rien n'a jamais été, rien n'est et ne sera jamais la faute de Frank Paris. S'il commet des crimes, si la récidive lui tombe dessus à répétition, c'est parce qu'il est noir dans une société anti-black. Et handicapé, mais ça me prendrait une autre chronique pour vous expliquer cette intersectionnalité fascinante qui pousse aussi M. Paris à la criminalité. Bref, je ne sais pas si les « évaluations de l'incidence de l'origine ethnique et culturelle » nées en Nouvelle-Écosse sont toujours de la bullshit, mais celle de M. Frank Paris, la première utilisée par une juge au Québec, m'apparaît comme ça et juste ça : de la bullshit pur jus. * Barb Hamilton-Hinch, vice-rectrice adjointe à la diversité et à l'inclusion de l'Université Dalhousie, et Natalie Hodgson sont rattachées à l'African Nova Scotian Justice Institute, une organisation qui offre du soutien juridique à la communauté noire de la Nouvelle-Écosse et a développé une spécialité dans les EIOEC. Nicole Mitchell est affiliée au Viola Desmond Justice Institute, qui offre aussi des EIOEC et dont l'objectif est de contribuer à l'émergence d'un système de justice « équitable et libre de toute discrimination ou racisme envers la communauté noire ». 1. Lisez l'article « Une première peine adaptée aux criminels racisés au Québec » 2. Lisez l'article « History Through Our Eyes: April 7, 1979, Northmount High School » de la Montreal Gazette (en anglais)


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35 minutes ago
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Le nécessaire rapprochement entre le Canada et le Mexique
Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, et la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand (Ottawa) Deux ministres influents du gouvernement Carney ont conclu mercredi une importante mission de deux jours au Mexique afin de tisser des liens plus étroits avec les membres de l'administration de la présidente Claudia Sheinbaum. « Nous sommes des voisins, mais nous devons apprendre à nous connaître un peu plus », a laissé tomber mardi soir le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, lors d'une conférence de presse à l'ambassade du Canada à Mexico en compagnie de la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand. Les ministres ont rencontré la présidente du Mexique pendant près d'une heure afin de faire un survol des questions bilatérales, mais aussi aborder l'avenir du libre-échange sur le continent nord-américain, mis en cause par la guerre commerciale que mène le président Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier. Ils ont pu s'entretenir aussi avec des élus de l'Assemblée législative et des gens d'affaires. Également au menu des discussions : le renforcement des chaînes d'approvisionnement, l'accès aux minéraux critiques, la sécurité énergétique, le potentiel de l'intelligence artificielle et l'augmentation des investissements étrangers. « Ça fait près d'une décennie que je m'occupe de relations internationales. C'est une des discussions que j'ai eues qui était la plus profonde, qui était très stratégique, qui nous a permis de découvrir aussi des intérêts mutuels que l'on doit continuer de travailler », a aussi exposé le ministre François-Philippe Champagne. C'est un peu d'emmener notre relation avec le Mexique à son plein potentiel. Le Mexique offre beaucoup d'opportunités. François-Philippe Champagne, ministre des Finances du Canada Signe qu'il y aura des suites à cette mission ministérielle, le premier ministre Mark Carney effectuera lui-même une visite officielle au Mexique au cours des prochaines semaines, a confirmé son bureau mercredi. De toute évidence, on assiste à un rapprochement entre le Canada et le Mexique au moment où les États-Unis durcissent le ton envers leurs deux partenaires commerciaux du continent. Et cela survient au moment où le Canada se prépare aux difficiles pourparlers prévus l'an prochain visant à réviser l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Il faut dire qu'un froid s'était installé entre les deux pays depuis 18 mois, après que le gouvernement de l'ancien premier ministre Justin Trudeau eut annoncé le retour des visas pour les ressortissants mexicains, avec quelques exceptions, afin de contrer la vague de migrants en situation irrégulière qui donnait de sérieux maux de tête au gouvernement Legault et qui envenimait les relations entre Québec et Ottawa. Il y a quelques mois, le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, avait provoqué la colère de la présidente Sheinbaum en affirmant que le Canada devait larguer le Mexique et s'empresser de conclure un accord de libre-échange bilatéral avec les États-Unis afin d'échapper aux salves tarifaires de Donald Trump. PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre ontarien, Doug Ford M. Ford avait alors accusé le Mexique d'être « une porte détournée pour l'importation de voitures, de pièces d'auto et autres produits de la Chine dans les marchés canadien et américain », notamment en refusant d'imposer des droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques chinois. La présidente du Mexique avait été peu impressionnée par la sortie de Doug Ford. Elle avait souligné que lors des négociations précédentes durant le premier mandat de Donald Trump pour renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain, le Mexique avait été solidaire du Canada. « Souvenez-vous que lorsqu'on a signé l'accord, le Mexique a soutenu le Canada », avait-elle affirmé, rappelant que son pays avait clairement écarté l'idée de signer un accord uniquement avec les États-Unis. Des pots cassés que tente de réparer Mark Carney. Depuis qu'il a pris les commandes du gouvernement, le premier ministre s'est entretenu à quatre reprises avec la présidente du Mexique. Mieux encore, il l'a invitée à participer au dernier Sommet du G7, qui a eu lieu en juin à Kananaskis, en Alberta. PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre canadien, Mark Carney, en compagnie de la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum lors du sommet du G7, à Kananaskis, en Alberta En guise de cadeau, la présidente lui a remis un joli ballon de soccer fabriqué à la main par des artisans huichols. Le réchauffement diplomatique s'est intensifié depuis le Sommet du G7, selon la ministre Anita Anand. La visite prochaine du premier ministre à Mexico va-t-elle sceller une alliance stratégique entre les deux pays en prévision des pourparlers de l'an prochain qui porteront sur la révision de l'ACEUM ? En coulisse, c'est l'objectif du gouvernement Carney. Car si le Canada est dans la ligne de mire tarifaire de Donald Trump depuis six mois, il a tout de même évité le pire jusqu'ici parce que les exportations canadiennes qui sont conformes à l'ACEUM demeurent exemptées des droits de douane. Dans le cahier de breffage préparé à l'intention du nouveau ministre du Commerce international, Maninder Sidhu, les hauts fonctionnaires soulignent à grands traits l'importance pour le Canada et le Mexique de préserver les acquis de l'ACEUM. « Le Mexique et le Canada sont les deux plus grands partenaires commerciaux des États-Unis, avec une intégration significative des chaînes d'approvisionnement et de l'économie dans des secteurs clés tels que l'industrie automobile et l'agroalimentaire. Bien que le Canada et le Mexique soient des partenaires commerciaux bilatéraux importants l'un pour l'autre, la dynamique commerciale clé pour chaque pays réside dans leurs relations respectives avec les États-Unis. En 2024, plus de 80 % des exportations du Mexique et 77 % des exportations du Canada étaient destinées aux États-Unis », relève-t-on dans le cahier de breffage. « L'ACEUM est la base du commerce et de l'investissement intégrés en Amérique du Nord et a contribué à alimenter une croissance robuste du commerce intrarégional nord-américain, y compris après les chocs de la pandémie mondiale. En 2023, le commerce trilatéral de marchandises s'élevait à 1,9 billion de dollars, soit une augmentation de 30,4 % (448,5 milliards de dollars) depuis l'entrée en vigueur de l'ACEUM », a-t-on aussi souligné dans le document. Préserver les acquis de l'ACEUM est la priorité absolue pour le gouvernement Carney. Se rapprocher du Mexique devient un atout indispensable dans cette démarche qui s'annonce déjà périlleuse. Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse